Utilisateur:Victoria GURINA/Brouillon

Non reconnu par son père et sa mère vivant à l’étranger, Roch Stephanik, passe une partie de son enfance au sein de la colonie russe de Bruxelles, élevé par sa grand-mère apatride, immigrée russe ayant fuit adolescente la Révolution, qui travaille à domicile en tant que brodeuse, et son grand-père apatride bulgaro-ukrainien, traducteur de sous-titres de films, brocanteur et turfiste invétéré. Au retour de sa mère en Europe, il poursuit ses études secondaires à Paris, mais les interrompts prématurément pour se lancer à seize ans dans la vie active et prendre ainsi son indépendance. Il loge d’abord dans un petit hôtel au mois, puis dans un meublé qu’il coloue avec son complice de lycée et de ses "400 coups", Paul Blain, fils du cinéaste Gérard Blain par qui il apprend par hasard à douze ans que son père, qu’il croyait mort, est toujours en vie et habite à quinze minutes de chez lui. Coursier pendant six mois, vaguement "acteur" dans quelques spots publicitaires, passionné de cinéma, il fait son apprentissage cinématographique en autodidacte en voyant énormément de films. Il effectue des stages (montage, laboratoire, etc) et travaille très jeune comme assistant réalisateur, obtenant sa carte professionnelle de 1er Assistant du C.N.C. à vingt et un ans, puis, arrêtant rapidement "l’assistanat", comme réalisateur 2ème équipe, ce qui lui permet de faire ses premières armes au cadre.

Il se consacre très vite à ses propres projets et signe la réalisation d’un documentaire, « New-York Marathon », diffusé à la télévision, suivi d'un premier court-métrage de fiction, « Un Tour Au Bois », avec pour acteur principal Florent Pagny, qui est sélectionné dans plusieurs festivals et se voit attribuer le Label de Qualité du C.N.C. Pour gérer ses projets, il fonde une société de production qu’il baptise Ista Films, du petit nom de sa grand-mère.

Son deuxième court-métrage, « Bisbille », qu’il écrit et réalise grâce à une subvention du C.N.C., avec pour interprètes Valéria Bruni-Tedeschi et Roch Leibovici, remporte un grand succès : sélectionné dans une vingtaine de festivals internationaux, il est récompensé par le Grand Prix du Court-Métrage au Festival de Cannes (Perspectives du Cinéma Français), le Grand Prix (Héron d'Or) du Festival International de Montécatini en Italie, un prix au Festival de Grenoble, un Prix au Festival International de Tampère en Finlande, le Prix Georges de Beauregard, et reçoit une Prime à la Qualité du C.N.C. Le film, très visuel et formel, raconte le coup de foudre d’un garçon collectionneur de billes bleues par milliers jusqu’à l’obsession, pour une fille aux yeux bleus, qu’il va vouloir "collectionner" tout comme ses billes en la séquestrant. Il bénéficie d’une large diffusion en France (T.V. et 90 Salles en première partie de programme), et est vendu dans une dizaine de pays (Japon - Gaga Corporation, Allemagne - Tobis Films, Espagne, USA, Canada, Australie...) Comparé par certains critiques à un fantasme de Cocteau, notamment par une séquence où plus d’un million de billes bleues dévalent sans trucage l’escalier d’un vieil immeuble, en poursuivant l’héroïne (Valéria Bruni-Tedeschi), le film, radical dans son esthétique, fait aussi l’objet de projections dans des manifestations d’art contemporain.

Roch Stephanik reçoit le Prix du Meilleur Jeune Créateur dans la catégorie Cinéma à "La Nuit des Jeunes Créateurs" (Fondation Pierre Cardin-La Générale d’Images) et la Médaille de la Ville de Paris, avant d'être choisi par la First Film Foundation (Timothy Burril) à Londres et la Fondation Tribeka (Martin Scorcese & Robert de Niro) à New-York, pour participer avec six autres réalisateurs représentant chacun un pays d’Europe, à l'opération "New Directions", visant à promouvoir le jeune cinéma européen issu du court-métrage, auprès de décideurs du cinéma outre-atlantique.

Il écrit un scénario, « Les Orphelins », ‘thriller amoureux’, traitant des antagonismes culturels "Est-Ouest" et de la quête d’identité, un de ses thèmes de prédilection, développé par Ista Films avec le soutien de la First Film Foundation, de l’European Script Fund, du Programme Media, et de l’Aide à l’Ecriture du C.N.C. Le scénario est finaliste du Grand Prix du Meilleur Scénariste et Lauréat de la Fondation Gan pour le Cinéma, mais son atypisme et le fait que les rôles principaux doivent être tenus par des adolescents inconnus, font que le film ne parvient pas à se financer.

Roch Stephanik écrit et réalise ensuite son premier long-métrage, « Stand-By », avec pour interprètes Dominique Blanc, Rochdy Zem, Patrick Calalifo, Jean-Luc Bideau. Ce film conceptuel (sorte de gigantesque huis clos dans un aéroport), développé et coproduit par Ista Films, produit par Maurice Bernart en coproduction avec StudioCanal, raconte la métamorphose d’une femme effacée vouée à son mari, qui après s’être fait brutalement plaquée alors qu’ils allaient prendre l’avion pour s’installer à l’étranger, se transforme en séductrice, prostituée de haut vol, au sein même de l’aéroport qui l’a vu sombrer, reprenant ainsi confiance en elle et en sa féminité. Avec ce film, Roch Stephanik souhaite parler de la résilience, autre thème cher au cinéaste, convaincu que les épreuves les pires peuvent décupler nos forces et nous propulser vers quelque chose de plus positif qu’auparavant.

Le formalisme visuel et sonore assumé du film est là pour servir et transcender le "fond" sans aller dans "l’esthétisant gratuit", ce qui correspond à l’idée même que Roch Stephanik se fait du cinéma, à savoir une "forme forte", avec de vrais partis pris, qui doit interpeller et "happer" le spectateur, tout en restant en cohérence parfaite avec le "fond" que raconte le film. Plébescité par une grande partie de la critique (Le Monde, Positif, Le Figaro, Ciné Live...), sélectionné dans une quinzaine de festivals internationaux, « Stand-by » est primé au Festival des Films du Monde de Montréal par le "Prix du Meilleur Premier Long Métrage de Toutes les Sélections du Festival - Mention Spéciale du Jury", et reçoit également le "Grand Prix du Meilleur Film" (Cerf d'Or) du 30ème Festival International du Film de Kiev, le Prix International de la F.I.C.C, le "Prix de la Meilleure Bande Sonore" et la "Mention Spéciale pour la Meilleure Contribution Artistique" au Festival International du Film de Buenos Aires, le"Grand Prix" du Festival Euro-Americain d’Avignon, ainsi que le "Prix de la Mise en Scène" remis par Michelangelo Antonioni, et le "Prix d'Interprétation Féminine" au 24ème Festival International du Film du Caire, dont le Jury est présidé par Roland Joffé. « Stand-by », qui se voit attribuer l’Avance sur Recettes Après Réalisation du C.N.C, reste à l’affiche près de trois mois à Paris, notamment à l’UGC Ciné Cité Les Halles, mais engendre globalement peu d’entrées, étant donné son faible nombre de salles et la quasi absence d’écrans en province. Nominé par l'Académie des César lors de la 26ème Nuit des Cesar du Cinéma dans deux catégories, "Meilleure Actrice" et "Meilleure Première Oeuvre de Fiction", le film est récompensé par le "César de la Meilleure Actrice" pour Dominique Blanc, et ressort à cette occasion une deuxième fois en salles. Roch Stephanik reçoit par ailleurs pour ce film, le "Prix Cyril Collard - ARTE" du meilleur premier film francophone de l’année, ainsi que le prix "Nouveau Talent Cinéma" de la Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques. « Stand-By » réalise par la suite une excellente audience sur Canal+ à 20H30 (1,6 millions), puis sur Arte, où il fait un des meilleurs scores de l’année pour un film en première partie de soirée. Cinq ans plus tard, il fait l’objet d’une demande de Remake outre-atlantique, mais les droits ne sont finalement pas cédés. Le film se retrouve ensuite au programme d’étude de plusieurs écoles de cinéma dont la Fémis et l’Université de Buenos Aires, notamment pour le travail de sa bande sonore hors du commun dont la création a été assurée conjointement par Valérie Deloof et Roch Stephanik, qui a eu pour parti pris de ne pas faire composer une vraie musique de film.

Parallèlement à la Fiction, Roch Stephanik, sous contrats d’exclusivités à Paris et à Londres pendant plusieurs années, réalise des films publicitaires (Fiat, Epéda…) et des clips musicaux (pour Warner, East West, EMI…) en France et à l'étranger, notamment en Angleterre et aux U.S.A., dont certains sont primés, tel un film qu’il signe en France pour l’Association France-Alzeimer, qui est récompensé par un Epica de Bronze et fait l’objet d’une projection officielle à l’Assemblée Nationnale devant les membres du gouvernement. Lors de ces nombreux tournages, Roch Stephanik se plait à collaborer avec des équipes techniques de divers pays aux méthodes de travail différentes, tout en étant son propre cadreur, expérimentant ainsi toutes sortes de techniques et de types de plans, alternant tournages "road movie" en petite équipe et tournages en studio avec grosses équipes et constructions de décors.

Après un grave accident de moto qui l’immobilise plus d’un an, et un certain temps consacré au développement d’un film de commande pour le cinéma, qu’il doit tourner en anglais à l’étranger, mais qui ne concrétise pas, Roch Stephanik revient à des projets plus personnels en écrivant et développant avec Ista Films, une forme de trilogie, trois long-métrages ayant pour thématique commune "la résilience et la métamorphose identitaire".

Par ces trois films totalement indépendants des uns des autres, Roch Stephanik continue ainsi à explorer, comme dans « Stand-By », son goût prononcé pour les parcours spectaculaires de gens "normaux" et leur changement de vie radical, dont le détonnateur est un violent choc/traumatisme émotionnel qu’ils ont subit.

Roch Stephanik est membre de la S.A.C.D. (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), de l’ARP (Société Civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs), d’Unifrance Films, et de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma.