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Guillaume Pantol, [appelé aussi Willelmus Pantulf ou Pantul – ou encore en Angleterre : William Pantulf, Pantolf, Pantol ou Pantoul], fils de Willelmi Pantulf, signataire d’une charte du duc Robert II de Normandie[1], et de Béatrix (?)[2] est né vers 1035 probablement à Alberivicus - aujourd’hui Aubry-le-Panthou (Orne). Seigneur de Noron, de Saint Germain d’Aubri et d’Emièville, du Mesnil Bacley, de Roiville et gouverneur de Perray-en-Saosnois, Guillaume Pantol, sénéchal de Roger de Montgommery, dit « le Grand », sera nommé après la Conquête de l’Angleterre : gouverneur de Stafford et premier baron de Wem.


De la conquête de l’Angleterre à l’affaire du château de Peray-en-Saosnois (1067-1070)

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Des premières années de Pantol, nous nous ne savons rien. Son nom n’apparait dans le récit d’Orderic Vital[3] que le 6 décembre 1067, jour de la saint Nicolas, lorsqu’il s’embarque, en compagnie d’autres seigneurs, avec Guillaume le Conquérant qui rejoint son nouveau royaume d’Angleterre. Pantol participe activement à la conquête et reçoit du comte de Montgommery, en récompense de ses services, vingt-neuf domaines dans le comté du Shropshire[4] recensés en 1086 dans le Domesday Book.

D’après Gérard Louise[5], « Certains lignages aristocratiques semblent avoir constitué une aristocratie militaire spécialisée dans la garde des châteaux seigneuriaux.» Guillaume Pantol appartenait à cette noblesse d’armes louant ses services à son suzerain. En 1070, il est nommé gouverneur du château de Peray-en-Saosnois, par Mabille de Bellême qui, pour des raisons inexpliquées, lui reprendra quelques années plus tard cette place forte située au confluent de l’Orne et de la Dives . « Cette vexation avait fait naître entre eux une haine opiniâtre[6]

Les années d’expiation

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Guillaume Pantol a-t-il eu durant la conquête de « mauvaises actions » à se faire pardonner ? En tous cas, il n’échappe pas à cette nécessité de construire des édifices religieux, d’effectuer un pèlerinage et de prouver sa dévotion et sa générosité envers l’église et les pauvres.

Non content d’avoir considérablement doté l’abbaye de Saint-Évroult, il fonde en 1072 le prieuré Saint-Pierre de Noron où furent formés quatre des évêques qui occupèrent le siège de Sées ainsi qu’une église dédiée à Saint-Cyr et Sainte-Julitte, actuelle paroisse du village de Noron-l’Abbaye dans le Calvados.

Puis, « le vaillant et preux chevalier » distribue la plus grande partie de ses biens à l’Église. La donation de ses manoirs, domaines, bois, moulins et dîmes a lieu à Bellême, fief de son suzerain, en présence des évêques, des abbés des monastères et des principaux barons du duché. Cette offrande solennelle faite à l’abbaye de Saint-Évroult et au prieuré de Noron sera suivie en 1074 d’un pèlerinage à Saint-Gilles du Gard[7] considéré avec Rome, Jérusalem et Saint-Jacques-de-Compostelle comme l’un des quatre plus importants de la chrétienté à l’époque.

Du premier voyage en Italie (1077-1080) à l’Épreuve du feu (1080-1082)

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En 1077, Pantol accompagne en Apulie son ami Robert de Grandmesnil, ancien abbé de Saint-Évroult[8]. Robert Guiscard, le tout puissant seigneur normand en Italie du Sud, le reçoit à sa table le jour de Pâques 1078 et lui offre même trois villes qu’il refuse pour des raisons inexpliquées.

Mais Pantol doit écouter son séjour : Mabille de Bellême, l’épouse de son suzerain a été sauvagement assassinée le 5 décembre 1077 dans son château de Bures. Accusé de complicité par les Montgommery il est condamné à mort et ses biens sont saisis[9].

Pantol rentre en Normandie pour clamer son innocence et se placer sous la protection des moines de l’abbaye d’Ouche. L’abbé Mainier, son ami d’enfance, plaide sa cause auprès de Guillaume le Conquérant qui accepte que Pantol subisse le jugement de Dieu. L’ordalie a lieu en 1082 dans la cathédrale de Rouen. L’accusé porte une barre de fer rougie dans sa main qui reste intacte[10]. Innocenté et réhabilité, le seigneur de Noron récupère ses biens.

Le second voyage en Italie (1087-1092)

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Après le décès de Guillaume le Conquérant (septembre 1087), Robert, fils aîné de Pantol, et Henri Beauclerc, fils cadet du roi et futur souverain d’Angleterre participent à des déprédations dans le duché. Les deux trublions âgés une vingtaine d’années s’attaquent à l’abbaye de la reine Mathilde.

Pantol repart en Italie en 1087 avec son épouse et se rend à Bari pour accueillir les reliques du bienheureux Nicolas arrivées le 9 mai. Il participe certainement à la construction de la première crypte inaugurée par Urbain II en 1089. À son retour en Normandie, Pantol offre au scriptorium de l’abbaye d’Ouche le récit de la Translation du corps du saint une copie du texte de l’archidiacre Johannes, bras droit de l’archevêque de Bari[11]. Puis, Pantol dépose solennellement en juin 1092[12] dans son prieuré une dent et deux fragment du tombeau de marbre du bienheureux[13], donnant ainsi une impulsion nouvelle au culte du saint déjà très vénéré en Normandie. Il fait de nouvelles donations dont un manoir en Angleterre nommé Tradition[14]. Les pèlerins affluent à Noron et les miracles se multiplient.

Témoin du testament de Roger de Montgommery (décédé le 27 juillet 1094), Pantol devient la cible du fils aîné du défunt, Robert de Bellême qui le dépouille à nouveau de ses biens. Celui que l’on nomme « Robert le Diable » n’a jamais cru en l’innocence de Pantol dans l’assassinat de sa mère et devient son ennemi juré. Il semblerait que le seigneur de Noron ait participé à la première croisade (1095) avec Robert Courteheuse. En effet, nous n’avons aucune mention de ses activités durant toute cette période de la « Guerre sainte » (1095 à 1100)[15]. Aucun texte toutefois nous permet de l’affirmer.

De la réhabilitation et la fin de l’aventure (1002-1112)

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Nous le retrouvons en Angleterre en 1102 à l’occasion de la révolte des seigneurs. Pantol est chargé par Henri Ier de négocier avec les princes de Galles. Le moine d’Ouche précise que : « le monarque qui connaissait tout le mérite de Pantol l’embrassa en le félicitant de sa détermination. Aussitôt il lui confia deux cents chevaliers et l’envoya garder le château de Stafford, qui était dans le voisinage[16]. » Pantol devient l’ennemi principal de Robert de Bellême et le poursuivra d’ailleurs jusqu’à sa ruine totale. « Ce chevalier, écrit-il, nuisit plus à Robert que qui que ce soit, el le poursuivit opiniâtrement par ses conseils et par ses armes jusqu’à ce qu’il l’eût renversé[17]. » Sa mission est un succès ; les Gallois se joignent aux troupes royales. Le comte de Bellême, vaincu par son ancien vassal, est chassé du royaume ; ses biens sont saisis par la couronne.

Le souverain récompense Pantol en lui offrant de nouveaux domaines, en le nommant membre de son conseil. C’est le couronnement d’une vie exemplaire.

Pantol meurt en Normandie en 1112 ; il est enterré dans le cloître de son prieuré de Noron où son épouse le rejoindra dans la tombe quelques mois plus tard.

Durant sa vie, exceptionnellement longue, dix-sept papes auront occupé le trône de Saint-Pierre, cinq ducs auront gouverné la Normandie, trois rois auront régné sur le royaume franc – cinq sur l’Angleterre – et six abbés auront dirigé l’abbaye de Saint-Évroult ! Guillaume Pantol été durant huit décennies le témoin des heures les plus glorieuses de l’histoire du duché.

Orderic Vital qui a relaté ses faits et gestes nous le présente d’ailleurs comme un véritable héros et comme l’un des personnages les plus marquants de son siècle : « Ce chevalier était très brave ; il avait de l’esprit ; il était reconnu par les seigneurs de l’Angleterre ou de l’Italie comme l’un des plus sensés et des plus riches de ses compatriotes […][18] il honora les pauvres et le clergé, fit beaucoup d’aumônes, se montra constamment magnanime, fit courageusement tête à tous ses ennemis, et resta toujours puissant par ses richesses et ses terres[19]. »

Pantol et son épouse Leeline ont eu au moins quatre fils : Robert, Ivon ou Ivo, Arnulf ou Arnoul, Philippe. Selon Orderic Vital, ils ne possédaient pas les qualités de leur père. Philippe héritera des terres normandes et sera la rameau de la branche française qui existe toujours ; quant à Robert, second baron de Wem, et héritier des domaines anglais, il sera le rameau de la branche des Pantulf qui par ses alliances prestigieuses (Fitz-Warin etc) jouera un rôle important durant deux siècles. Dernier descendant mal de cette branche s’est éteint en ….

Bibliographie

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  • Dubosc (Nicolas), Recherches historiques sur la famille de Panthou (Mémoire lu dans la séance du 18 janvier 1849) et imprimé dans « Notices, Mémoires et Documents publiés par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire naturelle du Département de la Manche », 1er vol., 1re partie, Saint-Lô, 1851 ; p. 147), publié à Saint-Lô en 1851.
  • Fauroux (Marie), Recueil des Actes des Ducs de Normandie (911-1066), Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1961, tome XXXVI ; et Caron, Caen 1961.
  • Le Hardy (Gaston), Un gentilhomme normand au XIe siècle. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1867, tome XXVI (voir pp. 735 à 746).
  • Louise (Gérard), La seigneurie de Bellême, X- XIIe siècle. Le Pays Bas Normand, 1992, nos 199 à 202, 1990-1991, 2 vol.
  • Panthou (de) Patrick : Compagnon du Conquérant, Guillaume Pantol, 2015, Cahiers du temps, Cabourg. (ISBN 978-2-35507-079-2)
  • Vital (Orderic), Historiae Ecclesiasticae, ce texte a été traduit pour la première fois en français sous le titre : Histoire de la Normandie par Louis François Du Bois et publié par F.P.G. Guizot en quatre volumes à Caen en 1826. Il a été réédité en fac-similé aux éditions Corlet et est accessible en lecture libre sur Gallica. Il existe aussi une réédition en 5 tomes, Clermont-Ferrand, Paleo, éditeur, collection « Encyclopédie médiévale », 2003-2004.
  • Édition d’Auguste Le Prévost et de Léopold Delisle, texte original latin, complété par des appendices, 5 vol., Paris J. Renouard, 1838-1855 ; New York, Johnson Reprint, 1965.
  • The Ecclesiastical History of Orderic Vitalis, texte édité par Marjorie Chibnall et publié chez Clarendon Press (Oxford Medevial Texts), Oxford, 1969 -1980, 6 vol. Cette édition bilingue (latin - anglais) fait désormais autorité auprès des chercheurs. Elle n’est pas traduite en français.

Références

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  1. Fauroux (Marie), Recueil des Actes des Ducs de Normandie (911-1066), Charte concernant le marché de l’abbaye de Jumièges
  2. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 374
  3. Historia ecclesiastica ou Histoire de la Normandie
  4. Janet Meisel en a dressé l’inventaire dans Barons of the Welsh Frontier : the Corbet, Pantulf, and Fitz Warin Families (1066-1272)
  5. La seigneurie de Bellême, X - XIIe siècle, tome 2, p. 104
  6. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 377
  7. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 373
  8. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 376
  9. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 377
  10. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 377
  11. Orderic Vital, Livre VII, tome III, pp. 159-171
  12. Orderic Vital, Livre VII, tome III, p. 172
  13. Orderic Vital, Livre VII, tome III, p. 171
  14. Orderic Vital, Livre V, tome II, p. 378
  15. Un gentilhomme normand au XIe siècle, p 19
  16. Orderic Vital, Livre X, tome IV, p. 139
  17. Orderic Vital, Livre XI, tome IV, p 140
  18. Orderic Vital, Livre VII, tome III, p. 171
  19. Orderic Vital, Livre VII, tome III, p. 172