Utilisateur:Serendipitas/Brouillon

Les expéditions de La Recherche en 1835 et 1836 sont deux expéditions maritimes françaises dans l'Atlantique Nord à bord de la corvette La Recherche. Elles furent dirigées par le Commandant Tréhouart du au et du au .

Leur objectif était triple. Partir à la recherche du brick de guerre La Lilloise disparu dans le détroit du Danemark au cours de l'été 1833, assurer la protection des navires de pêche, et accroître les connaissances scientifiques de l'Islande[1].

La canonnière-brick La Lilloise ne sera jamais retrouvée, mais ces expéditions permettront d'améliorer considérablement les connaissances sur l'Islande en termes de botanique, géologie, et zoologie. La Recherche repartira en expédition en 1838 afin de poursuivre les découvertes en Arctique.

Préparation

modifier

Contexte

modifier

La canonnière-brick La Lilloise armée de huit canons avait quitté Dunkerque le avec 75 hommes à son bord. Elle est commandée par Jules Poret de Blosseville, navigateur expérimenté chargé de protéger les morutiers français au large de l'Islande tout en empêchant d'éventuelles mutineries, la Chambre de commerce de Dunkerque se plaignant « de l'indiscipline des équipages ». Il était également chargé de réaliser des observations magnétiques en haute latitude sur ordre de Henri de Rigny, officier de marine et spécialiste des entreprises scientifiques dans la marine[2]. Après une escale sur la côte nord de l'Islande, le navire fait route vers le Groenland, (où ils parcourent à pied 40 kilomètres dans les terres jusqu'à atteindre 68° 56′ N, 27° 20′ O) où Jules de Blosseville fera un ensemble de découvertes en atteignant le le sud de la zone précédemment découverte par Scoresby, l'explorateur Georg Carl Amdrup baptisera ce lieu la côte de Blosseville en 1900[3]. Bien que renforcé au niveau de la coque, le navire se révèle inadapté à l'environnement austral en raison d'une voilure trop haute pour son tonnage, et sera forcé de revenir en Islande pour consolider la structure[4]. Le commandant exprimera ensuite son souhait de retourner au large du Groenland dans une lettre du 4 août, date du dernier signe de vie reçu de la part de l'équipage.

La délivrance de John Ross ayant séjourné pendant trois ans dans les glaces polaires lors de sa seconde expédition en Arctique laisse entrevoir l'espoir de retrouver l'équipage de La Lilloise[5]. Sous ordre du ministre de la Marine et le conseil de John Ross, la canonnière-brick La Bordelaise est appareillée le 7 mai 1834, avec à sa tête le lieutenant Pierre-Gervais Dutaillis. Malgré quatre mois d'enquête, aucun indice tangible quant à la disparition de La Lilloise ne sera récolté, bien que L'Enviée ou la Gabrielle assurent avoir aperçu fin août un bâtiment sous pavillon français dans les mers australes. Dutaillis ne verra aucun intérêt à de nouvelles recherches, dont il aurait dit en août 1834 : « Je renonce désormais à toute espérance, et ne veux plus me laisser bercer par elle. Il est noyé celui que nous cherchons, et la mer se rit de nos vains efforts. Adieu donc ![6] »

Le , la proposition du député François Arago permet de mettre en place une récompense de 100 000 francs pour tous marins qui retrouveront l'équipage[7], une somme jugée relativement faible. En parallèle, se prépare l'expédition de La Recherche de 1835 qui aura également pour mission de retrouver la trace de La Lilloise.

Personnel

modifier

Les expéditions de 1835 et 1836 sont dirigées par le lieutenant de vaisseau François Thomas Tréhouart. L'état-major se compose de Massias (lieutenant de frégate, second), Troudet (lieutenant de frégate), Mequet (lieutenant de frégate), Malmanche (lieutenant de frégate). L'équipage est composé en quasi-totalité de matelots de Dunkerque, qui composaient également l'équipage de La Lilloise grâce à leur réputation dans la pratique de la navigation au large de l'Islande.

En plus de l'équipage traditionnel, deux naturalistes se joignent à l'aventure. Joseph Paul Gaimard occupe le poste de chirurgien-major mais a également comme mission d'explorer l'île sous ses aspects zoologiques, médicaux, et statistiques. Il est accompagné de Eugène Robert, en charge de la géologie, la minéralogie, et la botanique[8].

Lors de la seconde expédition en 1836, ils sont rejoints par d'autres scientifiques pour former la commission scientifique du nord constituée de Victor Lottin, le peintre Auguste Mayer, le météorologue Raoul Anglès, le zoologiste Louis Bévalet, et Xavier Marmier en charge de la littérature islandaise[9].

La Recherche est une corvette française, une ancienne gabarre nommée La Pourvoyeuse[10]. Afin de naviguer dans les terres australes, le navire est consolidé par un second doublage en bois, dit soufflage, le tout bardé de fer[11].

Chronologie

modifier

Expédition de 1835

modifier
Carte de la route de la corvette La Recherche commandée par M. Tréhouart Lieutenant de vaisseau en 1835

Islande

modifier

La Recherche quitte Cherbourg le et atteint Reykjavik le . Sur conseil du sous-gouverneur Ólafur H. Finsen, Tréhouart se rend le à Dyrafjordur au nord de l'Islande afin de rencontrer le ministre de la religion qui avait renseigné le capitaine Dutaillis[12]. Les recherches se révèlent infructueuses. Tréhouart poursuit ses visites dans les différents golfes islandais, Dyrafjordur Önundarfjörður, Breidafjördur pour atteindre Ólafsvík le et débarquer à Grundarfjörður peu après pour retrouver Gaimard qui devait par la suite explorer le golfe. Il rejoint par la suite le nord de l'île là où La Lilloise aurait été vue sombrer en vain. Il décide alors d'aller au large des côtes du Groenland, où La Lilloise faisait probablement route afin de poursuivre l'exploration.

Groenland

modifier

Le capitaine eut un temps clément jusqu'à bien qu'il ne s'approchait pas à moins de 80 kilomètres des côtes pour ne pas se faire piéger par la glace. Il se décide enfin de rejoindre Frederickhab (actuel Paamiut), atteignant le cap Farvel le 12. Il fait alors face à une banquise particulièrement importante qui l'empêche de se rapprocher davantage des côtes, tout ne disposant que de cartes très sommaires. Il choisit de faire demi-tour le au niveau du cap Désolation et atteint l'Islande le 24.

Islande

modifier

Le capitaine fait escale à Dyrafjordur le lendemain pour réparer les diverses avaries. Il reprend la mer le pour surveiller les navires de pêche avant de rejoindre Gaimard à Reykjavik. Gaimard et Robert auront profité de ces nombreuses semaines pour explorer l'ouest de l'île, afin de recueillir des informations sur La Lilloise mais également de collecter plusieurs artefacts à but scientifique. Ils ramèneront entre autres 40 caisses d'animaux divers plongés dans l'alcool pour la conservation, 3 000 échantillons géologiques, 600 plantes, 11 animaux vivants, des vêtements, des livres. Le navire repart le et atteint Cherbourg le [12].

Expédition de 1836

modifier

Islande

modifier

La Recherche quitte Cherbourg le et atteint Reykjavik le . La commission scientifique débarque pour explorer l'île. Deux jours après, Tréhouart fait route vers le nord-ouest de l'île pour surveiller les navires de pêche environnants. Le , il fait route vers la côte occidentale du Groenland en longeant la côte orientale afin de rencontrer à Paamiut le capitaine de la marine danoise Wilhelm August Graah sur le conseil de Lorentz Angel Krieger, gouverneur de l'Islande. Le navire passe le cap Farvel le [12].

Groenland

modifier

Il atteint son objectif le après avoir passé deux semaines à louvoyer entre la glace jusqu'à être parfois bloqué plusieurs jours. Ne sachant précisément où se trouve Paamiut, il tire plusieurs coups de canon jusqu'à ce que se présente à eux un Inuit dans sa pirogue. Après quelques timides signes d'amitié échangés, l'Inuit repart sur la terre pour apporter de l'aide afin de débarquer[13]. Une fois arrivé, le capitaine apprend dans un premier temps que Graah se trouve à Gothab (désormais Nuuk) et lui envoie une lettre en attendant son retour. Il fait inspecter la carène du navire et constate une échancrure de deux pieds au-dessous de la flottaison mais il ne dispose pas des moyens nécessaires à la réparation. Le 19 juillet il apprend que Graah et le directeur-général du Groenland sont partis faire une tournée dans le nord et seront indisponibles pour au moins un mois. Il choisit donc de retourner en Islande. Il quitte Paamiut le et atteint Dyrafjordur le sans encombre. Le navire fait le plein de vivres, avant de repartir le . Il rejoint les navires de pécheur le long de la côte islandaise avant d'atteindre Reijkjavik le .

Islande

modifier

Depuis début juin, Gaimard et les membres de la commission scientifique ont exploré le sud, l'est, puis le nord de l'île, parcourant plus de 2 000 kilomètres[13]. Ils rejoignent le navire le et quittent Reykjavik le . Ils atteignent Cherbourg le .

Découvertes

modifier

Géographie

modifier

Botanique

modifier

Zoologie

modifier

Postérité

modifier

Le , l'équipage de La Lilloise est définitivement rayé des listes de la marine, l'espoir de les retrouver étant quasi-nul, cette procédure est réalisée avant la période de cinq ans usuellement requise[2].

Notes et références

modifier
  1. Roland Le Huenen, « Les deux voyages de la corvette « La Recherche » en Islande et au Groenland de 1835 et 1836 », Viaggiatori, vol. 3, no 1,‎ , p. 69–86 (ISSN 2532-7623, DOI 10.26337/2532-7623/LEHUENEN, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b France, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlements et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies..., Imprimerie royale, (lire en ligne)
  3. J. G., « Le Centenaire de la découverte de la Terre de Blosseville », Annales de géographie, vol. 44, no 248,‎ , p. 223–224 (lire en ligne, consulté le )
  4. J. G., « Le Centenaire de la découverte de la Terre de Blosseville », Annales de géographie, vol. 44, no 248,‎ , p. 223–224 (lire en ligne, consulté le )
  5. Henri (18-18 ; auteur d'ouvrages pour la jeunesse) Auteur du texte Lebrun, Abrégé de tous les voyages au pôle nord : depuis les frères Zeni jusqu'à Trehouard (1380-1836) (5e éd.) / par Henri Lebrun,..., (lire en ligne)
  6. Bajot, M., Annales Maritimes et coloniales: Partie officielle 1835, 20e année, 2e série. Recueil de lois et ordonnances royales, Règlemens et décisions ministérielles, mémoires, observations et notices particulières contenant tout ce qui peut intéresser La Marine et les colonies sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques consulaires et commerciaux, Imprimerie Royale, (OCLC 1227362071, lire en ligne)
  7. Dominique LE BRUN, Arctique - L'histoire secrète, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-258-15181-9, lire en ligne)
  8. Histoire du voyage / par Paul Gaimard, (DOI 10.3931/e-rara-11471, lire en ligne)
  9. Numa Broc, Dictionnaire illustré des explorateurs et grands voyageurs français du XIXe siècle : Amérique, Editions du C.T.H.S., (ISBN 978-2-7355-0391-9, lire en ligne)
  10. Amédée Gréhan, La France maritime, Paris, Postel, , 408 p. (ISBN 9781534750951)
  11. Alexandre (1797-1843) Auteur du texte Barginet, Dictionnaire universel et raisonné de marine , par une société de savans et de marins, sous la direction de A.-S. de Montferrier,..., (lire en ligne)
  12. a b et c Société de Géographie, Bulletin de la Société de Géographie, Paris, Arthus-Bertrand,
  13. a et b « Le Magasin pittoresque / publié… sous la direction de M. Édouard Charton », sur Gallica, (consulté le )