Bataille de Saint-Colombin (1793)

Bataille de Saint-Colombin

Informations générales
Date
Lieu Saint-Colombin
Issue Victoire vendéenne
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
• Laborie François Athanase Charette de La Contrie
Forces en présence
300 à 500 hommes[1],[2]
1 canon[3]
400 à 1 500 hommes[2],[4],[5]
2 canons[4]
Pertes
Quelques morts[6]
200 à 350 prisonniers[5],[3]
1 canon capturé[3]
1 blessé[6]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 47° 00′ 35″ nord, 1° 34′ 55″ ouest
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Bataille de Saint-Colombin

La bataille de Saint-Colombin ou combat de Pont-James se déroule le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui surprennent un détachement républicain à Saint-Colombin.

Prélude modifier

Fuyant l'avancée des républicains, le chef vendéen Charette abandonne Legé dans la nuit du 3 au 4 mai[4]. Arrivé à Rocheservière, Vrignault se sépare de lui avec une partie de ses forces[4]. À Vieillevigne, Charette se heurte à l'hostilité du comité royaliste de la localité qu'il doit payer pour pouvoir obtenir des vivres pour ses troupes et des logements dans des hangars abandonnés[4]. Il envoie également un courrier pour Charles de Royrand, à Montaigu, pour le prévenir de son arrivée et lui demander de la place dans son cantonnement[4]. Mais ce dernier répond en lui reprochant l'abandon de Legé et en lui défendant de se présenter à son camp[7],[5].

Legé est prise par quatre colonnes républicaines le 5 mai, mais l'une d'entre elles, celle de Saint-Colombin, retourne le soir même à son ancien cantonnement[8],[5]. Son commandant, Laborie, place cinq compagnies au Pont-James et quatre autres à Saint-Colombin[5]. Le lendemain, il doit intervenir pour rétablir la discipline au sein de ses troupes qui commettent des pillages et se plaignent de manquer de pains et de munitions, n'ayant qu'une quinzaine de cartouches par homme[5]. Un sergent et quelques soldats de la 1re compagnie de chasseurs se montrent même rebelles selon Laborie, en menaçant de passer dans l'autre camp à la prochaine affaire[5].

Informé du retour de Laborie, Charette quitte Vieillevigne pour se rendre le 6 avril aux landes de Bouaine, entre Saint-Philbert-de-Bouaine et Montbert[8],[5]. Il lève son camp dans la nuit et se dirige vers le poste de Pont-James, à Saint-Colombin[8].

Forces en présence modifier

Commandés par le chef de bataillon Laborie, le camp de Pont-James est défendu par 300 hommes selon un rapport du général Beysser au général Boulard[1]. Laborie et ses officiers affirment pour leur part dans leur rapport[A 1] que la garnison, privée d'un détachement et de quelques patrouilles, n'est que de 320 à 330 hommes au moment de l'attaque[5]. Le chef vendéen Lucas de La Championnière donne dans ses mémoires[A 2] une estimation proche : 300 à 400 hommes[9]. L'historien Émile Gabory parle de 500 hommes pour les républicains[2]. La plupart appartiennent au 4e régiment d'infanterie[2],[1] — l'ex-Régiment de Provence[3],[9] — et sont encore vêtus de leurs uniformes blancs[9]. D'autres sont du régiment de La Marck[2].

Du côté des Vendéens, la troupe de Charette n'est que de 500 hommes selon Le Bouvier-Desmortiers[5]. Laborie estime quant à lui avoir été attaqué par 3 000 hommes à pied et 60 cavaliers[5]. L'historien Lionel Dumarcet indique cependant que les républicains ont tendance à exagérer le nombre de leurs adversaires et estime que la colonne de Charette compte au moins 1 000 à 1 500 hommes[5]. Pour Émile Gabory, après avoir abandonné Legé et s'être séparé des 800 hommes de Vrignault[2], Charette n'a plus que 400 combattants[2]. Pour Alain Chantreau, 1 000 hommes commandés par Vrignault se sont séparés de la troupe de Charette[10] et ce dernier n'a plus que 400 fantassins et 50 cavaliers[4], dont des transfuges du Régiment de Provence[4], et deux canons[4].

Déroulement modifier

Le 7 mai 1793, les Vendéens partent de Vieillevigne et se portent sur Saint-Colombin[9],[2]. L'attaque contre le poste républicain débute à 6 heures[8],[1] ou 9 heures du matin[5]. Les républicains sont surpris au repos et se mettent en bataille peu de temps avant d'être attaqués par deux colonnes[5]. Après avoir fait tiré quelques coups de canons, Laborie décide de faire reculer ses trouper pour traverser le village et prendre position sur un coteau[5]. Cependant le mouvement se transforme en déroute, les soldats cèdent à la panique, jettent leurs armes et prennent la fuite ou se rendent[5]. Selon Laborie, les fusiliers vendéens n'ont tiré qu'une cinquantaine de coups lors du combat[5]. Après sa victoire, Charette se retire sur Vieillevigne[3].

Pertes modifier

Charette affirme n'« avoir presque perdu d'homme » d'après un courrier dans lequel il annonce sa victoire à Royrand[5]. Selon Le Bouvier-Desmortiers, le combat fait peu de victimes, quelques Républicains sont tués et les Vendéens ne déplorent qu'un homme blessé, ainsi que deux chevaux tués[6].

Selon le rapport du général Canclaux, seuls 120 à 130 hommes, dont Laborie, parviennent à s'enfuir, sans arme pour la plupart, et à trouver refuge à Machecoul[1]. Laborie et ses officiers écrivent quant à eux dans leur rapport que seulement 105 hommes sur 320 à 330 sont parvenus jusqu'à Machecoul[5]. Le général Beysser renvoie les fuyards sur Nantes et les fait passer en conseil de guerre[3]. Pour Lucas de La Championnière, presque tous les républicains sont faits prisonniers et seul un petit nombre se sauve du côté de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu[9]. Pour Émile Gabory et Alain Chantreau, le nombre des prisonniers est de 350[2],[3], dont 274 sont de l'ancien régiment de Provence[3]. Les Vendéens capturent également un canon[3],[2],[9],[1],[5].

Certains officiers et soldats de l'ex-régiment de Provence rallient les insurgés et servent d'instructeur pour entraîner les paysans au combat[3],[9]. D'autres sont enfermés à Montaigu[3],[9]. Quelques-uns sont envoyés à Nantes pour proposer aux républicains un échange de prisonniers[3],[9]. Mais les patriotes refusent en donnant pour toute réponse que « la République ne traite point avec des rebelles »[9]. Un seul des républicains libérés sur parole, un nommé Pierre Haudaudine, revient se constituer prisonnier[3],[9]. Il fera partie des prisonniers graciés par Bonchamps après la bataille de Cholet[3].

Conséquences modifier

Sur ordre du général Canclaux, qui estime que la localité est désormais insuffisamment défendue, Legé est abandonnée le 9 mai par les républicains[3]. Sa petite garnison — 320[8] à 500[5] hommes avec deux canons[8],[5] commandés par le chef de brigade Prat[8],[5] — se retire sur Machecoul[3],[5]. Le soir même, Charette peut faire son retour à Legé, où il établit son quartier-général et où il est rejoint par Vrignault[3].

Notes modifier

  1. « La nuit du 6 au 7 fut très inquiétante, dès la pointe du jour le citoyen Laborie avait fait partir une patrouille... pour éclairer les routes et l'entrée du bois qui tenoit notre gauche... Sur les neuf heures nous entendîmes du côté de la forêt plusieurs coups de fusils et des cris redoublés ; le citoyen Laborie fit aussitôt battre la générale et la troupe fut en peu de temps rassemblée et rangée en bataille. Nous n'attendîmes pas longtemps, une colonne ennemie se présenta bientôt sur notre droit de drapeau blanc orgueilleusement déployé, on lui tira plusieurs coups de canon nous ignorons l'effet qu'a pu faire les boulets, mais ils n'arrêtèrent pas la marche d'une seconde colonne se présenta sur notre front ; cette dernière fut à l'instant suivie d'un grand nombre d'hommes armés mais sans ordre qui menaçaient notre gauche. Les ennemis étaient au nombre de 3 000 hommes de pied au moins et de 60 cavaliers, nous étions 320 à 330 hommes au plus (le détachement ni les patrouilles n'étoient point rentrée). Le citoyen Laborie persuadé que s'il reussissoit à faire passer le village à la troupe et à le faire passer sur un coteau qui le dominoit, il tiendroit quelques tems tête à l'ennemi, et se ménageroit au moins une retraite honorable (ce qui étoit très possible) ordonnoit de faire face en arrière, et de marcher en bataille sur le village, mais la manœuvre fut mal exécutée, la crainte glaça plusieurs esprits qui troublèrent l'ordre, et les cris méchants du sergent déjà cité et de quelques autres finirent de jeter la consternation, enfin on a fuit et même sans ordre a peine cinquante coups de fusils étoient-ils partis de la colonne ennemie, a peine on avoit traversé le premier champ qu'un tiers des fusils fut jetté et que la déroute fut complette, le drapeau, le canon et la caisse ont restés au pouvoir des brigands : il n'est rentré à Machecoul que cent cinq qui sont parvenus à rallier les officiers[5]. »

    — Rapport de Laborie et de ses officiers.

  2. « C'est là qu'il apprit l'arrivée d'un détachement de 3 à 400 hommes à Saint-Colombin ; on partit de grand matin pour le surprendre, le coup réussit parfaitement : les soldats étaient tranquillement couchés et n'avaient que des gardes peu avancées ; on les fit presque tous prisonniers ; le petit nombre qui s'échappa se sauva à Saint-Philbert. Une pièce de canon, la caisse du régiment, le drapeau et beaucoup de fusils furent le prix de la victoire.

    La manière dont M.Charette traita les prisonniers fit bien voir qu'il n'était pas l'auteur des massacres de Machecoul. On ne leur fit aucun mal, malgré le supplice de M. Beaudoin de Sainte-Pazanne, de M. de la Berillais, de MM. Danguy, Léoté et de beaucoup d'autres qui forts de leur innocence s'étaient présentés d'eux-même aux Républicains.

    Les volontaires eurent à se plaindre des traitements plus doux qu'on accordait aux soldats de troupe de ligne. On avait alors grande confiance dans les habits blancs, et les 300 hommes du régiment de Provence que nous avions pris dans les deux combats, furent quelque temps regardés comme les serviteurs du roi. M.Charette garda avec lui quelques officiers et plusieurs soldats qui devaient apprendre le maniement des armes aux paysans. Un d'eux à qui on avait laissé le drapeau du régiment, saisit l'occasion d'une sortie qu'on faisait du côté de Touvois et emporta le drapeau à Machecoul. On nous dit alors que le reste du régiment de Provence devait se réunir à nous, si nous avions su garder le drapeau. Après cette aventure, on cessa d'avoir confiance dans les soldats blancs et ils eurent le même sort que les autres. Quelques Nantais qui connaissaient nos chefs obtinrent la ville de Montaigu pour prison, les autres furent renfermés dans le château et les blessés mis à l'hôpital[9]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

Références modifier

  1. a b c d e et f Savary, t. I, 1824, p. 186-187.
  2. a b c d e f g h i et j Gabory 2009, p. 168.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Chantreau 2010, p. 215.
  4. a b c d e f g h et i Chantreau 2010, p. 212.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Dumarcet 1998, p. 217-221.
  6. a b et c Le Bouvier-Desmortiers 1809, p. 79.
  7. Chantreau 2010, p. 213.
  8. a b c d e f et g Chantreau 2010, p. 214.
  9. a b c d e f g h i j k et l Lucas de La Championnière 1994, p. 18-19.
  10. Chantreau 2010, p. 211.

Bibliographie modifier