Salon de Bruxelles de 1863

Exposition périodique d'artistes vivants

Le Salon de Bruxelles de 1863 est la dix-neuvième édition du Salon de Bruxelles, exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants. Il a lieu en 1863, du au dans un bâtiment provisoire place du Trône à Bruxelles, à l'initiative de la Société royale de Bruxelles pour l'encouragement des beaux-arts.

Salon de Bruxelles de 1863
Bâtiment provisoire place du Trône, lieu du Salon de 1863, photographié par Louis-Joseph Ghémar la même année.
Bâtiment provisoire place du Trône, lieu du Salon de 1863, photographié par Louis-Joseph Ghémar la même année.
Type Art
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Localisation Bruxelles
Date d'ouverture
Date de clôture
Organisateur(s) Commission directrice des Salons triennaux de Bruxelles

Ce Salon est le onzième organisé depuis l'Indépendance de la Belgique en 1831. Les prix sont remis sous forme de médailles d'or, ainsi que de récompenses pécuniaires. L'exposition est marquée par le déclin de la peinture d'histoire au profit des paysages et de la sculpture.

Organisation

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Pour chaque exposition, les dates et l'organisation générale sont fixées par arrêté royal, sur proposition du ministre responsable. La commission directrice de l'exposition est ensuite nommée par arrêté ministériel, le règlement de l'exposition est également fixé par arrêté ministériel. Chaque Salon est donc géré par une commission directrice distincte[1].

Contexte

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Ce Salon est le onzième organisé depuis l'Indépendance de la Belgique en 1831. L'exposition de 1863 débute le . Le Salon est inauguré par le roi Léopold Ier, son fils et sa bru le duc et la duchesse de Brabant et son fils cadet le comte de Flandre[2]. Pour la première fois, le Salon a lieu dans le nouveau local de l'exposition, place du Trône à Bruxelles. Qualifié de « barraque », l'édifice provisoire a été couvert de toile peinte simulant le granit et un jardinet l'entoure. Le bâtiment est divisé en dix salles dont neuf son consacrées à la peinture et une à la lithographie, le dessin et les gravures. Une galerie expose une partie des sculptures, dont bon nombre sont aussi présentes au milieu des salles affectées à la peinture. Chacun des dix compartiments est vaste et élevé, la lumière y est largement répandue par des plafonds garnis de verre dépoli. À cet égard, les artistes sont satisfaits. En revanche, beaucoup de tableaux sont placés à une trop grande élévation, tandis qu'il n'y a presque plus que des petits tableaux, destinés à être regardés de près. L'abandon de la grande peinture au profit de toiles de dimension modeste, requiert davantage une superficie horizontale importante. L'article du règlement qui stipule que les œuvres ne doivent pas être déplacées au cours de l'exposition gagnerait à être abrogé afin de permettre un remaniement au terme d'un mois en faveur des ouvrages les moins visibles[2].

Catalogue

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Données générales

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Alors que le Salon de 1860 comprenait près de 1 114 numéros, l'édition de 1863 en propose 1 272[3]. Elle constitue donc une des plus importantes jamais organisées. Plusieurs peintres belges de renom se sont abstenus, occupés à des travaux d'importance monumentale. Un bon nombre d'objets d'art provient de l'étranger, surtout de France. Le contingent fourni par les peintres hollandais et allemands est moindre qu'aux expositions précédentes en raison de la coïncidence de l'exposition de Bruxelles avec celles d'Amsterdam et de La Haye. Quelques tableaux d'Italie sont parvenus et l'on commence à voir de nouveaux talents de cette contrée[2]. Le nombre de visiteurs est supérieur à celui du Salon de 1860[4].

Peinture

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Tableaux d'histoire et portraits

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La peinture d'histoire est assez faiblement représentée, mais offre quelques remarquables exceptions comme Épisode de la retraite de Russie par Hippolyte Bellangé[5]. Cesare Dell'Acqua propose Sortie des Milanais contre Barberousse et Mort héroïque des femmes souliates réfugiées à Regniassa que Camille Lemonnier n'admire pas en raison du manque de souffle de vie de la première toile et du tragique conventionnel de la seconde. Le critique du journal L'Indépendance belge est plus nuancé et juge Dell'Acqua comme doué de deux qualités : l'intelligence et la conscience. Ses sujets expriment un esprit patriotique, comme sa représentation des Milanais face à Barberousse, une composition qui présente du mouvement, des groupes bien formés, difficiles à exécuter dans une foule en marche, des figures expressives, une lumière bien distribuée, un ton local bien observé, mais un dessin présentant quelques défauts dans les proportions et la justesse des mouvements[6],[7],[8].

Paysages, scènes villageoises, peinture d'animaux et marines

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Paysage avec moulin par Andreas Achenbach en 1863.

Les paysages sont désormais majoritaires et sont principalement remarqués par leur robuste qualité et leur vigoureuse compréhension de la nature. L'école des paysagistes est en progrès et représentée par des artistes sincèrement épris de charmes agrestes et offrent des compositions qui possèdent de l'air et de la profondeur[9]. Les frères Achenbach de Düsseldorf exposent des toiles prestigieuses de leur pinceau hardi et merveilleux coloriste : Andreas, d'une vieille renommée a conservé la juvénile inspiration de ses premières toiles, comme dans Paysage avec moulin et dans sa mélancolique Vue prise en Norwège et son frère Oswald, poète des lointains, a apporté de magnifiques coloris dans ses vues de Naples[10],[11].

Charles-François Marchal a envoyé de Paris Choral de Luther représentant des paysannes alsaciennes, suivies de paysans, chantant au lever du soleil le chant protestant. L'effet est d'une grande sérénité. Pour sa part, Gustave Brion propose Noces en Alsace, un tableau devenu très connu grâce à l'esprit de son dessin, la science de sa composition et ses qualités de couleurs[12].

Attelage valaque par Adolf Schreyer.

Charles Verlat, au talent presque unique lorsqu'il peint un seul animal, expose sa spirituelle Une singerie, une charge à l'adresse du critique d'art Jean Rousseau du Figaro et Un froid de chien, qui présente une certaine confusion dans les animaux représentés. D'autres artistes représentent des animaux, tels les frères Charles-Philogène Tschaggeny et Edmond Tschaggeny qui ont exposé quelques bonnes toiles, témoins de leurs progrès, surtout en ce qui regarde le premier. L'attelage valaque de Adolf Schreyer retient aussi l'attention du public[13],[14].

Les marines, dont le nombre est assez restreint ont de l'ampleur et du mouvement : François Musin, Louis Barnaba, Theodore Alexander Weber, Théodore Gudin et Johannes Hilverdink fils[15],[16].

Sculpture

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La sculpture est modestement représentée au Salon, à l'instar de la peinture, elle manque de caractère et de style. Les jeunes sculpteurs belges manquent de modèles dont ils peuvent s'inspirer. Le groupe en plâtre Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux est probablement le meilleur ouvrage de l'exposition. La statue en marbre Faune à la coquille d'Antoine Sopers est l'œuvre d'un artiste qui donne de grandes espérances. La Barque de l'Amour de Charles-Auguste Fraikin est un motif grâcieux, mais le corps de l'Amour est trop ramassé. Le Réveil de l'Amour de Théodore Geefs est trop fade pour un sujet mythologique[17].

Gravure, eau-forte, lithographie

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Les gravures ont été accrochées à vingt-cinq pieds de haut et sont difficilement visibles. Le Sommeil de Jésus par Achille-Louis Martinet est l'œuvre d'un excellent graveur. Eduard Mandel a gravé au burin une Madonna Colonna très exacte, mais très sèche[17]. Les aquafortistes sont dignement représentés par les Français Maxime Lalanne, Théodule Ribot et par James Abbott McNeill Whistler résidant à Londres[17]. Les lithographies sont peu représentées : Ernst Milster de Berlin a reproduit quatre tableaux de Karl Becker, dont Le carnaval à Venise[17].

Résultats

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Ordre de Léopold

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En vertu de l'arrêté royal du , un artiste Jean-Baptiste Madou, officier de l'ordre de Léopold, devient commandeur. Six artistes belges : François-Antoine Bossuet, Édouard De Bièfve, Théodore Fourmois, Jean-François Portaels, Louis Robbe, Ernest Slingeneyer et Joseph Stevens, artistes peintres à Bruxelles, tous déjà chevaliers, deviennent officiers, de même que le peintre français Ernest Meissonier[18].

Treize artistes sont élevés au rang de chevalier l'ordre de Léopold. Les nouveaux chevaliers sont : Jules Breton (peintre à Courrières), Gustave Brion (peintre alsacien), Cesare Dell'Acqua (peintre à Bruxelles), Édouard Fiers (sculpteur à Bruxelles), Laurent Hannedoes (peintre à La Haye), Jozef Israëls (peintre à Amsterdam), Ludwig Knaus (peintre à Berlin), Jean-Baptiste Kindermans (peintre à Bruxelles), Eduard Mandel (graveur en taille-douce à Berlin), Joseph Quinaux (peintre à Bruxelles), Joseph Stallaert (directeur de l'Académie des beaux-arts à Tournai), François Stroobant (peintre et dessinateur à Bruxelles) et Joseph van Severdonck (peintre à Bruxelles)[18].

Médailles d'or

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Sur proposition du jury des récompenses au gouvernement, douze médailles d'or sont décernées, en vertu de l'arrêté royal du , aux artistes suivants[18] : Jan-Lodewijk Baeckelmans (architecte à Anvers), Henri Bource (peintre à Anvers), Jean-Baptiste Carpeaux (statuaire à Paris), Charles-François Daubigny (peintre à Paris), Gustave Léonard de Jonghe (peintre à Paris), Adolphe Fassin (statuaire à Liège), Jacques-Léonard Maillet (statuaire à Paris), Alexandre Markelbach (peintre à Bruxelles), Jean-Mathieu Nisen (peintre à Liège), Adolf Schreyer (peintre à Paris), Gustave Simonau (peintre aquarelliste à Bruxelles) et Alfred Verwée (peintre à Bruxelles)[18].

Encouragements financiers

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L'arrêté royal du accorde à titre d'encouragements des subsides d'élevant à une somme de 12 000 francs aux artistes ayant participé à l'exposition des beaux-arts[18].

Achats par le gouvernement

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Le gouvernement acquiert la sculpture en marbre La Barque de l'Amour de Charles-Auguste Fraikin, ainsi que cinq tableaux exposés au Salon : Le coin du feu de Auguste Toulmouche, Douleur partagée de Henri Joseph Camptosto, La belle écurie de Louis Van Kuyck, Vue de l'entrée du palais de Frédéric IV à Heidelberg de François Stroobant et Cache-cache de Gustave Léonard de Jonghe afin de les envoyer au musée des beaux-arts[19],[4].

Références

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  1. « Fonds Salons triennaux de Bruxelles », sur historicalarchives.fine-arts-museum.be, (consulté le ).
  2. a b et c Rédaction, « Ouverture de l'exposition des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 215,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Catalogue, Exposition générale des Beaux-Arts de 1860, catalogue explicatif, Bruxelles, Charles Lelong, , 150 p. (lire en ligne), p. 142.
  4. a et b Correspondant, « Bruxelles », Journal des beaux-arts et de la littérature, vol. 5, no 19,‎ , p. 150-151 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Lemonnier 1865, p. 12.
  6. Catalogue 1863, p. 49.
  7. Lemonnier 1865, p. 21-22.
  8. Rédaction, « Ouverture de l'exposition des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 223,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  9. Lemonnier 1865, p. 6-7.
  10. Lemonnier 1865, p. 10-11.
  11. Catalogue 1863, p. 19-20.
  12. Émile Lhoest, « Revue du Salon de Bruxelles », La Meuse, no 196,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Émile Lhoest, « Revue du Salon de Bruxelles », La Meuse, no 206,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  14. Catalogue 1863, p. 136.
  15. Lemonnier 1865, p. 8.
  16. Catalogue 1863, p. 75.
  17. a b c et d Rédaction, « Exposition des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 285,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  18. a b c d et e Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts », Écho du Parlement, no 524,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  19. De du Vallon, La muse de l'antique cité de Rubens, Bruxelles, Bauvais, , 42 p. (lire en ligne), p. 35.

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Camille Lemonnier, 1863 Salon de Bruxelles, Bruxelles, Ch. et A. Vanderauwera, , 45 p. (lire en ligne).

Catalogue

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  • Catalogue, Exposition générale des Beaux-Arts de 1860, catalogue explicatif, Bruxelles, Charles Lelong, , 150 p. (lire en ligne).