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BROUILLON DE LA MODIFICATION DE L'ARTICLE : Bataille de Prokhorovka

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Bataille de Prokhorovka

Informations générales
Date
Lieu Prokhorovka, Région de Koursk, 250 km au Nord de Kharkov, RSFS de Russie, URSS.
Issue Succès opératif soviétique[A 1]
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Nikolaï Vatoutine
Pavel Rotmistrov
Stepan Krasovskiy
Erich von Manstein
Hermann Hoth
Paul Hausser
Hans Seidemann
Forces en présence
2e SS-Panzerkorps :
Pertes
~ 3600 dont env. 1500 tués et disparus [1]
~ 350 chars et canons automoteur[2]
~ 850 dont env. 190 tués et disparus
une cinquantaine de chars détruits ou endommagés[3]

Seconde Guerre mondiale

La bataille de Prokhorovka livrée le oppose la Wehrmacht et l'Armée Rouge sur le Front de l'Est durant la Seconde Guerre mondiale, pendant la dernière phase de la bataille de Koursk (qui est appelée opération Citadelle par les Allemands). Sur le côté sud du saillant formé par le front autour de la ville de Koursk, l'offensive du IIe corps blindé de la Waffen SS est arrêtée devant la ville de Prokhorovka par de puissantes contre-attaques russes[A 3] menées principalement par la 5e Armée blindée de la Garde. Mal planifiées et mal conduites, elles sont extrêmement coûteuses en hommes et en matériel pour les Russes mais elle arrêtent temporairement la progression allemande. Le même jour, l'Armée rouge contre-attaque également dans d'autres secteurs du sud du saillant mais surtout, elle le lance une grande offensive vers Orel au nord du saillant (c'est l'Opération Koutouzov). Dans les jours qui suivent, l'évolution de la situation sur le front de l'Est, ainsi que l'annonce du débarquement allié en Sicile contraindront Hitler à mettre fin à l'Opération Citadelle.

Si l'échec de l'Opération Citadelle constitue un réel tournant dans la guerre à l'Est, l'importance de la bataille de Prokhorovka doit être relativisée. Longtemps qualifiée - à tort - de plus grande bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale[A 4], elle n'est pas non plus la victoire absolue décrite par la propagande soviétique. En fait, ce jour-là, ni les Allemands ni les Russes n'atteignent leurs objectifs respectifs (percée pour les Allemands, destruction du corps blindé SS pour les Soviétiques) et les pertes soviétiques sont si lourdes que Staline envisage initialement de relever de son commandement le général Rotmistrov - qui commande la 5e Armée blindée de la Garde [4]. Cependant, le but de l'Opération Citadelle était d'encercler puis d'anéantir les forces massées dans le saillant de Koursk et la bataille de Prokhorovka contribue à son échec.

La bataille a acquis très tôt une forte importance symbolique, du fait de la participation des unités blindées de la Waffen SS mais également à cause du bilan revendiqué par les Soviétiques. Les historiens - tant soviétiques qu'occidentaux - n'ont commencé à réévaluer son histoire qu'à partir de la fin des années 1980, en s'appuyant notamment sur l'exploitation des archives des unités ayant pris part au combat mais cette remise en cause du récit national s'est heurtée - et dans une certaine mesure se heurte encore - à de fortes résistances en Russie.

Par ailleurs, pour de nombreux auteurs, la bataille de Prokhorovka s'étend en fait sur une durée de plusieurs jours[A 5]. Ce désaccord sur le périmètre et la durée de la bataille n'en facilite pas l'analyse mais, dans tous les cas la journée du 12 juillet en constitue le moment décisif.

Aujourd'hui Prokhorovka est l'un des trois grands sites officiels des batailles historiques de la Russie (les deux autres sont Koulikovo et Borodino)[5].

Synopsys modifier

L'offensive de Koursk - juillet 1943

Depuis mars 1943, avec la période de la fonte des neiges qui interdit tout mouvement aux formations combattantes, le front de l'est s'est stabilisé en prenant le forme d'un saillant autour de la ville de Koursk. L'Allemagne ne possède déjà plus de ressources suffisantes pour mener de grandes offensives comme en 1941 et 1942 mais, malgré les réticences d'une partie du haut-commandement allemand, Hitler décide de réduire ce saillant. Staline, écoutant les conseils de son état major, décide de laisser d'abord les forces allemandes s'épuiser sur les défenses soviétiques avant de lancer les grandes offensives d'été de l'Armée rouge.

L'offensive allemande - qui débute le 5 juillet 1943 - se décompose en deux attaques en tenaille. Au nord, la 9e armée du général (Generaloberst) Model, qui dépend du Groupe d'armées Centre commandé par le maréchal (Generalfeldmarschall) von Kluge ne parvient pas à percer les défenses soviétiques et ne progresse plus à partir du 8 juillet.

Par contre, sur le versant sud du saillant, dans le secteur du groupe d'armées Sud commandé par le maréchal von Manstein, la 4e armée blindée (4. Panzerarmee) du général Hoth, appuyée sur sa droite par le Détachement d'armée Kempf[A 6]parvient à pénétrer les défenses soviétiques du front de Voronej, commandé par le général Vatoutine. Les réserves du Front étant épuisées, la Stavka (structure de commandement suprême soviétique [A 7]) met alors en mouvement sa réserve stratégique, qui ne devait initialement intervenir qu'après la fin de l'offensive allemande.

Après une marche forcée de près de 350 km en trois jours, la 5e armée blindée de la Garde du général Rotmistrov se met en place à l'ouest de la ville de Prokhorovka le 11 juillet et affronte pendant toute la journée du 12 le IIe corps blindé de la Waffen SS du général (SS-Obergruppenführer und General der Waffen-SS) Paul Hausser. Rotmitstrov dispose de forces suffisantes pour attendre l'offensive allemande de pied ferme mais, mis sous pression par ses chefs [A 8] et par Staline lui-même, il devance la reprise de l'assaut allemand et lance ses forces sans la préparation nécessaire (coordination entre unités, plan d'appui d'artillerie, coordination avec l'aviation) à partir de positions de départ improvisées. La bataille prend alors l'allure d'une série de combats de rencontre[6] tandis que la Luftwaffe, qui parvient ce jour là à conserver la maîtrise locale du ciel, appuie efficacement les SS. Le déferlement des forces soviétiques arrête la progression ennemie mais au prix de très lourdes pertes. Les Allemands restent maîtres du terrain mais leur offensive est arrêtée - du moins temporairement - ce qui, pour les Soviétiques, constitue un succès[A 1].

Dans les jours qui suivent la bataille, les forces allemandes consolident leurs positions mais suite à l'arrêt de l'offensive décidé par Hitler et aux contre attaques soviétiques sur l'ensemble du front, elles doivent finalement abandonner la totalité du terrain conquis et se replier sur leurs positions de départ.

Remarques préliminaires modifier

L'identification des lieux modifier

À l'époque du conflit, Prokhorovka est seulement le nom d'une gare ferroviaire implantée sur la ligne Koursk-Belgorod. La gare porte le nom de l'ingénieur responsable de sa construction : VI Prokhorov. L'agglomération dans laquelle elle se situe, Alexandrovskii, sera rebaptisée en septembre 1968 et prendra elle aussi le nom de Prokhorovka à cette date[7],[A 9].

L'identification des unités modifier

Dans la Wehrmacht, les corps d'armée sont numérotés en chiffres romains suivis d'un point. Par exemple, pour le 48e corps blindé, on écrit XXXXVIII. Panzer-Korps (souvent abrégé en XLVIIIe Panzer-Korps dans la littérature d'après-guerre, forme qui est reprise dans cet article). Par ailleurs, comme dans l'armée soviétique (voir ci-dessous), certaines armées et certains corps comportent une forte composante blindée et sont désignés comme tels - avec comme conséquence l'attribution du même numéro à deux armées différentes. Il en est ainsi pour la 4e armée blindée (4. Panzerarmee) et la 4e armée.

Dans l'Armée rouge, le terme de Front (avec une majuscule) correspond à un groupe d'armées dans la Wehrmacht et les corps d'armée sont comparables par la taille aux divisions allemandes[8]. Par ailleurs, dans l'armée soviétique, (comme dans l'armée russe contemporaine) le titre honorifique de la Garde est attribué à des formations (régiment, corps, division ou armée) qui se sont distinguées au combat[9],[A 10]. Comme chez les Allemands, plusieurs unités peuvent porter le même numéro. Ainsi, pendant la bataille, le corps blindé SS affronte la 5e armée blindée de la Garde à l'est et la 5e armée de la Garde au nord mais il existe également une 5e armée qui sera engagée pendant la seconde bataille de Smolensk en août ! De même, la division Das Reich est opposée au 2e corps blindé de la Garde et au 2e corps blindé qui sont déployés côte à côte.

L'implication du haut commandement dans la bataille modifier

Staline et Hitler supervisent très directement - et très étroitement - l'action de leurs forces armées. Depuis l'échec de l'offensive sur Moscou en décembre 1941, Hitler assure personnellement le commandement de l'armée de terre (Oberkommando des Heeres ou OKH) en sus de celui de l'ensemble des forces armées (Oberkommando der Wehrmacht ou OKW)[10]. Staline dirige personnellement les deux organismes responsables de l'effort de guerre : le Comité de défense de l'État (GKO) qui supervise l'effort global et la Stavka[A 7], le comité restreint qui assure la conduite quotidienne des opérations[11] De plus, en 1943, la Stavka détache régulièrement auprès des commandants de Fronts des représentants en mission comme les maréchaux Joukov, adjoint de Staline et commandant en second pendant cette période et Vassilievski, le chef d'état major général de l'Armée rouge. Ces derniers s'impliquent très directement dans la conduite des opérations, coordonnent l'action des Fronts et reportent quotidiennement à Staline, par téléphone ou par télégraphe. Staline lui-même appelle directement les commandants de Fronts - ou même d'armées - lorsqu'il en ressent le besoin[12],[A 11].

Staline s'implique donc très directement dans l'organisation de la contre attaque de Prokhorovka, et le Maréchal Vassilievski, son envoyé, est présent au côté du général Rotmistrov lors de la bataille. L'implication d'Hitler n'est qu'indirecte, ce qui est assez logique s'agissant d'une initiative soviétique.

Les chiffres publiés modifier

Les chiffres publiés par les différents auteurs (effectifs, nombre de chars disponibles, nombre de chars engagés, nombre de chars détruits, pertes humaines etc.) varient parfois considérablement pour de nombreuses raisons: retards ou erreurs - parfois volontaires[13] - dans les comptes rendus, archives perdues, inexploitées ou tout simplement inaccessibles en URSS pendant la période soviétique (voir ci-dessous). Par ailleurs, le camp qui reste maître du terrain peut remettre en état une grande partie de ses chars "détruits" (en fait touchés et parfois simplement endommagés - voir ci-dessous). Enfin, comme mentionné ci-dessus, les auteurs ne sont pas tous d'accord sur la durée de la bataille ni même sur la zone géographique concernée (ainsi, pour certains auteurs, le IIIe corps blindé allemand participe à la bataille) et les chiffres annoncés ne sont de ce fait pas toujours comparables.

La plupart des chiffres cités dans cet article proviennent de publications récentes mais sont donc surtout à considérer pour leur valeur indicative et pour les ordres de grandeur qu'ils illustrent.

Les forces terrestres en présence modifier

Allemagne modifier

Panzer VI (Tiger I) sur le front Est
Panzer III des Waffen-SS

Sur les six corps d'armée que comptent la 4e armée Panzer et le détachement d'armée Kempf[A 6], seulement cinq prennent part à l'offensive[A 12]. Parmi ces derniers, trois corps blindés en constituent les piliers : du nord-ouest au sud-est, la 4e armée blindée aligne le XLVIIIe corps blindé et le corps blindé de la Waffen SS puis vient le détachement d'armées Kempf avec le IIIe corps blindé. Le groupe d'armées Sud a pour unique réserve le XXIVe corps blindé qui comprend deux divisions blindées (17e et 23e Panzer) et la division de Panzergrenadiers SS Wiking. Cette réserve ne peut toutefois pas être engagée sans l'accord d'Hitler.

Le IIe corps blindé SS qui combat à Prokhorovka est composé des trois divisions Leibstandarte SS Adolf Hitler (LSSAH), Das Reich (SS-DR) et Totenkopf (SS-T). Ce sont des unités de choc, politiquement motivées et régulièrement engagées dans les combats les plus durs, avec souvent des pertes très lourdes[A 13],[A 14].

Officiellement, lors de la bataille de Koursk, elles portent encore l'appellation de divisions de Panzergrenadiers[A 15], mais en fait ce sont des divisions blindées même si elles ne seront redésignées ainsi qu'à l'automne [A 16]. Elles sont de surcroît renforcées car elles possèdent chacune une compagnie de chars lourds Tigre. Par contre, au moment de l'offensive, la Leibstandarte et la Das Reich ont chacune renvoyé l'un de leurs deux bataillons de chars en Allemagne pour y être rééquipé avec le nouveau char Panther - qui ne participe donc pas à la bataille de Prokhorovka [A 17]. Elles comportent également chacune un bataillon de 35 canons d'assaut Sturmgeschütz III (Stug) et un bataillon de chasseurs de chars Marder II, qui joueront un rôle important pour arrêter les blindés soviétiques. Enfin, la Das Reich compte également une vingtaine de chars soviétiques T-34 récupérés dans leur usine lors de la Troisième bataille de Kharkov.

IIe corps blindé SS

Au début de l'offensive (5 juillet)[14] Formation Au soir du 11 juillet[15]
Chars
lourds
Chars moyens Canons
d'assaut
Chasseurs
de chars
Total IIe SS-PzK Chars
lourds
Chars moyens Canons
d'assaut
Chasseurs
de chars
Total
Tigre Panzer III Panzer IV PzBef
[A 18]
T-34 StuG III Marder II

Tigre

Panzer III Panzer IV PzBef
[A 18]
T-34 StuG III Marder II
12 11 79 9 34 20 165 Leibstandarte 4 5 47 7 10 16 89
12 47 30 8 18 33 10 158 Das Reich 1 34 18 7 8 27 12 107
11 59 47 8 28 11 164 Totenkopf 10 54 30 7 21 11 133
35 117 156 25 18 95 41 487 Total 15 93 95 21 8 58 39 329
7% 24% 32% 5% 4% 20% 8% 100% pourcent du total 5% 28% 29% 6% 2% 18% 12% 100%

Le char Tigre ne représente qu'une très faible contingent au sein du corps dont l'essentiel de la masse de manœuvre est constitué de Panzer IV et de Panzer III. Ce dernier, qui même dans ses dernières version est surclassé par le T-34 constitue environ le quart de l'effectif total engagé.

Dès le début de l'offensive, le régiment 315 de la 167e division d'infanterie (qui appartient au XLVIIIe corps blindé) est affecté à la couverture ouest du corps blindé SS. Le 7 juillet, c'est la division entière qui lui est transférée afin cette fois de protéger son flanc droit, ce qui libère la division Totenkopf et lui permet de basculer sur le côté gauche du dispositif[16],[17].

Le 12 juillet, la majorité de la Totenkopf est déployée au nord de la rivière Psel et elle affronte surtout des unités de la 5e Armée de la Garde (qui est déployée au nord de la 5e Armée blindée de la Garde).

URSS modifier

La partie sud du saillant est défendue par le Front de Voronej, commandé par le général Vatoutine. Ses forces sont réparties sur trois lignes de défense en profondeur[A 19] et il dispose de ses propres unités de réserve opérationnelle mais, sur ses arrières, une importante réserve stratégique a été constituée : c'est le Front de la steppe, commandé par le général Koniev. Il comprend pas moins de six armées : 27e, 47e et 53e armées, 4e et 5e armées de la Garde, et la plus importante : la 5e armée blindée de la Garde, commandée par le général Rotmistrof [18].

La création des armées blindées, décidée en mars 1942, est la réponse soviétique aux corps blindés allemands. Les succès mitigés rencontrés au combat entrainent une refonte du concept en janvier 1943. L'Union soviétique créera ainsi cinq armées blindées d'un nouveau type en 1943 (et une sixième en 1944)[19]. Elles sont principalement destinées non pas à la rupture du front mais à son exploitation.

En juillet 1943, la 5e armée blindée de la Garde est composée de trois corps d'armée : deux corps blindés (18e et 29e) qui comprennent chacun trois brigades blindées et une brigade mécanisée et un corps mécanisé (le 5e de la Garde) composé de trois brigades mécanisées et une brigade blindée[20],[A 20]. Le 11 juillet, alors qu'elle est déjà en place à Prokhorovka, elle reçoit le renfort du 2e corps blindé de la Garde et du 2e corps blindé. L'effort principal est fourni par le 29e corps blindé, le 18e corps blindé et le 2e corps blindé de la Garde. Le 2e corps blindé - très affaibli par ses engagements précédents - est également engagé mais sa contribution est plus modeste. Le 5e corps mécanisé est gardé en réserve pendant la plus grande partie de la journée.

Troupes soviétiques et chars T-34 sur le front Voronezh en juillet 1943
SU-122 vers 1943

Les unités soviétiques sont surtout équipées de chars moyens T-34, mais aussi de chars légers T-70 et de quelques chars Churchill britanniques obtenus en prêt-bail. Elles disposent également de canons automoteurs de type SU-122 et SU-76 et d'un petit nombre de chars lourds KV-1[A 21].

5e armée blindée de la Garde - 12 juillet [21]
Formation T-34 T-70 Churchill Automoteur
122 mm
Automoteur
76 mm
Total
29e corps blindé 126 81 11 10 228
18e corps blindé 75 58 18 151
2e corps blindé de la Garde 86 52 3 141
2e corps blindé 34 22 3 59
5e corps mécanisé de la Garde 114 44 0 7 4 169
Autres unités attachées à l'Armée 45 12 0 0 0 57
Total général 480 269 24 18 14 805
pourcent du total 60% 33% 3% 2% 2% 100%

Les forces aériennes en présence modifier

La Luftwaffe modifier

Sturzkampfbomber Junkers Ju 87 G armé de deux canons BK 37

L'appui aérien des forces allemandes engagées est assuré par le VIIIe corps aérien (VIIIe Fliegerkorp) de la Luftwaffe, commandé par le général Hans Seidemann. Le VIIIe Fliegerkorp fait lui-même partie de la 4e flotte aérienne (Luftflotte 4), commandée par le général Otto Deßloch (prononcé Dessloch). Au cours des combats précédant la bataille de Prokhorovka, la Luftwaffe - par manque de ressources - a du mal à soutenir simultanément les trois corps qui progressent en parallèle, l'effort aérien étant surtout concentré alternativement sur le XLVIIIe corps Panzer et le IIe corps blindé SS, au détriment du IIIe corps blindé. De plus, à cause du manque de résultats de la 9e armée (Model) au nord du saillant, le 7 juillet, la Luftwaffe décide de transférer deux groupes de chasse, trois groupes d'attaque au sol et deux groupes de bombardement du VIIIe Fliegerkorp à la Luftflotte 6, soit une réduction d'effectifs de 40% pour les chasseurs, 50% pour les avions d'attaque au sol et 20% pour les bombardiers[22].

VIII FliegerKorps - Bataille de Koursk - juillet 1943 [23]
Mission Modèles unités Quantité
Chasse Me 109 JG 52, JG 3 196
Attaque au sol Ju 87, FW 190, Hs 123, Hs 129 StG 2, StG 77, SchG 1,SchG 2, JG 51 426
Bombardement Ju-88, He-111 Kg 3,27,55,100 293
Reconnaissance 106
Total 1021

Pour l'appui des troupes au sol, la Luftwaffe emploie notamment le chasseur-bombardier Focke-Wulf Fw 190, le chasseurs de chars Henschel Hs 129 ainsi que le bombardier en piqué Junkers Ju 87 Stuka. Elle déploie également un version du Stuka équipée de canons antichars de 37 mm pour incendier les chars en les attaquant par l'arrière (là où leur blindage est le plus mince)[24].

L'armée de l'air soviétique (Voyenno-Vozdushnye Sily ou VVS) modifier

Iliouchine Il-2m3 Sturmovik

Dans l'Armée rouge, une armée aérienne (Vozdushnaya Armiya) est affectée à chaque front. Au début de l'offensive sur le flanc sud, la force aérienne assignée au front de Voronej est la 2e armée aérienne (2 VA), commandée par le lieutenant général Stepan Krasovskiy[25] À partir du 7 juillet, sur décision du maréchal Vassilievski, elle est renforcée dans cette mission par la 17e armée aérienne (17 VA), commandée par le lieutenant général Vladimir Sudets [26], qui était précédemment affectée au front du sud-ouest. La 17e armée reçoit pour mission prioritaire l'appui à la 7e armée de la Garde, qui affronte le détachement d'armée Kempf[27] et son degré implication dans la bataille de Prokhorovka est mal connu. La 2e armée aérienne, malgré de fortes pertes la semaine précédant la bataille, peut compter sur 472 appareils opérationnels. Parmi eux, 266 sont des chasseurs, 160 des bombardiers et 90 des avions d'attaque au sol Iliouchine Il-2 Sturmovik[28]. La 17e armée aérienne aligne de son côté environ 300 avions opérationnels mais - comme mentionné ci-dessus - on connait mal l'importance de leur engagement à Prokhrovka.

Armée de l'air soviétique - Bataille de Koursk - flanc Sud - juillet 1943 [29]
Mission 2e armée aérienne (VA) 17e armée aérienne (VA) Total
Chasse 389 163 552
Attaque au sol (Il-2) 276 239 515
Bombardement 172 76 248
Bombardement de nuit 34 60 94
Reconnaissance 10 0 10
Total 881 538 1419

Le début de l'offensive : du 5 au 11 juillet modifier

L'offensive allemande au sud du saillant.

Du côté soviétique, le front est tenu initialement par, d'ouest en est, la 6e armée de la Garde et la 7e armée de la Garde. Elles sont renforcées sur leurs arrières par la 1e armée blindée et la 69e armée qui s'insèreront progressivement dans leur dispositif. Cet ensemble sera constamment renforcé, d'abord par des unités prélevées sur les réserves propres du Front de Voronej et des fronts contigus puis par celles du front de la Steppe qui constitue la réserve stratégique soviétique. Ces corps, divisions et brigades sont jetés dans la bataille dans le but de ralentir, par un harcèlement constant et malgré de lourdes pertes, la progression des forces des généraux Hoth et Kempf.

L'attaque allemande doit progresser à travers de multiples lignes de défenses soviétiques comportant des champs de mines, des fossés antichars, des bunkers et des positions antichars dotées de nombreux canons. Elle pénètre sur une profondeur de 35 km jusqu'à la 3e ligne de défense soviétique mais à un rythme beaucoup plus lent que prévu puisque les plan original prévoyait la jonction des forces allemandes en provenance du nord et du sud au quatrième jour de l'offensive[30].

Les aléas des combats et la résistance soviétique font que les trois corps blindés allemands divergent dans leur progression. Au centre, le IIe corps blindé SS infléchit sa trajectoire vers l'est et se dirige vers la ville de Prokhorovka, vers laquelle converge également la 5e armée blindée de la Garde. Les raisons de ce changement de direction (planifié longtemps à l'avance ou bien dicté par les évènements) font l'objet d'un désaccord chez les historiens[A 22] mais le résultat est que la rencontre avec les réserves soviétiques aura lieu au sud-ouest de Prokhorovka, dans un couloir large d'une dizaine de kilomètres s'étendant au sud de la rivière Psel et relativement libre d'obstacles. Ce couloir est partagé en son milieu par un talus sur lequel passent la route Teterinovo-Prokhorovka et la voie ferrée Belgorod-Koursk[31].

Le progression initiale du IIe corps blindé SS modifier

Progession de chars allemands pendant l'opération Citadelle

Entre le 5 et le 11 juillet, les trois divisions SS enfoncent progressivement les trois lignes de défense qui les séparent de Prokhorovka en repoussant les contre-attaques des forces du Front de Voronej. Elles capturent les villes de Bykovka (dès le 5 juillet) puis Berezov (6 juillet), Luchki-Sud puis Luchki-Nord [32]. Près de cette dernière ville, la Leibstandarte affronte le 31e corps blindé soviétique qui perd 110 chars dans l'engagement [32]. Le lendemain (7 juillet), le Das Reich repousse vers l'est le 3e corps blindé de la Garde [32]. À partir du 8, la Leibstandarte pivote temporairement vers l'ouest pour combler l'écart qui se creuse entre le corps blindé SS et le XLVIIIe corps blindé, objectif qui sera atteint le 9[32]. Elle affronte à nouveau le 31e corps blindé à proximité de Vesselyi tandis que la Das Reich est contrainte temporairement à la défensive par les contre-attaques menées par le 2e corps blindé (qu'elle rencontrera à nouveau le 12 juillet) avec des éléments du 10e corps blindé et du 5e corps blindé de la Garde[32]. À partir du 10, le corps reprend sa route vers le nord-est et Prokhorovka. La Totenkopt, qui a été redéployée de la droite vers la gauche du dispositif, atteint la rivière Psel à cette date, la franchit et forme une tête de pont sur sa rive nord[32]. Le 11, la Leibstandarte, en pointe, capture la cote 252.2 mais est arrêtée par la résistance russe à quelques kilomètres de la ville[32]. La Das Reich, sur le flanc droit, doit assurer la sécurité de l'ensemble car l'écart entre le corps blindé SS et le IIIe corps blindé, qui s'est creusé depuis le début de l'offensive, n'a toujours pas été réduit[32](ce dernier objectif ne sera atteint que le 15, ce qui mettra la force d'attaque allemande en bonne position pour reprendre l'offensive [33]).

La reprise de l'attaque du IIe corps SS le 12 juillet doit coïncider avec celle du XLVIIIe corps Panzer - qui doit à son tour traverser la rivière Psel mais plus à l'ouest - et celle du IIIe corps Panzer au sud-est qui, s'il arrive à vaincre la résistance de la 69e armée soviétique, pourra épauler l'offensive des SS en menaçant directement les arrières de Rotmistrov. Hoth et Kempf veulent d'abord éliminer les risques de contre-attaques sur leurs arrières à partir des espaces qui se sont créés entre les trois corps blindés puis reprendre leur progression vers Oboïan et Koursk [34]. Pour éviter une attaque frontale sur des défenses soviétiques trop solides, le plan de Hausser prévoit l'avancée de la Totenkopf au nord du Psel puis un mouvement vers le sud pour prendre les Soviétiques à revers avec l'assistance de la Das Reich qui doit effectuer une manœuvre symétrique du côté sud[35]. Après ce mouvement, le corps blindé SS se trouvera en bonne position soit pour se joindre au XLVIIIe corps Panzer et reprendre l'offensive vers le nord ou éventuellement pour rejoindre le IIIe corps blindé au sud en réalisant l'encerclement d'une partie de la 69e armée soviétique.

La mise en place de la 5e armée blindée de la Garde modifier

Le maréchal Joukov et le général Koniev durant la bataille de Koursk

Dès le 6 juillet, Vatoutine, qui a déjà engagé ses propres réserves, a demandé - et obtenu - le renfort de deux corps blindés : le 2e, qui passe sous le commandement de Rotmistrov le 11 juillet et le 10e, qui rejoint la 1e armée blindée [36]. Il obtient également le déploiement de la 5e Armée de la Garde (Zhadov) ainsi que celui de la 5e armée blindée de la Garde (Rotmistrov). Cette dernière unité fait mouvement par ses propres moyens et elle arrive à Prokhorovka en ayant perdu environ 15 % de ses blindés et canons automoteurs du fait de pannes sur la route[36]. Les deux autres corps blindés dont le général disposera en renfort pour la bataille (2e et 2e de la Garde) ont déjà été engagés et ont déjà subi des pertes sensibles depuis le début de l'offensive.

La mise en place finale se fait dans la précipitation, notamment du fait de l'enchevêtrement des formations des deux 5e armées (de la Garde et blindée de la Garde). Du fait de la progression des SS le 11, les positions de départ des 18e et 29e corps blindés, comme les plans d'appuis d'artillerie ne sont plus applicables et doivent être modifiés dans l'urgence[37]. L'offensive sera supervisée par le maréchal Vassilievski en personne qui a rejoint le QG de Romitsov le 11 au soir[38]. Enfin, au milieu de la nuit du 11 au 12, à la suite de la percée du IIIe corps blindé allemand dans le secteur de Rzhavets, qui crée un risque de prise à revers de ses forces, Rotmistrov doit constituer et envoyer d'urgence vers le sud un détachement comprenant deux brigades mécanisées du 5e corps mécanisé de la Garde et une brigade blindée du 2e corps blindé de la Garde[39].

Finalement, l'heure de la contre-attaque est avancée à 8h30 afin d'anticiper sur la reprise attendue de l'offensive allemande[40].

La journée du 12 juillet modifier

Prokhorova - 12 juillet 1943. Représentation des unités principales
Un T-34 soviétique détruit durant la bataille est inspecté par un soldat allemand.

La bataille a lieu lors d'une chaude journée d'été parsemées d'averses orageuses. Celles-ci deviendront très fortes dans l'après-midi et, dans certains secteurs, la boue réduira très fortement la mobilité des véhicules [41].

Le plan finalement retenu par les Soviétiques est simple. Il consiste à couper en deux le corps blindé SS par une attaque frontale dans le secteur de la Leibstandarte [42],[43]. C'est donc cette dernière division qui va être engagée le plus durement pendant la journée car la Das Reich assure surtout son rôle de protection du flanc droit du corps tandis que la plus grande partie de la Totenkopt est déjà passée au nord de la rivière Psel. La bataille s'articule de la manière suivante (voir carte):

Après une attaque matinale dès 6h contre la Totenkopf, l'assaut principal est mené vers 8h30 contre la Leibstandarte par un force de plus de 300 chars des 29e et 18e corps qui attaquent quasi-simultanément. Le 18e corps est plus au nord et le 29e attaque de part et d'autre du remblai qui supporte la route et la voie ferrée. Plusieurs vagues d'attaque se succèderont mais la première survient au moment où la Leibstandarte reprend sa progression interrompue la veille au soir, ce qui confère à la bataille un caractère de combat de rencontre[44]. Suivant la pratique soviétique, les chars emportent des fantassins, (ici des parachutistes de la 9e division aéroportée de la Garde et des fantassins de la 42e division de fusiliers de la Garde), qui doivent débarquer lors de la partie finale de l'assaut. Sur la cote 252.2, le bataillon d'infanterie mécanisée (gepanzert - équipé de semi-chenillés Sd.Kfz. 251) de la division est submergé et évite de peu la destruction mais perd une vingtaine de ses véhicules[A 23]. Il est secouru par une première compagnie de Panzer IV[A 24], bientôt rejointe par les deux autres compagnies de son bataillon. Les chars russes traversent le dispositif mais se retrouvent bloqués par un fossé antichar (qui avait été creusé par eux-mêmes quelques semaines auparavant). Une partie d'entre eux se concentre alors près d'un point de passage unique soumis aux tirs allemands tandis qu'une autre essaie de le longer mais doit alors présenter ses flancs - moins bien protégés - aux canons ennemis. Plus à l'ouest, l'attaque se heurte à un peloton de quatre chars Tigre (les seuls Tigre de la Leibstandarte en état de combattre ce jour-là) et, là aussi, les chars russes subissent de lourdes pertes[A 25]. Ceux qui parviennent à traverser le dispositif allemand sont à leur tour décimés par l'artillerie (antichar et de campagne mais aussi par les redoutables canons anti-aériens de 88mm) de la division [45],[46],[47].

L'attaque du 29e corps se prolonge au sud de la ligne de chemin de fer. Elle est rejointe par le 2e corps blindé[A 26]. Encore plus au sud, le 2e corps blindé de la Garde attaque en fin de matinée dans le secteur de la Das Reich. Comme les 18e et 29e corps blindés, il est repoussé par les chars et les canons antichars allemands avec de lourdes pertes[48].

Au nord de la rivière Psel, c'est la Totenkopf qui passe à l'offensive mais sa progression est arrêtée en fin de journée par une contre-offensive russe [49].

Dans le ciel, la Luftwaffe arrive à conserver l'avantage ce jour là (au détriment néanmoins de ses missions d'appui aux autres formations allemandes et notamment du XLVIIIe corps Panzer)[50]. À cette époque du conflit, elle est encore supérieure à l'armée de l'air soviétique dans le domaine des liaisons avec les forces au sol[A 27] et parvient, sur un champ de bataille qui est très rapidement obscurci par les incendies de douzaines de véhicules, à assurer un appui efficace aux troupes allemandes et à les renseigner sur les mouvements des forces russes [24].

Les 12 juillet, les 2e et 17e armées aériennes soviétiques accomplissent 893 sorties contre 654 pour le 8e VIIIe FliegerKorps[50]. Cependant, alors que la Luftwaffe s'est concentrée sur l'appui au corps blindé SS, l'aviation rouge a d'abord réparti ses efforts sur les deux autres corps et n'intervient que tardivement à Prokhorovka[51].

À la fin de la journée, les forces soviétiques n'ont pas gagné de terrain et elles ont subi des pertes très sévères. Côté allemand, seule la division Totenkopf a progressé de quelques kilomètres. Le fait de rester maîtres du terrain constitue cependant un avantage pour les Allemands qui peuvent ainsi récupérer tous leurs engins qui en valent encore la peine et les réparer[52].

Les pertes humaines atteignent approximativement 3 600 Soviétiques (dont 1500 tués ou disparus)[1] et 850 Allemands (dont 185 tués ou disparus). En fait, pour les SS, les pertes de la journée du 12 sont inférieures à celles subies lors de chacune des journées des 5, 6 et 11 juillet[53]. S'agissant des pertes matérielles, les estimations basses sont de 300 chars et canons automoteurs pour les soviétiques, et quatre blindés pour les Allemands (plus une quarantaine de blindés endommagés mais réparables), et les estimations hautes autour de 350 véhicules blindés soviétiques et une vingtaine de blindés allemands (ce dernier chiffre pouvant probablement atteindre la quarantaine si l'on tient compte des véhicules que les Allemands doivent laisser derrière eux lorsqu'ils doivent abandonner tout le terrain conquis à la fin de l'opération Citadelle[54].

La fin de l'offensive modifier

Soldats et mitrailleuse soviétiques pendant la bataille de Kousk

À ce stade, l'état-major allemand doit constater que l'opération Citadelle est un échec. En effet, l'offensive allemande au nord du saillant a été rapidement bloquée et n'a plus progressé à partir du 8 juillet[55]) et le 12, soit le jour même de la bataille de Prokhorovka, l'armée rouge lance une puissante offensive vers le saillant d'Orel (opération Koutouzov), qui va contraindre les Allemands à reculer de plusieurs centaines de kilomètres en quelques jours. C'est la fin de l'opération Citadelle pour le nord du saillant, même si la décision officielle ne sera prise que le lendemain.

D'autre part, le 10 juillet 1943 a débuté l'invasion de la Sicile par les troupes anglo-américaines. Cette opération va contraindre l'Allemagne à prélever des troupes du front de l'Est pour renforcer le théâtre d'opérations méditerranéen. Hitler décide d'envoyer des troupes politiquement sûres et choisit la division Leibstandarte qui cède la plupart de ses chars à ses deux consœurs puis embarque pour l'Italie (avec l'état-major du corps blindé).

Hitler rencontre von Kluge et von Manstein le . Von Kluge, qui doit faire face à l'offensive soviétique au nord, souhaite la fin de Citadelle. Von Manstein, lui, souhaite continuer, au moins pour anéantir les réserves blindées de la Stavka [A 7] mais Hitler décide d'arrêter l'opération. Il fait néanmoins une concession à Manstein et autorise la poursuite de l'offensive dans la région de Prokhorovka avec pour objectif - limité - l'encerclement et la destruction des forces russes qui y sont présentes. C'est l'opération Roland[56]. Elle se traduit par la consolidation de la position du XLVIIIe corps blindé à l'ouest, la stabilisation du front devant Prokhorovka où la progression de la Leibstandarte et de la Totenkopft est arrêtée et le comblement de l'espace entre le IIe corps blindé SS et le IIIe corps blindé au sud-est de Prokhorovka le 15 juillet[57]. La Das Reich fait finalement sa jonction avec les 7e et 19e Panzer (du IIIe corps blindé) tandis que les 167e et 168e divisions d'infanterie sont chargées d'achever l'encerclement. Toutefois, la majorité des divisions du 48e corps d'infanterie de la 69e armée soviétique parvient à s'extraire de la nasse avant qu'elle ne se referme[58].

Mais alors que les Soviétiques avaient entouré les préparatifs de l'opération Koutouzov du secret le plus rigoureux, ils préparent ouvertement puis lancent le 17 juillet deux offensives [59],[60]. La première contre la 1e armée Panzer dans le secteur d'Yzium et la seconde contre la nouvelle 6e armée allemande[A 28] aux abords de la rivière Mious, qui nécessiteront l'envoi de réserves et notamment du IIe corps Panzer SS, ce qui signe la fin définitive de l'opération Roland[61].

Enfin, le deuxième volet de la grande contre-offensive soviétique est déclenché le 3 août, cette fois vers le sud: c'est l'opération Polkovodets Roumiantsev qui permet la libération de Belgorod puis de Karkhov le 23 août.

Les suites et les conséquences de la bataille modifier

Au bilan, le 12 juillet, la 5e Armée blindée de la Garde a perdu près de la moitié des 800 blindés dont elle disposait au matin de l'attaque[62] mais ni les Allemands ni les Russes n'atteignent leurs objectifs ce jour-là car si la progression allemande est arrêtée, le IIe corps blindé SS n'est pas vaincu (et à fortiori pas détruit) non plus.

Cependant, si d'un point de vue tactique, c'est un succès des Allemands qui infligent aux Russes des pertes très élevées et restent maîtres du terrain, l'arrêt de leur progression est une victoire opérationnelle pour les Soviétiques puisque il empêche les Allemands de percer leur dernière ligne de défense et d'accéder à la profondeur "stratégique" de leur dispositif. La fin de l'opération Citadelle, elle, résulte de la conjugaison d'événements autres que la seule bataille de Prokhorovka (débarquement allié en Italie, opération Koutouzov etc.)[A 29].

L'attention de Staline se porte toutefois sur le général Rotmistrov. Sa contre-attaque du 12 - soit le même jour que le début de l'opération Koutouzov - fait partie d'un plan général de contre-offensive et on ne lui a pas laissé beaucoup de latitude sur les modalités de son exécution mais il est néanmoins sévèrement critiqué pour la manière dont il l'a conduite. En effet, il lancé ses centaines de chars (et les troupes qui les accompagnaient) dans une attaque massive très coûteuse sans avoir conduit les reconnaissances nécessaires ni correctement planifié l'appui de l'artillerie et de l'aviation. En théorie, il aurait également pu attendre sur des positions défensives et user ainsi progressivement les attaques allemandes en appliquant la recette qui avait déjà parfaitement fonctionné au nord du saillant[63] ou même au sud lors du début de l'offensive allemande mais on ne sait pas si cette dernière option était envisageable pour ses chefs car la progression du corps blindé SS avait déclanché une véritable panique à tous les niveaux, Vatoutine ayant très tôt engagé la totalité de ses réserves. En tout état de cause, Staline confie une enquête à une commission dirigée par un membre du politburo, G.M Malenkov. Les premiers retours sont très critiques mais Staline change d'avis [4] - à juste titre car il a lui-même beaucoup pesé en faveur de l'attaque et en partage donc la responsabilité[64]. Le maréchal Vassilievsky, qui était présent au QG de Romitstrov et qui l'avait également poussé à l'attaque, lui apporte également son soutien et ce dernier conserve son commandement. En fait, bien qu'il subisse encore des pertes très élevées en août lors de l'opération Roumiantsev, il est promu à deux reprises en 1943 et 1944 (colonel-général puis maréchal de l'arme blindée). Mais il est à nouveau mis sur la sellette après l'opération Bagration en août 1944, il est finalement remercié [65]. Hausser lui, exercera des commandements à des niveaux de plus en plus élevés (groupe d'armées) jusqu'à la fin de la guerre.

Indépendamment du bilan tactique et opératif, la bataille marque un tournant décisif dans la suite des opérations sur le front de l'Est. En effet, à partir de la fin de l'opération Citadelle et notamment de la bataille de Prokhorovka, l'initiative stratégique passe dans le camp soviétique et y reste jusqu'à la fin de la guerre.

Prokhorovka : légendes et mythes modifier

L'écriture de l'Histoire de la guerre sur le front de l'Est (Grande guerre patriotique pour les Soviétiques puis les Russes) se heurte aux difficultés que connaissent tous les historiens : archives incomplètes - perdues ou détruites, manque de recul ou de vision d'ensemble pour les témoins directs, mémoire sélective ou défaillante des participants qui rédigent parfois leurs souvenirs longtemps après les faits. À ces constantes de l'Histoire militaire s'ajoutent deux données plus caractéristiques de ce conflit : d'une part l'attitude de nombreux généraux allemands qui ont, après la guerre, essayé de faire porter par Hitler la responsabilité de tous leurs échecs - sur le front de l'Est comme ailleurs - et, dans le cas spécifique du front de l'Est, la volonté soviétique - puis dans une moindre mesure russe, d'imposer une version de l'Histoire conforme aux exigences du régime. Dans le cas particulier de la bataille de Prokhorovka et des pertes énormes subies par l'Armée rouge, l'importance qu'à pris la bataille de Prokhorovka dans le roman national soviétique puis russe a longtemps contribué - et continue encore - à entraver la recherche d'une synthèse objective.

L'historiographie : de la légende à la réalité comptable modifier

L'histoire de la bataille de Prokhorovka, telle qu'elle avait été écrite par les Soviétiques avant même la fin de la guerre a longtemps été acceptée sans contestation par les historiens - à l'Est comme à l'Ouest. Ainsi, le récit d'un affrontement entre des vagues de T-34 et des "centaines" de chars Tigre a - sous une forme ou une autre - été repris par des auteurs à succès comme Paul Carell (et bien d'autres) et les rares récits contredisant cette histoire n'étaient alors ni crédibles ni même audibles[66].

À l’origine de ce récit, on trouve les rapports du renseignement et les comptes rendus de l’Armée rouge, qui ont toujours surestimé le nombre de chars dont disposaient les Allemands. Au lendemain de la bataille, le général Rotmistrov, son chef le général Vatoutine et le maréchal Vassilevski, qui s’était déplacé auprès de Rotmistrov depuis le 11 juillet, doivent rendre des comptes et expliquer le demi-échec de leur contre offensive et surtout le nombre très élevé de chars qu’ils ont perdu. C’est de cette époque que datent les rapports attribuant 700 blindés allemands affrontant 800 engins soviétiques. Ces chiffres seront repris dans le rapport officiel de l’armée rouge. Pavel Rotmistrov lui-même les reprendra dans deux ouvrages rédigés en 1960 et 1984[A 30].

Au delà de la seule bataille de Prokhorovka, c'est d'ailleurs l'ensemble de l'offensive de Koursk qui a pu ainsi être qualifiée de "Chant du Cygne de l'arme blindée allemande" (Maréchal Yvan Koniev) ou de "défaite décisive" (général Guderian). Là aussi, l’analyse comparée des pertes allemandes et de la production de panzers pendant cette période apporte un démenti à ces affirmations. Pour les Allemands, toute perte est bien entendu sensible – surtout quand il s’agit de personnel - mais la totalité de leurs pertes en chars pendant l’Opération Citadelle (813 blindés) représente à peine une semaine de production en juillet 1943.

La réalité du rapport des forces en présence à Prokhorovka n'a pu être établie que quand les archives des formations ayant participé à la bataille - qui étaient précédemment classifiées en URSS et difficilement accessibles aux USA, le sont devenues à partir de la fin des années 1980[A 31]. Ces documents, donnent une vision différente de la batailles. Ainsi, par exemple, les descriptions de centaines de chars Tigre présents ou même détruits sur le champ de bataille de Prokhorovka ont pu être invalidées car il est établi que le IIe corps blindé SS n'a jamais disposé de plus de 35 exemplaires de ce char (et encore, au début de l'offensive...). Le 12 juillet à Prokhorovka, ses archives font état de 4 Tigre disponibles pour la division Leibstandarte et d'un seul pour la division Das Reich ! La Totenkopt, elle, dispose ce jour là de dix Tigre mais ils combattent au nord de la rivière Psel[A 32].

Pour les autres blindés allemands, comme mentionné ci-dessus, le bilan des pertes totales pour la journée est estimé entre quatre dans l'hypothèse la plus basse et une trentaine pour l'hypothèse haute. Les différences entre les chiffres peuvent s'expliquer par la difficulté d'établir le décompte exact des matériels entièrement détruits et donc perdus définitivement (tels qu'ils apparaissent dans les archives du corps blindé SS), de ceux qui sont endommagés mais réparables si rapatriés à l'arrière à temps et enfin de ceux qui sont endommagés mais perdus définitivement à cause d'un repli ultérieur. Pour des véhicules lourds comme le Tigre ou le Panther, cette dernière catégorie représente - avec les véhicules abandonnées du fait de pannes de toutes sortes - un fort pourcentage des pertes totales enregistrées pendant le conflit. Enfin, les services techniques et administratifs des formations blindées peuvent décider qu'un char très endommagé est malgré tout réparable et répugner à le rayer du tableau des équipements, dans la crainte de ne pas obtenir de matériel neuf en échange.

Ce décompte est relatif aux pertes subies devant Prokhorova et au sud de la rivière Psel. Il faut d'ailleurs noter que la division Totenkopf passe à l'offensive le 12 au nord de la rivière et que, sur les 10 Tigres opérationnels le matin, elle n'en dispose plus que de 5 le lendemain. Cependant, elle ne perd définitivement aucun Tigre dans cette phase de l'opération. Ce qui illustre la difficulté de tenir une comptabilité au jour le jour quand la plupart des dommages (dus par exemple aux mines) sont réparables assez vite.

Éléments d'analyse modifier

Mais même lorsque les données sont publiées, leur exploitation peut s'avérer délicate, notamment concernant les pertes matérielles car - à Prokhorovka comme ailleurs - un blindé déclaré "détruit" lors d'un combat n'est pas forcément perdu définitivement.

Fin de la Blitzkrieg modifier

L'explication des pertes soviétiques modifier

Trois facteurs peuvent expliquer pourquoi les Russes supportent des pertes aussi élevées à Prokhorovka. Les raisons en sont d'ordre stratégique, d'ordre tactique et d'ordre technique.

Raisons d'ordre stratégique : l'inexpérience des troupes et des cadres modifier

Si la production industrielle et l'apport des puissances alliées permettent de fournir à l'Armée rouge, les véhicules dont elle a besoin, les pertes en hommes et en officiers subies depuis le début du conflit, couplées aux besoins massifs créés par son expansion massive ajoutent aux difficultés d'organisation de cette armée gigantesque qui apprend de ses erreurs mais qui, en 1943 n'a pas encore acquis la maîtrise du combat interarmes dont elle fera preuve à la fin de la guerre. Ainsi, entre le début de la guerre et 1943, la structure de la force blindée est modifiée chaque année : division, corps

La même chose est vraie pour l'aviation.

Raisons d'ordre tactique : l'emploi modifier

Pour les raisons expliquées ci-dessus, à Prokhorovka, les attaques soviétiques sont menées comme des charges de cavalerie, qui plus est sans réelle coordination avec l'artillerie ou l'aviation, alors que la tactique défensive utilisée avec succès sur la flanc nord du saillant - et ailleurs sur le flanc sud avait fait ses preuves. On a beaucoup reproché au général Rotmistrov d'avoir ainsi gaspillé ses forces au lieu de laisser les vagues allemandes venir se briser sur des défenses en profondeur basées sur des canons antichars et des fossés (il n'y avait plus le temps de semer des champs de mine, qui avaient fait preuve de leur efficacité depuis le début de l'offensive). De plus, en 1943, les seuls chars équipés de radio chez les Russes sont encore ceux des commandants de compagnie et, une fois la charge engagée, il n'est plus possible de faire manœuvrer, changer de direction ou même reculer les autres véhicules de la formation. Ainsi, le fossé antichar derrière la côte 252.2 devient-il un obstacle infranchissable devant lequel les T-34 s'agglutinent.

Raisons d'ordre techniques : les limites du T-34/76 modifier

La bataille intervient pendant une période où l'URSS a perdu la supériorité qualitative dont elle avait bénéficié depuis le début de la guerre dans le domaine des chars. En effet, les Allemands ont mis en service à partir de 1942 les dernières versions de leur char moyen Panzer IV et de leur canon d'assaut Sturmgeshütz équipées de canons de 75 mm à tube long et haute vitesse initiale qui leur ont redonné l'avantage dans les duels de blindés. Le T-34 est équipé d'un canon de 76,2 mm qui reste dangereux pour les Panzer III et IV mais insuffisant pour détruire un Tigre ou un Panther sauf dans des conditions très favorables. De plus, il souffre toujours de son principal défaut : sa tourelle bi-place oblige le chef de char à se concentrer sur le service du canon, au détriment des fonctions de commandement et de coordination alors que dans les chars allemands, dont l'équipage est de cinq hommes, il y a trois hommes en tourelle (chef de char, tireur et chargeur) et la répartition des tâches est plus rationnelle. Cette lacune, couplée au manque d'équipements radio mentionné ci-dessus est particulièrement handicapante pour le combat dès lors qu'il s'agit de commander non plus seulement un char mais un peloton ou une compagnie. Un autre domaine dans lesquels les Allemands restent très supérieurs est celui des optiques de tir. Ceci leur procure un avantage supplémentaire pour le tir à distance. Comme les chars de cette époque ne peuvent pas tirer en mouvement, à Prokhorovka, ce sont les Russes qui attaquent et les Allemands qui défendent de pied ferme et peuvent donc les ajuster soigneusement - souvent à grande distance - avant de tirer [67]. Une nouvelle version du T-34 équipée d'un meilleur canon de 85 mm et d'une tourelle tri-place viendra rétablir l'équilibre mais ce T-34/85 n'entrera pas en service avant février 1944.

Le clocher situé sur les lieux de la bataille et commémorant la victoire soviétique à Prokhorovka.
L'église Pierre et Paul construite en 1995 et dédiée aux soldats de l'Armée rouge morts durant la bataille de Prokhorovka.

Mémoriaux modifier

À Prokhorovka, l'ancien champ de bataille est devenu un site mémoriel dédié à la victoire de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie.

Sur l'emplacement de la cote 252.2 qui a été un des points les plus disputés pendant la bataille, un grand obélisque (voir photographie ci-contre) a été érigé. Il est souvent le site de cérémonies, auxquelles prennent part de hautes personnalités politiques russes.

Un musée appelé le « Diorama », a également été créé à Belgorod pour en témoigner.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b La progression allemande est arrêtée, ce qui n'était jamais arrivé lors des offensives d'été des années précédentes. L'offensive vers Koursk ne reprendra pas mais ce résultat doit autant à l'offensive soviétique vers Orel et au débarquement allié en Sicile qu'au bilan de la seule bataille de Prokhorovka. Voir notamment J. Lopez, Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 198-200
  2. Plusieurs traductions sont acceptées pour le russe tankovaya (de tanks, de chars ou blindé(e)). Celle retenue ici est blindé(e) soit armée blindée et corps blindé.
  3. Les adjectifs soviétique ou russe sont employés ici de manière équivalente mais on note que la 5e Armée blindée de la Garde compte environ 44.000 soldats, qui appartiennent à 35 des groupes ethniques composant l'URSS. Les plus forts contingents sont les Russes (74 % du total) suivis par les Ukrainiens (11,7 %) puis les Biélorusses (1,8 %) (Source : V. Zamulin, 2011 p=746-747).
  4. Cette qualification, qui s'applique sans doute à la Bataille de Brody en 1941.
  5. du 10 au 15 juillet pour Glantz & House, 1999 (p 151), du 10 au 16 juillet pour Zamulin, 2011 (p 27) du 12 au 16 juillet pour Zetterling & Frankson, 2000 (p 107)
  6. a et b La Wehrmacht l'appelle "détachement d'armée" parce qu'elle ne comporte pas l'ensemble des services et structures dont dispose une armée. Elle porte le nom de son commandant, le général Kempf mais sera rebaptisée 8e armée lorsque ce dernier sera limogé en août 1943
  7. a b et c Selon Jean Lopez, qui cite l'historien britannique John Erickson, la Stavka de la Seconde Guerre mondiale peut être définie à la fois comme un état-major personnel pour Staline et une structure à laquelle l'état-major général de l'Armée rouge (GSHKA) servait de groupe de planification opérationnelle. La Stavka est subordonnée au comité de défense de l'État (GKO) mais dans la pratique, Staline en est le seul chef et le maître absolu. J. Lopez, 2011 p 51-53
  8. Le général Vatoutine qui commande le front de Voronej, le commissaire politique du front Nikita Khrouchtchev et le chef d'état-major général, le maréchal Alexandre Vassilievski référence B. Wheatley, 2023 p 105
  9. Les cartes des ouvrages de V. Zamulin (2011) et Roman Töppel (2021 pour l'édition française) montrent également une petite agglomération (village?) appelée Prokhorovka située au sud-ouest de la cote 226.6 le long de la rivière Psel. Dans l'ouvrage de Zamulin, le village est identifié comme Prokhorovka (Iudinka). Sur une carte moderne (Google Maps), l'agglomération est identifiée comme Yudinka
  10. L'unité acquiert également un nouveau numéro d'ordre et parfois le nom du combat dans lequel elle s'est distinguée y est accolé. Par exemple, à la suite de la campagne de Stalingrad, le 24e corps blindé est renommé 2e corps blindé de la Garde "Tatsinskaïa" en hommage à son action lors de ce combat.
  11. Par exemple, il appelle directement le général Rotmistrov pour discuter des modalités du mouvement de sa 5e Armée blindée de la Garde vers Prokhorovka. Il demande pourquoi ce dernier n'envisage pas de faire mouvement de nuit exclusivement avant de donner finalement son accord pour la manœuvre envisagée. Source : Zamulin 2011, p 277-278 (édition numérique).
  12. Le LXIIe corps d'infanterie reste dans la région de Karkhov et ne participe pas à la bataille. Deux autres corps d'infanterie encadrent le groupe d'armée : au nord-ouest le LIIe et au sud-est le XIe, également appelé "corps Raus" du nom de son commandant. Source : J. Lopez, Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 102
  13. Le recrutement des Waffen SS était initialement très sélectif sur le plan physique et exclusivement réservé à des nazis convaincus. Mais au moment de la bataille de Koursk, du fait des pertes subies depuis le début de la guerre, la SS a déjà dû commencer à incorporer du personnel en provenance de la Luftwaffe ou même des conscrits qui n'avaient aucune qualification ou motivation particulière pour la rejoindre. Source : J. Lopez, Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 83
  14. Indépendamment de leurs qualités militaires incontestables, les unités de la Waffen SS seront toutes - comme de nombreuses autres unités de l'armée allemande d'ailleurs - impliquées tout au long de la guerre dans des crimes de guerre, commis contre des militaires, des partisans ou des populations civiles
  15. En général, une Panzerdivision compte deux bataillons de chars et quatre bataillons d'infanterie alors qu'une division Panzergrenadier elle, dispose d'un seul bataillon de chars et six bataillons d'infanterie. En fait, au moment de la bataille, les trois divisions SS comptent chacune un régiment de chars à deux bataillons (dont l'un est en Allemagne pour recevoir ses nouveaux chars Panther) et deux régiments de Panzergrenadiere à trois bataillons chacun
  16. Elles ne deviendront officiellement des divisions Panzer en octobre 1943 et elles recevront alors un numéro - ainsi que les autres divisions de la SS. Ainsi par exemple la SS Panzergrenadier division Das Reich deviendra la 2. SS Panzerdivision Das Reich.
  17. La bataille verra l'introduction du Panther au sein du XLVIIIe corps Panzer, qui est l'unité voisine du corps blindé SS.
  18. a et b Abréviation de Panzerbefehlswagen, char de commandement. Typiquement un Panzer III équipé de postes de radios supplémentaires mais doté d'un canon factice
  19. Ce sont les trois lignes de défense dites "d'armée". Le dispositif complet comprend en tout huit lignes de défense (trois "d'armée", trois dites "de front", une pour le district militaire de la Steppe et enfin une dernière ligne de défense "d'État". Source : J. Lopez, Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 109
  20. Dans l'Armée rouge, un corps mécanisé compte plus de chars qu'un corps blindé mais dispose de beaucoup plus d'infanterie (Source : Steven J. Zaloga & Leland S. Ness - Companion to the Red Army 1939-1945, The History Press 1998, 2009 p 87. isbn 978 07524 5475 7). Par contre, comme les Soviétiques - contrairement aux Allemands - ne disposent pas de semi-chenillés, les fantassins qui accompagnent les chars doivent être transportés par ces derniers et en sauter au moment du combat. Ils sont donc très exposés et, une fois à terre, sont rapidement distancés et donc incapables de les protéger quand ils reprennent leur progression
  21. En 1943, le char léger T-70 est maintenu en production car les usines qui le fabriquent ne peuvent pas produire de T-34. Quant au KV-1, il est en voie de retrait et de remplacement car il n'offre que peu d'avantages par rapport au T-34 qui dispose du même canon de 76,2 mm et qui est moins cher, très mobile et bien protégé. Le KV-1 sera remplacé en 1944 par le JS-II
  22. Un premier groupe (notamment Glantz et House) affirme qu'il s'agit d'une décision dictée d'une part, par la résistance à l'avancée directe vers Oboïan du XLVIIIe corps blindé et d'autre part par la menace résultant de la faiblesse de la progression du IIIe corps blindé à la droite du IIe corps Blindé SS mais plus récemment, un second groupe - emmené par Steve Newton - a estimé - avec des arguments très étayés - qu'il avait toujours fait partie du plan allemand qui prévoyait d'affronter les réserves soviétiques en un lieu favorable - Voir notamment J. Lopez Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 179-181. Roman Töppel évoque surtout la nécessité d'éviter la zone de marais s'étendant au sud d'Oboïan (La bataille de la Prokhorovka, fabrication d'un mythe, 2021)
  23. Le bataillon, est le IIIe du 2e régiment de Panzergrenadiers SS. Il est commandé par le Sturmbannführer (commandant) Jochen Peiper, dont la carrière est parsemée de faits d'armes authentiques et de nombreux crimes de guerre pour lesquels il sera condamné après la guerre
  24. Elle est commandée par le capitaine Rudolf von Ribbentrop, un des fils du ministre des affaires étrangères du Reich
  25. Le peloton de Tigre est commandé par le lieutenant (Untersturmführer) Michael Wittmann, l'un des "as" de l'arme blindée allemande, qui sera tué en Normandie.
  26. Selon V. Zamulin, le 2e corps blindé ne participe pas à l'offensive
  27. La Luftwaffe a mis en place les "Flivos" (Fliegerverbindungsoffiziere) qui accompagnent les troupes au sol à bord de semi-chenillés. Ils organisent et coordonnent l'appui aérien. Ce sont des aviateurs et donc ils communiquent facilement avec les pilotes qui assurent les missions
  28. L'ancienne a été anéantie à Stalingrad
  29. Au vu du résultat final - la fin de l'opération Citadelle, il est difficile de qualifier Prokhorovka de victoire allemande mais les historiens restent partagés : Jean Lopez parle de nette victoire défensive des SS (Lopez, 2011, p 199) et rejoint Roman Töppel qui évoque la fabrication d'un mythe et la "fable" de la victoire soviétiques. Cependant la majorité des autres auteurs Glantz & House, Zamulin, Nipe, Wheatley, s'ils reconnaissent le succès défensif allemand du 12 juillet, évoquent le résultat final pour attribuer la victoire à l'Armée rouge.
  30. Le premier : Tankovoe stradzenie pod Prochorovkoj (La Bataille de chars de Prokhorovka) est paru en 1960, le second : Stal naja Guardidja (Garde d'Acier), en 1984 - source : J. Lopez, Koursk les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht 2e ed. 2011 p 191
  31. Selon George Nipe, l'un des premiers auteurs américains à remettre en cause la version soviétique (in Decision in The Ukraine, 1996 p 77) l'index des archives microfilmées du IIe Corps Panzer SS n'a été diffusé par les National Archives américaines qu'à partir de 1978
  32. Cette phobie du Tigre n'est d'ailleurs pas l'apanage des Soviétiques. Chez les Anglais et les Américains sur le front de l'Ouest, on voit également des Tigre partout ! La confusion est facilitée par le fait que les dernières versions des Panzer III et IV sont équipées de "jupes" de protection qui accentuent et alourdissent leur silhouette mais ce n'est pas la seule explication... Référence : S. Zaloga Armored Champion - The Top Tanks of World War II, Stackpole Books, Mechanicsburg PA, USA, 2015 p 197 isbn 978-0-8117-1437-2

Références modifier

  1. a et b Valeriy Zamulin Прохоровка. Неизвестное сражение Великой войны (Prokhorovka, The Unknown Battle of the Great War (non traduit), Yauza, Moscou 2017 p 799-800
  2. Glantz & House, 1995, p. 166.
  3. Lopez 2011, p. 198
  4. a et b Zamulin 2011, p. 69, 493, 755-757
  5. Wheatley 2023, p. 10
  6. Glantz & House 1995, p. 152
  7. Zamulin 2011, p. 49, 812
  8. Lopez 2011, p. 55-56
  9. Lopez 2011, p. 55
  10. Philippe Masson Hitler chef de guerre Perrin, 2005-2014 p 146
  11. Lopez 2011, p. 51-53
  12. Lopez 2011, p. 50
  13. Zamulin 2011, p. 31
  14. Wheatley 2023, p. 50
  15. Wheatley 2023, p. 91
  16. Lopez 2011, p. 175
  17. Glantz & House 1995, p. 134
  18. Lopez 2011, p. 120
  19. Lopez 2011, p. 67-68
  20. Zamulin 2011, p. 70-74
  21. Wheatley 2023, p. 92-93
  22. Newton 2002, p. 194-195
  23. Forczyk 2017, p. 24
  24. a et b Bergström 2007, p. 79-80
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  27. Lopez 2011, p. 168
  28. Bergström 2007, p. 78
  29. Forczyk 2017, p. 26
  30. Lopez 2011, p. 82
  31. Lopez 2011, p. 188
  32. a b c d e f g et h B.Wheatley,2023 p 43
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  36. a et b Zamulin 2011, p. 218
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  40. Lopez 2011, p. 191
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  43. Lopez 2011, p. 188-189
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  45. Forczyk 2017, p. 77-86
  46. Lopez 2011, p. 187-191,194-198
  47. Wheatley 2023, p. 93-108
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  50. a et b Bergström 2007, p. 79
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  56. Lopez 2011, p. 200-201
  57. Forczyk 2017, p. 90
  58. Lopez 2011, p. 205-206
  59. Nipe 1996, p. 88
  60. Lopez 2011, p. 201
  61. Lopez 2011, p. 200
  62. Glantz & House 1995, p. 167
  63. Lopez 2011, p. 188-189
  64. Lopez 2011, p. 256
  65. Nipe 1996, p. 434
  66. Lopez 2011, p. 239-242
  67. Lopez 2011, p. 256-258

Sources principales consultées modifier

  • Jean Lopez, Koursk, 5 juillet-20 août 1943,les quarante jours qui ont ruiné la Wehrmacht, Paris, Economica, , 317 p. (ISBN 978-2-7178-5514-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Anders Frankson et Niklas Zetterling, Kursk 1943: A Statistical Analysis, Routledge, , 292 p. (ISBN 978-0-7146-5052-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Christer Bergström, Kursk The Air Battle : July 1943, Hersham, Ian Allan Publishing, , 144 p. (ISBN 978-1-4728-5908-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Robert Forczyk, Kursk 1943- The Southern Front, Oxford, Osprey Pubishing, , 96 p. (ISBN 978-1-4728-1690-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Ben Wheatley, The Panzers of Prokhorovka - The Myth of Hitler's Greatest Armoured Defeat, Oxford, Osprey Publishing, , 316 p. (ISBN 978-2-7178-5514-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Valeriy Zamulin, Demolishing the Myth: The Tank Battle at Prokhorovka, Kursk, July 1943:An Operational Narrative, Oxford, Helion & Company, , 672 p. (ISBN 978-1-9121-7436-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) David M Glantz et Jonathan M House, The Battle of Kursk, Lawrence, Kansas, University Press of Kansas, , 472 p. (ISBN 0-7006-0978-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Steven Newton, Kursk: The German View - Eyewitness Reports of Operation Citadel by the German Commanders, Cambridge, MA - USA, Da Capo Press, , 517 p. (ISBN 0-306-81150-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) George M Nipe, Blood, Steel and Myth - The II. SS Panzer-Korps and the road to Prochorowka - July 1943, Stamford, CT USA, RZM Pubishing, , 486 p. (ISBN 978-0-9748389-4-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) George M Nipe, Decision in the Ukraine:German Operations on the Eastern Front, Summer 1943, Mechanisburg, PA USA, Stackpole Books, , 551 p. (ISBN 978-0-81171162-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Roman Töppel (trad. Jean Lopez), « La bataille de la Prokhorovka, fabrication d'un mythe », Guerres & Histoire,‎ , p. 64-69 (ISSN 2115-967X). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Autres sources modifier

  • (en) Glantz, David M. & House, Jonathan, When Titans Clashed; How the Red Army Stopped Hitler, University of Kansas Press, 1995.
  • (en) Overy, Richard, Russia's War, Pengiun Books, 1997.
  • (de) Töppel, Roman, Die Offensive gegen Kursk 1943, M.A. Thesis, University of Dresden, 2002.

Liens externes modifier

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