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L'hypnopraxie est un néologisme venant de « hypno » (du grec Hypnos : sommeil), en lien avec les modifications de l'état de conscience comme processus thérapeutique de contact à l'intimité, et de « praxie » (du grec Praxis : action) ce qui met en mouvement vers un but. Terme donné pour garder le lien avec l'hypnose ericksonienne, mais avec en plus une base phénoménologique, en rapport avec «l'Essence de l’Être»[1]. C’est une thérapie intégrative, et non dissociative, c’est-à-dire qui renforce l’unité psychosomatique et lutte contre les dissociations corps/esprit[1]. C'est un mode relationnel qui «laisse venir» et qui n’utilise pas de suggestions, comme les précédentes formes d’hypnose[1]. L'hypnopraxie n'est pas liée à une technique ou à un protocole, mais liée essentiellement à une attitude et à un langage. C’est un processus d’intériorisation qui permet au patient de revisiter les évènements de son histoire[2].
Historique de l'hypnopraxie
modifierDans le Magnétisme hypnotique, le patient est magnétisé (Messmer)[3].
Dans l’Hypnose traditionnelle, le patient est passif. Le thérapeute utilise l'idéo-dynamisme (Bernheim 1911)[4] : toute idée suggérée tend à s'implanter dans la conscience[5].
Dans l’Hypnose Ericksonienne, le patient devient actif. Le thérapeute utilise des suggestions indirectes afin de mobiliser l’imagination du patient. Pourtant l’hypnose n’est pas qu’un phénomène intellectuel lié à la pensée ou l’imagination, déjà Milton Erickson, faisait allusion à un côté affectif. « L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne» (Milton Erickson).
Dans l’hypnopraxie, d'inspiration phénoménologique, le patient est affectif[6]. Le thérapeute (à partir du discours du patient) utilise toutes les structures (penser, percevoir, ressentir, sentir…) afin de mobiliser l’éprouver du patient, c'est-à-dire sa capacité à ressentir. "Nous avons confondu la biologie et la vie" disait Michel Henry, phénoménologue. En hypnopraxie, la transe est affective, ce qui nous met en mouvement est ce que nous éprouvons. Nous créons des symptômes dans des transes émotionnelles, nous nous en libérons en revivant ces affects. La vie est affective dans son essence[7]. L’hypnopraxie prend en compte la corporéité, c'est-à-dire le corps affecté d’un sentiment et s’adresse à un inconscient biologique et à ses affectations biologiques[8].
Ce courant thérapeutique est présentée pour la première fois au Congrès Mondial de Psychothérapie à Buenos-Aires en 2005 par le Dr. Guy CHEDEAU[9], fondateur de l'hypnopraxie. Son livre « De l’Hypnose à l’Hypnopraxie» a été publié en 2011. Médecin psychothérapeute, il est diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, fondateur et Président de l'Institut Milton Erickson de Genève depuis 1990, collaborateur du Docteur Jean GODIN (Psychiatre) à l'Institut Milton Erickson de Paris. Selon le Docteur Jean GODIN, "l’hypnose est un mode de fonctionnement psychologique, dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur. Ce débranchement de l’orientation à la réalité, qui suppose un certain lâcher prise, équivaut à une façon originale de fonctionner, à laquelle on se réfère comme un état. Ce mode de fonctionnement particulier fait apparaitre des possibilités nouvelles"[10].
L’Hypnopraxie, une thérapie de la vie
modifier"La thérapie hypnopraxique est une thérapie du lien (...). Pour la Praxie, ce qui compte ce n'est pas ce qui se passe mais la manière de le vivre, c'est-à-dire l'éprouver, le lien en soi-même de ce qui est à vivre[2]". L'hypnopraxie consiste à orienter le monde intérieur du patient par un mode de présence et un mode langagier[2].
C'est une thérapie de l'instantanéité : chaque moment prend son importance. Lors de la séance, chaque mot prononcé par le thérapeute est une orientation, du patient vers le sens et l'éprouver qu'il donne à ses vécus.
Il s'agit d'une thérapie structurelle. Les structures sont en relation avec les actes qu'un être a le pouvoir de vivre: percevoir, se mouvoir, penser, imaginer, se souvenir, se projeter... Les structures apparaissent dans notre langage au travers des verbes que nous utilisons[11]. Une approche structurelle consiste en une réactivation des capacités sous-utilisées et une modération des capacités sur-utilisées.
Il s'agit d'un travail d'intégration et d'unification. L'hypnopraxie permet d'agir sur le vécu d'un symptôme, pas sur le symptôme lui-même. Le symptôme, c'est l'expression corporelle du ressenti affectif négatif de la personne, un signal d'alarme au niveau de la conscience (celle du patient et/ou du thérapeute et/ou de son environnement). Il est à prendre en compte, et dans une globalité du patient. Cette notion rejoint la philosophie de l'ethnopsychiatrie.
Il s'agit également d'une approche des valeurs de la personne humaine, en ce sens que nos valeurs organisent notre orientation à la vie.
Les thérapeutes
modifierL'hypnopraxie, au delà de l’approche psycho-thérapeutique ou psychosomatique, s’adresse à tous les soignants (médecins, médecins spécialistes, psychologues, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychothérapeutes, ostéopathes, sophrologues…).
Les indications et les limitations
modifierL’hypnopraxie entre dans le cadre des psychothérapies et de la médecin psychosomatique[12].
Nous pouvons citer comme domaines d'application la prise en charge de l'angoisse (l'agoraphobie, la phobie sociale, les troubles obsessionnels compulsifs, l'anxiété généralisée, troubles de l'humeur, troubles du comportement alimentaire…), de la douleur, l'accompagnement de fin de vie, la pédiatrie, les addictions... Une étude en Neuropsychologie concernant le traitement de la sclérose en plaque a montré l'efficacité de l'Hypnopraxie concernant l'amélioration de la fatigue chronique des patients atteints[13].
L’hypnopraxie ne peut être envisageable chez des patients présentant un risque de débordement émotionnel, pouvant engendrer une dissociation. Ainsi, toute pathologie psychiatrique avérée est une contre-indication (état paranoïaque, risque suicidaire, troubles bipolaires sévères, schizophrénies...). De même que toute situation pouvant dépasser les compétences du thérapeute. Il est parfois nécessaire de rester au stade d'hypnopraxie conversationnelle. Le thérapeute doit prendre en compte et respecter les limites et résistances du patient, ce qui permet à ce dernier d'évoluer à son propre rythme.
Champs d'application et critiques
modifierÊtre thérapeute de l'hypnopraxie se valide par un certain nombre d'étapes lors de la formation[12] (présence aux séminaires d'enseignements, présentation de supervisions analysées par les formateurs, validation d'un examen théorique écrit et enfin soutenance d'un mémoire). Ce mémoire est l'occasion pour chaque professionnel de santé d'appliquer l'hypnopraxie à son propre univers médical. Ainsi, quelque soit sa formation initiale, chaque thérapeute peut avoir accès à d'autres champs d'application, sources de nouveaux développements. Ce qui permet à l'hypnopraxie, courant thérapeutique récent, d'évoluer en bénéficiant de l'expérience humaine / scientifique de chaque thérapeute.
Vidéo de témoignages : http://www.hypnose-ericksonienne.org/De-l-Hypnose-a-l-Hypnopraxie-Dr-Guy-CHEDEAU_a492.html
Notes et références
modifier- Dr Marie BREL, Thèse Doctorat Médecine : INTERET DE LA PRATIQUE DE L’HYPNOSE THERAPEUTIQUE PAR DES MEDECINS GENERALISTES REUNIONNAIS EN CABINETS ET EN ETABLISSEMENTS DE SANTE PUBLICS ET PRIVES, Nice, Université de Bordeaux, , 159 p. (lire en ligne)
- Dr CHEDEAU Guy, «De l’Hypnose à l'Hypnopraxie® , entre Âme et Conscience», Edition Hypsos, 2011 : http://www.hypnopraxie.com/lelivre.php. Google Books : http://books.google.fr/books?id=ClKDAgAAQBAJ&dq=hypnopraxie&hl=fr&sa=X&ei=dvjcUpO2CqfP0QWr0oCQAg&ved=0CDUQ6AEwAA
- BLONDEL C. (CNRS) "Le magnétisme animal du docteur Mesmer" : © Bibliothèque des Sciences et de l'Industrie/CSI. Paris. Date de mise en ligne : 30.11.2010. http://www.cite-sciences.fr/fr/bibliotheque-bsi/contenu/c/1248109000967/le-magnetisme-animal-du-docteur-mesmer/
- BERNHEIM H., "De la Suggestion", Paris , Albin Michel, 1911 (extraits : Ch . XIV-XV , 237-260)
- Institut de Nouvelle Hypnose et de psychosomatique, asbl : http://www.nouvellehypnose.com/content/view/173/127/
- Vidéoconférence "Hypnopraxie et Douleur", OMS (Genève) en transmission directe à la Réunion, Dr G. CHEDEAU, 23 Mars 2013.
- SFETD, sous le patronage de l'ARS, Dr COLLARD O., Conférence du D. CHEDEAU G. lors de la 12ème "Journées Réunionnaises de la Douleur", Algo974 en 2013, accessible sur : http://www.algo974.org/ (texte projeté : http://www.algo974.org/2013/12emeJRD/Hypnopraxie-%20DLR-chronique-G-Chedeau.pdf)
- Extraits du document rédigé par le Dr GODIN J. (Docteur en Médecine, Spécialiste Psychiatre, Docteur en Lettres et Sciences Humaines, Président de l’Institut M. H. Erickson de Paris) et présenté par le Dr CHEDEAU G., «De l’Hypnose à l'Hypnopraxie® , entre Âme et Conscience», Édition Hypsos, 2011, 67-73.
- En savoir plus sur le Dr G. CHEDEAU : http://www.hypnopraxie.com/ledirecteur.php
- GODIN J., "La Nouvelle Hypnose", Ed. A. Michel, 1991.
- « Le mystère de l'hypnose et l'hypnopraxie, Stéphanie Coda psychologue », sur Epoch Times Edition Francophone, 22.1..2010 (consulté le )
- La formation est accessible aux professionnels de santé, par le Dr Guy CHEDEAU (Genève et Réunion) : http://www.hypnopraxie.com/laformation.php.
- DEVY R., P. Cormier, O. Anne, I. Devy-Gourdon, G. Chedeau, G. Edan (Saumur, Laval, La Rochelle, FR; Geneva, CH; Rennes, FR) "HYPNOSEP : Brief Hypnotherapy Treating Chronic Fatigue for Multiple Sclerosis Patients", présenté lors du 28th Congress of the european committee for treatment and research in multiple sclerosis, 10-13 Octobre 2012 - Abstract : http://registration.akm.ch/einsicht.php?XNABSTRACT_ID=155894&XNSPRACHE_ID=2&XNKONGRESS_ID=171&XNMASKEN_ID=900