Salon de Bruxelles de 1860

Exposition périodique d'artistes vivants

Le Salon de Bruxelles de 1860 est la dix-huitième édition du Salon de Bruxelles, exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants. Il a lieu en 1860, du au au palais des Académies à Bruxelles, à l'initiative de la Société royale de Bruxelles pour l'encouragement des beaux-arts.

Salon de Bruxelles de 1860
Le palais des Académies de Bruxelles, lieu du Salon de 1860.
Le palais des Académies de Bruxelles, lieu du Salon de 1860.
Type Art
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Localisation Bruxelles
Date d'ouverture
Date de clôture
Organisateur(s) Commission directrice des Salons triennaux de Bruxelles

Ce Salon est le dixième organisé depuis l'Indépendance de la Belgique en 1831. Les prix sont remis sous forme de médailles d'or, ainsi que de récompenses pécuniaires. L'exposition est marquée par le déclin de la peinture d'histoire au profit des paysages et de la sculpture. Pour la première fois l'exposition a lieu au palais des Académies.

Organisation

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Pour chaque exposition, les dates et l'organisation générale sont fixées par arrêté royal, sur proposition du ministre responsable. La commission directrice de l'exposition est ensuite nommée par arrêté ministériel, le règlement de l'exposition est également fixé par arrêté ministériel. Chaque Salon est donc géré par une commission directrice distincte[1].

Contexte

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Ce Salon est le dixième organisé depuis l'Indépendance de la Belgique en 1831. L'exposition de 1860 débute le . Le Salon est inauguré par Charles Rogier, ministre de l'Intérieur, car le duc de Brabant est en deuil de cour en raison de la mort de sa tante la grande-duchesse Anna Fiodorovna de Russie, née Julienne de Saxe-Cobourg-Saalfeld[2]. Pour la première fois, le Salon a lieu au premier étage, ainsi que dans quelques salles du rez-de-chaussée, du palais ducal (actuel palais des Académies) à Bruxelles. Cet emplacement offre l'avantage d'un accès facile pour les voitures et les piétons[2],[3].

Catalogue

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Données générales

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Alors que le Salon de 1857 comprenait près de 1 286 numéros, l'édition de 1860 en propose 1 114[4].

Peinture

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Tableaux d'histoire et portraits

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La Mort de César par Jean-Léon Gérôme.

La peinture d'histoire est notamment représentée par Jean-Léon Gérôme qui expose La Mort de César, un tableau d'excellente facture, a priori trop petit au regard du sujet représenté, mais d'une simplicité signe du grand art maîtrisé. Joseph-Nicolas Robert-Fleury, l'un des vétérans de l'école française, s'illustre par Entrevue de Jules II et de Michel-Ange à Bologne, sujet médiocre dont l'artiste n'a réussi qu'à surmonter en partie les difficultés. Charles de Groux, lui aussi, propose deux peintures d'histoire intitulées François Junius prêchant secrètement la réforme à Anvers et Charles-Quint recevant le viatique, deux excellentes compositions habiles et puissantes[5].

Charles Verlat a réalisé un charmant tableau La Convoitise que l'on pourrait comparer à Nood zoekt troost (Besoin cherche consolation) de Henri Joseph Duwée. Quant à Eugène Smits il s'est sans doute inspiré de Véronèse pour Jeune femme portant des fruits[6].

Peintures d'animaux, paysages et marines

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Les Csikós rabattant des chevaux en Hongrie par Teutwart Schmitson.

Teutwart Schmitson, berlinois, expose Les Csikós rabattant des chevaux en Hongrie et Otto von Thoren, viennois, est l'auteur de Le Convoi de chevaux hongrois, tous deux des tableaux représentant des chevaux qui présent beaucoup d'analogie. Le second est plus coloriste, tandis qu'il émane du premier un mouvement et une chaleur d'action qui s'empare du spectateur[7]. Les paysages sont dignement représentés par une nouvelle génération d'artistes belges tels Théodore Fourmois, François Lamorinière, Alfred de Knyff, entrés dans une nouvelle voie tracée par Jan Baptiste de Jonghe autrefois professeur à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers[8]. Les marines sont brillamment représentées par Paul Clays qui progresse dans la voie personnelle qu'il s'est tracée et Henri Lehon, dont la vive imagination étonne[9].

Absence de Gallait et Wiertz

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Parmi les artistes qui se sont abstenus d'envoyer leurs ouvrages à l'exposition, deux d'entre eux l'on fait par parti pris. Louis Gallait et Antoine Wiertz. Gallait pense devoir se plaindre du gouvernement et ne désire pas contribuer au succès d'une exposition organisée par Charles Rogier, le ministre de l'Intérieur, qu'il n'aime pas et refuse, de surcroît de travailler pour le musée tant qu'il devra débattre avec Rogier des conditions de la commande. En conséquence de cet étrange conflit, le public est privé des œuvres de Louis Gallait et les institutions de son influence salutaire[10]. Quant à Antoine Wiertz, s'il n'expose pas aux salons triennaux, son atelier à Ixelles, devenu son musée demeure ouvert. L'excentricité de cet artiste entièrement dévoué à son art devient habituelle et sa sincérité indéniable[11].

Sculpture

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La jeune école belge de sculpture présente un ensemble de productions très satisfaisante à l'exposition qui, cette année, est très fournie en statuaires. Plus de quarante sculpteurs belges exposent leurs œuvres. Victor Van Hove propose six sculptures, dont quatre de bronze et deux de plâtre. La Vengeance est un morceau d'une rare énergie, de même que l'Enfant jouant avec un jeune chat. Van Hove a la main heureuse dans le choix de ses sujets. Le bas-relief de Robert Fabri, La dernière entrevue de Moïse et Aaron avec Pharaon, prix de Rome belge de 1859, est d'un rare mérite. D'autres sculpteurs belges sont des exécutants habiles auxquels ne manquent ni le sentiment, ni la grâce, comme Édouard Fiers[12].

Pastel, aquarelle, dessin

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Dix artistes, dont sept femmes, exposent des pastels : Sophie Aizelin et Nina Bianchi de Paris, Adèle Wagner de Lyon, et quatre Bruxelloises, dont Mathilde Corr, Marie Kessels, Rufina Noeggerath et Aline De Senezcourt[13]. La Société des aquarellistes ayant exposé l'année précédente, il y a peu d'aquarelles d'artistes belges au Salon de 1860, hormis Paul Lauters et Gustave Simonau qui donnent une opinion favorable de l'aquarelle en Belgique[14]. Quant aux portraits dessinés par Louis-Joseph Ghémar, ils démontrent, selon Louis Alvin, que l'art du dessinateur n'a rien à redouter des procédés du photographe et que les deux techniques peuvent vivre en bonne intelligence[15].

Résultats

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Ordre de Léopold

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En vertu de l'arrêté royal du , douze artistes sont élevés au rang de chevalier l'ordre de Léopold[16]. Les chevaliers sont : David Bles (peintre à La Haye), Jean-Baptiste Capronnier (artiste peintre verrier à Paris), Charles de Groux (peintre à Bruxelles), Joseph Franck (graveur en taille-douce à Bruxelles), Jean-Léon Gérôme (peintre à Paris), Joseph von Keller (graveur en taille-douce à Düsseldorf), François Lamorinière (peintre à Anvers), Edwin Landseer (peintre à Londres), Charles Müller (peintre à Paris), Constant Troyon (peintre à Paris), Victor Van Hove (sculpteur à Bruxelles) et Jean-Baptiste Van Moer (peintre à Bruxelles)[16].

Médailles d'or

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Sur proposition du jury des récompenses au gouvernement, treize médailles d'or sont décernées, en vertu de l'arrêté royal du , aux artistes suivants[16] : Jules Breton (peintre à Courrières pour ses tableaux de genre), Lievin De Winne (à Gand pour ses portraits), Théodore-Charles Gruyère (à Paris pour sa sculpture de Chactas au tombeau d'Atala), Jozef Israëls (à Amsterdam pour ses tableaux de genre), Frans Keelhoff (à Bruxelles pour ses paysages), Victor Lagye (à Anvers pour son portrait religieux représentant Les funérailles religieuse de la fière Marguerite de Louvain), Jean-Baptiste Meunier (à Bruxelles pour ses gravures), Jean-Baptiste Michiels (à Bruxelles pour sa gravure de Pierre le Grand à Saardam), Gustave Ricard (peintre à Paris pour la Tête d'étude d'un jeune berger et pour son portrait de femme), Teutwart Schmitson (peintre à Berlin pour ses tableaux représentant des chevaux), Antoine Sopers (à Bruxelles pour sa statue représentant Un jeune Napolitain, Joseph Stallaert (à Tournai pour son tableau représentant un Épisode de la destruction de Pompéi et pour l'ensemble de ses autres œuvres) et Jacob Wiener (à Bruxelles pour sa collection de médailles représentant les principaux monuments d'Europe)[16].

Récompenses pécuniaires et achats par le gouvernement

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Le budget du ministère de l'Intérieur prévoit, pour l'exercice de 1860, une somme de 15 000 francs répartie entre les encouragements aux artistes ayant participé à l'exposition des beaux-arts et l'achat d'œuvres par le gouvernement[17].

Références

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  1. « Fonds Salons triennaux de Bruxelles », sur historicalarchives.fine-arts-museum.be, (consulté le ).
  2. a et b Rédaction, « Ouverture de l'exposition des beaux-arts de Bruxelles », L'Indépendance belge, no 232,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Alvin 1860, p. 13.
  4. Alvin 1860, p. 12.
  5. XX, « Exposition nationale des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 243,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Alvin 1860, p. 41-47.
  7. XX, « Exposition nationale des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 276,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Alvin 1860, p. 61-63.
  9. Alvin 1860, p. 72.
  10. Alvin 1860, p. 84-85.
  11. Alvin 1860, p. 85-86.
  12. Alvin 1860, p. 52-60.
  13. Alvin 1860, p. 73-74.
  14. Alvin 1860, p. 74-75.
  15. Alvin 1860, p. 75.
  16. a b c et d Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts », Journal de Bruxelles, no 352,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  17. Le Moniteur belge, Partie officielle, t. XXX, Bruxelles, Le Moniteur, , 3466 p. (lire en ligne), p. 3229.

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Louis Alvin, Coup d'œil sur la situation des beaux-arts en 1860, Bruxelles, Henri Samuel, , 88 p. (lire en ligne).

Catalogue

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  • Catalogue, Exposition générale des Beaux-Arts de 1860, catalogue explicatif, Bruxelles, Charles Lelong, , 144 p..