Massacre de Ngarbuh

massacre durant la crise anglophone au Cameroun

Le massacre de Ngarbuh est un massacre survenu le pendant la crise anglophone au Cameroun[1], perpétré par des éléments de l'armée camerounaise, accompagnée de milices Mbororos, dans le quartier Ngarbuh à Ntumbaw, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun[2]. Le bilan annoncé est de 23 civils morts, dont des femmes enceintes et des enfants.

Massacre de Ngarbuh
Image illustrative de l’article Massacre de Ngarbuh
Paysage de Ngarbuh

Date
Lieu Ntumbaw, région du Nord-Ouest, Drapeau du Cameroun Cameroun
Victimes Civils
Morts 23
Auteurs Armée camerounaise et milices Mbororos
Guerre Crise anglophone au Cameroun
Coordonnées 6° 20′ 52″ nord, 10° 46′ 13″ est
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
(Voir situation sur carte : Cameroun)
Massacre de Ngarbuh

Divers témoignages et sources accusent l'armée camerounaise[3]. Les autorités camerounaises dans un premier temps accusent les séparatistes.

Une enquête exigée par des organismes internationaux est prescrite par le président Paul Biya. Le rapport est publié, fait inédit au Cameroun le et incrimine des éléments des forces armées camerounaises.

Contexte

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L'armée camerounaise et les séparatistes armés sont accusés par les ONG internationales de défense des droits de l'homme de commettre des atrocités et des crimes contre les civils dans les deux régions anglophones. En 2020, ce conflit a déjà fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés en trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, principalement peuplées par la minorité anglophone du Cameroun[4].

Une semaine avant le massacre, des élections législatives et municipales ont lieu, avec une faible participation selon l'Union africaine (UA), en particulier dans les deux provinces anglophones, où des groupes séparatistes armés interdissent à la population de se rendre aux urnes et promettent des représailles à ceux qui oseraient le faire. Yaoundé envoie d'importants renforts militaires. Plus de 100 personnes sont enlevées dans les deux régions par les rebelles au cours des deux semaines précédant les élections, selon Human Rights Watch (HRW), qui accuse les forces de sécurité d'avoir commis de « nouvelles exactions » au cours de la même période[4].

Déroulement

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Le , vers 14h, des soldats répliquent à une attaque de séparatistes lors d'une patrouille dans le quartier de Ngarbuh, situé dans la village de Ntumbaw; événement pendant lequel des civils se retrouvent entre deux feux. Environ 800 villageois auraient quitté les lieux[5] pour se réfugier dans le centre-ville.

Des témoignages prétendent que des membres de la communauté Mbororo[6] ont servi de miliciens pour accompagner les soldats de l'opération[7].

Victimes

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23 personnes sont tuées dont 15 enfants (11 filles dont neuf âgés de moins de 5 ans), une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés[8],[9]. Le gouvernement parle de 5 morts[10],[11].

Réactions

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Société civile et organisations internationales

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L'opposition et les ONG locales accusent le gouvernement d'avoir perpétré le massacre afin de lutter contre des groupes armés séparatistes et plusieurs réclament une enquête internationale[12].

Le président de la République française Emmanuel Macron demande à Paul Biya de faire réaliser une enquête impartiale[13].

Human Rights Watch

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« Ce qui s'est passé à Ngarbuh n'a pas été un incident malheureux comme les autorités ont dit mais un massacre délibéré14 de civils perpétrés par les forces de sécurité camerounaises »[14], promettant des éléments crédibles qui réfutent le nombre de victimes officiel ainsi que la dynamique de l'incident tels que décrits par les autorités. Des images satellite prises avant et après l'attaque sont compatibles avec les incendies et non des explosions.

Le , le rapport est publié sur le site web de l'organisation[15].

Organisation des Nations Unies

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L'ONU réclame une enquête « indépendante, impartiale et complète » aux autorités camerounaises, promettant un appui technique[16].

Autorités camerounaises

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Gouvernement

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Dès la parution d'images de corps des victimes, les autorités affirment que des soldats avaient été attaqués par sept terroristes et que les militaires, en se défendant, avaient tué les 7 terroristes[17].

Le , le ministre de la Communication, René Sadi dément l'implication des soldats camerounais dans le massacre[18],[19].

Le gouvernement remet en cause la méthode d'investigation « à charge » des ONG[20] et affirme que l'explosion de réservoirs de carburant provoquant un incendie est le responsable de la mort d'une femme et de quatre enfants étant des dégâts collatéraux[21],[22]. Accusant les allusions au massacre par l'armée de fake news[23],[22].

Le ministère de la Défense commence d'abord par démentir le massacre[24],[25],[26].

Le , le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo crée une commission d’enquête[27] :

  • faire la lumière sur les circonstances
  • établir les responsabilités des différents acteurs.

Le , l'armée camerounaise admet être responsable du massacre, regrettant « un malheureux accident ».

Le , la présentatrice de la CRTV, Adèle Mbala parle d’« allégations mensongères » et de « prétendus massacres » et livre la réaction du ministre René Sadi qui dément l’implication de l'armée sur le massacre de Ngarbuh[28].

Vision 4 Télévision parle d'une « cabale des ONG et de tentatives de déstabilisations contre le Cameroun »[29].

Le , Équinoxe Télévision affirme que des éléments de l'armée sont impliqués dans le massacre[30].

Le , Vision 4 Télévision, réputé proche du gouvernement, fustige le rapport de Human Rights Watch[31].

Le , la presse diffuse le communiqué de la présidence de la République donnant résultat de l'enquête[32],[33].

Le , Équinoxe Télévision réaffirme qu'elle était la seule sur le terrain pour des enquêtes et la seule à avoir vérifié sur le terrain l'implication des éléments de l'armée camerounaise[34].

Personnalités publiques

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Sur la télévision publique, le politologue Eric Mathias Owona Nguini met en doute le rapport d'Ilaria Allegrozzi [35],[36],[37],[38]. Il déclare le que ledit rapport est supprimé du site internet de Human Rights Watch. Équinoxe Télévision dément cette information; ce qui ouvre un différend entre la chaîne de télévision et le politologue.

Ilaria Allegrozzi accuse à son tour Eric Mathias Owona Nguini de fake news[39].

Enquête officielle

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Membre de la commission d'enquête

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Officiers de l'armée et de la gendarmerie et Mr Chemuta Divine Banda (CNDHL), Mgr George Nkuo (diocèse de Kumbo), Mr Ahmadou Baba Sale (Imam de Ntumbaw), Mme Mih Bibiana - Dighambong CEO de (BIHAPH), Mr Chenwi Chrysantus Shu

Conclusions et déroulement selon les enquêteurs

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(Communiqué de Ferdinand Ngoh Ngoh)

  1. Ngarbuh, devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes, servait de pôle logistique de ravitaillement en armes des groupes sécessionnistes qui se livraient à des vols de bétail, viols, agressions, etc.
  2. le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric - formé à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr[40] - de la BIM de Nkambé autorise une mission de reconnaissance le .
  3. Le Sergent Baba Guida conduit la mission depuis la base de Ntumbaw le à 22 heures avec un effectif de trois militaires et deux gendarmes.
  4. Il se fait accompagner par dix-sept civils locaux et se divisent en 2 groupes vers Ngarbuh 2 et Ngarbuh 3.
  5. Sur Ngarbuh 3, Baba Guida et le gendarme Sanding Sanding Cyrille et le Soldat de 1re classe Haranga et dix membres du comité de vigilance donnent l'assaut ; cinq terroristes sont abattus, des armes saisies, trois femmes et dix enfants ont péri.
  6. Ils incendient pour masquer.
  7. À Ntumbaw, le Sergent Baba Guida fait un compte rendu volontairement biaisé.

Responsabilités

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L'enquête accuse et ouvre une procédure disciplinaire contre

  • le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric pour non présence sur le théâtre des opérations. Le Sergent Baba Guida pour manque de maîtrise de ses hommes, d'avoir ordonné l’incendie de maisons et travesti le compte rendu de l’opération et son bilan ;
  • Le gendarme Sanding Sanding Cyrille, le Soldat Haranga et dix membres — non identifiés et recherchés — du comité de vigilance local engagés à Ngarbuh 3 ont a participé à une opération ayant causé la mort et des incendies.

Les corps des victimes seront exhumés pour recevoir une sépulture et leurs ayant droit recensés et indemnisés.

Suites judiciaires

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Les militaires concernés sont arrêtés et mis à la disposition du Tribunal militaire de Yaoundé[41].

Le , débute le procès sur ce massacre au tribunal militaire de Yaoundé. Un de 4 militaires accusés est porté disparu et les 17 membres du comité d'auto-défense mis en cause sont non identifiés[42]. Le procès est renvoyé.

Notes et références

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  1. « Conflit. Au Cameroun anglophone, l’armée accusée d’avoir tué des femmes et des enfants », sur Courrier international, (consulté le )
  2. « Cameroun anglophone : après la mort de 22 civils, l'armée admet un "malheureux accident" », sur LExpress.fr, (consulté le )
  3. Deutsche Welle (www.dw.com), « Human Rights Watch accuse l'armée camerounaise de massacre de civils à Ngarbuh | DW | 25.02.2020 » (consulté le )
  4. a et b « Cameroun : l’attaque d’un village fait 22 morts, dont 14 enfants selon l’ONU », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. « Reportage TV5 sur le massacre »
  6. « Human Rights Watch blame Cameroon forces, armed Fulani for Ngarbuh killings », BBC News Pidgin,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Youtube »
  8. « PAUL BIYA EN ROUTE VERS LA CPI: LES PREUVES DU GÉNOCIDE BRANDIES PAR… | | Coups Francs », (consulté le )
  9. « Questions après un massacre au Cameroun anglophone », sur LEFIGARO (consulté le )
  10. La rédaction, « Massacre de civils à Ngarbuh : L’évêque de Kumbo communique le véritable bilan ? », sur Actualité Ivoire - Infos, (consulté le )
  11. « Un village du Cameroun anglophone cible d'une attaque armée, 14 enfants tués », sur France 24, (consulté le )
  12. « Massacre de Ngarbuh : Tous pour une enquête – -**Le Quotidien Le Jour**- » (consulté le )
  13. « Massacres de Ngarbuh : Emmanuel Macron pour une enquête impartiale – -**Le Quotidien Le Jour**- » (consulté le )
  14. Deutsche Welle (www.dw.com), « Human Rights Watch accuse l'armée camerounaise de massacre de civils à Ngarbuh | DW | 25.02.2020 » (consulté le )
  15. Human Rights Watch | 350 Fifth Avenue et 34th Floor | New York, « Cameroun : Massacre de civils dans la région séparatiste », sur Human Rights Watch, (consulté le )
  16. « Massacre au Cameroun : l’ONU exige une enquête « indépendante, impartiale » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  17. « Interview porte parole de l'armée sur CRTV »
  18. « Point de presse de René Sadi, Ministre camerounais de la communication lors du massacre »
  19. « Massacre de Ngarbuh au Cameroun : exaction, bavure ou manipulation ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  20. Investir au Cameroun Télécom, Banque, Energie, Com, Média, Droit, Assurances, Gestion publique, Tourisme Economie, « Incident de Ngarbuh : Yaoundé remet en cause les méthodes d’investigation de Human Rights Watch », sur Investir au Cameroun (consulté le )
  21. « Les autorités affirment avoir ouvert des enquêtes sur les incidents de Ngarbuh », sur VOA (consulté le )
  22. a et b « Incident de Ngarbuh: Le Cameroun clarifie la situation », sur 237online.com, (consulté le ).
  23. « Cameroun/Fake news de Donga Mantung: L'ONU préoccupée par le cas Allegra Maria Del Pilar BAIOCCHI », sur 237online.com, (consulté le ).
  24. « Site web du Ministère de la défense »
  25. « Au Cameroun,l'armée dément le massacre des populations du village Ngarbuh dans la Région du Nord-Ouest », sur Les Scoops d'Afrique, (consulté le )
  26. « TV5 »
  27. Deutsche Welle (www.dw.com), « Massacre de Ngarbuh : l'armée camerounaise se défend et rejette le bilan | DW | 19.02.2020 » (consulté le )
  28. « René Sadi, ministre de la communication sur la chaîne publique CRTV »
  29. « Affaire Ngarbuh : CRTV, Equinoxe, Canal 2 et Vision 4 , qui croire désormais ? », sur www.camerounweb.com (consulté le )
  30. « Débats sur Équinoxe Télévision »
  31. « Analyse de la chaine de télévision Vision 4 suite au rapport à charge de Human Rights Watch sur les massacres de Ngarbuh »
  32. « Ngarbuh : les conclusions de l'enquète », sur Cameroon Radio Television, (consulté le )
  33. « Cameroun: le régime Biya reconnait la responsabilité de l'armée dans le massacre de Ngarbuh », sur BENIN WEB TV, (consulté le )
  34. « Debriefing du rapport d'enquête sur le massacre de Ngarbuh par Équinoxe Télévision »
  35. « Interview de Pr Owona Nguini »
  36. « Interview sur CRTV »
  37. « Interview par Vision 4 (Média Pro-gouvernemental) »
  38. « Interview H »
  39. « Crise Anglophone. Massacre de Ngarbuh : Human Right Watch accuse la CRTV et Owona Nguini de propagation de fausses nouvelles », sur www.msn.com (consulté le )
  40. Arrêté du 12 juillet 2006 portant attribution du diplôme de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr pour l'année 2006 (lire en ligne)
  41. « Au Cameroun, trois militaires inculpés pour le massacre de Ngarbuh », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. « Cameroun – Procès du massacre de Ngarbuh: Un militaire aurait pris la fuite », sur www.msn.com (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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