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Dissident, il va sans dire
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Dissident, il va sans dire | ||||||||
Auteur | Michel Vinaver | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Pièce de théâtre | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | Français | |||||||
Version française | ||||||||
Éditeur | L'Arche | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1978 | |||||||
Date de création | ||||||||
Metteur en scène | Jacques Lassalle | |||||||
Lieu de création | Théâtre de l'Est Parisien | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Dissident, il va sans dire est une pièce de théâtre écrite par Michel Vinaver en 1976.
Elle est publiée pour la première fois en 1978 chez L'Arche, dans un recueil nommé Théâtre de chambre,. Celui-ci est composé de deux pièces, Dissident, il va sans dire et Nina c'est autre chose ainsi que d'une postface de Jean-Pierre Sarrazac.[1]Les deux pièces sont montées conjointement par Jacques Lassalle au Théâtre de l'Est Parisien, puis à Vitry la même année.[2]
Contexte historique de production
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En 1976 en France, dix ans après les grandes manifestations de mai 68, le pays est dans un état de crise. Le premier choc pétrolier de 1973 signe la fin de la période des Trente Glorieuses. Le chômage augmente et les grèves, à l'image de celle des usines Citroën débutée en 1969 et qui durera près de quatre ans, se multiplient et paralysent le pays.[3][4]Les campagnes et les villes sont frappées par une canicule historique, dont souffrent les agriculteurs.[5]
C’est aussi deux années après la condamnation de Pierre Goldman pour des braquages de pharmacie en 1969, qui avaient fait deux morts et deux blessés. Journaliste et militant d'extrême gauche, antifasciste du FUA, Goldman est finalement acquitté en 1976, la justice ne disposant pas assez de preuve contre lui.[6][7] Le criminel Jacques Mesrine, en revanche, est quant à lui enfermé à Lisieux, puis à la prison de la Santé, en compagnie d'autre célèbres braqueur comme Roger Knobelspiess, Jean-Charles Willoquet, ou encore Charlie Bauer.[8][9]Il s'évadera l'année suivante pour reprendre ses activités criminelles, écrire deux livres et donner de nombreux interviews.[10][11]Il fait régulièrement la une des journaux, lesquels critiquent l'inaction de la police. Les français sont nombreux à suivre au jour le jour la traque de "l'ennemi public n°1". [12]
Enfin, c'est en 1976 que la militante d'extrême gauche et dirigeante du groupe terroriste Fraction Armée Rouge, Ulrike Meinhof, se donne la mort dans sa cellule de la prison de Stammheim de Stuttgart. [13][14]
Argument
modifierLa pièce, construite en douze séquences brèves met en scène deux personnages, une mère, nommée Hélène, et son fils de 17 ans, Philippe. L'action se déroule sur plusieurs mois, dans l'appartement d'Hélène.
Le texte décrit le long glissement insidieux de Philippe vers la dissidence. On assiste à la rupture entre une femme travailleuse mais perdant son emploi et son fils, pourtant attaché à sa mère qu’il ne parvient quitter, et qui rejette son père trop bourgeois. Ce dernier a un effet délaissé son épouse pour une plus jeune femme.[7]
"Je vois la pièce de Michel Vinaver comme une variation, une étude intimiste sur l’univers quotidien de deux êtres esseulés, deux naufragés accrochés à leur vivre ensemble comme à un esquif qui part en miette. Par le traitement de la langue, cette concentration extrême, ce minimalisme, l’entrelacement des répliques, nous sommes plongés dans l’univers codifié des gens qui se côtoient depuis des années."[15]
On suit également l'influence des "amis" de Philippe sur ce dernier, qu'on ne voit jamais mais qu'on devine très importants. Les activités criminelles du groupe sont simplement suggérées, sans qu'on y fasse explicitement allusion Finalement, on apprend que "Simon les a donnés" et la police viendra chercher Philippe chez sa mère.[16]
Le quotidien au service du dissident
modifier"Dans la plupart de ses pièces, le dramaturge inscrit l’homme dans le champ économique, mêlant l’intime au social."[17]
Dans le journal La Terrasse, Catherine Robert écrit que Michel Vinaver revendique un théâtre ancré dans le quotidien, ajoutant que c'est là la forme de subversion la plus adaptée au formes d'oppression d'aujourd'hui. Il est possible interpréter la pièce de Vinaver comme une exploration des tensions intergénérationnelles, sans oublier que chaque personne est inextricablement liée à un contexte politique et social plus vaste.[18] Le spectateur ou le lecteur ne perçoit pas les évènements du monde extérieur, mais plutôt les stigmates qu'en portent Hélène et Philippe, dont l'intimité est la seule réalité de la pièce.[15]
De son propre aveu, Michel Vinaver a écrit une pièce courte, contrairement à son habitude, d'abord par "souci économique", et aussi pour tenter de s'approcher du "côté le plus élémentaire de l'écriture dramatique" et "privilégier l'écoute par rapport au visuel" ; selon lui, chacun des personnage évoque tout un environnement ; il qualifie Philippe de "dissident passif".[19]
Il déclare d'ailleurs à propos de cette pièce :
" (...) Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l’un et l’autre. Attachés l’un et l’autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D’elle. De la société. Du monde. Dissident, il l’est avec passivité. Il parle mais se délie des paroles qu’il prononce. Disons peut-être que chez lui il n’y a pas d’adhérence. Il va. Il va sans dire. Elle n’est pas immobile, elle va et dit le discours des parents. Elle le dit avec hésitation, ardeur, délicatesse, discrétion. Apparemment ça ne mène pas à grand-chose. Ce qui se passe entre eux risque tout le temps d’être nul. Pourtant on n’est pas loin, entre eux deux, de ce qu’on pourrait appeler une passion, une intelligence. (...) "[20]
Mises en scène notables
modifier- Jacques Lassale, 1978, avec Françoise Lebrun et Olivier Destrez[21][2]
- Carlos Wittig-Montero, 1980, avec Valia Boulay et Georges Bigot[22]
- Raymond Braun, 1980, avec Pierre Dubey et le T-Act
- Jacques Kraemer, 2003[23]
- Adrien Béal 2004 avec Claire Barbotin et David Farjon[24][25]
- Nicole Charpentier et Christian Chabaud, 2016, avec Nicolas Charentin et Christian Chabaud[26][27]
- Philippe Jeanloz, 2019, avec Kamila Mazzarello et Aitor Gosende[17][28]
- Hugo Givort, 2023, avec Judith D'Aleazzo et Pablo Cherrey Iturralde[29][30]
Autres représentations
modifierUne version audio de la pièce, réalisée par Jean-Pierre Colas en 1977, réunit Dominique Chautemps dans le rôle d'Hélène et Robert Bensimon dans celui de Philippe.[31]L'année suivante, l'équipe produira Nina, c'est autre chose[32][33]
Traductions
modifier- Dissident Goes Without Saying, de Paul Antal (1983)[34]
- Dissident Goes Without Saying, d'Andrew Upton (2006)[35]
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Dissident, il va sans dire (Jean-Pierre Colas) sur France culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/archives-des-fictions-de-france-culture/dissident-il-va-sans-dire-8580408
- Dissident, il va sans dire sur Youtube (Jean-Pierre Colas) : https://www.youtube.com/watch?v=bPiavkHzG4Y
- Article sur le théâtre du quotidien de Jean-Pierre Sarrazac : https://www.erudit.org/fr/revues/jeu/1980-n17-jeu1062941/28498ac.pdf[36]
- Dissident Goes Without Saying, de Paul Antal (1983) à lire ici : https://www.jstor.org/stable/3245326
Sources
modifier- Théâtre de chambre, (ISBN 978-2-85181-026-7, lire en ligne)
- « 1971-1973, la révolte des OS », sur Alternatives Economiques, (consulté le )
- Gilles Richard, « Mai-68... et après ? Une nouvelle donne politique. La France de 1962 à 1984 », Carnets. Revue électronique d’études françaises de l’APEF, no Deuxième série - 16, (ISSN 1646-7698, DOI 10.4000/carnets.9599, lire en ligne, consulté le )
- Par Aurélie Sipos Le 21 juillet 2023 à 10h30, « Été 1976, quand les canicules étaient encore rares : la France à l’épreuve de la sécheresse », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Pierre Goldman l'insaisissable », sur France Inter, (consulté le )
- schardon, « Dissident, il va sans dire », sur Cultures SNES-FSU, (consulté le )
- « La bête médiatique : épisode • 4/6 du podcast Mesrine, l'orgueil et le sang », sur France Culture (consulté le )
- Anne BLANCHARD-LAIZÉ, « Quand Knobelspeiss, Mesrine, Bauer… Étaient incarcérés à Lisieux », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « Jacques Mesrine déclare qu'un surveillant a été complice de son évasion », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le jour où Mesrine s'est évadé de la prison de la santé », sur CNEWS, (consulté le )
- Bruno Bertherat, « Cadavre à la « une » La télévision et la mort de Jacques Mesrine, ennemi public n° 1 (1979) », Le Temps des médias, , p. 125 (lire en ligne [PDF])
- Béatrice BOCARD, « Ulrike Meinhof, un mythe allemand », sur Libération (consulté le )
- « L'art en Europe », sur Écrire une Histoire Nouvelle de l'Europe (Vidéothèque) (consulté le )
- Association C.R.I.S, « Présentation - Dissident il va sans dire - Michel Vinaver, - mise en scène Laurent Hatat, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire – Théâtre Liquide » (consulté le )
- La Terrasse, « Dissident il va sans dire de Michel Vinaver », sur Journal La Terrasse, (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire », sur France Culture, (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire au Théâtre Le Petit Chien - Festival OFF Avignon - Archive 07/07/2023 », sur Théâtres et Producteurs Associés (consulté le )
- « DISSIDENT, IL VA SANS DIRE - Enfants Terribles | THEATREonline.com », sur www.theatreonline.com (consulté le )
- « Dissident il va sans dire - Spectacle - 1980 », sur data.bnf.fr (consulté le )
- Association C.R.I.S, « note du metteur en scène - Dissident il va sans dire - Michel Vinaver, - mise en scène Jacques Kraemer, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le )
- Association C.R.I.S, « Dissident il va sans dire - Michel Vinaver, - mise en scène Adrien Béal, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire », sur Compagnie Théâtre Déplié (consulté le )
- Association C.R.I.S, « Dissident, il va sans dire - Nicole Carpentier, Christian Chabaud, - mise en scène Nicole Carpentier,, Christophe Chabaud, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le )
- « Dissident, il va s'en dire », sur www.daru-thempo.fr (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire - Lausanne, Pôle Sud », sur vd.leprogramme.ch (consulté le )
- dan_laterrasse, « "Dissident il va sans dire", mise en scène Hugo Givort », sur Journal La Terrasse, (consulté le )
- « Dissident, il va sans dire », sur www.billetreduc.com (consulté le )
- « Nina, c'est autre chose », sur France Culture, (consulté le )
- La pièce est d'ailleurs disponible à l'écoute ici [1]
- « Dissident, il va sans dire », sur France Culture, (consulté le )
- (en) « Dissident, goes without saying by Michael Vinaver in a new translation by Andrew Upton [picture] - Catalogue | National Library of Australia », sur catalogue.nla.gov.au (consulté le )
- Jean-Pierre Sarrazac, « Le retour au théâtre de l'écrivain en France : le théâtre du quotidien », Jeu, (lire en ligne [PDF])