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Charles-Henry CUIN

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Charles-Henry Cuin, né le 1er mai 1948, est un sociologue français professeur (aujourd’hui émérite) à l’Université de Bordeaux.[1] Ses travaux les plus notables portent sur l’histoire et l’épistémologie des sciences sociales. Il est, dans ces domaines, un spécialiste reconnu de l’œuvre d’Émile Durkheim[2] dont il défend vigoureusement le positivisme[3].

Biographie

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Charles-Henry Cuin a dirigé successivement la Faculté de sociologie[4] (2001-2006) et le Laboratoire d’analyse des problèmes sociaux et de l’action collective (LAPSAC, 2006-2010) de l’Université de Bordeaux, avant de participer à la création en 2011 du Centre Émile-Durkheim[5] (UMR 5116) dont il est membre ; il est également chercheur associé au Gemass (Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne[6]).

Professeur invité à Montréal, Moscou et Bucarest, il a été membre du jury national de l’Agrégation de Sciences économiques et sociales (1997-99) et membre (nommé) du Conseil national des universités (CNU 19ème section) de 2003 à 2007.

Il est membre des comités de rédaction de la Revue française de sociologie (depuis 1996), et de Sociologie et sociétés (2001-07). Il appartient également aux conseils  scientifiques des Éditions « Zeta Books » (Bucarest) et  de la revue Sociologie-Santé.

Travaux et recherches

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Sur le plan théorique, Charles-henry Cuin défend une approche cognitive des phénomènes sociaux dans la perspective ouverte par Raymond Boudon et l’individualisme méthodologique.

Ses travaux principaux concernent les pratiques scientifiques des sociologues[7](en particulier en matière d'analyse des inégalités sociales et de leur reproduction)[8], les conduites adolescentes en milieu urbain[9] [10] ou encore l'adhésion aux croyances collectives (en particulier religieuses)[11][12] dans les sociétés "sécularisées"[13]. Il tente ainsi d'élaborer et de pratiquer une sociologie cognitive à même de rendre compte des dimensions rationnelles des conduites, qu’elles soient ou non intentionnelles, dans des domaines où prévalent généralement des interprétations en termes d'émotions ou de "culture"[14].

Dans la période récente, il s’est essentiellement consacré à l’étude des croyances religieuses et de la foi, ainsi qu'aux mécanismes du croire. Ses travaux montrent ainsi que les croyants, quel que soit le contenu de leurs croyances, ont généralement de « bonnes raisons » subjectives[15] d'y adhérer et ne sont donc pas essentiellement définissables comme irrationnels.[16]

Publications 

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Ouvrages

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  • L'Échec scolaire. Processus d'identification et de prise en charge spécialisée (avec J.-Cl. Guyot et al.), Paris, Presses Universitaires de France, 1988, 256 p.
  •  Histoire de la sociologie (avec François Gresle), Paris, La Découverte, 1992 (2 volumes : I – Avant 1918 , II – Depuis 1918) 122 p. + 124 p. ; 4ème édition : 2008 ; traductions portugaise, albanaise, roumaine, tchèque)
  • Les Sociologues et la mobilité sociale, Paris, Presses Universitaires de France, 1993, 304 p.
  • Durkheim d'un siècle à l'autre. Lectures actuelles des 'Règles de la méthode sociologique' (Direction), Paris, Presses Universitaires de France, 1997, 294 p. 
  • Ce que (ne) font (pas) les sociologues. Petit essai d'épistémologie critique, Genève, Librairie Droz, 2000, 214 p.
  • L'Axiomatique de l'inégalité des chances (avec Raymond Boudon et A. Massot), Québec, Presses de l'Université Laval – L'Harmattan, 2000, 207 p.
  • Sociologie de Bordeaux (Coll. sous le pseudonyme de Émile Victoire), Paris, La Découverte, 2007, 128 p. (2ème édition : 2014)
  • Le Travail sociologique : du Concept à l’analyse. Mélanges en hommage à François Chazel (avec Patrice Duran, Éd.), Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2011, 230 p.
  • Durkheim. Modernité d’un classique, Paris, Hermann, 2011, 210 p.

Articles et contributions diverses (sélection récente)

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  • « Émotions et rationalité dans la sociologie classique. Les cas de Weber et Durkheim », Revue européenne des sciences sociales, XXXIX, n° 120, 2001, pp. 77-100.
  • « Les sociologues et l'obsession compréhensive. Une lecture néo-positiviste de Max Weber » (en russe), Sotsiologuitcheskie isslédovania, Moscou, 2001, n°12, pp. 3-15.
  • « Le balancier sociologique français : entre individus et structures », Revue européenne des sciences sociales, XL, n° 124, 2002, pp. 253-262.
  • « Division du travail, inégalités sociales et ordre social : note sur les tergiversations de l'analyse durkheimienne », Revue européenne des sciences sociales, XLII, 2004, n° 129, pp. 95-103.
  • « Le paradigme ‘cognitif’ : quelques observations et une suggestion », Revue française de sociologie, 2005, 46-3, pp. 559-572[17].
  • « La nature du savoir sociologique : considérations sur la conception wébérienne », L’Année sociologique, 2006, vol. 56/2, pp. 369-388.
  • « L’interprétation sociologique. Réflexions néo-positivistes », in Francis Farrugia (Éd.), L'Interprétation sociologique. Les auteurs, les théories, les débats, Paris, L’Harmattan, 2006, pp. 105-119.
  • « Les sociologues et l'obsession compréhensive : Réflexions épistémologiques sur les voies de l'interprétation dans les sciences sociales ”, in Jean-Émile Charlier et Frédéric Moens (Éd.), Observer, décrire, interpréter, Lyon, INRP, 2007, pp. 185-203.
  • « La démarche nomologique en sociologie (Y a-t-il des lois sociologiques ?) », Schweizerische Zeitschrift für Soziologie / Revue suisse de sociologie, Zurich, 2006, vol. 32/1, pp. 91-118.
  • « Où en est la sociologie ? Réflexions d’un sociologue français » (en russe), Sotsiologuitcheskie isslédovania, Moscou, 2006, n°8, pp. 13-20.
  • « Émile Durkheim à bordeaux (1887-1902) : un fécond mais pénible exil », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, N° 13-14, 2008, pp. 171-182.
  • « About the Rationality of Religious Beliefs » in Mohamed Cherkaoui and Peter Hamilton (Eds), Raymond Boudon. 
A Life in Sociology, Oxford, The Bardwell Press, 2009, vol. 2, pp. 125-143.
  • « L’étude empirique des croyances religieuses : perspectives de recherche » in Charles-Henry Cuin et Patrice Duran (Éd.), Le Travail sociologique : du Concept à l’analyse. Mélanges en hommage à François Chazel, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2011, pp. 181-193.
  • « L’obscur objet de la sociologie religieuse : quelques réflexions sur le naturalisme durkheimien » in Gérald Bronner et R. Sauvayre (Éd.), Le Naturalisme dans les sciences sociales, Paris, Hermann, 2011, pp. 119-142.
  • « Les croyances religieuses sont-elles des croyances comme les autres ? », Social Compass, 2012, vol. 59(2), pp. 221 - 238.
  • « La sociologie des croyances religieuses à ses frontières », Sociologie, 2013, vol. 4(1), pp. 81-86. (Lire en ligne)
  • « Réponse à Roger Pouivet » (à propos de son article : « Christianisme, épistémologie et sciences humaines », ASSR, 2015,169), Archives de sciences sociales des religions, 2016, vol. 173, pp. 245-264.
  • « Une théorie sociologique de l’existence de Dieu ? Le statut du divin chez Durkheim », in Matthieu Béra et N. Sembel (Éd.), Durkheim et la religion. Les Formes élémentaires de la vie religieuse d’hier à aujourd’hui (1912-2012), Paris, Garnier, à paraître en 2017.

Notes et références

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  1. « Cuin, Charles-Henry [WorldCat.org] », sur www.worldcat.org (consulté le )
  2. Voir : Ch-H. Cuin, « Émile Durkheim, 1858-1917 », Notice in Ministère de la culture et de la communication, Commémorations nationales 2017, Paris, Éditions du Patrimoine, 2016, pp. 210-212. Ch-H. Cuin a dirigé le numéro spécial du Centenaire de la revue L’Année sociologique (vol. 49, 1999/ 1) sur le thème “Lire Durkheim aujourd'hui” ; il a également assuré la direction scientifique des colloques internationaux « Les ‘Règles de la méthode sociologique’ d'un siècle à l'autre » (Université de Bordeaux–II, 1995) et « La postérité de l’œuvre d’É. Durkheim, cent ans après sa mort » (Univ. de Bordeaux, 2017).
  3. Voir en particulier : Ch-H. Cuin, Durkheim. Modernité d’un classique, Hermann, 2011 et Ce que (ne) font (pas) les sociologues. Petit essai d'épistémologie critique, Librairie Droz, 2000.
  4. « Faculté de sociologie »
  5. « Centre Emile Durkheim »
  6. « GEMASS »
  7. Charles-Henry Cuin, Ce que (ne) font (pas) les sociologues, Libr. Droz,
  8. Voir : Ch.-H. Cuin, Les Sociologues et la mobilité sociale, PUF, 1993.
  9. Charles-Henry Cuin, Livre Blanc 2000 : Les Jeunes Bordelais ; ressources et dispositifs (en coll. avec Cl. Sorbets et J. Zaffran), Rapport pour l'Observatoire de la Jeunesse de Bordeaux, Novembre 2000, ronéo, 250 p., Bordeaux, LAPSAC, , 250 p.
  10. Les Loisirs des adolescents bordelais (en coll. avec J. Zaffran), rapport terminal, Contrat « Temps libre jeunes » (LAPSAC–CAF–Ville de Bordeaux), avril 2003, 252 p.
  11. Ch.-H. Cuin, « « Les croyances religieuses sont-elles des croyances comme les autres ? » », Social Compass,‎ 2012, vol. 59(2), pp. 221-238.
  12. Charles-Henry Cuin, « La sociologie des croyances religieuses à ses frontières », Sociologie, no N°1, vol. 4,‎ (ISSN 2108-8845, lire en ligne, consulté le )
  13. « Pour une sécularisation des religions », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Ch.-H. Cuin, « Le paradigme ‘cognitif’ : quelques observations et une suggestion », Revue française de sociologie,‎ 2005, 46-3, pp. 559-572. (lire en ligne)
  15. Voir : Raymond Boudon, Raison, bonnes raisons, Paris, P.U.F., 2003.
  16. (en) Ch.-H. Cuin, « « About the Rationality of Religious Beliefs » », in CHERKAOUI Mohamed and Peter HAMILTON (Eds), Raymond Boudon. 
A Life in Sociology, Oxford, The Bardwell Press,‎ 2009, vol. 2, pp. 125-143.
  17. Cet article est suivi d'une "réponse" de Raymond Boudon : « Le " vernis logique " : à manipuler avec précaution », Revue française de sociologie, 3/2005 (Vol. 46), p. 573-581.