Utilisateur:Courtemiche44/Brouillon

le groupe VII de Saint Denis sur Sarthon

Les frères Mallet fondateurs du groupe 7 de la résistance d’Alençon

1940 1941André et Maurice  Mallet  deux jeunes de 17 et 20 ans, d'une famille républicaine n’acceptent pas la capitulation de Pétain,collaborateur d' Hitler Comme souvent à cause du manque de moyens , ils manifestent leurs opinions en traçant des Croix de Lorraine sur les habitations des partisans de Pétain .

1942 Revenu de la zone Sud où il suivait une formation dans l'aviation, Maurice rejoint André déjà engagé  dans le mouvement « Résistance « , ils distribuent les journaux clandestins « Résistance «  « la Flamme «publiée par M Emile Janvier , minotier du bourg .

Ils forment un embryon de résistance avec M.Octave Dallier un Ancien Combattant de 14-18 .Instituteur il a en tant que secrétaire de mairie à sa disposition les informations, les documents ( cartes diverses timbres )qu'il peut subtiliser malgré le maire fidèle au Maréchal Pétain et au Régime de Vichy . En 1943, O.Dallier fournit de faux papiers à Françoise Comte, une des figures  féminines de la Résistance ornaise. Avec André et Maurice Mallet, ils développent un embryon de résistance qui deviendra s - le groupe VII d’Alençon - rattaché à l’Organisation civile et militaire (OCM) sous la direction d’Alfred Tourny. Ils recrutent des éléments locaux et organisent le camouflage de plus de 170 réfractaires du STO dans des fermes, dans les chantiers forestiers, de la région d’Alençon.Certains d'entre eux rejoignent la résistance Ils récupèrent des armes camouflées  depuis longtemps,  aident des réfractaires qui fuient le STO ( Service du Travail Obligatoire)  , leur trouvent des familles qui les recueillent . Certains d'entre eux rejoignent la résistance .Le groupe 7 dépendant  de la région d’Alençon se forme peu à peu sous la responsabilité de  Maurice Mallet le plus expérimenté miltairement quoique le plus jeune.

1944 En mars,  les jeunes hommes devenus trop nombreux, se sentant en danger, les jeunes hommes quittent leurs familles et s’installent à Courtemiche, une ferme inoccupée à la lisière de la forêt de Multonne , commune de Champfrémont.On y accède à l’époque à travers les champs . C’est M Le Foll l’instituteur de Champfremont et collègue de M Dallier qui leur a conseillé ce refuge qui devient le maquis de Courtemiche .C’est là qu’ils se cachent et que  le matériel  parachuté et les autres armes sont camouflées . Ils préparent leurs actions de harcèlement contre l’ennemi .Ils stockent aussi des armes récupérées lors des parachutages par les Alliés dans des caches naturelles dans la forêt et se tiennent prêts pour participer à la libération de la région.En juin ,leurs actions militaires (abattage d’arbres pour provoquer des barrages routiers, coupures de réseaux téléphoniques, etc)se coordonnent avec le Plan Tortue qui vise à retarder l’arrivée  des renforts allemands qui montent vers les plages de Normandie pour stopper le Débarquement .C’est d’autant plus difficile pour » les soldats de l’ombre « qu’ils doivent faire face non seulement aux troupes régulières allemandes mais encore à la traque de la Gestapo , la police politique qui agit sur dénonciations et renseignements .Dans l’Orne, d’avril à aout 1944  , la Gestapo confiera à un nazi convaincu  Bernard Jardin  la conduite de  la répression de la Résistance  . Un à un , sont arrêtés les responsables du réseau d’Alençon.

[photo les mallet devant la ferme] .

Le groupe comprend, André et Maurice Mallet, Pierre Dambry, Bernard Dufrou, Bernard Fresnaye, Jacques Hochin,Raymond Justice, Roger Piard, les frères André et René Sylvestre ainsi que deux Africains évadés d'un camp de prisonniers, Samba Konaté et Jean Azema.

Le 20 février 1944, suite à des parachutages, le groupe perçoit sa dotation en armement : quatre Sten avec trente cartouches chacune, quelques grenades, deux kilos d'explosifs. A ce stock viennent s'ajouter des revolvers et fusils Lebel ou Mas 36 récupérés par les frères Mallet fin juin 1940 dans les bois du Jarrias .S'ajouteront par la suite des armes parachutées qui leur sont attribuées

Un premier sabotage est effectué le 12 avril, avec le sectionnement de câbles sur la route de Saint-Denis-sur-Sarthon à La Ferrière-Bochard, aux Jarrias.

A partir du Débarquement et la mise en place du plan Action- plan Tortue, ces opérations se multiplient. Elles se traduisent, entre autre, par des obstructions et abattages d'arbres sur les RN 12 (Alençon-Pré-en-Pail), D 201 (Beau Chêne), D 350 (les Louvetières à La Ferrière-Bochard), D 260, sur la voie ferrée Alençon-Domfront, route de Gandelain à Ciral (lieu-dit Montarboult à Gandelain) et sur la D 144 Pré-en-Pail/Saint-Pierre-des-Nids.


Le10 juin 1944, lors d'une récupération de munitions dans un camion allemand renversé au fossé suite à un mitraillage aérien, André Mallet et Louis Péan sont arrêtés sur la RN 12 au carrefour de la voie ferrée du Poteau. Conduits au siège de la Gestapo à Condé-sur-Sarthe, ils sont battus puis emmenés au château des Ducs à Alençon , la prison . Leur cellule touche celle de Romain Darchy, responsable de la résistance à L’Aigle, lui aussi arrêté et torturé.Ils entendront son agonie et purent dater sa mort xxxxxxxxxxxxxxxIls fut mis dans un cercueil dont il manquait un petit côté . Le 15 juin au matin les allemands organisent un transfert des prisonniers par camion .Ils sont enchainés deux par deux . André Mallet et Louis Péan sont les derniers à monter et se placent donc à l'arrière près du garde .Il n'y en a qu'un. Le camion quitte la le château des Ducs, s'engage dans la rue du château , tourne à droite et s'arrête au carrefour de la rue Bonette .Profitant du manque de réaction du garde qu'ils bousculent pour s'extraire du camion , les deux garçons courent se cacher sous le pont de la Briante tout à côté. Le garde tire sans les atteindre.Le chauffeur du camion n'ayant apparemment rien entendu continue sa route vers une destination inconnue.On ne retrouva jamais les corps de ces prisonniers .Les deux hommes restent cachés sous le pont et avec d'infinies précautions gagnent Lonrai .Là des cousins de la famille Duboust, de Lonrai, brisent les chaînes qui les attachent l 'un à l'autre. Le docteur Pagès de Saint- Denis-sur-Sarthon soigne le nez fracturé ainsi que les côtes cassées d'André Mallet.

Dans la nuit du 13-14 juillet, huit poteaux téléphoniques et deux arbres sont abattus au plastic.



Maurice Mallet

né le 22avril 1923 à Nanterre Seine

son père est employé au Service de Armées .Il meurt quand Maurice a 4 ans.

Devenue veuve sa mère revenue à Saint Denis sur Sathon, est chargée de l’inspection des nourrices qui accueillent des enfants placés dans les environs

Dans la famille Mallet ,on suit l'exemple du père républicain , et de la mère catholique.Il est pensionnaire au Collège Saint François de Sales à Alençon comme ses deux autres frères.

Engagé dans l’aviation en avril 1941  à Châteauroux. Il est affecté ensuite au camp de l'armée de l'Air à Livrade ( Lot) puis à Istres ( Bouches du Rhône). A la suite du débarquement anglo-américain allié en Afrique du Nord (Opération Torch) l'Armée allemande a envahi complétement la Zone Sud le 11 novembre 1942 . Maurice Mallet , comme beaucoup de militaires tente de rejoindre l’Angleterre par l’Algérie. Il n'y parvient pas et revient chez lui  discrètement en décembre 1942 .  Octave Dallier l’instituteur résistant qui a les contacts les inscrit lui et son frère Pierre "André" à Londres. Deux fois requis pour le S.T.O à Cherbourg il y répond pour faire en sorte de  ne pas causer d’ennuis à sa mère harcelée chez elle  par les visites du maire vichyste qui venait lui demander « Où sont vos fils ?» C’était aussi un moyen pour lui de se renseigner sur les défenses que construisaient les allemands sur la côte .  Il s’y rend deux fois  mais s’évade et revient  .En 43 il passe à l’action avec son frère Pierre "André "qui n’a jamais quitté la clandestinité  Tous les deux, ils organisent un réseau d'abord familial pour diffuser la presse clandestine , les journaux" Résistance "et " La Flamme" publiée par M.Emile Janvier, minotier dans le bourg du village et ils recrutent  des jeunes camarades amateurs de vélos ou de football tout comme eux.. À la fin 43 le groupe est déjà bien constitué.Il organise le camouflage de plus de 170 réfractaires du STO dans des fermes, dans les chantiers forestiers, de la région d’Alençon.

«"Le 20 février 1944, le groupe perçoit sa dotation en armement": quatre Sten avec 30 cartouches chacune, quelques grenades, deux kilos d’explosifs. À ce stock viennent s’ajouter des révolvers et fusils Lebel ou Mas 36 récupérés par les frères Mallet fin juin 1940 dans les bois du Jarrias. Un premier sabotage est effectué le 12 avril, avec le sectionnement de câbles sur la route de Saint-Denis-sur-Sarthon à La Ferrière-Bochard, aux Jarrias. À partir du Débarquement, ces opérations se multiplient. Elles se traduisent, entre autres, par des obstructions et des abattages d’arbres sur les RN n° 12 (Alençon-Pré-en-Pail), D 201 (Beau Chêne), D 350 (les Louvetières à La Ferrière-Bochard), D 260, sur la voie ferrée Alençon -Domfront, route de Gandelain à Ciral (lieu-dit Montarboult à Gandelain) et sur la D144 Pré-en-Pail-Saint-Pierre-des-Nids. […] Dans la nuit du 13-14 juillet, huit poteaux téléphoniques et deux arbres sont abattus au plastic

1 mars 44 le secteur O.C.M d’Alencon regroupe 65 hommes sous le commandement de Daniel Desmeulles

denonciation

Début juin 44 François Bouilhac  confie à Maurice Mallet  la responsabilité du Groupe 7 ST Denis sur Sarthon- Forêt de Multonne au sein de l’OCM

« Après le Débarquement, durant la nuit du 9 au 10 juin, avec des gars du groupe 7 il coupe un chêne  centenaire au lieu-dit Les Louvetières au sud du village des Courbardiéres sur la D350 pour couper la route des convois allemands.

Vers 9 heures 30,  Pierre André et Louis  Péan fouillent un camion abandonné par  l’occupant au bas d’une pente au lieu-dit Le Poteau à Saint Denis sur Sarthon sur la 12 . Ils remplissent leurs poches de balles de  9 millimètres. Mais, arrive alors une estafette allemande avec six hommes. Ils lèvent les bras et sont emmenés à la Gestapo de Condé-sur-Sarthe, puis emprisonnés au château des Ducs à Alençon où ils sont frappés durement À 5 heures du matin, le 12 juin, un groupe de résistants est  embarqué dans un camion militaire.Les hommes sont enchainés deux à deux.

On ne saura jamais ce qu’il est advenu de ce groupe  .Aucun corps n’a jamais été retrouvé .Pierre  André et Jean, profitent de  circonstances favorables  ( un arrêt du camion , un seul garde armé ) pour enjamber l’arrière du camion à hauteur de la rue Bonette et se  cacher jusqu’à 9 heures 30 sous le pont de la Briante.


Lettre de sa mère Mme MALLET envoyée à Mme DARCHY en 1944  

Maurice était le plus jeune de mes fils .Il était né le 22 avril 1923 à Nanterre où mon mari était employé à la Préfecture de Police ;il n’avait que 3 ans à la mort de son père ;il était aussi gentil enfant que grand il était devenu loyal et bon. Je n’ai jamais eu de reproche à lui faire, de 13 à 16 ans, il a été pensionnaire à Saint François de Sales à Alençon où il se fait aimer de ses professeurs, de ses camarades. En 40, il  a 17 ans et veut partir dans l’aviation, je lui en empêché l’aîné est parti et le second doit suivre(oh! si l’on pouvait connaître l’avenir, je l’aurais laissé partir)  En 1941 au mois de novembre il est engagé avec mon consentement il était heureux il est passé à Châteauroux    Le Fay Ségry   et Istres il travaille de tout son cœur la radio il est reçu  il était content il en fallait que 9 sur 280 et il était dans les 9.En novembre 42 quand le boche prend toute la France, il revient près de nous, son rêve était d’aller en Afrique mais pas moyen  on le demande souvent on lui propose des places avantageuses il ne répond jamais, il a toujours maudit les ordres de Vichy qui étaient boches , il fait de la résistance tant qu’il peut

Il était si heureux du Débarquement depuis 42 il avait travaillé en silence pour hâter notre délivrance  il entrainait ses camarades et les aidait on l’aimait et on l’écoutait il l’avait choisi comme chef du groupe 7 de Champfrémont mais ….. le lundi 24 juillet à 6 heures du soir la Gestapo vient le chercher ici chez lui malheureusement c’est son chef Bouilhac qui l’appelle à la barrière, il est sorti , je crois sans méfiance il aura entendu son chef dire  dites- lui que c’est de la part de Mr Boulhac , on le met contre le mur pour le faire parler et sans doute le fusiller  mais je savais bien qu’il ne parlerait jamais pas plus ici qu’au maquis où on l’emmena , au maquis on trouva 2 de ses camardes Jacques Hochin de Fresnay sur Sarthe qui tomba à côté de mon petit et Bernard Dufrou qui pu s’enfuir au moment où il allait être fusillé , il s’en tira avec trois balles dans le bras.
Ils sont morts en braves petits mais mon petit Maurice était catholique il dit une prière tout haut et ils ont crié vive la France.

J’aimerai  vous voir Madame Darchy, j’ai su au mois de juin 44 la mort de votre mari par mon fils André qui était en cellule  à côté. On l’a pleuré tous les deux , mon fils avait eu de la chance de se tirer  .il allait sans doute à la mort aussi 6 semaines plus tard c’était notre cher petit Maurice .

Ci-joint l’article du journal qui résumait bien ce qu’il était

on ne se console jamais d’un si bon enfant

Veuillez agréer, Madame l’expression de mes sentiments les meilleurs

Vve Arthur Mallet

Le Mesnil

St Denis S/ Sarthon, Orne

Mme Darchy épouse de M Romain Darchy. Entré dans la Résistance dès l'été 1940, dirige le secteur L'Aigle-Mortagne puis celui de l'Orne (début 1944).Arrêté torturé il meurt dans la cellule voisine de celle de Pierre André Mallet qui put certifier la date de sa mort.Son corps ne fut jamais retrouvé.

Maurice Mallet

ses etudes

Nommé en xxxxxx responsable du groupe VII d'Alençon par François Bouilhac responsable du secteur

Décoré Croix de guerre avec étoile d’argent

Citation à titre posthume à l’ordre de la Division

Aspirant proposé au grade de  Sous Lieutenant

Pierre André MALLET

Maurice est le responsable du groupe il va chercher les ordres, les renseignements ,   étudie les lignes téléphoniques , la voie ferrée  

Pierre André s’occupe de tout ce qui est sabotage, pose  les charges explosives qu’il fabrique lui même, connaît tous les fonctionnements des différentes armes que le groupe reçoit

Extrait de l’homologation des grades FFI  de Maurice et Pierre André Mallet ( 1950)

Abattage d’arbres sur la N12

Sabotages répétés de la ligne téléphonique allemande Chartres Rennes près de Pré en Pail et St Pierre des Nids juin juillet 44

Coupures de lignes aboutissant au Château de Vervaines ( Conde sur Sarthe) où se trouvait l’Etat Major allemand et les forces SS.  de la 3? Armée Juin juillet 44

Tentative de destruction d’un pont sur la Nationale 12 (échec par suite de l’insuffisance de la charge d’explosifs 9 juin 44

Regroupement et formation d’éléments pour constituer un maquis aux environs de Champfrémont ( début juillet 44)

Procède dans le secteur à la destruction des fléchages et panneaux de signalisation routière.

Mitraillage au F.M. Plusieurs convois au cours d’embuscades nocturnes.

Récit d’après le témoignage de Pierre André  Mallet, dit Trompe la Mort.

Regroupement et formation d’éléments pour constituer un maquis aux environs de Champfrémont ( début juillet 44)

le 24 juillet 1944

Bio JARDIN

ce que dit Jardin



A près le 12 août il s’engage dans lle 2e Bataillon de Marche de Normandie commandé par André Mazeline et rejoint l'Armée Rhin et Danube du Maréchal de Lattre de Tassigny

  Développer

Le 24 juillet 1945  il obtient une permission spéciale pour assister au obsèques de son frère Maurice à St Denis sur Sarthon et il remonta l"allée de l’église remplie de fidèles, dans le bruit de ses brodequins et le cliquetis de ses armes , et s’inclinar sur le cercueil de son jeune frère .

I)    LE TRAVAIL DE MEMOIRE DEPUIS LE 12 AOUT 44

   1944

A La Libération ,à  Fresnay sur Sarthe, Champfrémont , Saint Denis sur Sarthon,   pas de joie, pas de fête, pas de bal pour les familles qui restent à l’écart ,plongées dans leur chagrin silencieux .

Le couvercle de l’Occupation allemande  levé , la population de l’Orne réclame justice contre les collaborateurs et en premier lieu contre Jardin. Un mandat d’arrêt international est lancé en septembre 44 .On recherche  une photographie pour l’identifier afin de l’afficher dans tous les commissariats de France.

Après avoir continué de faire des ravages en Seine Maritime en quittant Paris , devant l’avance des Alliés, Jardin a suivi le recul de  l’armée allemande .Il parle d’ailleurs « de notre retraite de St Quentin  « . Il poursuit son engagement au service des nazis  qui lui demandent d’ espionner les troupes américaines au Luxembourg . Avec des comparses ,ils se rendent à Berlin . Certains d’entre eux partent avec les troupes allemandes se battre contre les Russes en Pologne. Avec d’autres, Jardin veut redescendre vers le Sud avec l’intention de gagner la Suisse , mais ils en sont empêchés par les Américains.Le 17 avril, ils passent le Brenner où ils séjournent en touristes dans cette région des Alpes . Puis  Jardin gagne Mérano en Italie et attend de pouvoir rentrer en France « pour ouvrir un café et reprendre une vie comme avant «  fermant ainsi la parenthèse de la guerre derrière lui.Pensait -il.

Il est arrêté à Villefranche sur Mer et ramené à Alençon.

1945  Le procès de Bernard Jardin

modifier

Les témoignages des victimes  survivantes , les interrogatoires pointilleux parviennent à constituer un très épais dossier

  Le procès a lieu devant la Haute  Cour de Justice à Alençon audience du 10 avril 1945 .

  C’est à la fin du mois d’août 1945 que Bernard Jardin  fut arrêté. À cette nouvelle la population ornaise  toute entière poussa un soupir de soulagement. Ce criminel dont le nom était sur toutes les lèvres, celui qui personnifiait aux yeux de tous les gens de chez nous l’horrible Gestapo  était hors d’état de nuire, la Justice  allait pouvoir être rendue , tout ce qui tombèrent sous les balles de brutes, enfin vengés.

Son procès, on l’attendait avec impatience. Seulement quelques 400 personnes–anciens résistants et déportés purent y  assister.… Un service de filtrage minutieux avait été effectué : un peu partout des gendarmes et des soldats assuraient le service d’ordre. (l Orne combattante)

Les Actes d’accusation formulés par le Procureur Général

Attendues qu’il est résulté de l’information les charges suffisantes contre Jardin Bernard d’avoir :

Premièrement dans le département de l’Orne et de la scène inférieure, en 1944 d’avoir servi d’auxiliaire appointé  de la police allemande, participé en armes à des expéditions de la police allemande et à des arrestations de résistants et plus généralement de français recherchés et recueillir des renseignements pour le compte de la police allemande et d’avoir ainsi :

–porté les armes contre la France.

–Livré et tenté de livrer des résistants à l’ennemi.

–Entretenu ,en temps de guerre, des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France.

–En Allemagne en 1944 et 1945 ….travaillé en qualité d’agent de renseignements pour le compte d’un service de renseignements allemand et accompli des missions à l’intérieur des lignes alliées  et d’avoir ainsi entretenu en temps de guerre des intelligences  avec une puissance étrangère en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France.

–D’avoir commis des crimes de trahison avec cette circonstance que pour l’exécution des dits crimes il a employé  des tortures ou commis des actes de barbarie…

Parmi les questions posées au jury par le Président de la Cour d’Assises, Haute Cour de Justice, la 8e

L’accusé Jardin Bernard est-il coupable d’avoir à Champfrémont le 24 juillet 1944 …..avoir commis des homicides volontaires  sur les personnes de Mallet et Hochin .

Oui à la majorité

–circonstances aggravantes les dits homicides ont ils été commis avec préméditation.

Oui à la majorité

–circonstances aggravantes l’action ci-dessus spécifiée révèle-t-elle intention de son auteur de favoriser volontairement les entreprises de l’ennemi ?

Oui à la majorité

–À Champfrémont , le 24 juillet 1944 …..commis des homicides volontaires sur les personnes de Mallet et Hochin  avec cette circonstance que les dits homicides  ont été commis avec préméditation.

Oui à la majorité

Son défenseur , Me Isorni crée l’incident en déclarant : « j’ai eu l’honneur de défendre le Maréchal Pétain », des cris et des injures fusent de toutes parts. L’assistance réagit à cette provocation (Pétain condamné à mort a vu sa peine commuée en prison à perpétuité )

Le président demande aux forces de police de faire évacuer la salle : mais les clameurs redoublent et les assistants s’obstinent  à rester sur place….. Le commissaire du gouvernement parvient à ramener le calme.  La défense demande la grâce .

Le jury refuse  toutes circonstances atténuantes; il est condamné à mort, ses biens sont confisqués.

Ses demande de pourvoi et de recours en grâce sont rejetées par la Cour .

Jardin est exécuté le 17 août 1945 .

Dans ce contexte qui suit la guerre , la justice rend une sanction pénale qui doit être à la hauteur de la reconnaissance de la peine des populations ( Gérard Bourdin)

1945  Plusieurs  grandes cérémonies en juillet août 1945 rassemblent la population .

Il s’agit de rendre un culte  aux jeunes fusillés , victimes  du nazisme.

dimanche 22 juillet une cérémonie est célébrée à Champfrémont à la mémoire des deux jeunes résistants « lâchement assassinés par la Gestapo française » Une foule nombreuse se rend au cimetière « en tête du cortège marchaient les enfants, les bras chargés de fleurs, suivis des familles, des camarades du maquis des AC des membres de la Résistance de la foule .


Journal Ouest France 1945

Le mardi  24 juillet, jour anniversaire de la mort de Maurice Mallet et de Jacques Hochin, un service religieux était célébré en l’église de Saint-Denis sur Sarthon. À l’issue de la cérémonie, des résistants et sympathisants, des amis de la famille Mallet  purent se rendre à Champfrémont , grâce à la complaisante serviabilité de M Janvier minotier  à Saint-Denis, qui avait mis camion et chauffeur à leur disposition. On remarque, au départ, Monsieur Delabbé , maire, M.le curé de Saint-Denis, les directeur et directrice d’école, M et M.Justice au dévouement de qui il convient de rendre hommage.

À Champfrémont, M. Richard, maire, des conseillers municipaux, des résistants et sympathisants prirent  place dans le camion qui se dirigea vers la Sourdière. Après une marche d’un quart d’heure, le cortège arriva à Courtemiche. M. Dallier, la voix brisée par l’émotion, prit alors la parole et exposa  brièvement l’activité de son ancien élève, Maurice Mallet, la formation du maquis de Courtemiche, les dangers encourus par les maquisards, les services qu’ils ont rendus à la Patrie et les circonstances qui aboutirent à l’arrestation de Maurice Mallet et de Jacques Hochin . En terminant, il exprima le vœu que ce coin de terre sanctifié par leur sang soit marqué d’une stèle portant une plaque commémorative.

Cette idée fait déjà  son chemin dès maintenant, une souscription est ouverte. Les fonds seront recueillis par M.Richard, maire de Champfrémont , M. Maubert directeur d’école à Saint-Pierre des Nids  et par Monsieur Dallier, instituteur à Saint-Denis sur Sarthon qui collectera  les fonds et en rendra compte au comité.

De Courtemiche le cortège pénétra dans le bois et suivit le sentier qui conduit aux rochers où étaient déposées armes et munitions. Il s’arrêta devant un superbe hêtre qui porte gravé dans son écorce une croix de Lorraine et les initiales des maquisards. Nous demandons au propriétaire de ce lieu de préserver cet arbre de la hache des bûcherons.

Au retour à Champfrémont, le cortège considérablement grossi se rendit au cimetière. Des enfants déposèrent des fleurs sur les tombes, M. le maire de Champfrémont rendit hommage aux deux victimes de la Résistance et leur dit : « dormez en paix, le boche ne souille plus la terre de France « 

M. le curé de Saint-Denis, invite l’assistance à réciter un Pater  et un Ave pour le repos des âmes des jeunes patriotes.

Le cortège quitte le cimetière et chacun rentre à son logis le front lourd de tristes pensées.

Nous adressons nos remerciements à M.Janvier et prions les familles de Maurice Mallet et de Jacques Hochin de croire à l’expression renouvelée de notre douloureuse sympathie.

journal Orne COMBATTANTE

Le 9 août obsèques de Jacques Hochin sont célébrées dans le cimetière de Fresnay sur Sarthe  

Les obsèques de Maurice  ont lieu le dimanche 19 août 1945 à Saint Denis sur Sarthon

Les obsèques de Maurice Mallet, fusillé, il y a un an, au côté de Jacques Hochin, par les brutes de la Gestapo, ont été célébrées dimanche dernier avec une émouvante ferveur.

Aux anciens combattants de Saint-Denis, groupés, autour de leur drapeau, s’étaient joints ceux des communes environnantes. On remarquait  la présence de M. le maire de Saint-Denis sur Sarton et de son conseil; de Mrs. Janvier , Hattet et d’un grand nombre de membres de la résistance venus d’Alençon ; plusieurs anciens déportés dont M.Hébert, conseiller municipal d’Alençon ; des scouts routiers, les pompiers de la commune, un piquet de soldats encadrant le corbillard, suivi de la famille et d’une foule de  1500 personnes.

Nous avons remarqué également M. Lotte, chef du cabinet du préfet. Cette affluence inaccoutumée témoignait en quelle estime l’ont tenait ce jeune homme de 20 ans dont la dans la mort héroïque fut un deuil pour toute la commune et pour la région. La levée du corps faite par M. le Supérieur de l’école Saint-François où Maurice Mallet avait achevé ses études eu lieu à 10h30. Le corbillard était suivi de nombreuses délégations de jeunes portant des gerbe de fleurs. À l’église, beaucoup trop petite , la messe fut célébrée par M.l’abbé Ferré ancien déporté.Les chants  étaient interprétés  par un groupe de professeurs de Saint-François.

Après l’Évangile, M.l’abbé Marpaud ancien professeur de Maurice, dégagea les leçons de sa vie et de sa mort si noble et termina par ces mots : « quand d’autres se sont trouvés unis dans la mort pour l’ amour de la France, sachons rester unis  pour vivre dans le même amour ».

La cérémonie religieuse s’acheva par un très beau chant  patriotique, interprété avec émotion par M. Max Bernard et par l’absoute que donna  M.le Supérieur de Saint-François à la mémoire de tous les morts du maquis et de tous ceux qui sont tombés pour la France.

Au cimetière, après les prières rituelles,M. Dallier , animateur de la résistance locale et ancien maître de Maurice  d’une voix brisée par l’émotion, évoqua la belle figure de ce jeune Français et les circonstances dramatiques de son arrestation, comme de sa mort au cri de : « vive la France ! »

L’après-midi eut lieu à l’église une cérémonie durant laquelle furent bénis le vitrail et les deux nouvelles fresques de la chapelle de la Vierge.

Le soir, M. l’abbé Ferré , devant une assistance considérable, qui débordait sur la place de l’école, où on avait dû installer des haut-parleurs, après avoir été présenté par Monsieur janvier, qui présidait  la manifestation, évoqua ses souvenirs dans les bagnes nazis. Cette conférence qui a produit une impression considérable, a dignement clôturé cette journée, qui s’est déroulée sous le signe du patriotisme le plus pur.

Journal Orne Combattante 26 août 1945

LE TRAVAIL DE MEMOIRE

modifier

1946

La dimension collective : le procès ,les commémorations ,la reconnaissance  de Jardin comme « le  plus grand criminel de la Gestapo de l’Orne « permet aux familles de se retrouver dans la même douleur, de la partager; pas d’oublier . Cet oubli impossible s’est transmis aux générations suivantes qui se sont chargées d’entretenir la mémoire des fusillés .

Parmi ces commémorations, l’érection du monument en 1946

Photo

Les cérémonies mémorielles  ont lieu tous les dix ans .

Mais chaque année, la famille Mallet se retrouve au pied du monument à l’heure où les garçons ont été fusillés . Tant qu’ils ont pu ,les membres du groupe se sont joints fidèlement à eux et pour certains sans manquer un seul 24 juillet.  Quand ils déposent des fleurs , des bouquets sont déjà là , geste touchant des habitants de Champfrémont qui n’oublient pas.

1961

Le Général de Gaulle, président de la République en voyage dans l’Ouest , à l’invitation de M Émile Janvier, le maire, s’arrête à St Denis pour saluer Mme Mallet

Photo texte et de Gaulle

Les Résistants devenus les Combattants Volontaires de la Résistance accompagnent André Mallet pendant ces cérémonies .

En 1984  pour le 40e anniversaire  c’est Marie Croisé. Présidente des CVR de l’Orne et Présidente des déportés de l’Orne  qui rappelle le combat de la Résistance.

2003

Les AC de Champfrémont constatent  que la maison du maquis menace de s’écrouler. C’est l’œuvre de voleurs qui viennent arracher les pierres des fenêtres pour leur usage personnel.Une association est créée par la famille Mallet et s’inscrit dans l’opération du Comité du Débarquement présidé par l’Amiral Brac de la Perrière qui prépare le 60e anniversaire.

M René Morice propriétaire avait toujours refusé de vendre cette petite maison pour en conserver la mémoire .L’association en partenariat avec la Communauté de Communes des Avaloirs  fit réparer les murs, refaire la toiture  aidée aussi par des dons  substantiels . En 2004 la maison est sauvée . Elle est depuis la propriété de la Communauté de Communes des Monts des Avaloirs.

Les cérémonies  mémorielles se déroulent tous les cinq ans en  lien avec les célébrations du D Day .

Photos

Le site est maintenant inscrit sur les routes de randonnées du Parc Normandie Maine et différents parcours .Il est sur le sentier GR à préciser

  Les cérémonies anniversaires sont l’objet de reportages de la presse locale,  filmées et diffusées par les médias sociaux

2020

Un projet est développé par l’Association  Résistants et Citoyens, le Département de la Mayenne, la Région Pays de la Loire et la CCMA des communes et le département de la Sarthe ;il porte sur la création d’un circuit des lieux de résistance  qui comprend  Champfrémont. Il s’agit de valoriser les hauts lieux de Résistance du Nord Mayenne, documenter ces endroits par des panneaux explicatifs avec QR Code , site Internet , médias sociaux.

2021

Les initiales gravées dans l’écorce du vieux hêtre transmettent toujours ce bel engagement des jeunes résistants. Ce message porté par ce vénérable centenaire prend encore plus de force  aujourd’hui .

Régulièrement Joseph Lanoe , très  jeune garçon en 44 respectueux de la mémoire des combattants vient régulièrement enlever avec précaution la mousse qui risque d’effacer ces traces .Mais les récentes tempêtes ont fortement abîmé cet arbre vénérable et vénéré par des passionnés de la nature et de l’Histoire. Certains se sont émus et ont alerté sur la nécessité de préserver le message de l’arborglyphe.

L’Association « Vive la Résistance « en  accord avec  le propriétaire, a fait faire une prise d’ empreinte destinée à être reproduite en plusieurs répliques , l’une placée sur le site de la maison du maquis ,une confiée à l’Association Mémoire du Maquis de Courtemiche  ,une à  Vive la Résistance pour être prêtée dans les établissements scolaires.

Une autre est dédiée a être  présentée dans ce qui serait le futur Musée de la Résistance et de la Libération d’ Alençon .