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Patrick Valentin

Patrick Valentin est un militant du « droit d’obtenir un emploi ». Il a créé des associations pour faire évoluer le droit et les pratiques vers l'application de ce droit qui figure au préambule de la Constitution. La plus connue est TZCLD, Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée, qu’il a suscitée avec ATD Quart Monde, Michel Davy de Virville, et Laurent Grandguillaume. En 2016 et 2020 le Parlement a adopté, à l'unanimité, deux lois fixant les modalités d’une expérimentation nationale destinée précisément à démontrer que « personne n’est inemployable, que ce n’est pas le travail utile qui manque et que l’argent non plus de manque pas si on prend en compte l’activation des dépenses passives [1]».

Patrick Valentin a été fait Chevalier de la Légion d’honneur le13 juillet 2005 pour son action auprès des personnes handicapées.

BIOGRAPHIE

9 ans chez les jésuites

Patrick Valentin voit le jour le 30 août 1943 à Angers, 2ème d'une famille de 5 enfants. Son père est ingénieur à la société commerciale des Potasses d’Alsace, sa mère s'occupe de la famille. La famille entretien un rapport étroit à la religion chrétienne. Un de ses oncles se fera connaître comme frère Sylvain, religieux franciscain pionnier de l'insertion des personnes handicapées pour qui il crée des communautés de vie dans les années d’après-guerre (cf La Cité des Cloches, éd. Nouvelle Cité).

Il est scolarisé à Amiens, à La Providence tenue par les jésuites. Marqué par l'appel de l'abbé Pierre pour le secours des sans-abri l'hiver 1954, mais aussi par les réalisations du père Joseph Wresinski qui vient de fonder ATD Quart-Monde, il s'engage en 1962 chez les jésuites ; il les quittera en 1971. Ces 9 années de formation et de vie religieuse en communautés internationales lui font notamment découvrir d'autres cultures (séjours en Inde et à Madagascar) et acquérir un bagage universitaire : licence de philosophie à la Sorbonne, licence de théologie à Rome. Dans la période il réalise également divers travaux en sociologie, droit, psychologie.

Puis l'industrie

Patrick Valentin débute sa carrière professionnelle en 1971. Il travaille au sein du Groupe des industries métallurgiques, principale organisation du réseau des chambres syndicales territoriales de l’UIMM (syndicat patronal de la métallurgie), chargé de la formation continue. Il y étudie en parallèle la gestion d’entreprises. On est à la fin des Trente glorieuses et les analyses du patronat qu'il voit passer, lui font penser qu’un grave problème d’emploi des personnes peu qualifiées se profile dans l'avenir.

Et l’économie sociale et solidaire

C'est dans ce contexte qu'en 1974 des personnes engagées dans l'ESS (économie sociale et solidaire) l'interpellent. Un de ses oncles, prêtre du diocèse d’Angers, le met en relation avec une petite association de « parents d’enfants inadaptés » à Angers, l’AAPEI. Elle a pour projet de créer un Centre d’Aide par le Travail (CAT, aujourd'hui ESAT). Son président, Adolphe Bioteau, expert-comptable et commissaire aux comptes angevin, lui propose de venir à Angers fonder cet établissement. Et c’est le début d’un développement intense : entre 1974 et 1985 il crée pour le compte de l’association cinq CAT, des foyers d'hébergement et des services d'aide à domicile.

Mais après 1983 les contraintes budgétaires viennent limiter considérablement les capacités de développement du secteur social. Et au même moment la difficulté d’emploi des personnes les moins qualifiées s’aggrave partout et le chômage de longue durée s’installe et augmente.

Implication pour les chômeurs

Patrick Valentin rencontre Maurice Pagat et participe avec lui dans les années 1983-1990 au mouvement des chômeurs et à la création du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, le MNCP. En 1990 il rencontre Claude Alphandery (économiste, fondateur de l'association France Active) lorsque celui-ci publie un rapport intitulé « L’insertion par l’activité économique » (édité par la Documentation française). Ce rapport marque le début officiel d’un mouvement, commencé en 1982, qui compte en 2024 un grand nombre de ramifications, toutes destinées à permettre aux personnes en difficulté face à l’emploi de s’insérer dans la vie économique.

ENGAGEMENT POUR TZCLD

En 1992-94 Patrick Valentin tente de créer avec André Lainard, maire de Seiches-sur-le-Loir, une première « entreprise à but d’emploi ». L’idée-maitresse est l’activation des dépenses passives : les financements des allocations des chômeurs de longue durée devraient servir à financer désormais leurs emplois. Mais faute d'un cadre légal le projet n'aboutit pas.

En 1997 c'est la rencontre de Jean Guinet, animateur du Réseau Wresinski emploi-formation d'ATD Quart Monde. Il lui succède en 2011 et relance son projet de lutte contre le chômage de longue durée. En 2014, des territoires sont candidats à la proposition d’expérimentation de ce principe d'activation des dépenses passives ; l'initiative est portée par ATD Quart Monde sous la responsabilité de Patrick Valentin. Une rencontre avec Michel de Virville, conseiller-maître à la Cour des comptes et Laurent Grandguillaume, député socialiste, permet d’envisager une action législative pour rendre possible ce projet : il s'agit d'expérimenter pendant cinq ans sur dix territoires, l'embauche de personnes au chômage depuis plus d'un an pour réaliser des travaux utiles à la collectivité.

Deux lois à l'unanimité

La proposition de loi est enregistrée à l'Assemblée nationale en juillet 2015, et obtient l'avis favorable du Conseil économique et social. Puis le projet « Territoires zéro chômeur de longue durée » (TZCLD) est adopté à l'unanimité le 29 février 20161 à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Suivent un décret2 et un arrêté3 pour la mise en application de l'expérimentation. Pendant cinq ans sur dix territoires répartis sur toute la France, des personnes sans emploi depuis plus d'un an seront embauchées pour effectuer des travaux d'utilité publique. Patrick Valentin devient le directeur bénévole du Fonds d'expérimentation « territoires zéro chômeur de longue durée », présidé par Louis Gallois. Sur ces dix territoires, ruraux et urbains, 400 personnes sans emploi sont recrutées.

En 2020 est lancée une seconde phase de l'expérimentation sur une soixantaine de nouveaux territoires, suivant les dispositions d'une seconde loi, plus affinée4, qui autorise la création d'au minimum 50 nouveaux territoires TZCLD.

En 2024 au sein des territoires TZCLD plus de 3000 personnes ne sont plus dans la privation d’emploi, soit embauchées dans les EBE, soit salariées en entreprise traditionnelle grâce au réseau TZCLD. Au 1er juillet 2024 on recense 70 EBE dans l'Hexagone.

Innovations

Schématiquement la loi de 2020 repose sur plusieurs principes novateurs et exigeants. L'Entreprise à But d'Emploi (EBE) recrute des habitants d'un territoire délimité, privés d'emploi depuis plus d'un an et volontaires pour cette expérimentation. Chaque salarié travaille en CDI, à temps choisi, payé au smic. A la différence des entreprises ordinaires, L'EBE s’efforce de créer autant d’emplois qu’il y a de « candidats » salariés. L’EBE produit donc des emplois en fonction des besoins d’emploi de la population locale. Un « Comité Local pour l’Emploi » (qui inclut France Travail, des représentants de l’État, des acteurs de la vie économique et associative), vérifie que ces emplois n'entrent pas en concurrence avec ceux existants sur le territoire, et répondent pour les habitants à des besoins non pourvus.

Cette loi expérimentale doit précéder et inspirer l’adoption d’une prochaine loi pour le « droit d’obtenir un emploi » prévu au préambule de la Constitution.

Fonctionnement

Lancé par une association locale, tout projet TZCLD doit être porté par une collectivité locale qui le soumet au Fonds de l’expérimentation. Si le projet est validé par le ministère du travail, le Fonds alimente l'EBE (activation des dépenses passives) ; le Département doit lui aussi contribuer à ces emplois ; une part des ressources enfin provient des services facturés aux clients de l'EBE.

Une EBE peut proposer des services diversifiés comme la reprise d’une champignonnière dans le Tuffeau Ligérien, un restaurant associatif à Paris. Tout ce qui est utile peut produire des emplois, et donc ce n’est pas le travail qui manque: réparation de vélos, conciergerie de quartier, démantèlement et recyclage d'ouvrants, compostage...

A noter que d'autres pays comme la Belgique, s'inspirent de cette initiative pour favoriser efficacement le retour à l'emploi des chômeurs de longue durée.

QUELQUES ENGAGEMENTS DE PATRICK VALENTIN DANS L'ESS

- Directeur général salarié de l’association AAPEI devenue Kypseli, de 1974 à 2005.

- Créateur d’associations (président fondateur bénévole) :

Club de l’espérance en 1976, association de sport adapté. Angers

Atadem, (Association agréée pour la gestion des tutelles et curatelles) : créé en 1982 à Angers.

L’Abri, créée avec le Lyons club Roi René en 1985.

Anjou-Arceau, centre d’aide par le travail pour des personnes accidentées, handicaps physique en 1986

ISTA (Insertion Sociale par le Travail Adapté) : en 1991, pour la gestion de trois entreprises adaptées à Angers et Saumur. Devenu ISTA 49, Angers, Saumur.

AITA (Association Intermédiaire de Travail Adapté) : créée en 1992, cette association intermédiaire met à disposition du personnel auprès des entreprises, particuliers, collectivités et associations. Cette activité lui permet de fournir du travail, sous forme de missions, à des personnes en difficulté d’accès à l’emploi.

Association de Chantepie et de l’Etang : agréée depuis mai 2002 pour gérer l’Atelier Protégé devenu Entreprise Adaptée de Chantepie et de l’Etang. Etablissement mixte EA/ESAT.

EITA (Entreprendre et Insérer par le Travail Adapté) : Créée en 2004, cette association se donne pour mission de lutter contre le chômage par la mise en œuvre de tous les moyens législatifs qui sont à la disposition de l’initiative associative.

En retraite depuis 2005 Patrick Valentin poursuit son engagement dans des réalisations bénévoles :

- ASPHA (Association de Services aux Personnes Handicapées et Agées) : Créée en 2008, l’ASPHA est une association de services d’aide à domicile à but non lucratif. Ses services s’adressent aux personnes âgées, handicapées, malades ou en retour d’hospitalisation à Angers.

- EPLS (Entreprendre Pour La Solidarité), anciennement Les entreprises solidaires. Fonds de dotation, créé en 2009, qui regroupe un ensemble d’associations agissant pour l’emploi, le logement et la vie sociale des personnes fragiles (handicap ou exclusion), en Anjou.

- AGLAES (Association de Gestion de Logements Adaptés dans le cadre de l’Economie Solidaire) : Association est créée en 2011 pour la gestion immobilière de logements adaptés dans un cadre d’économie solidaire.

- Coorace Pays de la Loire : Président régional de 2010/2013. Le Coorace (Réseau national de l’économie sociale et solidaire) agit pour l’emploi et contre le chômage de longue durée. Sa devise : « solidaires pour l’emploi ».

- ATD Quart Monde : 2011/2016, Chargé du réseau Wresinski « Emploi/Formation » au mouvement. A ce titre a conduit une réflexion pour promouvoir une expérimentation sur l’emploi conçue comme un droit pour combattre le chômage de longue durée.

- TZCLD-ETCLD : Inspirateur des lois d’expérimentations contre la privation d’emploi et mise en place de territoires zéro chômeur avec création d’EBE (entreprises à but d’emploi) sur le territoire français. (Ancien directeur bénévole de ETCLD et actuel conseiller d’administration. Vice-président de TZCLD).

- REVIE-VERRE : Créé en 2018, ce chantier d’insertion innove dans le secteur de recyclage du verre plat pour le revaloriser en verre plat.

INTERVENTIONS DANS LES MEDIAS

Radio

Entretien sur France Inter dimanche 13 février 2022, 48 minutes : une journée particulière.

Presse écrite

Le tour de France du plein-emploi solidaire fait escale à Pipriac, Ouest-France, 7/04/24

Caravane du Tour de France du plein-emploi solidaire à Vannes : « Chaque euro dépensé est investi pour l’avenir », Le Télégramme, 5/04/24

Entretien. Patrick Valentin, un entrepreneur social : « On ne met pas les moyens pour l'emploi ». Ouest-France, 28/01/24

Patrick Valentin : « Il faut financer sans limite la création 'emplois », Sud-Ouest, le 11/10/23

Quand les associations innovent pour l’emploi, La Croix 13/04/2021

L'opération Territoires zéro chômeur de longue durée, par Patrick Valentin et Michel de Virville, Journal de l'école de Paris du management, vol. 126, n° 4, 2017, pp. 30-37

Patrick Valentin, l’homme qui voulait éradiquer le chômage, La Croix, 18 février 2016

Pour des territoires « zéro chômeur de longue durée », par Patrick Valentin , revue Projet, 2013, N° 336-337, pages 72 à 78, cité par Cairn.info consulté le 29/07/24

Livres

Chômage d’exclusion, comment faire autrement ?, éd. Chronique Sociale Lyon 1993. 2ème édition augmentée en 2023.

Le droit d’obtenir un emploi, éd. Chronique Sociale, Lyon 2018.

Chômage d’exclusion, emploi précaire, plaidoyer pour une économie solidaire, éd. Chronique Sociale Lyon 2008.

L’Assurance-emploi, Coécrit avec Clémentine Hodeau, éd. Chronique Sociale, 2021.

1LOI n°2016-231 du 29 février 2016 d’expérimentation territoriale visant à résorber le chômage de longue durée

2Décret n°20161027 du 27 juillet 2016 relatif à l’expérimentation territoriale visant à résorber le chômage de longue durée.

3Arrêté du 29 juillet 2016 relatif à l’approbation du cahier des charges « Appel à projet – Expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée »

4LOI n° 2020-1577 du 14 décembre 2020 relative au renforcement de l’inclusion dans l’emploi par l’activité économique et à l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée »

  1. « L'association », sur Territoires zéro chômeur de longue durée (consulté le )