Église Saint Jean-Baptiste
Présentation
Nom local Église Saint Jean-Baptiste du Plateau
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattachement Diocèse de Créteil
Début de la construction 1935
Fin des travaux 1938
Architecte Charles Venner
Site web http://www.ivry-eglise.catholique.fr
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Val de Marne
Commune Ivry-sur-Seine
Coordonnées 48° 48′ 14″ nord, 2° 22′ 41″ est
Géolocalisation sur la carte : France
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Église Saint Jean-Baptiste
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Église Saint Jean-Baptiste

L'église Saint Jean-Baptiste du Plateau est une église catholique de la commune d'Ivry-sur-Seine (Val de Marne). Cette église dédiée à saint Jean-Baptiste fut construite en 1935 dans le cadre des Œuvres des chantiers du Cardinal grâce aux financement d'Antoinette Richard née Gautier, en souvenir de son fils Jean mort au champ d'honneur le 6 octobre 1915.

Contexte historique

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Depuis la loi de 1905, la France applique un strict régime de séparation entre l’Église et l’État. À l'époque de l'édification de Saint Jean-Baptiste, la population française se dit majoritairement catholique mais la banlieue connait une déchristianisation croissante. Ce phénomène était en partie dû à l’absence de lieux de culte ou de structures ecclésiales adaptées aux modifications démographiques des banlieues parisiennes.

En 1925, le père Pierre Lhande, jésuite, publie dans la revue Études une série de reportages sur la banlieue parisienne et en particulier sur ce que l'on appelait alors « la zone », vaste étendue couverte d'un fouillis de cabanes et de baraquements où vivait dans la misère une population ouvrière et où toute une couche de cette population d'origine rurale se déchristianisait. Le père Lhande attire alors l'attention sur le rôle des prêtres, religieuses, laïcs qui parcourent ce « nouveau pays de mission » tels Madeleine Delbrêl et Monique Maunoury dans « la zone d’Ivry sur Seine ». En 1930, le père Lhande rédige son ouvrage Le Christ dans la banlieue[1] où il met en lumière la détresse matérielle et spirituelle aux portes de Paris. Sous l'impulsion que génère le père Lhande entre 1925 et 1930 dans les milieux catholiques, 52 chapelles ou églises sont construites dans la banlieue parisienne, 90 locaux de patronage, 40 dispensaires, 12 écoles, 8 jardins d'enfants, 14 pouponnières. 

En 1929, Jean Verdier, ancien supérieur du séminaire des Carmes, puis des séminaires d’Issy et de celui de Saint-Sulpice, est promu en novembre 1929 archevêque de Paris et en décembre cardinal. Le cardinal-archevêque témoigne de préoccupations sociales qui l’incitent à favoriser les mouvements d’action catholique. Il prend immédiatement conscience de l'effort immense à accomplir en particulier en banlieue. En 1931, il instaure l'Œuvre des Chantiers du Cardinal

Construction de l'église Saint Jean-Baptiste du Plateau

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Le financement - contexte historique

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Le mode de financement des églises en région parisienne est un exemple, parmi beaucoup d’autres, de l’ingéniosité des circuits financiers utilisant les mécanismes du capitalisme et ceux du syndicalisme que l’Église du XIXe siècle avait développés pour récolter et valoriser les fruits de la générosité privée[2].

En 1901, dans le contexte des relations de plus en plus tendues entre l’Église et l’État, le cardinal Richard, archevêque de Paris, crée l’Œuvre des chapelles de secours[2]. Il s’agissait, cette fois, d’une sorte de « caisse de secours » directement gérée par l’archevêché, et qui collectait des fonds auprès de familles fortunées, afin de prendre le relais du budget public des cultes pour la construction des églises — un type d’opérations beaucoup plus lourdes que celles réalisées par les sociétés anonymes[3].

Le vote de la loi de 1905 confirme pour l'archevêché le bien-fondé de cette intuition. Mais le refus par le pape Pie X de la formule des associations cultuelles prescrites par la loi pour tout organisme ayant pour objet l’exercice d’un culte, dissuada l’archevêché de transformer en association l’Œuvre des chapelles de secours. Celle-ci ne put donc devenir la propriétaire légale des édifices à construire.

En 1907, puis en 1910, furent alors créées deux sociétés anonymes immobilières, la Société immobilière de la région parisienne et la société La Française, dont le rôle était d’acheter les terrains et de construire les églises, puis de les louer à des membres du clergé qui acquittaient les loyers avec les fonds reçus de l’Œuvre des chapelles de secours.

À partir de 1925, paraissent les ouvrages de Pierre Lhande, le Christ dans la banlieue. Le cardinal Verdier instaure l'Œuvre des nouvelles paroisses de la région parisienne[4].

En 1931, l'association de l'Œuvre des Chantiers du Cardinal est créée donnant un nouvel essor aux programmes de constructions. Ainsi, en moins de dix ans, plus de cent nouveaux lieux de culte seront élevés dans les arrondissements périphériques de la capitale et en banlieue. La plupart des églises sont modestes et peu d'entre elles reflètent un réel souci d'innovation ; on notera d'ailleurs que, pour beaucoup, le programme décoratif l'emporte en ambition sur les formes architecturales[5].

Le chantier

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  • 1934: Antoinette Richard offre de financer la construction de l'église Saint Jean-Baptiste, en souvenir de son fils Jean mort au champ d'honneur le 6 octobre 1915.
  • 1935: Début du chantier de construction de l'église Saint Jean-Baptiste.
  • 1938: Fin du chantier

L'architecte : Charles Venner

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La conception et la construction de l'église Saint Jean-Baptiste du Plateau fut confiée à l'architecte Charles Venner. Celui-ci n'en n'est pas à son premier essai, le cardinal Jean Verdier lui ayant déjà confié la réalisation de nombreuses églises, chapelles et écoles à Paris et en banlieue. Œuvrant sur la base de plans et de motifs qu'il a élaborés de longue date, Charles Venner va marquer de son style les églises parisiennes de la première moitié du XXe siècle. En effet, s'il utilise ce nouveau matériau qu'est le béton armé, il n'en utilise pas moins des matériaux contemporains comme l'acier ou traditionnels comme la brique qui sont moins onéreux que le béton. À l'instar du moine-architecte Dom Bellot, dont il ne parviendra pas à égaler la virtuosité, son style s'affirme comme massif renouant avec l'architecture épurée du Moyen-Age.

Son style s'affirme au travers de modules simple (nef unique, toits en bâtière) et par des matériaux (moellon de pierre ou brique) enfin une des grandes caractéristique du style de Charles Venner est la façade ponctuée par un porche central surmonté du clocher sur lequel est accolé la sculpture du saint tutélaire de l'église. Ce dernier choix stylistique élaboré en 1932 pour le chantier de l'église Saint Joseph à Villeneuve-la-Garenne sera repris lors des chantiers ultérieurs qui lui seront confiés: églises (en 1932 à l'Église paroissiale Saint-Joseph de Villeneuve-la-Garenne, en 1933 à Église paroissiale Sainte Odile d’Antony et à la Chapelle Saint-Charles-des-Ruffins  de Montreuil, en 1934 à Église paroissiale Saint-Joseph-des-Quatre-Routes à Asnières-sur-Seine et à l'Église paroissiale Sainte-Thérèse de L'Enfant Jésus de Villejuif, en 1935 à Saint Jean-Baptiste ainsi qu'à la Chapelle Saint-Marcel de Vitry-sur-Seine, en 1936 à la Chapelle Saint-Louis dite Chapelle du Pont d’Ivry à Alfortville, en 1937 à l'Église paroissiale Sainte Lucie d’Issy les Moulinaux et enfin en 1938 à l'Église du Cœur Eucharistique de Jésus à Paris).

Description

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Extérieur

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Le revêtement extérieur des murs de l'ensemble de l'église est en moellon de pierre de taille. Une charpente métallique supporte le toit à long pans et en bâtière recouvert de tuiles plates mécaniques. Ces modules architecturaux et ces matériaux seront utiliser sur de nombreux chantiers par Charles Verre ; substituant parfois la brique à la pierre lorsque que le chantier est financé et plus modeste. Typique de la conception de Charles Venner, le porche de l'église est surmonté du clocher en batière. Le clocher est ouvert par deux baies géminées et un œil-de-bœuf équipés d'abat-son. Enfin il est surmonté du croix en fer forgé. Autre élément marquant le style de Charles Venner, l'accès principal de l'édifice est surmonté de la sculpture en béton du saint tutélaire de l'église, ici saint Jean-Baptiste. L'entrée principale est encadrée par deux colonnes octogonales et surmontée d'un arc brisé. Ce modèle conçu par Charles Venner sera repris par lui dans de nombreuses commandes des Chantiers du Cardinal[6].

Intérieur

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Le plan de l'église est en croix latine. Le porche est encadré par deux espaces identiques : au nord un baptistère et au sud un espace non affecté. La nef unique avec une voûte en arc brisé est constituée de cinq travées éclairées de chaque côtés par deux triples baies portant des vitraux polychromes abstraits. Aucun décor ou objet d'art ne vient ponctuer la nef hormis un chemin de croix en plâtre de l'artiste Georges Serraz encastré dans les murs latéraux. Le transept nord est orné d'une sculpture de la Vierge à l'Enfant et le transept sud d'une sculpture de saint Joseph charpentier. Ces deux sculptures en plâtre sont l’œuvre des ateliers Georges Serraz-Simone Parvillée. L'abside est très épurée et ne reçoit aucun décor hormis une grande croix en bois. Auparavant le chœur était équipé d'une clôture de chœur composée de dix panneaux en fer martelé qui est aujourd'hui détruite. Cette clôture était décorée de scènes biblique (Baptême du Christ), de figures bibliques (Agneau mystique, saint Jean-Baptiste : tête, épée) et de représentations d'objet (lampe, chaîne, prison : fenêtre)[7].

L'église aujourd'hui

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L'église Saint Jean-Baptiste du Plateau n'occupant pas la totalité de la parcelle, un bâtiment de plain-pied lui a été annexé à la fin du XXe siècle. Cet ensemble de salles, dénommée Relais Saint Jean-Baptiste, sert aujourd'hui à la vie de la paroisse (banquets, réunions, logement temporaire, actions sociales ou solidaires, conférences,...).

Par ailleurs, la RN 305, qui est dénommé Boulevard Stalingrad où est sise l'église Saint Jean-Baptiste, connait depuis le début du XXIe siècle un important développement urbain entrainant l'installation de nouvelles populations, infrastructures, commerces, entreprises sur le territoire qu'elle traverse.

Du fait de ces changements démographiques, la vie de la paroisse connait un développement croissant. Ce qui est à noter est que les paroissiens venant d'horizons culturelles multiples (Afrique_subsaharienne, Asie du Sud-est, Sous continent indien, Europe de l'Est, Antilles et Amérique_du_Sud) participent à la vie paroissiale s'en trouve renouvelée.

Notes et références

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  1. Pierre Lhande, Le Christ dans la banlieue : Enquête sur la vie religieuse dans les milieux ouvriers de la banlieue de Paris, Librairie Plon, , 279 p. (BNF 34050338)
  2. a et b Antoine Le Bas, Des sanctuaires hors les murs : églises de la proche banlieue parisienne, 1801-1965, Ed. du patrimoine, 2002 (Cahiers du patrimoine ; 61).
  3. Collectif, Le patrimoine religieux des XIXe et XXe siècles - 1ère Partie, Paris, Ed. In Situ, (lire en ligne)
  4. Revue Les Chantiers du Cardinal, Paris (no 67),
  5. Simon Texier, « Architecture religieuse au XXe siècle, France », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 septembre 2015.
  6. François Godet, Revue de l'urbanisme religieux du diocèse de Paris, Paris, (BNF 32741341), ??
  7. Emile Demay, L'oeuvre des chantiers du cardinal, coll. « Revue L'Architecture », (BNF 41638398), p. 146-184