Eugène Zak

peintre polonais

Eugeniusz Żak, dit Eugène Zak, né le à Mogilno (be) (gouvernement de Minsk, Empire russe), et mort le à Paris, est un artiste peintre polonais.

Eugène Zak
Autoportrait (1911), musée national de Varsovie
Naissance
Décès
(à 41 ans)
Paris
Sépulture
Période d'activité
Nom de naissance
Eugeniusz Zak
Nationalité
Activités
Autres activités
Formation
Maître
Mouvement
Influencé par
Conjoint
Jadwiga Zak (née Kon) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Tombe d'Eugène Zak au cimetière du Montparnasse (division 11).

Proche des acteurs de l'avant-garde artistique, il travailla en grande partie dans la capitale française.

Biographie

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Eugène est le fils de Sawely Zack et Adeline Kronenhbleuh[1]. Orphelin de père en 1892, sa mère s'installe à Varsovie. Il y suit ses études et commence à peindre. En 1902, il entre aux Beaux-arts de Paris dans l'atelier de Jean-Léon Gérome, et fréquente l'Académie Colarossi dans l'atelier d'Albert Besnard.

En 1903, il part visiter Florence puis Rome, et se rend à Munich, où il s'inscrit dans l'école privée dirigée par le peintre slovène Anton Ažbe. Il n'y reste pas très longtemps, préférant revenir à Paris l'année suivante[2].

En 1904, il fait ses débuts au Salon d'automne et deux ans plus tard, il est pris comme juré au comité du dessin de ce salon. En 1906-1907, il effectue plusieurs séjours en Bretagne, dont à Pont-l’Abbé.

Il rejoint la Société des artistes polonais de Paris (Towarzystwo Artystów Polskich w Paryżu), et se lie d'amitié avec Roman Kramsztyk, Wacław Borowski (en), Léopold Gottlieb, Jerzy Merkel, Elie Nadelman (en), Mela Muter, Tytus Czyżewski et Sigmund Menkès.

En 1911, l'État français lui achète une aquarelle[3]. Il expose à la Galerie Druet. Des critiques d'art comme Adolphe Basler et André Salmon s'intéressent à son travail, et il devient membre de la Société normande de peinture moderne.

En février 1912, il est recruté par Henri Le Fauconnier comme enseignant à l'Académie de la Palette. L'année suivante, il fait partie des peintres qui exposent à l'Armory Show (New York). Il épouse la Polonaise Hedwige Kohn (Jadwiga Kon, 1885-1943) ; le couple aura un fils.

Entre 1914 et 1916, il réside dans le sud de la France (Nice, Saint-Paul-de-Vence, et visite Lausanne. Puis il retourne en Pologne, s'installer dans la ville de son épouse, Częstochowa. En 1917, à Cracovie, il fait partie des premiers membres du groupe des « Formistes », où se croisent des plasticiens et des scénographes, très marqués par l'expressionnisme, et où domine la personnalité de Tytus Czyżewski[4]. En 1921, il co-fonde la groupe « Rythme » (Rytm) à Varsovie[2]. En 1922, il quitte la Pologne pour l'Allemagne, visite Berlin et Bonn, et reçoit la commande de décorer la villa de l'architecte Fritz August Breuhaus, travail remarqué par la revue Deutsche Kunst und Dekoration.

En 1923, Zak revient à Paris[2], rejoindre Sigmund Menkès et Marc Chagall. Il meurt le en son domicile, rue du Faubourg-Saint-Jacques dans le 14e arrondissement de Paris, à l'âge de 41 ans[5] d'une crise cardiaque ; il était en train d'y lancer une galerie d'art — que son épouse, Jadwiga, géra seule ensuite —, et alors que la Kölner Werkschulen (en) (Cologne) était sur le point de lui proposer une master-class.

Jadwiga ouvrit la Galerie Zak en 1928 au 16 rue de l'Abbaye[6] ; on y vit des expositions solos de Vassily Kandinsky, Marc Chagall, Amedeo Modigliani et Jules Pascin. Elle y organisa la première exposition des Kapistes (Kapiści), groupe de peintres polonais « coloristes » actif au début des années 1930. Jadwiga et son fils sont déportés à Auschwitz où ils meurent en 1944. Leur exécuteur testamentaire, Wladimir Raykis, rouvre la galerie en 1946.

Paysage au vagabond (1916), huile sur toile, Muzeum Sztuki in Łódź (en).

Ses œuvres se caractérisent par une composition rythmique, une modélisation douce et claire. L'art de Zak est extrêmement poétique, évoquant une atmosphère de mélancolie, de tristesse et d'incertitude[2].

Collections publiques

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  • Paris, musée national d'Art moderne :
    • Tête de femme, sanguine et fusain sur papier, 31 x 24 cm, 1922.
    • La Bonne Aventure, huile sur toile, 112 x 85 cm, 1922[7].
    • Le Jouet. Mère et enfant, huile sur toile, 92 x 65,7 cm, [1924], don de Mme Zak [1937][8].

Une peinture spoliée

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Le Mendiant (Żebrak), huile sur toile, musée des beaux-arts d'Ein Harod.

Le Mendiant, une œuvre peinte par Zak et conservée depuis plusieurs décennies au musée des beaux-arts d'Eïn-Harod en Israël s'est avérée, en 2014, avoir été volée par les nazis durant l'Occupation en France. En étudiant l'envers du tableau, des chercheurs y ont découvert l'estampille du Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg. À ce jour, le musée, qui l'avait acquis dans les années 1950, s'est déclaré, en dépit d'efforts, incapable de retrouver l'identité du propriétaire d'origine[10].

Notes et références

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  1. Selon l'acte de décès de l'état-civil parisien
  2. a b c et d « Eugeniusz Żak », « L’École de Paris et les Polonais », par Urszula Król, BNF Patrimoines partagés / Biblioteka Narodova.
  3. Tête d'homme, aquarelle et pierre noire sur papier, 42 x 35 cm — Base CNAP - inv. FNAC 3779.
  4. Władysław Strzemiński et Katarzyna Kobro, L'Espace uniste: écrits du constructivisme polonais, L'Âge d'homme, 1977, p. 31 — en ligne.
  5. Archives de Paris 14e, acte de décès no 312, année 1926 (page 2/31)
  6. « Galerie Zak », notice bibliographique, catalogue général de la BNF.
  7. La Bonne Aventure, notice bibliographique, Collections du Centre Pompidou.
  8. Le Jouet, notice bibliographique, Collections du Centre Pompidou.
  9. Notice no 000PE028542, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  10. (en) « Israeli museum hopes to solve mystery of looted painting », par Peter Beaumont, in: The Guardian, Londres, 16 décembre 2015 — article en ligne.

Annexes

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Bibliographie

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  • Nieszawer et Princ, Histoires des artistes Juifs de l'École de Paris, 1905-1939, (Denoël, 2000 - Somogy, 2015) Les étoiles éditions, 2020, p. 418-420.

Liens externes

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