« Mortalité animale due aux véhicules » : différence entre les versions
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[[Image:Grenouille écrasée st omer mai 2002 2.jpg|thumb|Les [[amphibien]]s comptent parmi les espèces les plus touchées par la mortalité routière (jusqu'à plus d'une centaine d'individus par nuit et par point de passage, là où leurs itinéraires de migration printanière entre les zones d'hivernage et les zones de ponte croisent nos voies de circulation). Les [[écoduc]]s destinés à leur permettre de traverser à moindre risque sont dits [[batrachoduc]]s ou [[crapauduc]]s.]]
La '''mortalité animale sur les routes''' est la conséquence de collisions de la [[Faune (biologie)|faune]] avec des véhicules. Elle concerne de nombreuses espèces : grands et petits mammifères, oiseaux, batraciens, insectes
En [[1920]], alors qu'il y avait peu de véhicules en circulation et qu'ils roulaient plus lentement, Grinell écrivait aux États-Unis : {{Citation|Ce ''roadkill'' (mot-à-mot « mise-à-mort sur route ») est une source relativement nouvelle de la mortalité ; et si l'on devait estimer le kilométrage du total de ces routes dans l'
C'est l'une des formes de la [[fragmentation écopaysagère|fragmentation]] des habitats naturels par les réseaux de transport et l'une des principales causes de disparition de certaines espèces<ref name=VanDerree2015/>, carnivores y compris<ref name=RoutesCarnivores>{{en}} Ceia-Hasse A, Borda-de-Agua, Grilo C & Pereira H.M (2017) Global exposure of carnivores to roads ; 26 January 2017 ; DOI: 10.1111/geb.12564 Open Access / Creative Commons 4.0.</ref>.
== Impacts économiques et sur la sécurité routière ==
Les collisions accidentelles de véhicules avec la faune ont des conséquences sur la [[biodiversité]], mais aussi sur l’économie et la [[sécurité routière]]. Dans les pays pauvres, où les [[Bovinae|
== Animaux impliqués ==
[[Image:Gulf Coast Toad - Bufo valliceps.jpg|vignette|Les crapauds sont protégés de la plupart des prédateurs par la toxicité de leur [[mucus]], aussi ne craignent-ils pas les espaces découverts, dont les routes, ni les voitures. Ils sont, de plus, desservis par leur lenteur. Sur leurs axes de [[migration animale|migrations]], les crapauds meurent par dizaines à centaines (ici ''[[Bufo valliceps]]'', d'Amérique centrale).]]
La quasi-totalité des espèces animales est concernée par la mortalité routière, mais
* lents ou peu capables d’éviter les véhicules
* protégés (ou se croyant protégés) par :
** des piquants ([[porcs-épics]], [[hérisson]]s),
** par une carapace ([[tatou]]s, [[tortue terrestre|tortues terrestres]]<ref>{{en}} Boarman, W. I., M. Sazaki et W. B. Jennings. 1997. The effects of roads, barrier fences, and culverts on Desert Tortoise populations in California, USA. Proceedings: Conservation, Restoration, and Management of Tortoises and Turtles – An international conference, pages 54-58.</ref>{{,}}<ref>Jean-François Desroches ; Isabelle Picard ; [http://www.mtq.gouv.qc.ca/portal/page/portal/Librairie/Publications/fr/ministere/recherche/etudes/rtq0702.pdf Évaluation de l’incidence des routes sur les populations de tortues en Outaouais, au Québec] Rapport de 140 pages, Études et recherche en Transport, réalisé par la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent, Québec, 2007 (consulté le 29 août 2009) {{pdf}}</ref>, [[saurien]]s),
** par la toxicité de leur organisme ([[crapaud]]s, [[salamandra salamandra|salamandres]]) ;
** par une capacité à injecter du venin ou à inspirer de la crainte à d'autres espèces ([[serpent]]s)<ref>{{en}} Bernardino, F. S. Jr et G. H. Dalrymple. 1992. {{lang|en|Seasonal activity and road mortality of the snakes of the Pa-hay-okee wetlands of Everglades National Park, USA. Biological Conservation 62}}
Mais également :
* les grands herbivores, qui doivent pâturer sur de vastes étendues et qui, pour certaines espèces de zone tempérée, migraient autrefois du nord vers le sud chaque hiver (ex : [[renne]]s, [[élan]]s) ; plus près des pôles, ces migrations saisonnières restent vitales pour ces espèces ;
* les grands et moyens carnivores ([[loup]]s, [[ours]], [[lynx]], [[glouton]]s, [[pumas]], [[ocelot]]s, [[chat sauvage d'Europe]], etc.) ont généralement de vastes territoires de chasse à parcourir, et ils doivent parfois migrer avec leurs proies,
* les petits carnivores ([[renard]]s, [[loutre]]s, [[fouine]]s, [[belette]]s, [[putois]], etc.) qui prospectent de vastes territoires,
* les animaux à vaste territoire dont l’habitat régresse fortement. Exemple :
** la [[population relique]] d’[[ours]] des Pyrénées en France, confinée sur moins de 0,1 % de son ancien territoire ; ainsi Franska achetée en [[Slovénie]] a été tuée sur la [[Route nationale 21 (France)|RN21]], alors qu'elle pesait {{unité|120|kilogrammes}}, le jeudi {{date
[[Image:Cat Roadkill.JPG|thumb|Les chiens ou, ici, les chats, sont de fréquentes victimes aux abords des zones habitées.]]
* le [[grizzly]] confiné sur moins de 2 % de son territoire aux États-Unis (au sud du Canada),
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Il n’existe que très peu d’informations sur la mortalité des [[insecte]]s due aux chocs avec les automobiles ou les blessures que les turbulences des véhicules rapides peuvent induire sur ces espèces.
Les insectes morts ou agonisants les plus facilement retrouvés sur les bords de route sont les [[Lepidoptera|papillon]]s et dans les [[zones humides]] les [[libellule]]s car ils sont de plus grande taille, colorés et facilement visibles. Ils sont aussi plus « lourds » (ce qui les fait retomber sur la chaussée ou le bas-côté), mais un nombre bien plus grand de petits insectes restent collés aux véhicules ou sont emportés par le vent et les turbulences sur les bas-côtés<ref name="Current Science">{{en}}
[[Image:Dead grasshopper 2.jpg|thumb|De nombreux insectes meurent aussi non pas du choc, mais de la violence de l'[[effet de souffle]], [[Aile (oiseau)|aile]]s ou [[tendon]]s désarticulés{{refsou}}
En France, une évaluation réalisée à partir de comptages faits dans la région de [[Fontainebleau]] en [[1990]] a donné les résultats suivants : 60 billions (60 × 10{{
On ne sait pas quelle est la part de ces insectes par rapport à la masse totale d'insectes qui circulent sur et au-dessus des routes (soit sur 1,2 % du territoire environ), ni quel est l'impact sur l'[[écologie]] des populations de ces insectes et de celles qui dépendent de ceux-ci pour leur survie…
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Jean-Pierre Chambon, auteur de cette étude, a aussi montré qu'en été, la période de la journée au cours de laquelle les insectes sont les plus vulnérables se situe dans la tranche horaire 13-18 h. Il en est également ressorti que la mortalité est plus élevée en zone boisée qu’en zone cultivée ou urbaine.
Cette étude n’a pas été mise à jour depuis [[1990]]. Or le nombre de routes et le flux de véhicules ont fortement augmenté depuis cette date. Beaucoup de populations d’insectes, [[Lepidoptera|papillon]]s diurnes notamment, ont fortement régressé. En théorie, les études d’impacts devraient mieux étudier ces questions, y compris pour des trains de type [[TGV]] ; pour produire des mesures compensatoires et pour mieux tenir compte de la diversité des situations (environnement biogéographique, nature et couleur des routes, nature des accotements et leur gestion, nombre, vitesse et type de véhicules, etc.), mais ce problème a été peu traité.
Néanmoins, les données de [[1990]]/[[1991]] ont permis les évaluations suivantes :
compte tenu de l’évolution du réseau routier et du parc automobile :
* plus de {{
* à ce chiffre il faut ajouter environ {{unité|40|tonnes}} par an d’insectes tués et projetés sur les bas-côtés,
* ce chiffre, compte tenu de la disparition et du renouvellement des cadavres, peut être multiplié par
Jean-Pierre Chambon<ref>Jean-Pierre Chambon, cité en bibliographie de cet article.</ref> rappelle qu’on ne sait pas ce que ces chiffres représentent par rapport au nombre et à la masse des insectes vivants et que la surface des routes où s’opère cette destruction ({{unité|6500|km|2}}) ne représente qu’environ 1,2 % de l’ensemble du territoire français ({{unité|550000|km|2}}), inscrits dans 8 % du territoire artificialisé ou urbanisé.
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Les oiseaux qui sont nés près d’une route semblent mieux en « apprendre » les dangers et les oiseaux chanteurs tendent à s'éloigner des routes bruyantes.
Ce sont les rapaces [[nocturne (comportement animal)|nocturne]]s, qui lorsqu'ils sont éblouis par les phares ou luminaires alors qu'ils chassent de nuit, semblent le moins bien éviter les véhicules. Ainsi observe-t-on une forte surmortalité des rapaces nocturnes ([[chouette]]s, [[hibou]]x) le long des routes à proximité de leurs habitats<ref>Guinard E.
Ce phénomène s'ajoute aux collisions d'oiseaux sur les vitres et superstructures, de jour, mais surtout de nuit, en raison de phénomènes généralement regroupés sous l'expression « [[pollution lumineuse]] ».
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On manque de données chiffrées pour les petits [[mammifère]]s (hormis quelques études très ponctuelles et/ou portant sur les [[hérisson]]s, les [[loutre]]s ou les [[écureuil]]s), mais de nombreuses données existent concernant les espèces dites « grands [[gibier]]s » ou quelques espèces suivies par colliers émetteurs ([[ours]], [[loutre]]s, [[lynx]]). Elles sont à l’origine de la création des premiers [[passage à faune|passages à faune]] (écoducs).
Dans les pays où les plans et quotas de [[chasse]] ainsi que l'[[agrainage]] ont permis aux populations de sangliers et [[ongulé]]s de fortement croître depuis les années 1970, et alors que le nombre de véhicules augmentait fortement, la croissance du nombre de collisions entre véhicules et ces animaux est très nette. C'est notamment le cas en France, où selon l'[[ONCFS]], le [[sanglier]], puis le [[cerf]] et le [[chevreuil]] représentent 99 % du total des grands animaux heurtés par des véhicules (les autres espèces ne concernant qu'environ 1 % des collisions)<ref>V. Vignon, H. Barbarreau, « Collisions entre véhicules et ongulés sauvages : quel coût économique ? », ''Faune sauvage'', {{numéro|279}}, 2008,
* le nombre annuel des collisions estimées est passé de 3700 en 1997 à 23500 en 2007 (multiplié par 6,3 en 20 ans),
* le coût de ces accidents (sans parler des « [[coûts humains]] ») a été évalué à 115-180 millions d'euros, soit trois à cinq fois le total des indemnisations agricoles liées aux dégâts du gibier,
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La gravité du choc dépend de la masse de l’animal, de la vitesse du véhicule, à laquelle il faut ajouter celle de l’animal s’il courait et arrivait de front. L'[[énergie cinétique]] croît en effet avec le carré de la vitesse<ref>E = m.V²/2</ref>. Une collision avec un [[orignal]] est parfois mortelle, même à vitesse réduite : l'animal, pouvant peser jusqu'à {{unité|700 kg}}, est haut sur pattes, ce qui fait que son corps va traverser le pare-brise et s'écraser sur les occupants du véhicule<ref>[https://mffp.gouv.qc.ca/faune/habitats-fauniques/etudes-recherches/accidents-routiers.jsp] Accidents routiers impliquant l’orignal; MFPP Québec</ref>.
La probabilité de rencontre dépend de plusieurs paramètres, et tout d'abord des populations de gibier. Or, depuis la réalisation de cette enquête ([[1985]]), l'augmentation des populations de gibier a été forte (multipliées par
Mais cette probabilité de rencontre dépend également de la circulation automobile. Celle-ci a été multipliée par deux environ entre [[1985]] et [[2001]] (pour le trafic national). Ainsi la combinaison de ces deux facteurs conduit à une multiplication potentielle par huit du nombre des accidents.
En 1985, l’estimation du nombre des collisions était de {{formatnum:11000}}. En 2001, on estime à {{formatnum:100000}} les collisions entre véhicules et grande faune, dont {{formatnum:45000}} pour les seuls sangliers. Ce chiffre intègre toutes les collisions avec ou sans dégâts corporels.
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Les dommages sont parfois corporels, entraînant même des pertes en vies humaines (200 automobilistes tués et des milliers de blessés chaque année en [[Floride]]). De plus, même lorsque les passagers ne sont pas blessés, le choc psychologique est important.
Les collisions entre les véhicules et la grande faune ont un coût pour la collectivité. En France, les chiffres de l'Office national interministériel de la Sécurité routière donnent globalement pour [[2002]] un coût unitaire moyen d’un accident de {{unité|12000|euros}} sur lequel les assurances indemnisent à hauteur de {{unité|6000|euros}}.
Pour les collisions avec le grand gibier, la masse et la vitesse sont divisées par deux, l'énergie cinétique par huit. Le coût serait ainsi de {{unité|1500|euros}} et l'indemnisation de {{unité|375|euros}}. En considérant que le coût moyen par accident est de {{unité|1500|euros}}, on peut estimer le coût global à 150 millions d’euros, dont 96 millions pour les seuls sangliers. Enfin, la mortalité routière a un coût incontestable pour la [[biodiversité]]. Le nombre d'animaux tués représente dans la plupart des cas une proportion non négligeable des populations. Le coût des passages à faune ([[écoduc]]s) paraît alors justifié.
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On peut résumer les pistes de solutions de la manière suivante :
* repérer les zones de passages (éventuellement en [[crowdsourcing]] ou [[sciences participatives]])<ref name=ObsCalifRoadkill>{{en}} [http://roadecology.ucdavis.edu/CROS.html California Roadkill Observation System] et [http://roadecology.ucdavis.edu/pdflib/CROS/CROS_82010.pdf California Roadkill Observation System (CROS) Performance Rapport 2010] {{pdf}} (consultés le 26 février 2012).</ref> et y construire des
* prévenir la présence d’animaux sur la route par la pose d’obstacles (mais ceux-ci contribuent aussi à la [[fragmentation écopaysagère]]) ;
* modifier le comportement des animaux de manière à les dissuader de s’approcher de la route ;
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* les équiper de radars qui détectent la présence des animaux et émettent un bruit qui les effraie.
Aux États-Unis
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
* {{en}} Avidor K
*
* Conseil de l'Europe ''Code de pratiques sur la prise en compte de la diversité biologique et paysagère dans les infrastructures de transport'' (Sauvegarde de la nature {{n°|131}}), Éditions Conseil de l'Europe, 85p., {{ISBN|978-92-871-5114-8}} ([http://book.coe.int/FR/ficheouvrage.php?PAGEID=36&lang=FR&produit_aliasid=1119 Lien])
* Chambon J.P
* {{en}} Jackson N.D & Fahrig L (2011) "[http://www.nathandjackson.com/papers/Jackson&Fahrig_BiolCons_2011.pdf Relative effects of road mortality and decreased connectivity on population genetic diversity]", Biology Conservation, Vol.144, 3143-3148. DOI : 10.1016/j.biocon.2011.09.010
* {{en}} Richard T. T. Forman
* {{en}} Reijnen, R.,
*
* Schmid, H.
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
* [http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Le_Point_Sur/2006/de114.pdf Les impacts du réseau routier sur l’environnement]
* {{en}} [http://www.environment.fhwa.dot.gov/ecological/eco_index.asp Eco-Logical: Brochure de recommandations pour une conception écologique des projets d'infrastructures de transports, par l'administration des autoroutes (FHWA)]
* {{de}} [http://www.nabu.de/imperia/md/content/nabude/naturschutz/wildwegeplan/4.pdf NABU-Bundeswildwegeplan]
{{Palette|Camion|Automobile}}
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