Discussion:Herbert Marcuse
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Marcuse est-il communiste?
modifierCa me paraît étrange de qualifier Marcuse de "communiste", ou bien alors dans une acception anarchiste. En tous cas, il était très loin d'être soviétisant. Il a renvoyé dos à dos l'idéologie consumériste et productiviste des Etats-Unis et de l'Univion Soviétique. Globu 5 février 2006
Marcuse est communiste. Mais au vrai sens du mot communisme tel qu'il a été défini par Marx. Le communisme, c'est à la fois l'abolition du travail aliéné et de l'Etat. En outre, même si Marcuse ne pouvait - en son temps - mener jusqu'au bout l'analyse suivante, l'utilisation des mots "communisme" et "socialisme" pour qualifier le régime totalitaire d'URSS est impropre. Le communisme se définit selon Marx comme l'abolition du travail aliéné (ce qui implique l'abolition du salariat et du capital) et l'abolition de l'Etat. Le socialisme se définit comme la socialisation démocratique des moyens de production qu'il ne faut en aucun cas confondre avec leur étatisation totalitaire. Quel rapport entre le régime soviétique et le communisme? Aucun, selon nous, si ce n'est une tentative de masquer derrière une manipulation conceptuelle typique du totalitarisme la réalité d'un système captaliste d'Etat-parti fondé sur la transformation du pays en entreprise productiviste et esclavagiste. Attention, il s'agit là de notre analyse propre vraisemblablement plus proche de celle de Maximilien Rubel que de celle de Marcuse. Pour connaître celle de Marcuse sans la dénaturer, tout en tenant compte du manque de recul inévitable et des insuffisances des informations dont il disposait à l'époque, afin d'éviter toute lecture anachronique, il faut lire " Soviet Marxism. Trad. fr. Le marxisme soviétique (1958). J'ajoute que Marcuse parlait, à propos des pays de l'est, de "communisme réellement existant", expression malheureuse à la source de nombreux contresens dans la compréhension même de son oeuvre. Si j'ai bien compris ce que j'en ai lu, Marcuse pense que le "communisme réellement existant" est un echec car il reste prisonnier du principe de réalité propre à la société capitaliste, à savoir "le principe de rendement". Le prétendu "communisme" des idéologues soviétiques est donc très éloigné du communisme de Marx qui passe, selon Marcuse, par la dénonciation du principe de réalité productiviste et sa substitution par un autre principe de réalité tourné vers l'émancipation du désir et de l'eros par rapport à la dictature du besoin, à une sexualité reproductrice vécue de façon agressive et répressive et au terrorisme d'une rareté socialement construite(Mikaël. K, 27 janvier, 04 février et 04 mars 2008).
- Et donc ? Va-t-on faire dire le contraire à Marcuse de ce qu'il a écrit ? Les pages de discussion ne sont pas des tribunes pour servir sans cesse la même vulgate selon laquelle le communisme n'est pas ce qu'il a été mais ce qu'il aurait du être. Marcuse parle de "communisme réellement existant". Vous contestez cette expression, vous l'attribuez à ce que Marcuse ne "pouvait - en son temps - mener jusqu'au bout l'analyse suivante". En quoi cette opinion nous intéresse-t-elle ? Apollon (d) 4 mars 2008 à 12:46 (CET)
Il ne s'agit pas ici de mon opinion, mais de celle de Marcuse qui est lui-même un auteur " freudo-marxien". Il est donc logique de mettre en perspective la pensée de Marcuse dans ses rapports avec celle de Marx pour en comprendre l'originalité mais aussi certaines faiblesses conceptuelles. Où est le problème? Je ne comprends pas votre réaction qui semble hors-sujet? Avez-vous lu Marcuse? Avez vous lu sérieusement Marx? J'ai des doutes... Je suis, à titre personnel, un "marcusien" critique: la pensée de Marcuse est, bien entendu, une véritable révolution intellectuelle... Il faut lire Marcuse! Je peux parfois me tromper, mais mes participations à la discussion sont toujours sincères et documentées. Je prends toujours soin de distinguer ce qui relève du texte de Marcuse de ce qui relève de ma lecture propre enrichie par la connaissance d'autres auteurs marxiens ou marxologues. À vous de me contredire point par point en acceptant d'entrer dans la discussion. Inutile d'utiliser des mots excessifs et injustifiés comme le terme "vulgate". Je vous rappelle par ailleurs que Marcuse insiste sur la nécessité de l'utopie et cite Ernst Bloch dans l'homme unidimensionnel. Ne confondez pas ce que je dis avec ce que dit Marcuse! Votre positivisme est déplacé face à une pensée qui critique l'irrationnalité du positivisme répressif. Merci de le comprendre.(Mikaël K. le 07 mars 2008)
Tolérance répressive
modifierLa relecture de "tolérance répressive" en français m'a conduit à corriger l'article sur ce point car l'ancienne version rendait compte de la position de Marcuse de façon trop superficielle - à la limite de la dénaturation-: Marcuse était présenté comme un ennemi bête et méchant des idées "conservatrices". L'ancienne rédaction rendait incompréhensible la pensée subtile et nuancée du grand philosophe pour le lecteur qui n'a pas lu l'ouvrage en question. Bien entendu, la nouvelle rédaction ne rend pas compte de tout mais devrait inciter le lecteur à lire le texte original (M.K 05 mai 2008)
Marcuse et le matérialisme
modifierJ'ai remplacé l'expression "soumission au matérialisme" par "soumission au système répressif". Il me semble en effet que la problématique de Marcuse n'est pas de s'opposer au matérialisme, au sens où Marx lui-même se revendique du matérialisme. Ce qu'il combat c'est le principe de réalité de la société en place, à savoir le principe de rendement. Marcuse est loin d'être un idéaliste: il me semble que son utopisme est, comme celui d'Ernst Bloch, un utopisme matérialiste, si l'on accepte une définition non dogmatique et non idéologique du matérialisme. Il affirme d'ailleurs qu' "Incapable de changer" la "situation par elle-même la conscience idéologique est "fausse conscience", mais en tant que telle elle anticipe sous une forme idéaliste les possibilités historiques contenues dans la réalité établie. Cependant, ce concept semble inapplicable à la société industrielle avancée. Cette société a surpassé son idéologie en l'intégrant dans la réalité de ses institutions politiques, ses banlieues, usines nucléaires, supermarchés, pharmacies et services psychiatriques. (Marcuse, Le problème du changement social dans la société technologique, p.39-40). Si la pensée de Marcuse peut parfois déboucher sur un pessimisme, elle demeure une pensée matérialiste... L'émancipation est impossible sans un détour par un matérialisme rationnel,hédoniste et subversif. Ce matérialisme là s'oppose à l'irrationnalité du principe de rendement qui est au coeur du système répressif. Peut être est-il plus heureux de dire que la pensée de Marcuse loin de condamner le matérialisme en tant que tel, dépasse le matérialisme falsifié des positivistes au profit d'une dialectique plus subtile: celle-ci cherche à articuler le mouvement des idées et les déterminismes de la matière pour mieux refuser toutes les formes de servilité.
Le grand refus de Marcuse n'est pas celui de la réalité matérielle, c'est celui de la réalité sociale telle qu'elle est!
(Mikaël K. juin et septembre 2008)