Utilisateur:Hadrien/Rotondité de la Terre

La rotondité de la Terre est connue et largement diffusée dans les milieux éduqués depuis l'Antiquité. Contrairement à une idée largement répandue ceci n'a pas changé avec le christianisme, et à l'exception de quelques Pères de l'Église qui interprétèrent littéralement certains passages de la Bible, l'idée que la Terre était plate est restée extrêment marginale.

Antiquité

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L'hypothèse de la rotondité de la Terre apparaît dès le VIe siècle av. J.-C. avec Pythagore. Selon Diogène Laërce : « C’est lui [Pythagore] qui le premier appela le ciel « cosmos », et découvrit la rotondité de la terre. Théophraste prétend que ce fut Parménide, et Zénon que ce fut Hésiode »[1]. Les pythagoriciens la jugeait « sphérique et habitée sur toute sa surface »[2]


Pour Anaximandre, la Terre a «la forme d'un cylindre dont la profondeur est trois fois plus grande que la largeur»[3], formant comme une « colonne de pierre »[4] dont seule la partie supérieure est habitée[réf. souhaitée].

A la suite d'Anaxagore pour qui « «La Terre a une forme plate ; elle demeure immobile et flotte dans les airs à cause de sa grandeur, à cause de son absence de vide, et à cause de ce que l'air, de nature très résistante, supporte la Terre qui y est en suspens »[5], les atomistes pensent que la terre a la forme plate et arrondie aux bords, d'un tambourin selon Leucippe ou d'un disque pour Démocrite. Ce dernier juge cependant qu'elle est (« oblongue et une fois et demie plus longue que large»[6], « concave en son milieu »[7]reprenant probablement l'argument d'Archélaos de Milet : « le Soleil ne se lève pas et ne se couche pas en même temps dans tous les endroits, notait Archélaos, et c'est ce qui devrait se produire si la Terre était plate »[8].

Platon dans le Phédon fait dire à Socrate : « Eh bien donc, reprit-il, je suis persuadé pour ma part que tout d’abord, si la terre est de forme sphérique et placée au milieu du ciel, elle n’a besoin, pour ne pas tomber, ni d’air ni d’aucune autre pression du même genre, mais que l’homogénéité parfaite du ciel seul et l’équilibre de la terre seule suffisent à la maintenir ; car une chose en équilibre, placée au milieu d’un élément homogène, ne pourra ni peu ni prou pencher d’aucun côté et dans cette situation elle restera fixe. Voilà, ajouta-t-il, le premier point dont je suis convaincu. » [9]

Méton (deuxième moitié du Ve siècle av. J.-C.

Aristote

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Elle sera reprise par Aristote (-384 -322) (Traité du ciel (Livre II, 14) : « Dans les éclipses de Lune, la ligne qui limite l’ombre est toujours une ligne incurvée. Puisque l’éclipse est due à l’interposition de la Terre entre la Lune et le Soleil, c’est la forme de la surface de la Terre, sphérique, qui produit cette ligne courbe. De plus, la manière dont les astres nous apparaissent ne prouve pas seulement que la Terre est ronde, mais aussi que son étendue est assez petite. En effectuant un déplacement minime vers le sud ou vers le nord, nous voyons se modifier le cercle d’horizon ; les astres au-dessus de nous changent considérablement, et ce ne sont pas les mêmes qui brillent dans le ciel quand nous allons vers le sud. Certains astres visibles en Egypte ou vers chypre sont invisibles dans les régions septentrionales. Par ailleurs, les astres qui, dans les régions septentrionales, sont visibles à tout instant, connaissent un coucher dans les pays cités plus haut. Tout cela ne montre pas seulement que la Terre est ronde, mais encore quelle a la forme d’une sphère de modeste dimension : autrement on n'apercevrait pas si vite les effets d’un déplacement si court »[10]. Aristote donne un autre argument en faveur de la rotondité de la Terre (et de sa ralativement faible taille) : la présence d'éléphants à la fois en Afrique et en Asie, ce qu'il explique par le fait que les Colonnes d'Hercule (le détroit de Gibraltar) à l'ouest rejoindraient l'Inde à l'est [11]. Il conclut en donnant l'estimation faite par des mathématiciens (peut-être Eudoxe de Cnide (-408 — -355 ou -395 — -342) et Calippevers -370 BC– vers -300) de la circonférence de la Terre : 400000 stades (soit plus de 70000 km)[12].

Il rapporte que Anaximène, Anaxagore et Démocrite pensait eux que la Terre était plate et que cela expliquait son immobilité[13]

La taille du méridien

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Un auteur du Ier siècle av. J.-C. Cléomède[14], nous a donné les méthodes et résultats obtenus par Ératosthène et Posidonius.

Ératosthène

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La longueur du stade d'Ératosthène est sujet à débat[15]

Euclide et Aristarque. Malgré quelques oppositions notamment les matérialistes et atomistes Leucippe et Démocrite, dès le IIIe siècle av. J.-C. l'idée était acceptée par tous les romains et grecs éduqués. Ératosthène en calcula la ciconférence avec une très bonne précision. Strabon, Cratès, Ptolémée.

En faveur de la rotondité : Macrobe et Marcien Capella

Augustin d'Hippone :« même s'il n'avait pas d'opinions sûres à ce sujet, connaissait celles des anciens, et admettait que le texte sacré parlait par métaphore. Sa position, assez répandue dans la pensée patristique, est plutôt ailleurs : étant donné que ce n'est pas en connaissant la forme de la Terre qu'on sauve son âme, la question présentait un maigre intérêt »[16].

Pour Isidore de Séville la longueur équatoriale fait 80000 stades.

Moyen Âge

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Renaissance

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Lumières

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Le mythe de la Terre Plate

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L'idée qu'on croyait au Moyen Age que la Terre était plate n'apparut pas avant 1830. Elle fut à peu près simultanément le fait d'un français Antoine-Jean Letronne (1787-1848)[17] qui publie en 1834 un un article dans la Revue des deux mondes : sur les opinions cosmographiques des pères de l'église, et un américain Washington Irving (1783-1859).

« Et pourtant voyez Andrew Dickson White, dans son History of Warfare of Science with Theology in Christendom (New York, Appleton, 1896). Il est vrai que dans ces deux volumes denses, il veut énumérer tous les cas où la pensée religieuse a retardé le développement de la science, mais comme c'est un homme informé et honnête, il ne peut cacher qu'Augustin, Albert le Grand, et Thomas savaient pertinemment que la Terre était ronde. Toutefois il dit que pour l'affirmer, ils ont dû lutter contre la pensée théologique dominante. Mais la pensée théologique dominante était représentée justement par Augustin Albert et Thomas, lesquels n'avaient dû lutter contre personne. »[18].

Bibliographie

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  • Jeffrey Burton Russell, Inventing the Flat Earth, 1991.
  • Árpád Szabó, Michel Federspiel, L'aube des mathématiques grecques, Vrin, 2000. [lire en ligne]
  • William G. L. Randles, De la terre plate au globe terrestre. Une mutation épistémologique rapide (1480-1520), Armand Colin 1980. Compte rendu de L. Lagarde dans Revue d'histoire des sciences, 1982, 35-2 pp. 167-168 ; compte rendu de Marianne Mahn-Lot dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, 36-2, pp. 241-243.

Liens externes

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Notes et références

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  1. http://ugo.bratelli.free.fr/Laerce/Pythagoriciens/Pythagore.htm
  2. Les présocratiques, La pléiade, p. 561
  3. Les présocratiques, La pléiade, p. 28 cité par Jean Salem Démocrite: grains de poussière dans un rayon de soleil, Vrin, 1996 p. 117[1]
  4. Les présocratiques, La pléiade, p. 36
  5. Les présocratiques, La pléiade, p. 635
  6. Les présocratiques, La pléiade, p. 854
  7. Les présocratiques, La pléiade, p. 793 cité par Jean Salem Démocrite: grains de poussière dans un rayon de soleil, Vrin, 1996 p. 118
  8. Les présocratiques, La pléiade, p. 687 cité par Jean Salem Démocrite: grains de poussière dans un rayon de soleil, Vrin, 1996 p. 118[2]
  9. http://fr.wikisource.org/wiki/Ph%C3%A9don_(trad._Chambry)
  10. Aristote De caelo, 297b24-31 - 297b31-298a10
  11. Árpád Szabó L'aube des mathématiques grecques, Vrin, 2000, p.40
  12. Árpád Szabó L'aube des mathématiques grecques, Vrin, 2000, p.40
  13. http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/ciel2.htm#XIII
  14. Cléomède Théorie élémentaire (de motu circulari corporum caelestium) Texte présenté, traduit et commenté par R. Goulet, Vrin, « Histoire des doctrines de l’antiquité classique », 1980, [3]
  15. Newlin Walkup Eratosthenes and the Mystery of the Stades [4] - Donald Engels The Length of Eratosthenes' Stade American Journal of Philology 1985 106-3 pp.298–311 -Edward Gulbekian The Origin and Value of the Stadion Unit used by Eratosthenes in the Third Century BC 1987, Archive for History of Exact Sciences, 37, pp. 359–363
  16. Umberto Eco, De la littérature, Grasset, 2003, ch. La force du faux', p.351
  17. http://cths.fr/an/prosopo.php?id=497
  18. Umberto Eco, De la littérature, Grasset, 2003, ch. La force du faux', p.352