Jef Friboulet

peintre français
Jef Friboulet
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Jef Friboulet, pseudonyme d’Émile Jean Jules Friboulet, né le à Fécamp, ville où il est mort le , est un peintre, lithographe et sculpteur français.

Biographie modifier

Émile Jean Jules Friboulet naît le dans une masure de l'impasse Godard à Fécamp, troisième des quatre enfants issus du mariage d’Albert Friboulet, matelot-pêcheur à Terre-Neuve, et d'Eugénie Monnier, factrice. Celle-ci est hospitalisée juste après sa naissance et, son père partant pour Terre-Neuve sur de longues périodes, il passe près de trois ans à l’orphelinat des pêcheurs de Fécamp avec ses trois sœurs. Élève successivement de l'Institution Saint-Joseph de Fécamp — grâce à l'aide financière d'André-Pierre Le Grand, directeur du palais Bénédictine —, puis de l'école communale du port, Il développe une passion pour le dessin dès son plus jeune âge, obtient son certificat d'études primaires le et entre aussitôt dans la vie active : il est successivement garçon d’épicerie, employé du port, commis à l’enregistrement, employé dans un garage et employé d’une entreprise de transport tout en continuant à s’exercer au dessin[1].

Il s’engage en 1939 dans l'Armée de l'air. En 1940, il part en Afrique avec le groupe Bourgogne. Il a alors beaucoup de temps libre et il reprend le dessin et la peinture. Il reçoit le surnom de Jef par les forces américaines à cause des initiales « EJF » marquées sur ses bagages, que les Américains transforment en Jef. Il rencontre ensuite à Bamako Horcholle[Qui ?] et Harris[Qui ?], peintres officiels de l'Armée[réf. nécessaire]. Ses supérieurs hiérarchiques, conscients à leur tour du talent de Jef Friboulet, le nomment photographe et peintre des armées. Il s’occupe alors de réaliser des peintures murales dans les chambrées et le mess. Sa première exposition a lieu à Bamako en 1942. Son nouveau statut lui fait rencontrer Wurtemberg[Qui ?] et le professeur Albert Schwarz de qui il tira beaucoup d’enseignement.

La Seconde Guerre mondiale terminée, il revient à Fécamp où il exerce le métier d’enlumineur sur parchemin pour un couvent avant de devenir chauffeur d'autobus. De son mariage avec Renée Vaudin, le , naîtront quatre enfants : Christian, Régis, Patrice et Marie-Catherine.

Son métier de chauffeur lui laisse le loisir de sillonner à bicyclette et de peindre sur le motif les paysages du pays de Caux, parfois en compagnie de René de Saint-Delis qui se plaît à le conseiller[1]. Gérard Bonnin observe que « c'est progressivement dans les années 1950 que Friboulet bascule vers un expressionnisme qui apparaîtra de plus en plus comme authentiquement personnel. Ce n'est pas l'expressionnisme allemand convulsif jusqu'au déchirement, c'est assurément plus proche de l'expressionnisme belge, mais sans son aspect toujours un peu fantastique. C'est un expressionnisme typiquement français, comme si l'esprit d'Honoré Daumier, abandonnant la froide satire, avait resurgi en trois grands courants que personnalisent Georges Rouault, Chaïm Soutine et Jef Friboulet[1] ». En 1954, il est récompensé une première fois pour Le Jardinier et il expose pour la première fois à Paris. Les propositions d’exposition et le soutien de la presse régionale puis nationale font qu’il quitte son travail de chauffeur pour se lancer dans la peinture en tant que professionnel. Il ouvre alors un grand atelier à Fécamp où il accueille de nombreux peintres amateurs et professionnels.

Son fils Régis meurt en 1964 et Jef Friboulet passe dans une nouvelle période de sa peinture est d'inspiration mystique et religieuse. Il commence à exposer beaucoup à l’étranger et parcourt Israël. Il peint aussi pour les églises de Fécamp et d’Yport et monte deux expositions sur la Bible. Il monte aussi une association dans son atelier pour former de jeunes peintres. Après avoir vécu toute sa vie à Fécamp, il part vivre à Yport, un village reculé et isolé où il trouve la tranquillité. Sa collection personnelle est constituée de peintures, aquarelles, dessins et lithographies signés notamment par Pierre Ambrogiani, Andrée Bordeaux-Le Pecq, Philippe Cara Costea, Jean Cluseau-Lanauve, Raymond Guerrier, Isis Kischka, René Margotton, Alain Mongrenier, Marcel Mouly ou Michel Rodde, souvent assortis d'une dédicace qui énonce une profonde amitié ou complicité[2]. Il peint jusqu’à la fin de sa vie, le .

Contributions bibliophiliques modifier

  • Yves Lemoine, D'âge en âge jusqu'au retournement, livre-objet réalisé en aluminium par Régis Bocquel, sanguines de Jef Friboulet, Éditions Atelier des Grames, 1971.

Réception critique modifier

Armand Lanoux de l’Académie Goncourt,  :

« Grasse, composée, carrée, avec des audaces paisibles, d’un dessin épais et fuyant toutes les coquetteries du trait, d’une couleur intensément nordique, à la fois éclatante et sourde, avec des verts de gazon lavé de pluie et des rouges pulmonaires de remorqueur ou de bœuf écartelé, la peinture de Friboulet ressemble bien à l’enfant du pêcheur de Fécamp, parce qu’il a compris que les gestes et les rythmes du travail peuvent être transposés par le peintre jusqu’aux franges de l’informel, sans être défigurés… Oui, le monde extérieur existe. Mais le peintre doit exprimer son être en le traduisant.

Il est émouvant de voir ainsi un artiste trouver, sans appel à l’idée et moins encore à la littérature, la solution au problème majeur du peintre.

Jef Friboulet crée son propre réalisme sans rivage.

Ne lui reprochez pas de ne pas peindre des barques. Il est la barque. »

Georges Braque, galerie Charpentier, 1955 :

« Heureux de voir un Normand prendre la relève. »

Georges Rouault :

« J’ai été très sensible au côté humain et mystique de votre peinture. »

Maurice de Vlaminck :

« Vous êtes né peintre comme d’autres naissent paysan ou marin[3]. »

Jean Chabanon, 1954 :

« Peintre né, sa récolte, il la veut dense et drue, comme le paysan désire son blé. Artisan inspiré, il ne néglige aucune des règles fondamentales et ne permet à sa main aucune complaisante élégance, à sa palette aucune “suavité”. Le charme n'est pas de son fait, mais la vigueur. Homme épris de logique, il sait que le seul moyen d'être original est d'être personnel ; aussi reste-t-il imperméable aux sollicitations de la mode. Il contrôle, organise, médite ses gestes de peintre que chaque touche rapide, dans son exécution, matérialise et ce n'est pas un des moindres atouts de Friboulet dont les œuvres toujours conclues gardent cependant le caractère impromptu des esquisses[1] »

.

Guy Dornand, 1956 :

« Et c'est bien là, en pleine pâte, virilement maniée par un impérieux dans d'exacts accords de blancs modulés, de jaunes ocrés, de garances chaleureuses, l'expression d'un vrai tempérament d'artiste qui, méprisant justement les modes éphémères et dissolvantes, ose, à contre-courant, restituer au trait sa primordiale et grave autorité, sans jamais faillir au devoir essentiel d'exalter la Nature, sans la dissocier de l'Humain, et prend ainsi rend parmi les plus représentatifs de sa génération[1]. »

Michel Ciry,  :

« J'admire et affectionne cette force de la nature qu'est cet ex-chauffeur de cars devenu promptement peintre à part entière […] Jef stylise, empâte, sabre, rudoie, tout cela dans l'unique but d'imposer sa vigoureuse vision des choses, du moins celles qui retiennent suffisamment son attention pour devenir éléments constitutifs de son très personnel univers […] Abordant tous sujets, inanimés ou vivants, il brasse la création à coups de brosse d'une robustesse paysanne. Terrien, Jef l'est superbement, en seigneur, bien que de très modeste extraction […] De peindre à la hussarde convient à ce très talentueux bagarreur qui, plastiquement, perdrait une bonne part de sa prenante originalité en renonçant à sa violence expressive[4]. »

Pierre Miquel :

« Friboulet n'est pas un peintre abstrait même si de prime abord certaines œuvres en donnent l'illusion. Certes, il vise à la nouveauté des formes et dégéométrise comme à plaisir, par la seule recherche de la couleur puissante et des fulgurances fauves. Sagement agencées dans leur violence, les plages de couleurs, en pâte drue, conduisent l'œil où il doit aboutir. Peintre du contraste, il règle l'effet désiré dans ses moindres détails et chaque toile frémit d'un mouvement toujours présent et juste. Comme toute peinture simple et savante, l'artiste cache son savoir sous l'expression et la puissance[1]. »

Gérald Schurr :

« Une peinture agréable, décorative, sans arrière-pensée dans son expressionnisme virulent qui fait penser à la verve réaliste des Flamands ; des paysages bien charpentés, des natures mortes gourmandes hautes en pâte et en couleurs[5]. »

Récompenses et distinctions modifier

  • Grand prix d'automne de Monaco, 1950[1].
  • Prix de la revue Le Peintre, 1954[1].
  • Prix Othon-Friesz, 1955.
  • Troisième du prix Greenshields, galerie Charpentier, Paris, 1956[1].
  • Prix des peintres de la mer, 1956.
  • Prix d'Asnières, 1958.
  • Coupe Shell, 1956.
  • Grand prix de treizième centenaire de l'abbaye bénédictine de Fécamp, 1958.
  • Prix de la Biennale de Cherbourg, 1964.

Hommages modifier

  • Une voie des communes du Havre et de Saint-Pierre-de-Varengeville, un espace recevant du public à Yport portent le nom de « Jef-Friboulet ».

Expositions modifier

Expositions collectives modifier

Expositions personnelles modifier

  • Jef Friboulet, Maison d'art et d'histoire de la Ville, Fécamp, 2019
  • Jef Friboulet (1919-2003) et les Normands, Galerie du Chemin, Juigné-sur-Sarthe, 2023

Ventes publiques modifier

  • Vente de l'atelier Jef Friboulet, hôtel des ventes François-Ier, Le Havre, [12].

Collections publiques modifier

Collections privées référencées modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Antoine Rufenacht et Jean-Édouard Péru (avant-propos), Pierre Miquel (préface), Gérard Bonnin, Friboulet, éditions Région Haute-Normandie/imprimerie T.A.G., Bois-guillaume, 1995.
  2. Chalot et Associés, Fécamp, Catalogue collection et succession Jef Friboulet, .
  3. Site officiel de Jef Friboulet.
  4. Michel Ciry, Brisons nos fers - Journal, 1987-1988, Buchet-Chastel, 1992, p. 80-181.
  5. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture,, Les Éditions de l'amateur, 1996, p. 330.
  6. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours Éditions Arts et Images du Monde, 1992, voir pages 260 et 261
  7. a b c d e f et g Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome II, Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010, « Jef Friboulet », p. 160-161.
  8. Farah Pahlavi, Mehrdad Pahlbod et Édouard Georges Mac-Avoy (préface et avant-propos), Première exposition internationale des arts de Téhéran, catalogue d'exposition, 1974
  9. René Salmon (préface), Panorama de la peinture contemporaine, catalogue d'exposition, éditions de la ville de Sotteville-lès-Rouen, 1980.
  10. Le jardin des sculptures - château de Bois-Guilbert, Les petits maîtres et la Seine-Maritime (1850-1980), dossier de presse, 2020
  11. « Hommage à Jef Friboulet, dix ans après sa mort », Paris-Normandie, .
  12. FR3 Normandie, Vente de l'atelier Jef Friboulet, Le Havre, , reportage (durée :2'13").
  13. Cf. Paris-Normandie, "À Fécamp et à Yport, un hommage à Jef Friboulet par une exposition et des dons de ses enfants", 12 novembre 2019.
  14. Petit patrimoine, L'église Saint-Martin d'Yport.
  15. Bruno Roquigny, Catalogue des collections de la villa Bénédictine, Saint-Valery-en-Caux, .

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • « Jef Friboulet », Les Amis des musées de Poitiers - Bulletin trimestriel, no 18, .
  • Xavier de Langlais, La technique de la peinture à l'huile, Flammarion, 1959.
  • Raymond Nacenta, School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, 1960.
  • George Besson, « Jef Friboulet », Les Lettres françaises, no 863, .
  • (en) Gerry Speck, First exhibition of paintings by Jef Friboulet, Londres, Archer Gallery, 1971.
  • Armand Lanoux, Fenêtre sur Jef Friboulet - Cent dessins inédits, 350 exemplaires numérotés, Presses de Binesse, 1977.
  • Sanjiro Minamikawa, Ces maîtres dans leur atelier, Japon, Asahi Sonorama, 1980.
  • Pierre Mazars et Armand Lanoux, Jef Friboulet - Quarante ans de peinture ou l'aventure d'un autodidacte, Paris, Éditions Junes et fils, 1982.
  • Alain Le Métayer, Jef Friboulet, Fécamp, Éditions du Palais Bénédictine, 1989.
  • Geneviève Testanière et Florence Verdier, Jef Friboulet, Le Havre, musée d'Art moderne André-Malraux, 1992.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  • Gérard Bonnin et André Parinaud, Jef Friboulet, Fécamp, Centre culturel du Palais Bénédictine, 1992.
  • Collectif, Peintres en Normandie, Éditions Normandie-Magazine, 1995, p. 82-83.
  • Antoine Rufenacht et Jean-Édouard Péru (avant-propos), Pierre Miquel (préface), Gérard Bonnin, Fribouket, éditions Région Haute-Normandie/imprimerie T.A.G., Bois-Guillaume, 1995.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Michel Carduner et Gérard Bonnin, Jef Friboulet, peintre et sculpteur, rien que pour le plaisir, Ministère de la culture/Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, 1999.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs,tome 5, Gründ, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
  • Yoland Simon, Jef Friboulet, Éditions des Falaises, 2004.
  • Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome I : « L'alternative figurative » ; tome II : « Panorama de la Jeune Peinture », ArtAcatos, 2010.

Filmographie modifier

  • L'Atelier, réalisé par Yves Le Roy et Michel Delaune avec le concours de Jef Friboulet, Mémoire normande, durée : 8 min 36 s ([vidéo] en ligne sur memoirenormande.fr).
  • Regard sur Jef Friboulet, réalisé par Alain Colliard, FR3 Normandie, durée : 27 min 48 s ([vidéo] en ligne sur youtube.com).

Liens externes modifier