Wikipédia:Lumière sur/Le Château d'Indolence

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Fontaine d'Indolence, toile de J. M. W. Turner (1834).
Fontaine d'Indolence, toile de J. M. W. Turner (1834).

Le Château d'Indolence (The Castle of Indolence, an Allegorical Poem, Written in Imitation of Spenser en anglais) est un poème de James Thomson (1700-1748) paru en 1748.

L'œuvre comprend deux chants : l'un est essentiellement consacré à la description du château, de ses hôtes et de la vie qu'on y mène, l'autre apporte une contre-partie mettant en scène le chevalier des Arts et de l'Industrie qui lutte contre l'indolence et vainc les maux que recèle cette fausse volupté. Ainsi, le poème se transforme peu à peu en sermon sur le devoir chrétien et l'exhortation à la tâche, et devient même une allégorie du progrès matériel, et par conséquent, spirituel, sans pour autant perdre son caractère ludique — ou politique — et son foisonnement verbal.

Les commentateurs modernes apprécient davantage la manière dont le sujet a été traité que le sujet lui-même, sans doute fidèles à l'idée que le poète se fait de son œuvre. En effet, s'il peut donner l'impression de désinvolture lorsqu'il écrit sa leçon didactique, il apporte un soin extrême à son expression poétique. Il s'agit là d'un art conscient, d'apparence facile mais d'un naturel acquis et très travaillé. À ce titre, Le Château d'Indolence fait date dans la littérature anglaise, moins que Les Saisons (1730), mais au même titre qu'elles. Un débat s'est ouvert : Thomson est classique, mais il annonce de façon parfois appuyée le romantisme, si bien qu'il paraît égaré en un demi-siècle soumis au dogme défini par Alexander Pope et se situe à la croisée de chemins encore mal tracés, comme au confluent de deux rivières.

Quoi qu'il en soit, l'expression poétique adoptée est trop complexe pour se réduire à une seule formule : tantôt originale, tantôt empruntée, parfois un témoignage de fidélité ou bien une escapade littéraire solitaire, l'œuvre pose beaucoup de questions. La vocation poétique de Thomson a été préparée et cultivée par de nombreuses références et il s'y est pris à plusieurs fois pour écrire son Château d'Indolence : lorsqu'il le termine en 1748, il a eu le temps d'être marqué par son époque, des maîtres, un tempérament affirmé et un passé littéraire.

De plus, les différents procédés stylistiques qu'utilise Thomson dans son poème dépassent la seule dimension rhétorique, car s'y ajoute une attention poussée aux variations métriques et à la séquence des sons qui, par le jeu des assonances et des allitérations, s'harmonisent ou se heurtent en une savante chorégraphie verbale.