Rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping de 2023

Rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping de 2023
Emmanuel Macron, Xi Jinping et Ursula von der Leyen en 2023
Emmanuel Macron, Xi Jinping et Ursula von der Leyen en 2023

Type Sommet politique
Pays Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Localisation Hanoï, Palais de l'Assemblée du peuple, Pékin, Guangzhou, Guangdong
Date Du au
Participant(s) Emmanuel Macron, Président de la République française
Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne
Xi Jinping, Secrétaire général du Parti communiste chinois et Président de la république populaire de Chine
Revendications
  • Discussion autour de la guerre en Ukraine et le rôle de la Chine en tant que médiateur[1]
  • Signature de plusieurs accords économiques et culturels[2]
  • Renforcement du partenariat stratégique entre la France, l'Union Européenne et la Chine[3]

La rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping de 2023, aussi appelée sommet France-Chine de 2023 est une visite d'État de trois jours d'Emmanuel Macron, président de la France, en Chine, du 5 au 7 avril 2023.

Il s'agit de la première visite de Macron en Chine depuis la pandémie de COVID-19 et de sa troisième depuis son entrée en fonction en 2017. Il est accompagné d'une délégation de plus de 50 PDG et rencontre la communauté d'affaires française en Chine. Il a rencontre également Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois et président de la Chine, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, pour aborder diverses questions, en particulier la guerre en cours en Ukraine et le rôle potentiel de la Chine en tant que médiateur entre la Russie et les puissances occidentales, en particulier atlantiques. La visite est perçue comme une tentative de « renouer » avec la Chine après trois ans de sa politique zéro-Covid et malgré la bienveillance croissante de Pékin envers la Russie dans le contexte de la guerre[4].

Contexte modifier

Macron s'était déjà rendu deux fois en Chine, en janvier 2018 et en novembre 2019. Lors de sa première visite, il annonce un « partenariat stratégique global » entre la France et la Chine et signe plusieurs accords sur le commerce, le changement climatique, le nucléaire et la culture. Il offre à Xi un cheval nommé Vésuve[5]. Lors de sa deuxième visite, il assiste à la China International Import Expo à Shanghai et rencontre Xi à Pékin. Il invite également celui-ci à se rendre en France pour le 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays en 2024[6]. Cependant, depuis lors, les relations entre la Chine et la France, ainsi qu'entre la Chine et l'Union européenne, sont tendues par plusieurs facteurs. L'apparition de la pandémie de COVID-19 au début de l'année 2020, originaire de Chine, conduit Pékin à fermer ses frontières aux voyageurs et à imposer des mesures de quarantaine strictes aux visiteurs entrants. Cela entrave les échanges touristique et commerciaux entre la Chine et d'autres pays, dont la France[7]. Un autre facteur est le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, et le rapprochement de la Chine et de son voisin russe[réf. souhaitée].

Droits de l'homme modifier

Macron et von der Leyen soulèvent la question des droits de l'homme lors de leur visite, dans un contexte de critiques internationales croissantes sur la répression par la Chine des minorités ethniques, des dissidents politiques et des militants de la société civile. Ils expriment leurs inquiétudes sur la situation au Xinjiang, où le gouvernement chinois détient environ un million Ouïghours et d'autres musulmans turcs dans camps d'internement, les soumet au travail forcé, à une surveillance constante et à un génocide. De la même façon, la politique chinoise concernant le Tibet est condamnée par la majorité des États et des organisations militant pour les droits de l'homme[8]. Macron et von der Leyen exhortent également la Chine à respecter l'autonomie et les libertés de Hong Kong, où Pékin a imposé une loi sur la sécurité nationale, utilisée pour réprimer les manifestations pro-démocratie et les médias, et affermir le contrôle de la Chine sur l'ancienne colonie britannique[9]. En outre, ils appellent à la libération de plusieurs personnalités éminentes qui ont été emprisonnées ou persécutées pour leurs activités pacifiques, telles que l'économiste ouïghour et lauréat du prix Sakharov Ilham Tohti, le magnat des médias de Hong Kong Jimmy Lai et le militant de la langue tibétaine Tashi Wangchuk[10].

La position de Macron et von der Leyen sur les droits de l'homme est saluée par plusieurs groupes de la société civile et organisations de défense des droits de l'homme, qui les ont incités à faire des droits de l'homme une priorité lors de leur visite. Macron « doit dénoncer fermement en privé mais aussi publiquement la répression contre les militants et défenseurs des droits de l'homme chinois, les Hongkongais, les Ouïghours et les Tibétains », a déclaré le président de la Ligue des droits de l'homme Patrick Baudouin dans un communiqué[11]. Cependant, le gouvernement chinois rejette toute ingérence dans ses affaires intérieures et accuse les pays occidentaux d'hypocrisie. Xi déclare à Macron et von der Leyen que la Chine s'engage à protéger les droits de l'homme en fonction de ses propres conditions nationales et de son stade de développement, et que la Chine s'oppose à toute tentative de politiser ou de militariser les questions relatives aux droits de l'homme[12].

Critiques modifier

Au cours et en marge du sommet, Emmanuel Macron prononce plusieurs paroles qui sont critiquées, notamment au sujet de Taïwan. Ainsi, il affirme dans Les Échos : « La pire des choses serait de penser que nous devrions être suivistes et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise. »[13]. Il défend ainsi la poursuite des relations et liens avec la Chine, malgré les accusations concernant la démocratie et les droits humains à son encontre[14].

De nombreuses personnalités politiques critiquent alors ce qu'il qualifient de rupture dans l'unité occidentale face à la Chine, alors que la Chine mène des exercices militaires très agressifs autour de Taïwan, dont l'unification avec la Chine est un objectif clair du président Xi, au lendemain du sommet. Pour le Wall Street Journal, Macron « affaiblit la dissuasion contre l'agression chinoise et sape le soutien américain à l'Europe ». des élus américains comme Mike Gallagher estiment les propos du président gênants et irresponsables sur le plan diplomatique et géopolitique. Un élu lituanien déclare, lui, que le président français fait preuve d'un « aveuglement géopolitique » vis-à-vis de la Chine et agit « à l'encontre des intérêts stratégiques de l'Union européenne et de l'Otan »[15].

Le chef des députés Les Républicains, Olivier Marleix, y voit lui un « signal donné aux Chinois », mais aussi aux Russes concernant l'Ukraine. Il regrette que le chef de l'Etat soit « allé en Chine pour plaider pour la souveraineté de l'Ukraine, chercher une aide ou une influence chinoise sur la Russie » pour « au bout du compte en réalité [sacrifier] la souveraineté de Taïwan »[15].

Plus généralement, Emmanuel Macron est critiqué pour la tenue de cette visite en Chine, pays pointé du doigt pour ses violations répétées des droits humains, et son absence d'expression publique sur la question, alors même qu'Ursula von der Leyen a elle prononcé un discours critique à l'égard de la Chine lors de cette même visite[16]. L'Express rappelle d'ailleurs que la Chine est la grande gagnante de cette rencontre, qui lui permet de légitimer sa politique par des rencontres internationales de premier plan[17].

Références modifier

  1. « Macron and von der Leyen visit increasingly distant China »,
  2. (en) « Airbus in Talks for New China Jet Order Ahead of Macron Visit », sur Skift, (consulté le )
  3. (en) « Xi meets with French president via video link », sur Xinhua News Agency, (consulté le )
  4. (en) « Macron and von der Leyen visit increasingly distant China », Le Monde, (consulté le )
  5. (en) « Macron offers China horse as state visit begins », BBC News, (consulté le )
  6. (en) « Macron in China to seek more access for French companies », France 24, (consulté le )
  7. (en) « Coronavirus: How is China using its influence in the EU? Analysis by Euronews expert », Euronews, (consulté le )
  8. (en) « China and Tibet », Human Rights Watch, (consulté le )
  9. (en) « China 2022 », Amnesty International, (consulté le )
  10. (en) « France, EU: Raise Rights During Top-Level China Visit », Human Rights Watch, (consulté le )
  11. (en) « Macron heads to China for delicate talks on Ukraine, trade », Associated Press, (consulté le )
  12. (en) « Xi meets with French president via video link », Xinhua News Agency, (consulté le )
  13. « Emmanuel Macron : « L'autonomie stratégique doit être le combat de l'Europe » », sur Les Echos, (consulté le )
  14. « Vu de l’étranger. Les déclarations de Macron sur la Chine, un “signal d’alarme” pour ses alliés », sur Courrier international, (consulté le )
  15. a et b « Taïwan : on vous explique la polémique après les propos d'Emmanuel Macron, qui défend une "autonomie" européenne face à la Chine et aux Etats-Unis », sur Franceinfo, (consulté le )
  16. « Macron en Chine : le discours très critique d'Ursula von der Leyen vis-à-vis de Pékin », sur Europe 1 (consulté le )
  17. « Macron et la Chine : les périls du "en même temps", par François Godement », sur L'Express, (consulté le )