Utilisateur:Larunarig/Chrétien de Troyes
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Naissance | vers 1135 |
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Décès | vers 1183 |
Langue d’écriture | Ancien français |
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Genres |
Chrétien de Troyes (né vers 1135 et mort vers 1183) est un poète français, considéré comme le fondateur de la littérature arthurienne en français et l'un des premiers auteurs de romans de chevalerie. Il est clerc à la cour de Champagne, au temps d'Henri le Libéral et de Marie de France, son épouse.
Ses œuvres majeures sont Érec et Énide, Cligès, Lancelot ou le Chevalier de la charrette écrit probablement en même temps que Yvain ou le Chevalier au lion, et Perceval ou le Conte du Graal, œuvre inachevée. Ses romans reflètent les idéaux politiques et culturels du milieu pour et dans lequel il écrit. Ils mettent en scène un idéal aristocratique mêlant l'aventure chevaleresque, l'amour courtois et les aspirations religieuses que symbolise l'esprit de croisade.
Biographie
modifierNous ne savons que peu de chose sur sa vie, si ce n'est ce qu'il en dit lui-même dans ses ouvrages.
Son nom nous est révélée dans le prologue d'Érec et Énide[1], où il se présente au lecteur comme Crestiens de Troies. Son lieu et sa date de naissance restent inconnus[2],[3].
Dans le prologue du Chevalier de la charrette, il affirme avoir écrit sur le comandemant de ma dame de Champagne, c'est-à-dire de Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII. Ce prologue nous renseigne à la fois sur son statut de poète à la cour de Champagne, ainsi que sur le fait que le Chevalier de la charrette est une œuvre de commande, où Marie de Champagne lui impose la matière et la signification[4]. De même, dans le prologue de sa dernière œuvre, le Conte du Graal, Chrétien indique être au service de Philippe d'Alsace, comte de Flandre et soupirant de Marie de Champagne. Le prologue le présente comme « le plus valeureux des hommes qui soit en l'empire de Rome »[4].
Ces deux mécènes sont des personnages de haute noblesse, et ils donnent des repères précieux pour dater avec plus de précision la vie de Chrétien de Troyes et de restreinte l'écriture l'écriture de ces deux romans entre 1164 (année du mariage de Marie avec le comte de Champagne Henri le Libéral) et 1191 (année du décès du comte de Flandre)[5].
On[Qui ?] a supposé que Chrétien aurait été issu d'une famille de la petite noblesse, en s'appuyant notamment sur la description du vavasseur père d'Énide dans Érec et Énide : suggérant que les vavasseurs constituent le socle moral et le fondement social de l'ordre féodal, il aurait ainsi rendu hommage à son milieu d'origine. Dans cette perspective, l'auteur de Cligès aurait été le fils cadet d'une famille aristocratique qui aurait été destiné à la carrière cléricale. Mais cette hypothèse se heurte au fait que Chrétien rattache son nom à la ville de Troyes, et non, comme cela aurait l'usage pour un aristocrate, à un château ou à un fief[6],[7].
Il a été également évoqué la possibilité d'une origine juive de Chrétien, Troyes ayant effectivement accueilli une importante communauté juive. Cette hypothèse est soutenue à partir de sa signature dans Philomena, où il se désigne comme étant « Crestien li Gois »[8] : le fait de se désigner comme « goy » impliquerait que l'auteur était un juif converti. Mais « Gois » n'est peut-être qu'une déformation de « Gouaix », village situé à proximité de Troyes[9]. Mais cette signature peut tout aussi avoir été ajoutée par l'un de ses compilateurs, d'autant plus que dans le Conte du Graal, Chrétien traite les juifs avec violence : félons qu'on devrait abattre comme des chiens[10], ce qui parait peu compatible s'il avait été lui-même juif[7].
Sa mort nous est tout aussi peu connue que sa naissance, et si l'on en croit Gerbert de Montreuil, celle-ci est responsable de l’inachèvement du Conte du Graal[11].
Son œuvre
modifierTous ses textes sont en langue romane et nous ne lui connaissons aucun écrit en latin. Dans l'introduction de Cligès, Chrétien indique qu'il est l'auteur de cinq autres œuvres antérieures à ses romans : quatre sont des adaptations d'Ovide en langue vernaculaire, dont une seule nous est parvenue ; la cinquième est une version de Tristan et Iseut, malheureusement disparue.
Traductions d'Ovide
modifier- Les Commandemanz Ovide (perdu), d'après Remèdes à l'amour ;
- L'Art d'amors (perdu), d'après L'Art d'aimer ;
- Le mors de l'épaule (perdu), d'après l'histoire de l'épaule de Pélops mangée par Démeter, livre VI des Métamorphoses ;
- La Muance de la hupe, de l'aronde et del rossignol, connu sous le titre de Philomena, d'après l'histoire de la métamorphose de Térée, Philomèle et Procné, livre VI des Métamorphoses ;
Les romans arthuriens
modifier- un roman del roi Marc et d'Ysalt la blonde (Tristan et Iseult, perdu) ;
- Érec et Énide, vers 1170 ;
- Cligès ou la Fausse morte, vers 1176 ;
- Lancelot ou le Chevalier de la charrette, roman de Lancelot, vers 1175-1181 (achevé par Godefroiz de Leigni) ;
- Yvain ou le Chevalier au lion, roman d'Yvain, vers 1175-1181 ;
- Perceval ou le Conte du Graal ou roman de Perceval, vers 1182-1190 (inachevé).
Chrétien de Troyes a écrit cinq romans chevaleresques en vers octosyllabiques. S'inspirant des légendes bretonnes et celtes du Roi Arthur et de la quête du Graal, Chrétien de Troyes produit Lancelot ou le Chevalier de la charrette (1176), Yvain ou le Chevalier au lion (vers 1176), ou encore Perceval ou le Conte du Graal (vers 1180). Ces aventures mythiques sont parfaitement réadaptées dans le cadre de la littérature courtoise. Les héros sont souvent confrontés à un choix difficile entre leur amour et leur devoir moral de chevalier.
Deux chansons d'amour
modifierOn connaît encore deux poèmes lyriques de sa plume.
Guillaume d'Angleterre
modifierOn lui a aussi parfois attribué le roman Guillaume d'Angleterre, inspirée par la vie de saint-Eustache. Simplement signée « Crestiiens », on considère aujourd'hui qu'il y a peu de chances qu'elle ait été écrite par l'auteur de Perceval.
Sources et inspirations
modifierSa source d’inspiration se trouve dans la tradition celtique et les légendes bretonnes (la matière de Bretagne). Mais il leur confère, du moins dans son dernier roman, une dimension chrétienne nouvelle, fortement imprégnée par les chansons de geste en langue d’oïl de la seconde moitié du XIIe siècle et la fin'amor des troubadours. Le secret de son art réside dans sa capacité à opérer, selon ses propres mots, la bonne « conjointure », c'est-à-dire l'alliage savamment dosé entre la matière et le sens.
Sa principale œuvre est celle des romans de la table ronde avec pour représentant le roi Arthur. Ce personnage, a priori principal, n'est pourtant pas au centre des quêtes qu'invente Chrétien de Troyes. À l'inverse, on y trouve des chevaliers connus comme Yvain ou Lancelot, dont la ligne de conduite réside dans la courtoisie. La base de ses romans est bien souvent la quête implicite du personnage vers la reconnaissance et la découverte de soi, comme vers la découverte des autres, à l'image d'une intégration à la cour et de l'amour de la reine Guenièvre. À l'inverse de la chanson de geste, dont le thème est patriotique (histoire de Charlemagne par Roland par exemple) et dont la quête est dite « collective », le roman du XIIIe siècle propose une quête personnelle du chevalier, quasi-intime.
La cour du roi Arthur est un lieu fixe dans tous les romans de Chrétien de Troyes. Cette dernière est bien sûr imaginée par l'auteur, qui se base sur des croyances populaires celtes et anglo-normandes. La cour est un point de repère idéal pour les romans de la table ronde, elle est le lieu de la plénitude où règnent la grande vie et les biens en abondance. Les aventures de la table ronde trouvent leur source d'existence dans la femme, dans l'être aimé. On peut penser que ces œuvres ont ouvert à la littérature le monde de l'Amour avec un A majuscule. Chrétien de Troyes oppose déjà cet Amour à la Raison, et c'est ce symbole qui marquera durablement la littérature française. Si le thème de la courtoisie disparaîtra peu à peu de l'histoire littéraire, au fil de l'avancement des mœurs populaires, le thème de l'amour pur, lui, s'y ancrera très profondément.
Le style de chrétien de Troyes
modifierL'influence
modifierRéférences
modifier- Érec et Énide, vers 9
- Walter 1997, p. 5-6
- Doudet 2009
- Walter 1997, p. 6
- Walter 1997, p. 6-8
- Doudet 2009, p. 35-36
- Walter 1997, p. 18
- vers 734
- Doudet 2009, p. 39-42
- Le conte du Graal, vers 6293
- Walter 1997, p. 19
Bibliographie
modifierÉditions
modifier- Chrétien de Troyes, Œuvres complètes, édition et traduction sous la direction de Daniel Poiron, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, 1600 p.
Ouvrages contemporains
modifier- Thierry Delcourt, La littérature Arthurienne, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 978-2130510499)
- Estelle Doudet, Chrétien de Troyes, Tallandier, , 360 p. (ISBN 978-2-84734-340-3)
- Jean Frappier, Chrétien de Troyes : l'homme et l’œuvre, Hatier,
- Philippe Walter, Chrétien de Troyes, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 978-2130483885)
- (en) Norris J. Lacy et Joan Tasker Grimbert, A companion to Chrétien de Troyes, D.S.Brewer, (ISBN 978-1843841616)
- (en) Leslie T. Topsfield, Chrétien de Troyes : A Study of the Arthurian Romances, Cambridge University Press, , 376 p. (ISBN 978-0521155298)
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifierBibliographie sur le site de l'ARLIMA
- Dossier sur Chrétien de Troyes dans l'exposition virtuelle de la Bibliothèque nationale de France : Arthur, la légende du roi
- Dictionnaire Électronique de Chrétien de Troyes : le DÉCT est un outil interactif permettant de rechercher des termes au sein des textes en ancien français et de comprendre le sens des mots grâce au lexique qui l'accompagne.
- Dictionnaire de l'œuvre de Chrétien de Troyes, Wendelin Foerster, 1914