Scylla (monstre)
Dans la mythologie grecque, Scylla (en grec ancien Σκύλλα / Skúlla) est une nymphe qui fut changée en monstre marin par Circé.
Groupe | Mythologie |
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Sous-groupe | Monstre, créature marine |
Caractéristiques |
Buste de femme Corps de chiens et de serpents |
Habitat | Mer Méditerranée |
Proches | Charybde |
Origines | Mythologie grecque |
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Région | Grèce antique |
Œuvres principales
L'Odyssée
Scylla est souvent associée à Charybde, près de qui elle réside de part et d'autre d'un détroit traditionnellement identifié avec le détroit de Messine[1].
L'expression « tomber de Charybde en Scylla » signifie de nos jours « éviter un danger en s'exposant à un autre pire encore » ou « aller de mal en pis ». La fougue d'Ulysse le mène à tenter d'harponner Scylla depuis le gaillard de son navire. Il faut y voir une image de la pêche au harpon, qui se pratique dans les parages à son époque et encore de nos jours[2].
Anthroponymie
modifierAttestations
modifierScylla est mentionnée pour la première fois par Homère dans l'Odyssée (12 ; 85 ; 108 ; 230 ; etc.)[3].
Étymologie
modifierLe nom Σκύλλα / Skúlla aurait un rapport avec le verbe σκύλλω / skúllô « écorcher, déchirer » (par extension « arracher les cheveux », « tourmenter ») d'une racine expressive peu claire[3]. On pourrait traduire son nom par "celle qui déchire".
Généalogie et famille
modifierLes traditions divergent beaucoup quant à sa parenté :
Mythe
modifierD'une grande beauté, elle vivait parmi les Néréides. Le dieu Glaucos s'éprit d'elle, mais elle le repoussa. Il s'adressa alors à la magicienne Circé pour lui demander de fabriquer un philtre d'amour.
Celle-ci, amoureuse du dieu et jalouse de sa rivale, mit au point un poison que Glaucos versa lui-même dans la fontaine où Scylla avait l'habitude de se baigner. La nymphe se changea alors en un monstre hideux ayant douze moignons pour pieds et six longs cous ayant chacun une tête et une triple rangée de dents, ou en un monstre hideux entouré de chiens hurlants et de serpents. Voyant sa métamorphose, Scylla se précipita dans la mer où elle terrorise depuis les marins[réf. nécessaire][6].
On retrouve Charybde et Scylla dans plusieurs légendes :
- celle des Argonautes qui parviennent à passer sans encombre entre les deux monstres, sous la protection d'Héra[5] ;
- celle d'Héraclès qui, rapportant les bœufs de Géryon en Grèce, en perd une partie [4] ;
- celle d'Ulysse qui voit six hommes de son équipage se faire dévorer[7].
Ovide reprendra le mythe dans ses Métamorphoses.
Ce mythe a aussi inspiré la tragédie lyrique de Jean-Marie Leclair, Scylla et Glaucus (1746).
Démythification
modifierSelon les Histoires incroyables de Palaiphatos, Scylla était le nom d'une célèbre trirème tyrrhénienne qui attaquait les bateaux, et à laquelle Ulysse échappa[8].
Réinterprétations
modifierDepuis l'Antiquité, Scylla a été l'objet de nombreuses interprétations philosophiques, parfois alchimiques, à la fois païennes et chrétiennes, entre autres chez Héraclide du Pont, Eustathe et Christophe Contoléon[9].
Au XXe siècle, le philosophe Emmanuel d'Hooghvorst en propose lui aussi un commentaire détaillé : « Là se lit le néant des âges, là un gel infernal substitue le rêve à toute joie. »[10].
Scylla dans la culture
modifierLittérature et bandes-dessinées
modifier- 1986 : dans le manga Saint Seiya, dans le domaine de Poséidon, Shun affronte Io de Scylla utilisant des attaques représentant les six têtes aux pieds de Scylla[Quoi ?].
- 2006 : dans la saga de Percy Jackson (La Mer des monstres), Percy, Tyson, Clarisse et Annabeth essaient de traverser Scylla, ils réussirent mais perdent leur navire.
- 2018 : dans le roman Circé de Madeline Miller, Scylla est un personnage secondaire.
Jeux vidéo
modifier- Dans le jeu vidéo God of War: Ghost of Sparta, le joueur (incarnant le personnage de Kratos) combat et tue Scylla aux abords de l'Atlantide.
- Dans les jeux vidéo Castlevania: Symphony of the Night et Castlevania: The Dracula X Chronicles, Scylla est l'un des boss du jeu avec un design fidèle à celui présent dans la mythologie grecque.
- Dans le jeu vidéo Age of Mythology, Scylla est une unité mythique du dieu Dionysos[réf. nécessaire].
- Dans le jeu vidéo Smite, Scylla est un personnage pouvant être incarné par le joueur.
- Dans le jeu vidéo Phoenix Point, la Scylla est une unité pandorienne.
- Dans le jeu vidéo Hades II, Scylla est un boss que doit affronter Mélinoé, incarnée par le joueur[11].
Télévision
modifier- L'épisode 42 de La petite Olympe et les Dieux (Glaucos et Scylla) reprend le mythe de Scylla (qui est appelée Camille).
Comédie Musicale
modifier- Scylla fait son apparition dans la comédie musicale indépendante Epic: The Musical réalisée par Jorge Rivera-Herrans, mettant en scène les récits de l'Odyssée d'Homère. Elle entre en scène dans le sixième album de la comédie musicale (sorti le 4 juillet 2024) :"The Thunder Saga", puis dans la troisième chanson le composant "Scylla". Elle est interprétée par KJ Burkhauser.
Annexes
modifierSources antiques
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Homère (trad. du grec ancien par Victor Bérard), L’Odyssée, Éditions Gallimard, (1re éd. 1956) (ISBN 2-07-010261-0), p. 714
- Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (Chant).
- Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne] (Livre IX, 588c).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (Préface).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (VII, 62 ; VIII, 6 ; XIII, 900 ; XIV, 74).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 19, 4).
- Virgile, Géorgiques [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 404).
Bibliographie
modifier- Michael Grant et John Hazel (trad. Etienne Leyris), Dictionnaire de la mythologie [« Who’s Who in classical mythology »], Paris, Marabout, coll. « Savoirs », (ISBN 2-501-00869-3), p. 321
- Edith Hamilton (trad. Abeth de Beughem), La Mythologie, éd. Marabout, (ISBN 978-2-501-00264-6), p. 259-260
- Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Définitions, Paris, Éditions Gallimard, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
- (en) Sophie Emilia Seidler, « Bitches and Witches : Grotesque Sexuality in Ovid's Scylla (Metamorphoses 13.730-14.74) », Acta Iassyensia Comparationis, no 29 « Les monstres dans la littérature », , p. 13-24 (ISSN 2285-3871, lire en ligne).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressource relative à la bande dessinée :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
modifierNotes
modifierRéférences
modifier- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], IV, 24.
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], I, 2, 15-16.
- Bailly, Dictionnaire Grec Francais, (lire en ligne)
- Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 124-126.
- Apollonios de Rhodes, Argonautiques [détail des éditions] [lire en ligne] (III)
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (XIV, 1er récit)
- Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (XII)
- Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] (lire en ligne)
- H. van Kasteel, Questions homériques, Physique et Métaphysique chez Homère, Grez-Doiceau, Beya, , LXVIII + 1200 (ISBN 978-2-9600575-6-0 et 2-9600575-6-2), p. 164, 625-627, 740-741, 765, 814
- Cité dans : H. van Kasteel, Op. cit., p. 1054
- (en) « Scylla », sur Hades Wiki (consulté le )