Utilisateur:PatrickVAM/Brouillon

Komnen Becirovic (Comnène Betchirovitch)  est un écrivain et journaliste serbo-français, né le 5 avril 1936 dans un monde patriarcal, quasi médiéval, de la région de la Moratcha  au Monténégro. Le monde endeuillé bientôt par la guerre civile fomentée par les communistes afin de mettre en œuvre les théories de Marx et Engels sur la dictature du prolétariat dans une société tribale et rurale.

Diplômé d’études de Littérature universelle à la Faculté des Lettres de Belgrade (1960), et en particulier passionné par les classiques français, il bénéficie d’une bourse d’études post universitaires, puis d’un poste d’enseignant dans la Chaire des Langues slaves à l’Université de Nancy. Poste dont il est démis, malgré un travail satisfaisant, par les autorités de Belgrade pour des raisons idéologiques, car n’étant pas  membre du Parti communiste. Bientôt, il réussit à s’installer à Paris où dans la seconde moitié des année 1960, il  réalise une série d’entretiens  jugés remarquables, parus principalement dans l’hebdomadaire belgradois Nin, avec toute une pléiade d’auteurs français de l’époque dont François Mauriac, André Malraux, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Jacques Prévert… Entretiens réunis tardivement dans le volumineux manuscrit Rencontres lointaines où Komnen Becirovic, en mémorialiste, retrace également son cheminement du fond des Balkans jusqu’à la grande métropole européenne, Ville Lumière, Paris. Occupé par d’autres activités, la disparition de L’Age d’Homme, son éditeur, y contribuant, ce manuscrit demeure toujours en souffrance. Si, toutefois, on excepte l’interview avec Malraux dont des extraits figurent dans le livre André Malraux ou la grandeur humaine (Paris 1996).

Bénéficiant de ses contacts littéraires et médiatiques parisiens, il lance en 1970  une campagne internationale contre le projet du régime communiste de détruire le sanctuaire du mont Lovtchène, symbole du Monténégro du fait qu’y reposaient  dans une humble église et d’après ses propres voeux, les cendres du barde  national serbe, Pierre Petrovitch Niegoch, prince-métropolite du Monténégro durant vingt années de sa vie brève (1813-1851). Or, le régime communiste yougoslave, mu par des motivations idéologiques et politiques, envisageait  la destruction de la chapelle couronnant la cime du Lovtchène et son remplacement par un monument aussi laid que gigantesque sans nul rapport avec la nature ni l’histoire. Malheureusement, il y parviendra malgré l’opposition nationale et internationale incluant des personnalités aussi prestigieuses que le grand philosophe chrétien Gabriel Marcel, le poète Pierre Emmanuel, le cardinal Tisserant ainsi qu’André Malraux lui-même. L’intervention du poète, romancier, critique d’art Jean Cassou, pourtant ami de la Yougoslavie titiste, n’y aida rien non plus.  

Par cette campagne Komnen Becirovic s’attira la disgrâce du pouvoir qui l’empêcha de se rendre en Yougoslavie durant tout un lustre. Cependant  avec la chute du communisme, il  rouvrit avec force la question de la montagne martyre en créant un Comité pour la restauration du sommet et du sanctuaire du mont Lovtchène (1990) dont la dynamique activité fut arrêtée par la dramatique désintégration de la Yougoslavie. Son livre Combat pour le mont Lovtchène de Niegoch (Podgorica 2002) en fait la somme. Enfin l’archiprêtre de l’Eglise Orthodoxe Serbe, mais  aussi grand intellectuel Jovan Plamenac composa une volumineuse anthologie des textes de Komnen Becirovic intitulée Un demi-siècle au service de l’autel du Lovtchène publiée en 2020 par l’Institut de la Culture Serbe du Monténégro. Dans une longue préface Komnen Komnen Becirovic y est qualifié du Chevalier du Mont Lovtchène. Aussi deux ans plutôt, en 2018, Komnen Becirovic, suite à l’intérêt d’un éditeur parisien,  avait rassemblé en volume intitulé Combat pour un sanctuaire tous les textes parus dans presse internationale, ainsi que sa correspondance. Cependant, l’éditeur semble avoir failli, puisque, ayant annoncé la parution du livre sur le réseau, l’ouvrage demeure indisponible.

Entre temps, Komnen Becirovic, publia dans Le Monde et ailleurs, ses Lettres des sanctuaires serbes, tels Stoudénitsa, Ostrog, Chilandari, qu’il visita, comme il dit, en pèlerin  à travers la Serbie éternelle. Nombre des Français prirent le chemin de ces hauts lieus, comme le témoignent les coupures du Monde montrées par les moines à l’auteur. Cependant, sa Moratcha natale se trouvant menacée par un projet du gouvernement yougoslave d’abord, monténégrin ensuite, de centrales hydrauliques supposant la construction des  barrages et la création des lacs artificiels dans la vallée de la rivière éponyme, Komnen Becirovic ne tarda pas d’entamer une  campagne  à laquelle  il donna également une  dimension  internationale, notamment en y associant le grand écologiste suisse Franz Weber, en vue de  sauvegarder cette magnifique région. En effet, des biens considérables de la nature et de la civilisation, tels le canyon de la Moratcha vieux de dizaines de millions d’années, véritable cathédrale d’éternité pour employer le mot de Franz Weber. Aussi les sites archéologiques préhistoriques, des plantes endémiques uniques sur la planète, le monastère médiéval de Moratcha à l’architecture et à l’art mondialement connus, allaient être engloutis ou dégradés par les eaux du déluge. Des ouvrages, tels que L’éternité menacée de la Moratcha (Paris 1997), La défense de la Moratcha contre le déluge (Podgorica 2002), de même que le poème épique Le spectre du déluge sur la Moratcha (Podgorica 2010),  enfin Le combat pour la sauvegarde de la Moratcha (Podgorica 2017)  témoignent de l’étendue d’engagement de l’auteur en faveur de la noblesse du monde, pour parler avec Malraux.

Le grand rôle joué dans ce combat aura été justement celui du célèbre écologiste suisse Franz Weber qui a sauvé nombre des biens de la nature et de la civilisation à travers le monde en commençant par le sanctuaire des Delphes d’Apollon. Répondant favorablement à l’appel de Komnen Becirovic, il s’est rendu déjà en 1990 à Moratcha,  accompagné par une douzaine des journalistes européens  qui en firent un écho favorable donnant à la question de Moratcha une dimension internationale.  Toujours est-il que par cette campagne la région de  Moratcha se trouva susceptible d’être inscrit dans le patrimoine mondial sous protection de l’Unesco, comme l’a affirmé du reste Irina Bokova, Directrice de l’Unesco, à Komnen Becirovic lors d’une rencontre. Seulement il fallait en poser la candidature par le gouvernement du Monténégro  ce que celui-ci refusait de faire persistant dans son projet néfaste.

Parallèlement à cette action, Komnen Becirovic s’investit énormément  dans  la défense de la cause du peuple serbe, objet tout au long du drame yougoslave, d’une injustice et d’une diabolisation sans précédent dans l’histoire du monde. Déjà en 1990, il lance dans Le Monde un cri prémonitoire, Justice pour les Serbes, qui ne cessera par la suite de se vérifier par le comportement de ladite communauté internationale. Son appel Pour la réconciliation paru l’année suivante également dans Le Monde, entre les  Serbes et les Croates que secouaient déjà les démons fratricides. Appel adressé à l’opinion et en particulier au pape Jean-Paul II afin qu’il libère les Croates de leur fardeau de Caïn  à savoir du génocide commis sur les Serbes durant la Deuxième guerre mondiale, fut accueilli à couteaux tirés par les Croates de la diaspora qui firent une telle pression sur le journal que Komnen Becirovic ne put désormais y publier une seule ligne. Et lorsque ces derniers firent paraître l’ouvrage calomniateur Le nettoyage ethnique, une idéologie serbe (Paris 1992), rédigé par trois activistes croates en France, Mirko Grmek, Neven Simac et Mark Gjidara, mettant en cause les plus hautes figures de l’histoire et de la culture serbes  jusqu’à traiter le poète Niegoch de chantre du génocide en pervertissant ses appels au combat contre l’envahisseur séculaire turc en appels au nettoyage ethnique.  Il composa une imposante Apologie de Niegoch, démontrant que toute une pléiade des Croates parmi les plus éminents avaient adulé Niegoch à l’instar d’un dieu.

La propagande la plus outrancière continuant de sévir durant la guerre de Bosnie, une autre grande figure serbe et yougoslave, l’écrivain  Ivo Andritch, prix Nobel de littérature (1961), se trouva en butte  aux  calomnies venant, cette fois-ci, des musulmans bosniaques. Ils l’accusèrent, et certains de leurs  auxiliaires à l’Ouest, comme Paul Garde, reprirent  cette accusation, d’avoir dans ses récits trop noirci l’époque du règne ottoman en Bosnie. Là encore, Komnen Becirovic dans son Apologie d’Andritch s’éleva contre le révisionnisme dont faisait l’objet l’auteur du Pont sur la Drina,  en démontrant notamment que la  dhimitude, la décapitation, le supplice du pal, le tribut du sang, pratiques très en usage  en Bosnie ottomane, ne pouvaient nullement être considérées comme les vertus du paradis multiethnique  qu’aurait été cette Bosnie d’après les idolâtres islamo-bosniaques du type Bernard-Henri Lévy et consorts.  

Toujours est-il que, interdit dans Le Monde, Komnen Becirovic continue de se faire entendre  dans Le Quotidien de Paris par des textes de la même veine comme  Le naufrage de la conscience, La tentation du mal,  Les risques de l’apocalypse, Kosovo, une question de civilisation, autant de titres qui s’avéreront  prophétiques. Puis, quand ce journal cesse de paraître, il  le fait dans le mensuel Balkans Infos fondé en désespoir de cause, en 1996, par quelques intellectuels français et serbes avec Louis Dalmas, doyen du journalisme français, en tête. Véritable foyer de la résistance au conformisme et au fléau de la pensée unique, comme précisément Komnen Becirovic intitula l’un de ses textes dénonciateurs de ce mal. Le général Pierre-Marie Gallois, héros de la Seconde  guerre mondiale, père de la force de dissuasion française, éminent politologue  et analyste des événements du monde, faisant  partie de cette équipe, se révélera comme l’une des consciences, certes rares, de la France et de l’Occident durant le douloureux drame yougoslave. Et bien que la doxa  tenait également la télévision sous son emprise, Komnen Becirovic avec  quelques-uns de ses compagnons serbes et français  réussira à s’y produire et à y faire des vagues dans la mer morte de la pensée unique.

En 2001, il publie en feuilleton le grand écrit polémique Les Impostures d’Ismail Kadare mettant en évidence les affabulations de l’écrivain  albanais qui  n’avait pas hésité de dans Le Monde de  qualifier la  terre du Christ par excellence, la Jérusalem serbe qu’est le Kosovo, de berceau du crime! Dans ce climat de mensonge qu’il qualifie  de la  peste de l’âme, Komnen Becirovic lance lors d’une prestation, en 2005, à la tribune  de l’Association de la Presse Etrangère dont il est membre: Seule la vérité peut sauver le monde ! paraphrasant le mot de Dostoïevski : Seule la beauté peut sauver le monde. La même année, à la suite des révolutions colorées en Géorgie et en Ukraine fomentées par l’Ouest  afin d’affaiblir la Russie, il publie, toujours dans Balkans-Infos, rebaptisé entre temps  BI, de larges extraits  de son fervent Plaidoyer pour la Russie, en prenant en particulier pour cible l’idéologue de l’hégémonie  américaine sur le monde, Zbigniew Brzezinski, qu’il traite de  Méphisto de l’Amérique.

Il avait déjà traité de cette conspiration permanente de l’Occident contre la Russie dans sa longue missive prémonitoire aux frères russes intitulée Démocratie comme malédiction, parue en 1993, où Komnen Becirovic  procédait à la mise à nue de l’usage de la démocratie et des droits de l’homme à des fins subversives. Stratégie néfaste qui était déjà en cours d’application dans les Balkans et qui ne cessera de s’amplifier, jouant sur la prétendue violation des droits de l’homme, sur les antagonismes historiques ethniques et religieux, sur l’encouragement aux divers fanatismes, sur l’incitation des minorités politiques ou ethniques à la révolte, le tout pour générer les chaos. Une fois le chaos semé et les feux de  la  discorde  allumés, on se lance, sous  prétexte  d’y remédier, dans des guerres apocalyptiques contre certaines nations, notamment contre la Serbie, contre l’Afghanistan, contre l’Irak, contre la Libye ou bien on y orchestre un véritable enfer comme en Syrie. La barbarie de la civilisation, le totalitarisme de la démocratie, l’inhumanité des humanistes, ainsi  a nommé  Komnen Becirovic, lors de la guerre du Kossovo, ces aberrations des  coryphées des droits de l’homme et de la démocratie.

Et justement, à la veille de l’agression de l’Otan contre la Serbie, le 24 mars 1999, il  adressa, dans Le Figaro du 15 mars, l’appel  cosigné par l’écrivain Vladimir Volkoff et l’historien d’art André Guillou, dans lequel il exprime ses appréhensions  devant  la destruction tant des êtres humains que des biens matériels et des monuments de civilisation que provoquerait la guerre.  Appréhensions qui ne  tardèrent  pas  à  se traduire dans  la triste réalité: des milliers de morts et de  blessés, un quart de million de Serbes du Kossovo forcés à l’exode, le patrimoine de la province  réduit en ruines, l’environnement à jamais pollué par l’uranium appauvri et d’autres substances toxiques.

Le résultat de cet engagement illimité de Komnen Becirovic, est sa vaste Trilogie kossovienne dont le premier volet, Le Kossovo dans l’âme (2001), est constitué de ses articles, ses discours, ses interviews, ses appels au cours de la décennie 1990; le second,  Le Kossovo de l’absolu (2007), traite de l’art sacré des églises du Kossovo de l’époque médiévale, ainsi  que  de l’épopée du Kossovo, inspirée par la fameuse bataille entre les Serbes et les Turcs en 1389, et  qui figure dans les anthologies de la poésie universelle; enfin le troisième, Le Kossovo sur le  calvaire (2009), qui  démontre, preuves à l’appui  à travers  les sources historiques les plus diverses, l’emprise albanaise sur  le  Kossovo à l’ombre des tyrannies  successives, turco-féodale, germano-italienne fasciste, communiste titiste et mondialiste droit-de-l’hommiste.

Ces livres où Komnen Becirovic se révèle également historien, ont fait l’objet de présentations très réussies, en particulier Le Kossovo de l’absolu à la Sorbonne. Ils figurent  intégralement sur le réseau global de même qu’y sont de nombreuses vidéos ayant trait à  son multiple combat.


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