Utilisateur:Maxvaillancourt1/Externalisation de la mémoire humaine vers le numérique

L'externalisation de la mémoire humaine vers le numérique est un phénomène psychologique dans lequel un individu délègue une partie de ses capacités de mémorisation à un agent numérique externe, qui peut prendre plusieurs formes. Qu'il soit physique (disque dur, clé USB, CD/DVD) ou virtuel (Internet, infonuagique, réseau), il permet de libérer de l'espace mental chez l'individu tout en permettant un accès continu aux données conservées.

Origines

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Dès la préhistoire, l'Homme dessine sur les murs des cavernes pour libérer de l'espace mental et conserver de l'information sur un support externe. Parois de grottes, os, cailloux, tablettes d’argile ou de cire, peaux animales traitées, rouleaux de papyrus, parchemins, papiers, et plus récemment microprocesseurs[1], sont quelques exemples de supports utilisés par l'Homme pour externaliser sa mémoire. Gutenberg, notamment, a largement contribué à cette externalisation du savoir humain en inventant l'imprimerie.

Or, le philosophe Platon, de son côté, n'a jamais osé placer sa confiance dans l'écriture, disant que les caractères écrits ne font pas partie de celui qui les écrit, décourageant ainsi l'utilisation de sa mémoire.[2]

Grand volume d'information à mémoriser

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La mémoire à long terme de l'être humain a une capacité virtuellement infinie. Nous sommes tout simplement incapable de tout mémoriser sans faute. Certes, l'être humain est capable de synthétiser et de faire abstraction des détails, mais dans les cas où ces détails doivent être conservés, le cerveau humain n'y parvient pas. Quant à la mémoire à court terme, elle a une capacité limitée, et la transition entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme ne peut se faire que si un sujet être attentif et concentré. Si ce n'est pas la cas, seulement une partie de l'information sera transférée dans la mémoire à long terme.[3]

C'est là que l'externalisation de la mémoire entre en jeu. En gardant l'information sur un support externe, on libère la mémoire à court terme en s'assurant de ne pas perdre de détails importants. Ainsi, on fait de la place pour les informations à venir sans compromettre la validité de l'information externalisée.

Dans une étude de Kaspersky Lab en 2015, on a trouvé que 86% des personnes interrogées ont dit avoir simplement trop de nombres, d'adresses et de noms à mémoriser et qu'ils seraient incapables de le faire même s'ils le voulaient.[4]

Ubiquité de l'Internet

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Évolution du nombre d'internautes entre 1997 et 2014.

L'accès à Internet à travers le monde se démocratisant et étant en croissance rapide, il devient de plus en plus omniprésent dans les habitudes de vie de la population mondiale. Une telle ubiquité rend l'utilisation du Web presque naturelle. Il en découle ainsi une utilisation fréquente et de plus en plus intégrée dans nos vies quotidiennes. En sachant qu'une information sera accessible partout et tout temps grâce à Internet, le cerveau humain aura moins tendance à la mémoriser.

Utiliser l’Internet pour accéder à l’information peut amener les gens à ne faire qu’un avec la toile, à perdre de vue où leur propre esprit se termine et où l’esprit d’internet commence.[5]

- Adrian F. Ward, University of Colorado

Omniscience des moteurs de recherche

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La capacité grandissante des moteurs de recherche grand public tels Google et Bing à retrouver de l'information précise leur donne un grand taux d'adoption et d'utilisation. Plus ils sont utilisés, plus ils sont peaufinés et optimisés, et ce, toujours dans le but d'en améliorer les résultats. En indexant une quantité toujours plus grande d'information numérique, les utilisateurs de moteurs de recherche ont accès à une énorme banque d'information, d'autant plus que cette banque est sauvegardée à plusieurs exemplaires, faisant d'elle une source stable. Les usagers sont donc portés à libérer de l'espace mental, sachant que l'information sera toujours disponible ailleurs.

Rapidité de l'accès à l'information

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Devant la loi de Moore, qui stipule que la complexité des microprocesseurs double environ chaque année, et devant l'augmentation continue des vitesses d'accès à Internet, l'accès à l'information devient de plus en plus rapide et accessible. Les appareils électroniques connectés à Internet sont de plus en plus nombreux, permettant ainsi un accès rapide et une plus grande proximité entre l'utilisateur et l'appareil électronique.

Changements dans l'organisation de la mémoire

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Une différence importante entre l'information gardée dans la mémoire humaine avant et après une externalisation concerne la nature de l'information mémorisée. Avant une externalisation, toute l'information doit être gardée dans la mémoire humaine, sans exception. Sinon, des données seront nécessairement perdues. Après une externalisation, le noeud de l'information est déplacé sur un support externe, puis, on garde en mémoire humaine seulement deux notions[6] :

  1. la nature de l'information à mémoriser (une étiquette, comme «le numéro de téléphone de Julie»)
  2. l'endroit ou l'emplacement où l'information est conservée («l'application Téléphone sur mon mobile»)

Cette réorganisation de la mémoire est confirmée par une étude du publiée dans le magazine Science en 2011, où il est noté que le cerveau humain se souvient du chemin pour accéder à une information plutôt que de garder en mémoire l'information elle-même.[7]

Perte de mémoire

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Une conséquence de se rappeler seulement le chemin à prendre pour accéder à une information (et non l'information elle-même) est le syndrome du «bout de la langue», décrit pour la première fois par le psychologue William James en 1890[8].

En programmant des rappels et des alarmes sur un téléphone intelligent, on délègue l'acte de mémorisation au support externe. Si on perd ce support, alors on perd aussi notre mémoire. Selon un docteur coréen, l'utilisation excessive des téléphones intelligents est une entrave au développement équilibré du cerveau. Les grands utilisateurs sont plus enclins à développer le côté gauche de leur cerveau, laissant alors le côté droit peu exploité.[9]

L'utilisation de cartes de navigation et d'appareils GPS est reconnue pour diminuer l'activité de l'hippocampe, une structure du cerveau qui joue un rôle centrale dans la mémoire et la navigation spatiale.[10]

Un sondage organisé par The Trending Machine trouve en 2013 que les Américains âgés entre 18 et 34 ans perdent la mémoire plus souvent que les personnes âgées. Ces trous de mémoire sont associés au niveau de stress que vivent les jeunes adultes occidentaux, notamment causés par la préparation aux examens, les entrevues professionnelles, les problèmes de couple, etc. En vivant dans un monde où la technologie met de l'avant le multitâche, et où tout est souvent catalysé par un manque de sommeil, il est facile de voir comment la mémoire est affectée négativement.[11]

Selon les circonstances, le niveau de stress d'un individu qui externalise sa mémoire vers un agent numérique peut augmenter ou diminuer. Pour une personne qui place beaucoup d'information personnelles sur un appareil mobile, par exemple, il peut devenir angoissant de perdre ledit appareil. Pour quelqu'un qui, au contraire, est victime de surcharge informationnelle, il peut être apaisant d'externaliser certaines informations pour libérer un peu d'espace mental et ainsi diminuer le niveau de stress.

Éducation

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Dans une étude conduite par le University College London en 2014, 88% des enseignants américains interrogés ont dit sentir que les étudiants d'aujourd'hui ont des aptitudes cognitives fondamentalement différentes à cause des technologies avec lesquelles ils ont grandi, et 87% des mêmes enseignants ont dit que l'utilisation à grande échelle était responsable de cette génération d'étudiants facilement distraits avec des capacités d'attention moindres.[2]

Notes et références

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  1. « Le numérique nous fait-il perdre la mémoire ? », sur CNRS Le journal (consulté le )
  2. a et b (en) Kathryn L. Mills, « Effects of Internet use on the adolescent brain: despite popular claims, experimental evidence remains scarce », Trends in Cognitive Sciences, vol. 18,‎ , p. 385–387 (ISSN 1364-6613, PMID 25064168, DOI 10.1016/j.tics.2014.04.011, lire en ligne, consulté le )
  3. (en-US) « Author Nicholas Carr: The Web Shatters Focus, Rewires Brains », sur WIRED (consulté le )
  4. (en) « The Rise and Impact of Digital Amnesia », sur blog.kaspersky.com, (consulté le )
  5. « Google: un substitut à la mémoire? », sur RIRE (consulté le )
  6. (en) Daniel M. Wegner, Transactive Memory: A Contemporary Analysis of the Group Mind, Springer New York, coll. « Springer Series in Social Psychology », (ISBN 9781461290926 et 9781461246343, lire en ligne), p. 185–208
  7. (en) Betsy Sparrow, Jenny Liu et Daniel M. Wegner, « Google Effects on Memory: Cognitive Consequences of Having Information at Our Fingertips », Science, vol. 333,‎ , p. 776–778 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 21764755, DOI 10.1126/science.1207745, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Classics in the History of Psychology », sur psychclassics.yorku.ca (consulté le )
  9. (en) « Digital Dementia: Could Smartphone Use Adversely Affect Memory And Cognitive Abilities? », sur iDigitalTimes.com (consulté le )
  10. (en) « Study suggests reliance on GPS may reduce hippocampus function as we age », sur phys.org (consulté le )
  11. (en) « Survey Shows Millennials Are More Forgetful Than Seniors | Business Wire », sur www.businesswire.com (consulté le )

Voir aussi

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