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Le lézard sans oreille de Bornéo (Lanthanotus borneensis) est une espèce de saurien semi-aquatique endémique de l'île de Bornéo. C'est l'unique représentant du genre Lanthanotus ainsi que de la famille Lanthanotidae, et un parent des varans dont ils tirent son nom anglais.[1][2][3]
Description
modifierLes lézards sans oreilles de Bornéo possèdent un corps cylindriques surmonté d'un long cou ainsi que quatre courtes pattes terminés des longues griffes tranchantes. L'espèce possède six rangées longitudinales d'écailles fortement carénées[4][5]. Elle est orangeatre-brunatre sur le dessus tandis que le dessous est moucheté de marron foncée et de blanc, de jaune pâle, d'ocre ou de rouille[6][4][7]. Leur queue est préhensile et ne peut pas se régénérer lorsqu'elle est perdue[5]. Les lézards possèdent des petits yeux accompagnés de paupières inférieures semi-transparentes[5][4]. Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser penser, malgré l'absence de tympan, d'ouverture pour le conduit auditif ou d'autres signes externes d'oreilles, ceci sont parfaitement capable d'entendre[2][8]. Les lézards mue de manière irrégulière, peut-être moins d'une fois par an[5]. Lors de la mue, la peau peut se détacher en un seul morceau (comme chez les serpents)[5], ou en plusieurs morceau plus petit (comme chez les lézards)[9].
Ils gonflent parfois leur gorges (de manière similaire aux grenouilles) et oscille parfois leur langue bifide (de manière similaire aux serpents). Ils peuvent émettre des vocalisations douces et aigus[10].
De manière générale, les deux sexes sont semblables, mais les mâles ont une tête plus large et une queue plus large à la base que les femelles[10]. Les différences entre les deux sexes deviennent facilement visible à partir de l'âge de trois ans[11].
Taille
modifierLe corps des lézards sans oreilles de Bornéo adulte mesure habituellement environ 20 cm[4], et les lézards cumule une taille totale de 40 cm[9]. Sur dix-huit individus, dont six mâles et douze femelles, la longueur de corps allait de 15,6 à 22,0 cm, la longueur de la queue allait de 17,4 à 22,1 cm (moins un individu dont la plupart de la queue était manquante), et le poids allait de 48 à 120 g (moins un individu malade et maigre)[10]. Parmi ces individu, la plus grande longueur totale était de 44,1 cm, longueur qui est la plus grande enregistré à l'état sauvage[10]. Un spécimen collecté dans les années 60 avait atteint une longueur totale de 51 cm[6], et, aux alentours de la date de sa mort, un autre individu conservé au Zoo du Bronx de 1968 à 1976 avait une atteint une longueur totale de 47 cm pour un poid de 209 g (mais le spécimen était sévèrement obèse)[12]. Lors de l'éclosion, les jeunes sont au total long d'environ 7 à 14 cm[13][14][15], et à l'âge d'un an, d'environ 23 à 25 cm[16].
Écologie et comportement
modifierLes lézards sans oreilles de Bornéo sont des animaux exclusivement nocturne, même si quelques observations exceptionelles en journée ont déjà été signalées[10][7]. La journée est habituellement passés dans des terriers proche de l'eau pouvant aller jusqu'à 30 cm de profondeur, ou sous des bûches, des rochers ou sous de la végétation[4][1]. Ils sont généralement plutôt inactifs et peu agile, mais peuvent accélerer de manière surprenament rapide si effarouchés[10], et peuvent attraper rapidement des proies posés devant eux[14]. Au cours d'une étude où 19 individus avait été localisés pendant la nuit, la moitié était dans l'eau et l'autre moitié sur la terre ferme[10]. En captivité, ils peuvent demeurer pratiquement immobile sous la surface de l'eau pendant des heures, relevant régulièrement le nez au dessus de l'eau pour respirer[17]. Lorsqu'ils sont sous l'eau, leur paupière semi-transparente sont généralement fermés, couvrant les yeux[10]. Il a été supposés que leur queue préhensile est enroulés autour de rochers, racine et autres objets situés sous l'eau afin d'éviter d'être emportés lors d'inondations[14].
Morsure
modifierMême si généralement docile et peu actif lorsque tenus, les mâles sont généralement plus agressif que les femelles lorsque attrapés[10]. Un scientifique fut victime d'une morsure profonde au doigt, mais n'a pas eu d'effet susceptible d'indiquer la présence d'un venin quelconque[10]. Cet évènement combinés à des dissections vieilles de plusieurs dizaines d'années où aucune glande venimeuse ou rainure au niveau des dents n'ont été trouvés avait conduit à penser que la morsure du lézard sans oreille de Bornéo n'était pas venimeuse[6]. Mais en captivité, des lézards ont été observés en train de se mordre entre eux fréquemment, résultant en des blessures relativement profonde (par rapport à des lézards de la même taille) et pouvant saigner abondamment[14], avec une coagulation du sang réputés comme étant plus lente que sur des blessures habituelles[9]. Des études plus récentes ont trouvés des glandes venimeuses sur les lézards et des composés toxiques dans les morsures[18][19]. Les principaux composants sont des kallikréines (et en faible quantités des CRiSP (en)) ayant pour effet principal de cliver le fibrinogene, une protéine importante pour la coagulation du sang[18]. Toutefois, ces effets restent très faible en comparaisons d'autres reptiles venimeux, notamment par rapport aux varans[20].
Alimentation
modifierLes lézards sans oreilles de Bornéo se nourrissent habituellement de vers de terre, de crustacés et de poissons[4]. En captivité, ils peuvent être nourris avec du poisson (aussi bien entier qu'en morceaux), des vers de terres, du calamar, des têtards, des crevettes, du jaune d'œuf de tortue verte, des moules, des souriceaux, des morceaux de porcs et du foie de volaille, mais refuseront de manger des pattes de grenouilles ou des œuf d'oiseaux[17][13][12][10]. En captivité les adultes mangent habituellement une fois à deux fois par semaine, mais peuvent rentrer dans de longues périodes de jeun[17]. Choses peu communes pour un lézard, il peut avaler ses proies alors qu'il est submergés dans l'eau[12]. Ils peuvent faire cela en drainant l'eau de leur narines, comme chez les tortues[14].
Cycle de vie et reproduction
modifierComme leurs parents proches, ce sont des ovipares, même si peu de chose sont connus sur leur reproduction[2]. Sur la base d'observation en captivité, un couple s'accouplerais de manière répétés sur une période de quelques mois, où chaque accouplement durerais plusieurs heures[21]. Une fois, un accouplement a duré plus de 44 heures[14]. Les lézards se reproduisent dans l'eau[22][21]. À l'état sauvage, la reproduction a été observés en février[1], et un spécimen femelle sans doute enceinte à déjà été attrapé en avril[10]. La femelle pond entre 2 et 12 œufs (en moyenne 8) de forme ovale mesurant environ 3 cm et possédant une coquille rigide blanche[23][14][6][4]. Les œufs sont pondus sur la terre ferme[23]. En captivité les œufs éclose après environ 3 mois à une température de 27 C°[14][13]. Les mâles adultes sont à priori territoriaux, puisque le recensement des espèces sur une zone donnée à trouvé deux fois plus de femelle que de mâle, et la plupart des mâles avait diverses blessures, tels que des queues ou des orteils en moins, ou bien des cicatrices au cou ou à la tête[10]. En captivité, les jeunes sont gardés en groupe jusqu'à l'âge de 6 mois, tandis que les adultes sont gardés seul, en couple, ou bien dans des groupes d'un mâle et de plusieurs femelles[17]. Leur espérance de vie reste inconnu, un jeune adulte entré en captivité dans les années 60 a survécu plus de 7,5 années après sa capture (passant d'une longueur totale de 38,2 à 47 cm)[12], et d'autre aurait dépassés la dizaine d'années en captivité, mais les connaissances de l'époque sur la détention de reptiles en captivités était alors très limités[6].
Habitat et répartition
modifierLes lézards sans oreilles de Bornéo sont endémique de l'île de Bornéo, en Asie du sud-est. Il se rencontre dans le nord-ouest de l'île : au Sarawak (en Malaisie orientale), et également au Kalimantan occidental et du Nord (anciennement Kalimantan orientale jusqu'en 2012) en Indonésie.[24][10][15][7]. L'espèce n'a pas été aperçu au Brunei, mais à déjà été repérée à 100 km de la frontière[25]. Il n'y a aucune trace de Lanthanotus borneensis au Sabah, au Kalimantan du Sud ou au Kalimantan central[25][10]. L'espèce passe facilement inaperçu[6].
L'espèce habite près des cours d'eau et des marais dans les basses terres de Bornéo, en dessous de 300 m d'altitude[26][4]. Il vit habituellement dans les forêts tropicales humides mais peut être aussi trouvés dans les cours d'eau d'ancien habitat détruit, tels que des terres agricoles, des vergers, des plantations d'huiles de palmes, et parfois dans des rizières[4][10][7]. Les cours d'eau habités sont souvent rocailleux[10][7]. Elle habite des zones tropicales où les températures avoisinent les 22 à 29 C° et des cours d'eau au même températures[10][15], et des études en captivité ont montré que l'espèce préfère les températures entre 24 et 28 C°[27]. Sur un site possédant une grande densité de lézards sans oreilles de Bornéo, l'eau était claire et possédait un pH neutre[10]. Elle possède le même micro-habitat que les scinques aquatiques du genre Tropidophorus et sa répartition chevauche par endroit celle de la scinque T. brookei[10].
Taxonomie
modifierLe lézard sans oreille de Bornéo à été décrit pour la première fois en 1878 par Franz Steindachner[28]. Le nom du genre Lanthanotus signifie "oreille cachée" et le nom de l'espèce borneensis est tiré de l'île de Bornéo où habite l'espèce[6]. Le caractère unique de cette espèce à été reconnu dès le départ et Steindachner l'a ainsi placé dans sa propre famille, les Lanthanotidae. En 1899 Georges Albert Boulenger replaca l'espèce dans la famille des Helodermatidae avec le monstre de Gila[6]. Des études plus approfondies menés dans les années 50 ont conclus que même si l'espèce était bien liés à la famille des Helodermatidae, ce lien restait ténu et distant, et les similarités sont en partie le fruit de la convergence évolutive. La famille des Lanthanotidae est alors reconnu comme une famille à part entière[6], et les deux font partie de l'infra-ordre Autarchoglossa, mais les relations entre les différentes familles est toujours sujet à débat. Plusieurs études ont placés les lézards sans oreilles de Bornéo avec les Helodermatidae et les Varanidae (varans) dans une superfamille nommé Varanoidae (en)[29]. Des études génétiques plus récentes ont montré que les espèces les plus proches du lézard sans oreille de Bornéo sont les Varanidae[30][31]. La plupart des autorités continue de les reconnaitres dans des familles séparées puisque les divergences entre les deux sont grandes[30][31][28], mais certains ont suggérés que les lézards sans oreilles de Bornéo soit inclus dans une sous-famille dédiée des Varanidae, Lanthanotinae[19]. Les familles Lanthanotidae et Varanidae formet un clade dont le groupe frère est Shinisauria (en), et à des niveaux plus élevés un groupe frère d'Helodermatidae et des autres familles de Autarchoglossa[31][30]. Leur dernier ancêtre commun date du millieu du Crétacé[32][1].
L'appartenance de Cherminotus (en), un genre éteint depuis la fin du Crétacé dont les fossiles ont été retrouvé en Mongolie, à la famille des Lanthanotidae est débattue[33].
Lanthanotus borneensis et l'Homme
modifierStatut de conservation
modifierLe lézard sans oreille de Bornéo n'a pas été évalué par l'UICN, mais elle serait probablement considérés comme vulnérable (si son habitat couvrait une superficie de moins de 2 000 km2) ou en danger (si son habitat couvrait une superficie de moins de 500 km2)[26]. L'espèce est habituellement considérés comme rare, mais elle est assez difficile à repérer et en 1999 les seuls enregistrement valides provenait de Sarawak[6], les enregistrements au Kalimantan ne commençant que plus tard[10]. Dans certaines régions les locaux ne sont parfois même pas au courant de sa présence ou la considère comme rarissime tandis que dans d'autre l'espèce est considérée comme commune. Sur un site au Kalimantan occidentale, 17 des 21 locaux interrogés n’était pas au courant de sa présence ou le considérait comme rare, alors que sur 3 autres sites de la région la plupart des interrogés était au courant de sa présence mais moins de moitié la considérait comme commune[7]. Sur d'autre point du Kalimantan occidentale, une étude sur trois nuit portant sur 400 m de cours d'eau ainsi que sur deux cours d'eau adjacent à repérer 19 lézard sans oreilles de Bornéo, ce qui est une densité plutôt inhabituelle pour des lézards de cette taille[10]. Malgré la densité de lézard élevés de ce cours d'eau pourtant utilisés par les locaux pour la lessive, la pêche ou comme source d'eau potable, les locaux considérait l'espèce comme rarissime et plusieurs ne l'avait jusque là jamais vu[10]. Cependant, la présence de l'espèce n'est certaine que sur un nombre relativement faible de site[26][25].
Menaces
modifierOn connait environ 100 spécimens conservés dans des musées et la plupart des musées d'histoires naturelles les plus importants en ont un ou plusieurs dans leur collection[6]. Ces spécimens ont souvent été collectés entre 1960 à 1980 ou plus tôt[15], souvent pendant des inondations ayant emportés des lézards qui se coince alors dans des nasses[6][5]. Durant cette même période quelques spécimens de lézards se sont retrouvés dans des trafics d'animaux[12]. En 2012, l'animal est présentés dans un magazine japonais à destination des amateurs de reptiles, et dans les années qui ont suivis un grand nombre de lézards furent capturés et revendus[34][25]. De mai 2014 à octobre 2015 au moins 95 lézards sans oreilles de Bornéo se sont retrouvés sur le marché asiatique (Hong Kong, Indonésie, Japon et Malaisie), européen (République Tchèque, France, Allemagne, Pays-bas, Russie, Ukraine et Royaume-Unis) et aux États-Unis d'Amérique[35]. En 2015, un contrebandier allemand fut arrêtés à l'aéroport de Jakarta avec 8 lézards, et en 2016, 17 autres furent saisi d'un autre contrebandier allemand à l'aéroport de Bornéo[34]. Le trafic est renforcés par des prix très élevés : au tout début, un couple se vendait pour 3 million de yens (soit 25.000$). Même si les prix ont depuis chuté de plus de 90% au Japon et ont déclinés à l'international à cause d'une plus grande offre, l'espèce reste d'une grande valeur[34][36].
La destruction de son habitat représente également une menace sérieuse pour l'espèce, les forêts de Bornéo étant rapidement remplacé par des plantations d'huile de palme[34][5][10]. Toutefois, le lézard sans oreille de Bornéo peut survivre dans des habitats dégradés par l'homme (telle que des plantations d'huile de palme), et les cours d'eau rocailleux où l'on le trouve principalement reste relativement peu touché par l'homme[10].
Protection
modifierEn guise de mesure de protection, des scientifiques ayant découvert des spécimens dans la nature ont refusés de donner le lieu exacte afin de ne pas aider les trafiquants, préférant décrire le lieu de collecte en des termes très vagues[10][7].
Récupérer des espèces dans la nature est illégal, l'espèce ayant été protégés en Malaisie depuis 1971, au Brunei depuis 1978 et en Indonésie depuis 1980[35]. Au Brunei, récupérer des espèces est passible de 1600$ d'amende et d'un an de prison, en Malaise de 7850$ d'amende et de 3 ans de prison, et en Indonésie de 8600$ d'amende et de 5 ans de prison[35]. Contrairement aux varans, le lézard sans oreille de Bornéo n'était jusqu'en 2017 pas inscrit sur la CITES, qui aurait permis de restreindre le trafic à l'international[35][34]. En 2016, son inscription est proposés à l'annexe I de la CITES[25], et en 2017 l'espèce devient protégés internationalement lorsqu'elle est placés sur l'annexe II de la CITES : les quotas d'exportations dans des buts commerciaux sont alors nulles pour des spécimens sauvages[37].
La première reproduction en captivité a eu lieu en 2014 dans un zoo au Japon[14][12]. Quelques années plus tard, quelques zoo européens ont lancé un programme de reproduction, en 2017 un couple donne naissance à un lézard au zoo de Schönbrunn en Autriche, et en 2018 au zoo de Prague en République Tchèque et au zoo de Moscou en Russie[38][39][13][40]. Plusieurs autre cas d'accouplement ont été rapportés par des particuliers et les petits ont été offert à la vente, mais certains ne sont sans doute pas des véritable cas de reproduction en captivités[26].
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External links
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