Alfred Martin (peintre)

peintre, graveur et illustrateur belge (1888-1950)

Alfred Martin, né le à Liège et mort le dans sa ville natale, est un peintre, aquarelliste, graveur et dessinateur belge.

Alfred Martin
Alfred Martin (photographie publiée dans le no 26 de la troisième année du journal Le Cri de Liège du ).
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 62 ans)
LiègeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Alfred Dieudonné Joseph Eugène MartinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Maîtres

Biographie

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Alfred Dieudonné Joseph Eugène Martin naît le [1],[2] à Liège, fils de Mathieu Alfred Martin et Marie Marguerite Josephine Houtain[3]. Il suit des cours du soir à l'Académie royale des beaux-arts[4], où il est l'élève d'Adrien de Witte, d'Auguste Donnay et d'Émile Berchmans[2],[5],[6],[7]. Il est également conseillé par Armand Rassenfosse[7]. À ses débuts, il réalise surtout des pastels et des dessins[4].

Après ses études, il voyage en Espagne et en Italie[2],[4],[5],[7],[8], et, de retour à Liège, il représente à l'huile et l'aquarelle[2]« avec beaucoup de fermeté, avec un réalisme souvent appuyé mais non dépourvu d'émotion, de préférence les coins les plus typiques de vieux villages et de villettes »[2]. Il voyage également en Hollande[4],[5],[7],[8].

Il devient membre du Cercle royal des Beaux-Arts de Liège en 1913, du Cercle Artistique et Littéraire à Gand en 1922 et du Kunst en Kennis, également situé à Gand, en 1946[7]. Il réalise en 1920 un triptyque pour la Basilique Notre-Dame de Chèvremont puis un autre en 1926 pour l'église Saint-Denis à Liège[4],[5],[6],[7],[8],[9]. Il séjourne souvent en Ardenne et y peint de nombreux paysages[7],[10],[11].

Alfred Martin décède le [1] à Liège.

Style et techniques artistiques

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Artiste polyvalent, il utilise au long de sa carrière la peinture à l'huile, l'aquarelle, le dessin, l'illustration et la gravure, dans des genres tels que le paysage, la marine, le portrait et le nu[2],[4],[5],[6],[7],[12],[13]. En gravure, il expérimente avec l'eau-forte, la gravure sur bois, le vernis mou, la xylographie et l'aquatinte[14],[4]. Ses illustrations sont principalement pour des livres sur le folklore régional[4],[7],[9].

En 1930, Jules Bosmant s'interroge : « En somme, à quels caractères généraux reconnaît-on les productions de Martin, quel que soit le genre auquel elles appartiennent ?[8] » Il poursuit et selon son appréciation :

« Trois particularités les distinguent : leur beauté linéaire, leur don d'évocation et ce que nous appellerons leur valeur folklorique, étant bien convenu de donner à ce mot un sens élargi qui fasse entendre que le peintre, non uniquement sensible à la couleur et à la lumière, a deviné sous l'apparence l'âme et la vie des choses. L'opposant à celle de Heintz ou de Fabry, il peint l'Ardenne des villages, des routes et des ponts, l'Ardenne pittoresque qui raconte et détermine plutôt qu'elle ne suggère. Ses tableaux fixent le paysage dans l'espace et le temps. Enfin le personnage (dans la toile la plus significative à cet égard, c'est un paysan sur ses terres) achève aujourd'hui de donner à l'œuvre son sens humain et moral[15]. »

Illustrations du livre Curiosités historiques de la Wallonie de Théodore Gobert (1914)

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L'ouvrage Curiosités historiques de la Wallonie de Théodore Gobert[16], qui est archiviste provincial et auteur de plusieurs autres ouvrages dédiés à l'étude des rues, des eaux et des fontaines publiques de la ville de Liège, est présenté dans le journal Le Cri de Liège du et, pour l'auteur de l'article, il « constitue en faveur de notre pays une sorte de revendication de grandeur dans l'autrefois ; mais l'enthousiaste Wallon qui la soutient apporte dans son plaidoyer les arguments les plus irréfutablement établis »[17]. Alfred Martin réalise divers illustrations pour le livre en question[17].

La place du marché vers 1720, 1914 (illustration du livre Curiosités historiques de la Wallonie de Théodore Gobert)[16].

L'article pointe que, bien que « l'ouvrage qui nous occupe prend une allure nettement scientifique »[17], « il s'engendra aussi d'une âme fervente et le savant apparaît moins comme un rhéteur qui démontre sa thèse que comme un citoyen qui exalte sa ville, ou un fils qui défend sa mère »[17]. Le Cri de Liège poursuit et remarque qu'Alfred Martin a bien compris l'auteur, sachant « mettre dans ses tableaux la note de sentiment sans laquelle n'existerait aucune chose de Wallonie »[17] et « il sut aider l'un de nos plus actifs archéologues à nous transporter dans l'atmosphère exaltante de notre passé, pour que s'illumine d'une gloire nouvelle la race des valeureux enfants de Wallonie »[17].

Au sujet de l'illustration La place du marché en 1720 reproduite dans le journal, l'auteur de l'article, exerçant de guide local, commente :

« Et voici l'aspect que présentait en 1720 notre place du Marché. Toute l'histoire de Liège chante, devant nos yeux : dans le fond, le grand clocher gothique de Saint-Lambert, celui qui contenait la voix d'airain de la Cité ; au centre, notre cher Perron, immortel symbole de nos franchises ; à gauche, l'antique Violette d'où sont partis tant de mouvements glorieux vers de plus larges libertés ; sur la place, les lourdes lampes à l'huile du bon vieux temps[17]. »

Triptyque de La Vierge du Pont des Arches (1926)

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La Vierge du pont des Arches devant le triptyque du même nom peint par Alfred Martin, collégiale Saint-Denis, Liège, 1926 (tirage photographique noir et blanc ; 22 × 16,4 cm cm), Liège, musée de la Vie wallonne.

En 1926, Alfred Martin réalise un triptyque pour l'église Saint-Denis à Liège[4],[5],[6],[7],[8],[9], qui, selon Jules Bosmant, « reste jusqu'a présent la seule occasion offerte aux facultés de composition »[8] de l'artiste. Le triptyque de l'artiste entoure une sculpture du XVIe siècle de la La Vierge du Pont des Arches.

Alfred Martin devant son triptyque La Vierge du pont des Arches, 1925-1926 (tirage photographique noir et blanc ; 16,4 × 22 cm), Liège, musée de la Vie wallonne.

Le site web des collections du Musée de la Vie wallonne évoque la légende ici représentée : « Tous deux [le triptyque et la sculpture] représentent une légende bien connue dans l'histoire liégeoise: lors de la grande crue de la Meuse en 1643, le pont est emporté et la Vierge tombe dans l'eau. La légende raconte que la statue flotta en remontant le cours du fleuve et vint s'échouer sur le rivage non loin de l'église Sainte-Aldegonde. Son culte y fut célébré jusqu'à la disparition de cette église en 1805[18]. »

Bosmant commente au sujet de cette œuvre : « Son harmonie, son équilibre, la collaboration parfaite des moyens expressifs, tant picturaux que graphiques, sa clarté d'exposition, sa belle tonalité gris-clair en font une œuvre décorative dans toute l'élégance du terme, où l'artiste s'est pleinement réalisé[8]. »

Catalogue et musées

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Des œuvres d'Alfred Martin sont présentes dans les collections du Musée de l'art wallon (La Boverie)[19],[20],[21], du Musée de la Vie wallonne[21],[22], de la Province de Liège[23], du Musée Gaspar (collections de l'Institut archéologique du Luxembourg)[24], de la Bibliothèque royale de Belgique[21] et de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique[21].

En 1923, Sander Pierron dénombre une douzaine de gravures d'Alfred Martin, réalisées à l'eau-forte ou au vernis mou[14] : la place Saint-Jean, le rendez-vous du coin, le mont Saint-Martin, crucifix à Chèvremont, hiver sur la Vesdre, Alle-sur-Semois, tête de jeune fille, profil, intérieur de chapelle et le pont du Rialto.

Galerie

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Expositions

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Il expose au Cercle royal des Beaux-Arts de Liège de 1913 à 1950[5],[27].

  • 1932 : Salon d'Art wallon contemporain, du 30 avril au 31 mai, Palais des Beaux-Arts, Liège[28].
  • 1933 : Le Visage de Liège, du 23 septembre au 23 octobre, Palais des Beaux-Arts, Liège[28].
  • 1939 : Cent ans d'Art wallon organisée à l'occasion du centième anniversaire de l'Académie royale des Beaux-Arts, du 8 juillet au 24 septembre, Musée des Beaux-Arts, Liège[29].
  • 1964 : 125e anniversaire de l'Académie royale des Beaux‑Arts, du 11 avril au 10 mai, Musée des Beaux-Arts, Liège[29].
  • 1977 : Gravures du 16e au 20e siècle, du 29 septembre au 2 décembre, Cabinet des Estampes et des Dessins, Liège[29].
  • 1992 : Le Cercle royal des Beaux-Arts de Liège 1892-1992, du 18 septembre au 20 avril 1993, Cercle royal des Beaux-Arts, Liège[30].
  • 2022 : Sur les pas de saint Hubert, du 22 octobre au 13 novembre, Place de l'Abbaye 6, Saint-Hubert[31].

Réception critique

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« Il traite avec soin les paysages où l'harmonie des tons évoque la poésie des pâturages, l'aspect âpre des parois rocheuses et la fraîcheur bucolique des vallons. [...] Les quartiers populaires liégeois, les vieilles rues, les traditions et le folklore retiennent aussi son attention. Il a composé des nus, laissant apparaître la femme dans sa splendeur charnelle. Portraitiste, il a évoqué avec beaucoup d'expression des visages et physionomies. [...] Graveur et dessinateur de grand talent, il a rehaussé de ses illustrations, plusieurs livres, avec esprit et goût. »

— Jacques Goijen[32]

Notes et références

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  1. a et b (nl) « Ontdek graficus, illustrator, schilder Alfred Martin », sur rkd.nl (consulté le ).
  2. a b c d e et f Pierron 1923, p. 80.
  3. « Naissance Alfred Dieudonné Joseph Eugène Martin le 3 octobre 1888 à Liège », sur Archives Ouvertes (consulté le )
  4. a b c d e f g h et i Molitor - Wilmotte 1995, p. MARTIN, Alfred.
  5. a b c d e f et g Somville, Depouhon et Depouhon 1992, p. 75.
  6. a b c et d Goijen 2014, p. 436.
  7. a b c d e f g h i et j Piron 2003-2006, p. 136.
  8. a b c d e f et g Bosmant 1930, p. 256.
  9. a b et c « Alfred Martin (Les collections du Musée de la Vie wallonne) », sur collections.viewallonne.be (consulté le ).
  10. Goijen 2014, p. 437.
  11. de la Ruwière 1959, p. 86.
  12. Bosmant 1930, p. 255-256.
  13. Stiennon 1979, p. 274.
  14. a et b Pierron 1923, p. 81-82.
  15. Bosmant 1930, p. 257.
  16. a et b Théodore Gobert, « Curiosités historiques de la Wallonie », sur search.worldcat.org, Liège, Thone, (OCLC 67514575, consulté le )
  17. a b c d e f et g Hansly, Flament et Lance 1914, p. 2.
  18. « "La Vierge du pont des Arches" devant le triptyque du même nom peint par Alfred Martin, collégiale Saint-Denis, Liège (Les collections du Musée de la Vie wallonne) », sur collections.viewallonne.be (consulté le )
  19. Ville de Liège, Musée des beaux-arts : catalogue, Liège, Imprimerie Bénard, , 137 p. (OCLC 27249817, lire en ligne), p. 54 (Martin, Alfred)
  20. Ville de Liège, Musée des beaux-arts : Supplément au catalogue, Liège, Imprimerie Bénard, , 12 p. (OCLC 27249817, lire en ligne), p. 6 (Martin, Alfred)
  21. a b c et d « BALaT KIK-IRPA | See Photo Library results », sur balat.kikirpa.be (consulté le ).
  22. « Search results : Alfred Martin (Les collections du Musée de la Vie wallonne) », sur collections.viewallonne.be (consulté le ).
  23. Province de Liège, « Collections Province de Liège : liste des artistes », sur provincedeliege.be.
  24. Jean Kélecom et David Colling, « Acquisitions de l'Institut archéologique du Luxembourg (juillet 2012 - novembre 2013) », Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique du Luxembourg, vol. 89, nos 3-4,‎ , p. 184-185
  25. Œuvre philanthropique ayant pour but de fournir du travail à quiconque est sans ouvrage ou sans moyen d'existence.
  26. Alfred Martin, « Assistance par le travail 22e année », sur collections.liegemusees.be, Liège, Imprimerie Bénard, (consulté le )
  27. Goijen 2014, p. 439.
  28. a et b Art-info.be, « Biographie développée d'Edmond Delsa », sur art-info.be, p. 4, 6-7.
  29. a b et c Marc Renwart (Art-info.be), « Biographie développée d'Adrien de Witte », sur art-info.be, p. 14, 17, 20.
  30. Somville, Depouhon et Depouhon 1992, p. 75, 104.
  31. « Sur les pas de saint Hubert - L'école liégeoise du paysage - le mouvement et le dictionnaire des peintres paysagistes liégeois rédigé par Jacques Goijen », sur www.ecole-liegeoise-du-paysage.net (consulté le ).
  32. Goijen 2014, p. 437-438.

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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