Merry-Joseph Blondel

peintre français
Merry-Joseph Blondel
Merry-Joseph Blondel, Autoportrait, 1817,
Stockholm, Nationalmuseum[1].
Biographie
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Élève
Genre artistique
Distinction
Prix de Rome en peinture de 1803
Œuvres principales
Énée portant son père Anchise

Merry-Joseph Blondel, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un peintre néoclassique français.

Biographie modifier

Portrait de Madame Blondel, 1849, musée des Beaux-Arts d'Agen.
Énée portant son père Anchise, 1803, huile sur toile, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts.

Merry-Joseph Blondel naît le à Paris[2]. Plus jeune fils du peintre et décorateur, membre de l'Académie de Saint-Luc, Joseph-Armand Blondel et de Marie-Geneviève Marchand, il entre chez un notaire en 1795[3]. Après un premier apprentissage, deux plus tard, à la manufacture de porcelaine Dihl et Guérhard, où il est élève d'Étienne Charles Leguay[4], il étudie la peinture auprès de Jean-Baptiste Regnault[5]. En l'espace d'un an, il remporte le prix du meilleur torse, celui de la figure la plus expressive et plusieurs autres qui lui valent le surnom de « Monsieur Cinq-Prix » parmi ses condisciples[3]. Son Énée portant son père Anchise lui vaut le prix de Rome en peinture de 1803[5] mais personne n'étant envoyé à Rome cette année-là, il devra attendre 1809 avant de pouvoir partir, avec le soutien de Regnault[3].

De 1809 à 1812, il passe trois ans à la villa Médicis à Rome au lieu des quatre en usage[3]. En 1809, Ingres, alors à la villa Médicis pour sa 3e année, y exécute son portrait[3]. De retour à Paris, il envoie plusieurs tableaux au Salon du Louvre. Il obtient une médaille d'encouragement en 1816, remporte une médaille d'or pour sa Mort de Louis XII au Salon de 1817 et la Légion d'honneur en 1824[5].

Il entame alors une carrière de décorateur et obtient de nombreuses commandes d'État. En 1827 et 1828, il est chargé de grands travaux à exécuter au palais du Louvre, notamment celui de la galerie d'Apollon et dans le grand escalier, dans la salle Henri II, et dans les anciennes salles du Conseil d'État au premier étage de l'aile Lemercier (actuellement département des objets d'art). Le plafond de la grande salle représente la France recevant la charte constitutionnelle. Également au Louvre, Blondel peint une autre composition, La France victorieuse à Bouvines, pour la salle de la donation Thiers et, dans la salle de Henri II, La Dispute de Minerve et de Neptune[5]. Un troisième plafond, dans la salle de la donation Camondo, représente La France reçoit de Louis XVIII la charte constitutionnelle, au milieu des rois législateurs et des jurisconsultes français. En 1938, les trois compartiments du plafond que Blondel avait peint pour la salle Henri II du palais du Louvre sont déposés et remplacés en 1953 par une composition de Georges Braque[6].

Dans la salle du palais Brongniart, il peint plusieurs camaïeux[5]. Dans la galerie de Diane au château de Fontainebleau, il peint 21 tableaux relatifs à la déesse de la chasse et, dans le salon voisin, plusieurs compartiments où se trouvent des scènes sur le thème de cette déesse[5]. Il œuvre également à Notre-Dame-de-Lorette et Saint-Thomas-d'Aquin[3]. C'est à partir de ses dessins que Joseph Dufour réalise la série Psyché de papier peint panoramique en 1815[7],[8],[9].

Proche de Charles Percier, architecte et décorateur, un des principaux représentants et inventeurs du style Empire, il en fait un premier portrait en 1839, repris ensuite dans une version agrandie commandée en 1840 par le roi Louis-Philippe, pour le musée historique de Versailles[10], nous laissant une de ses rares représentations connues avec celle par Robert Lefèvre. Il peint Napoléon visitant le Palais-Royal, conservé dans la salle des pas perdus au Palais-Royal, alors siège du Tribunat[11]. En 1840, il réalise la série de tableaux Richard Cœur de Lion, Raymond IV de Toulouse, Jean de Joinvilleetc. dans la salle dite des Croisades au musée de l'Histoire de France du château de Versailles[12].

En 1825, Blondel, qui avait été nommé au poste de professeur à l'École des beaux-arts de Paris l'année précédente[3], se voit préférer Ingres lorsqu'il tente d'intégrer l'Académie des beaux-arts. Il devra attendre 1832 avant d'être reçu[3]. Après avoir été exposés à Paris, plusieurs des tableaux de Blondel sont envoyés dans les musées ou dans les églises de Dijon, Toulouse, Bordeaux et Rodez[13]. L'un de ses derniers ouvrages, un tableau de chevalet représentant Michel-Ange aveugle cherchant à reconnaître la beauté des formes du torse antique au toucher, sujet traité précédemment en sculpture par Pierre-Charles Bridan, est exposé au Salon de 1831[5]. En , remarié à la fille du portraitiste Pierre-Maximilien Delafontaine, Blondel prend le chemin de Rome où, Ingres, alors directeur de l'École, l'accueille, avec sa jeune femme, pendant les quatre mois que dure son séjour. En mai, il entreprend un voyage dans les Marches et l'Ombrie, dont il ramène une série de croquis, aujourd'hui conservés au musée Ingres de Montauban. En 1841, lorsque s'achève la mission d'Ingres à la villa Médicis, Blondel sollicite son poste, mais se voit préférer Jean-Victor Schnetz[3].

'Merry-Joseph Blondel meurt le dans sa ville natale[2].

Artiste fécond[12], Blondel n'a jamais réussi à briser le moule de son époque, mais il a œuvré au sein de son école avec habileté et assurance[3]. Il fut, comme bien d'autres de ses contemporains, touché par l'esprit du romantisme, l'expression du déchaînement des passions et des éléments naturels. Il demeure l'un des meilleurs représentants de la peinture d'histoire de la première moitié du XIXe siècle.

Collections publiques modifier

États-Unis
France
  • Agen, musée des Beaux-Arts :
    • Portrait de Madame Blondel, 1849, huile sur toile ;
    • Autoportrait en peintre, vers 1850, huile sur toile.
  • Amiens, musée de Picardie : Portrait de Solon, législateur et poète d'Athènes 1828, huile sur toile, 48 × 50 cm.
  • Dijon :
  • Fontainebleau, château de Fontainebleau : salon et galerie de Diane.
  • Gray, musée Baron-Martin :
    • La Mort d'Hyacinthe, 1810, huile sur toile, 230 × 151 cm ;
    • La Mort de Sapho, huile sur toile, 24 × 19 cm, dépôt du musée du Louvre ;
    • La Vérité tenant un miroir, huile sur toile, 62 × 46 cm, dépôt du musée du Louvre ;
    • La Vérité présentant la charte de 1830, huile sur bois, 32 × 23 cm, dépôt du musée du Louvre ;
    • Moïse exposé sur les eaux(d'après Poussin), huile sur toile, 26 × 38 cm ;
    • La Charité, mine de plomb, 14 × 10 cm ;
    • Naples et le Vésuve, 1881, mine de plomb, 20 × 51 cm ;
    • Sapho évanouie, pierre noire, 24 × 41 cm ;
    • La Cène, huile sur toile, 30 × 56 cm ;
    • L'Espérance, 1836, huile sur toile, 82 × 66 cm, dépôt du musée du Louvre ;
    • Portrait d'Eudoxie Blondel, 1838, huile sur toile, 129 × 88 cm.
  • Paris :
    • palais Brongniart : plafond.
    • musée du Louvre :
      • La France au milieu des rois législateurs et des jurisconsultes français reçoit de Louis XVIII la Charte constitutionnelle, 1827 ;
      • La France victorieuse à Bouvines, 1828.
    • Palais-Royal : Napoléon visitant le Palais-Royal.
  • Versailles, musée de l'Histoire de France, salle des Croisades :
    • Richard Cœur de Lion, 1840 ;
    • Raymond IV de Toulouse, 1840 ;
    • Jean de Joinville, 1840.
Suède

La Circassienne au bain modifier

La Circassienne au bain, XIXe siècle, lithographie de Pierre-Joseph Tavernier d'après l'œuvre de Blondel disparue sur le Titanic en 1912.

Blondel débute au Salon de 1814 avec une huile sur toile représentant un nu féminin se baignant dans un cadre idéalisé de l'antiquité classique, cataloguée « peinture no 108, Une Baigneuse ». Des références à la peinture confirmeront plus tard le titre donné par Blondel : La Circassienne au bain[16].

En , l'homme d'affaires suédois Mauritz Hakån Björnström-Steffansson, survivant du naufrage du Titanic, dépose une plainte contre la White Star Line, demandant réparation à hauteur de 100 000 $[17] pour le préjudice financier résultant de la perte du tableau La Circassienne au bain, montant qui reflète la cote de Blondel à cette époque et qui en fait, de loin, la perte la plus importante de ce naufrage[18].

Notes et références modifier

  1. a et b (en + sv) « Merry-Joseph Blondel », sur Nationalmuseum (consulté le ).
  2. a et b Bellier de La Chavignerie et Auvray 1882, p. 101.
  3. a b c d e f g h i et j Conisbee, Tinterow & Naef 1999.
  4. Guillebon 1985, p. 28.
  5. a b c d e f et g Étienne Achille Réveil et Jean Duchesne, Musée de peinture et de sculpture. Recueil des principaux tableaux, statues et bas-reliefs des collections publiques et particulières de l'Europe, Paris, Audot, .
  6. Nadine Pouillon, Isabelle Monod-Fontaine, Braque : œuvres de Georges Braque, 1882-1963, Paris, Centre Georges Pompidou, 1982, p. 212.
  7. « Psyché au bain », notice no 07660015859, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  8. « Psyché recueillie par un pêcheur », notice no 07660015861, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  9. « Psyché voulant poignarder l'Amour », notice no 07660015860, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  10. J. Bauer, Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, Paris, Armand Colin, 1935, p. 84.
  11. Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques, no 29, Paris, Éditions du CTHS, 2002, (ISSN 0997-5322), p. 161.
  12. a et b Paule-Cécile Minot, Versailles à travers ces grandes familles, no 29, Paris, Éditions du CTHS, 2002, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1994, 228 p., p. 42 (ISBN 978-2-72330-490-0).
  13. Répertoire d'art et d'archéologie, vol. 59-60, Université de Paris. Bibliothèque d'art et d'archéologie, Comité international d'histoire de l'art, Comité français d'histoire de l'art, 1955, p. 269.
  14. (en + sv) « Aeneas carrying his father Anchises from the burning city of Troy », sur Nationalmuseum (consulté le ).
  15. Notice du musée impérial de Versailles, 1859, p. 280.
  16. Livret du Salon du Louvre Explication des ouvrages de peinture, sculpture, Architecture et Gravure exposes au musee royal des arts, le , p.11.
  17. Équivalant à 2 400 000 $ de 2014.
  18. (en) « Titanic Survivors Asking $6,000,000 », New York Times, , p. 28.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Conisbee, Tinterow & Naef 1999] (en) Philip Conisbee, Gary Tinterow et Hans Naef, Portraits by Ingres : image of an epoch, New York, Metropolitan Museum of Art, , 596 p. (ISBN 978-0-87099-890-4, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Guillebon 1985] Régine Plinval de Guillebon, La Porcelaine à Paris sous le Consulat et l'Empire : fabrication, commerce, étude topographique des immeubles ayant abrité des manufactures de porcelaine, Genève, Droz, , 239 p., sur books.google.fr (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Réveil & Duchesne 1834] Étienne Achille Réveil et Jean Duchesne, Musée de peinture et de sculpture : Recueil des principaux tableaux, statues et bas-reliefs des collections publiques et particulières de l'Europe, Paris, Audot, .
  • [Rochette 1853] Désiré Raoul Rochette, Funérailles de M. Blondel : Discours de M. Raoul-Rochette le lundi 13 juin 1853, Paris, Didot, , 8 p., sur gallica (lire en ligne).
  • [Bellier de La Chavignerie et Auvray 1882] Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, « Blondel (Merry-Joseph) », dans Dictionnaire Général des Artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, vol. 1, (lire en ligne), p. 101-102. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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