Ienisseïsk

Ville de Russie dans le kraï de Krasnoïarsk
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Ienisseïsk (en russe : Енисейск, [ jɪnʲɪˈsʲejsk], litt. « [ville] du Ienisseï ») est une ville du centre de la Sibérie. Ville d'importance régionale et centre administratif du raïon de Ienisseïsk, bien qu'elle n'en fasse passe partie, dans le kraï de Krasnoïarsk, elle compte 17 537 habitants en 2021. Elle est le sur la rive gauche du Ienisseï, grand fleuve russe lui ayant donné son nom.

Ienisseïsk
(ru) Енисейск
Blason de Ienisseïsk
Héraldique
Drapeau de Ienisseïsk
Drapeau
Ienisseïsk
Centre de Ienesseïsk.
Administration
Pays Drapeau de la Russie Russie
Région économique Sibérie de l'Est
District fédéral Sibérien
Sujet fédéral Drapeau du kraï de Krasnoïarsk Kraï de Krasnoïarsk
Okroug urbain Okroug urbain de Ienisseïsk
Maire Valéri Nikolski (2018-)
Code postal 663180
Code OKATO 04 412
Indicatif (+7) 39115
Démographie
Population 17 537 hab. (2021)
Densité 264 hab./km2
Géographie
Coordonnées 58° 27′ nord, 92° 09′ est
Altitude 75 m
Superficie 6 641 ha = 66,41 km2
Fuseau horaire UTC+08:00 (IRKT)
Heure d'Irkoutsk
Divers
Fondation 1619
Statut Ville depuis 1676
Ancien(s) nom(s) Toungousski ostrog, Ienisseïski ostrog
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Russie
Voir sur la carte topographique de Russie
Ienisseïsk
Géolocalisation sur la carte : kraï de Krasnoïarsk
Voir sur la carte topographique du kraï de Krasnoïarsk
Ienisseïsk
Liens
Site web eniseysk.com

Centre historique du Ienisseï, aux confins de la taïga sibérienne, cette ville historique est surnommée le « père des villes sibériennes ». Fondée en 1619 par des cosaques du Ienisseï en tant que forteresse, la ville joue un important rôle dans la colonisation russe de la Sibérie, devenant la porte d'entrée vers la Sibérie orientale. Jusqu'au XIXe siècle, la ville est un centre commercial névralgique de Sibérie et plus largement du pays, au même titre que Kazan ou Moscou. Malgré les 4 grands incendies en 1703, 1730, 1778 et 1869, la ville se reconstruit à chaque fois dans une architecture propre à la ville, l'école de Ienisseïsk. L'architecture même à la fois le baroque Narychkine, celui sibérien, le néoclassicisme russe et l'Art nouveau. La ville possède plus d'une centaine de bâtiments classés, dont 18 églises anciennes, parmi lesquels la Cathédrale de la Dormition et le monastère de la Transfiguration. Depuis 2010, le gouvernement russe a inscrit Ienisseïsk sur la liste sélective des villes historiques de Russie.

Possédant un ensemble architectural unique au travers de ses églises et autres bâtiments, la ville est inscrite depuis 2000 sur la liste indicative du patrimoine mondial. Pour le 400e anniversaire de la ville en 2019, une reconstruction globale de la ville a été effectuée, au cours de laquelle l'ensemble de la partie historique ont été restaurés, dont la cathédrale de l'Épiphanie et l'église de la Trinité auparavant détruites. Désormais, la ville cherche à s'imposer comme destination touristique en utilisant ses atouts, malgré son isolation en plein cœur de la taïga.

Géographie

Situation

Ienisseïsk est situé dans le kraï de Krasnoïarsk, troisième plus grande subdivision au monde, qui est un kraï russe centre de la de la Sibérie. La ville est ainsi une partie du district fédéral sibérien, se situant à 680 km au nord-est de Novossibirsk, la capitale du district. La capitale Moscou est elle à 3 216 km à l'ouest tandis que Krasnoïarsk, la capitale de son sujet, est à 274 km au sud. La ville est située dans le centre de la Russie, à à peu près égale distance de la mer Baltique que du détroit de Béring. Baltiïsk (oblast de Kaliningrad) est ainsi à 4 230 km tandis que Ouelen (Tchoukotka) est à 4 600 km[a].

La ville proprement dite, incorporée dans le kraï sous le nom d'okroug urbain de Ienisseïsk, dans ses limites actuelles, couvre une superficie de 66,4 km2. Ienisseïsk est située sur la rive gauche du Ienisseï, grand fleuve sibérien qui naît dans les monts Saïan pour se jeter dans l'océan Arctique. La localité se située à seulement 8 km en amont de la confluence du Kem dans le Ienisseï. La topographie de la ville est plate, avec cependant quelques collines, caractéristique de la vallée fluviale[1].

Par la route en 2023[b], Ienisseïsk est distante de 46 kilomètres de Lessossibirsk, la ville la plus proche, et de 337 kilomètres du centre régional Krasnoïarsk[1]. La ville est aussi distante de 1 099 km de Novossibirsk (14 h sans pause) et de 4 485 km de Moscou, soit plus de 56 h sans pause[c].

Localités limitrophes

Ienisseïsk est entouré par six localités limitrophes :

  • à l’ouest se trouvent Borki (nord-ouest) et Oziornoïe (ouest-ouest-nord) :
  • au sud se situe Gorskaïa (sud) ;
  • à l’est se trouvent Verkhnepachino (sud-est) et sur l'autre rive du Ienisseï Epichino (nord-est) ;
  • au nord, sur l'autre rive du fleuve est situé Erkalovo (nord-nord-ouest) ;

Les localités de Borki et d'Oziornoïe forment l'établissement rural d'Oziornoïe (ru) ; Gorskaïa et Verkhnepachino font partie de l'établissement rural de Verkhnepachino (ru) ; Epichino et Erkalovo formenet l'établissement rural d'Epichino (ru). Ces localités adjacentes et les municipalités où elles sont font toutes parties du raïon de Ienisseïsk.

Localités limitrophes de Ienisseïsk
Borki Erkalovo Epichino
Oziornoïe Ienisseïsk
Gorskaïa Verkhnepachino

Climat

Ienisseïsk bénéficie d'un climat fortement continental. Le mois le plus chaud de l'année est juillet avec une température moyenne de 18,7 °C tandis que le mois le plus froid est janvier avec une température moyenne de −21,0 °C. Les précipitations varient en fonction de la période de l'année : les pluies les plus intenses ont lieu en juillet (64,1 mm) en août ; et à l'opposé, il ne tombe que 16,4 mm en février. La station météorologique de la ville fut ouverte en 1871 par Maximilien Marks (ru), ethnographe et météorologue russe[2].

  • Température record la plus froide : −58,8 °C ()
  • Température record la plus chaude : 35,4 °C ()
  • Nombre moyen de jours de pluie dans l'année : 194
Ienisseïsk (lat: 58 27 lon: 92.09, altitude de la station: 78 m, période: 1887-2012 sauf records depuis 1871)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −26,4 −25,1 −16,8 −5,8 2,1 8,9 12,1 9,3 3,7 −3,3 −15,6 −23,8 −6,2
Température moyenne (°C) −21 −19,02 −10,1 0,2 −7,8 15,4 18,7 14,9 8,2 0 −11,6 −19,2 −0,9
Température maximale moyenne (°C) −16,5 −13 −3,2 5,6 13,9 21,7 24,7 20,7 13,5 3,8 −7,7 −15,1 4,5
Record de froid (°C)
date du record
−58,8
1931
−53,3
1931
−47,1
1915
−35,6
1984
−17,1
1931
−3,9
1933
1,2
1885
−3,1
1937
−8,9
1954
−33,6
1935
−49
1952
−54,5
1909
−58,8
1931
Record de chaleur (°C)
date du record
3,5
2020
7,1
1963
16,5
2008
27
2017
33,2
1955
35,4
1969
35,3
1891
33,6
1995
29,2
2010
23,7
1967
9,6
2013
6,1
1983
35,4
1969
Ensoleillement (h) 44 94 168 213 252 290 311 231 134 74 44 27 1 882
Précipitations (mm) 24 16,4 15,6 22,2 42,5 56 60,9 64,1 51,1 45,3 38,1 30,9 467,1
Précipitations les plus basses (mm)
année du record
2
2016
3
1924
1
1998
0,6
1883
9
1991
0,7
2012
8
1996
16
1964
7
1984
16
1973
7
1882
8
1881
321
1911
Précipitations les plus hautes (mm)
année du record
55
1914
45
1915
44
2002
56
1959
107
1957
156
1908
196
2014
179
1903
112
2015
95
1956
86
1980
64
2013
710
2014
Record de pluie en 24 h (mm)
date du record
13
1985
13
1895
13
2013
22
1945
33
2014
40
1908
57
2014
74
1969
40
2015
28
1971
22
1916
15
1888
74
1969
Nombre de jours avec précipitations 20 15,6 13,3 11,5 13,9 14 12,4 14,8 15,9 19,7 21,7 21,8 194,5
Source : climatebase.ru « données climatiques », sur climatebase.ru (consulté le ) sauf records pogoda i klimat « données climatiques », sur pogoda i klimat (consulté le )
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
−16,5
−26,4
24
 
 
 
−13
−25,1
16,4
 
 
 
−3,2
−16,8
15,6
 
 
 
5,6
−5,8
22,2
 
 
 
13,9
2,1
42,5
 
 
 
21,7
8,9
56
 
 
 
24,7
12,1
60,9
 
 
 
20,7
9,3
64,1
 
 
 
13,5
3,7
51,1
 
 
 
3,8
−3,3
45,3
 
 
 
−7,7
−15,6
38,1
 
 
 
−15,1
−23,8
30,9
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Histoire

Au XVIIe siècle

Fondation et premières années

La ville de Ienisseïsk fut fondée en 1619 comme un ostrog (forteresse) par un détachement cosaque. Ce détachement cosaque était mené par Piotr Albytchev, fils d'un boyard, et par le streltsy Tcherkas Streltsy Roukine. Ils fondèrent la première forteresse sur le Ienisseï, fondation à la demande de Michel Ier, le tsar de Russie[3]. L'emplacement de la forteresse fut choisie sur une petite colline de la rive gauche du Ienisseï, près de l'embouchure de la petite rivière Toltcheïa. La forteresse était à l'origine une palissade rectangulaire avec trois tous ainsi que des cabanes en rondins à l'intérieur[4].

Des femmes Kètes avec leurs enfants par Fridtjof Nansen en 1913. C'est un peuple du Ienisseï, qui vivait alors dans toute la région du fleuve.

Dans les années 1620, la première église dédiée à la Très-Sainte-Mère-de-Dieu, qui était en bois, fut construite dans l'enceinte, puis au cours de la même décennie une seconde aussi en bois. Pendant cette décennie, la forteresse fut agrandie et renforcée par deux fois ; en 1623 et 1626, car des marchands, paysans et chercheurs d'or s'installaient dans la localité, rendant l'enceinte trop petite[3]. En plus des églises, la cathédrale de l'Épiphanie fut construite dans l'enceinte. Cette cathédrale avait trois niveaux, avec cinq dômes. Une chapelle vit aussi le jour ainsi que des bâtiments administratifs, une galerie marchande et d'autres bâtiments. La forteresse était une ville fortifiée typique de ce qui se faisait en Sibérie au XVIIe siècle, et elle était large de 200 mètres et longue de 400 mètres[4].

Dû à l'importance stratégique de la ville, Moscou envoya en 1623 le premier voïvode, chargé de diriger la ville et ses environs, un certain Iakov Khripounov (ru)[5]. La ville joua un rôle important dans la colonisation russe de la Sibérie orientale. Au XVIIe siècle, ce sont les cosaques du Ienisseï venant de la ville qui fondèrent Krasnoïarsk (1628), Bratsk (1631)[1], Irkoutsk (1651), Nertchinsk (1658)[5]. De nombreux explorateurs sont passés par la ville pour explorer la Sibérie, faisant de la ville la porte d'entrée de la Sibérie orientale. L'on peu citer Simon Dejnev pendant ce siècle et plus tard Vitus Béring et Ierofeï Khabarov[1].

La ville vivait du commerce de fourrure, en particulier de zibeline, attirant des chasseurs. La zibeline était l'animal le plus chassé, et devenu ainsi le symbole de la ville, apparaissant sur les premières armoiries de Ienisseïsk en 1635. La ville était aussi le lieu de centralisation des biens récupérés par la collecte du Iassak (le tribut russe), collecte effectuée par les cosaques[5]. La collecte du Iassak des cosaques de la ville s'effectuait sur les territoires du bassin du moyen Ienisseï, du bassin de l'Angara, du bassin de la Léna, et jusqu'en Transbaïkalie pour un temps. La ville percevait le tribut en particulier des tribus locales des Kètes et des Toungouses[1].

Essor économique et reconstruction

Assez, rapidement, Ienisseïsk est passé d'une petite fortification chargée de garder la frontière à un centre commercial et administratif majeur. L'autorité de la ville s'étendait sur l'ensemble du bassin du moyen Ienisseï et sur le bassin de l'Angara (région du Baïkal comprise). En 1647, il est noté que la ville a une église, des granges, des cabanes, une douane, un maison du voïvode, une prison et une zone marchande. Sur la tour de la porte d'entrée de la ville, un image de Jésus avait été installée. Il y a aussi le monastère de la Transfiguration qui a été fondé en 1642[4].

La première catastrophe de la ville fut des inondations dévastatrices du fleuve en 1651 qui emportèrent les fortifications. En conséquence, le voïvode d'alors Afanassy Pachkov (ru) décida de reconstruire une nouvelle ville fortifiée dotée de huit tours. L'entrée principale était située côté sud, dont le chemin menait vers la route de Sibérie. La place principale du village était occupée par le fort et le monastère de la Transfiguration. Le long du Ienisseï se trouvait la cathédrale de l'Épiphanie avec cinq dômes, l'église de la Résurrection et en périphérie, une dernière église, celle de la Nativité du Christ. La cour et maison du voïvode comprenait de nombreuses dépendances, avec des granges et une forge. Le domaine du voïvode avait même un mur d'enceinte, soit une enceinte dans l'enceinte. La prison se trouvait près de la tour Spasskaïa, et le monastère du Sauveur se situait sur les hauteurs du village en périphérie. Afin de protéger le nouveau quartier commercial, un mur de six courtines fut construit[4].

Vue en trois dimensions de la ville fortifiée à la fin du XVIIe siècle.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la ville devenue en plus d'un centre commercial un centre industriel, avec plus de 20 usines et lieux d'artisanats à cette époque. La forgerie et travail des métaux étaient les principales activités, avec aussi le commerce du sel et la construction navale. Ces bateaux étaient le principal moyen de transport des marchandises en Sibérie, et était la ville était à cette époque le premier port de Sibérie. Ces bateaux servirent aussi à de nombreuses expéditions en Sibérie dont sur le bassin du Ienisseï[1]. Toujours dans cette période, des sources de sel et de mica furent découverts près de la ville, des richesses alors précieuses. Il y avait des chercheurs d'or et d'argent installés dans la ville[6]. La région de la ville servait elle de lieu d'exil pour les prisonniers et brigands fuyant l'autorité de Moscou. Par ailleurs, la ville fut le principal centre duquel s'étendit et se renforça l'orthodoxie en Sibérie[7].

À la fin du XVIIe siècle, la ville était une « ville à double fortification », avec la vieille et petite forteresse (« petite ville ») et une nouvelle pour le quartier commercial. L'architecture était à colombages, comme dans le reste de la Sibérie d'alors, ce qui est aujourd'hui disparu[4]. À cette époque, la ville devint le second centre d'artisanat et de commerce de Sibérie, seulement devancé par Tobolsk. La route de Sibérie passait au sud de la ville, voie commerciale menant de Moscou aux mines de Daourie, à l'Amour et la Chine. La ville était renommée pour ses maîtres forgerons, ses tanneurs, peintres d'icônes et orfèvres en Sibérie voire en Russie[1]. Plus généralement, elle était l'un des dix centres commerciaux de Russie, au même titre que Nijni Novgorod, Moscou ou Kazan. L'on échangeait des tissus, de la porcelaine et du thé de Russie, des fourrures de Touroukhansk et des tissus, miels, vins, couverts, chaussures de Tobolsk[6]. En 1690, la population de la ville comptait environ 3 000 habitants[5].

Au XVIIIe siècle : prospérité

Carte de la ville d'Ienisseïsk et de ses environs à la fin du XVIIe siècle de Semion Remezov, publiée en 1701.
Plan de la forteresse par Nicolas Witsen, 1705.

La ville grandissait, et selon Nicolaï Spathari, à la fin du XVIIe siècle, il y avait 500 petites exploitations agricoles dans la ville. Mais ce nombre et la ville en générale furent fortement impactés par l'incendie dévastateur de 1703. L'incendie détruisit tous les bâtiments administratifs et commerciaux, toutes les églises ainsi qu'une grande partie des habitations. Mais la reconstruction se fit vite, et entre 1704 et 1705, les tours et murs de la forteresses furent reconstruits. En 1708, un maçon expérimenté, Fedot Tchaïka, est envoyé de Tobolsk à Ienisseïsk dans le cadre de la reconstruction de la ville. Quatre ans plus tard, il construit le premier édifice religieux en pierre de la ville, la cathédrale de l'Épiphanie, dont aujourd'hui seul le clocher a survécu. Par ailleurs en 1731, le monastère de la Transfiguration est construit, qui tient toujours[4].

Le 18 décembre 1708 ( dans le calendrier grégorien), le encore tsar Pierre Ier le Grand publie un oukase divisant le territoire russe en 8 gouvernements, c'est la réforme provinciale de Pierre Ier[8]. La ville devint une ville de comté dans le gouvernement de Sibérie, gouvernement ayant comme capitale Tobolsk. En 1719, la Russie est divisée en 50 provinces, et Ienisseïsk devient le centre de la province de Ienisseïsk (ru)[4].

Au début des années 1730, la ville connait un nouvel incendie majeur, qui détruit quatre des huit tours de la « petite ville », des maisons ainsi que l'église de la Résurrection. En 1733, la reconstruction commence, et il est alors décidé d'étendre l'enceinte pour ceinturer les nouveaux quartiers. Mais en l'absence de danger ennemis, les travaux des fortifications ne sont pas achevés. La ville n'avait plus d'importance militaire, les frontières du désormais Empire russe s'étant repoussés bien plus loin. Au cours des décennies suivantes, les structures qui avaient été construites en 1733 sont laissés à l'abandon et se délabrent[4]. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, une école paroissiale fut ouverte au monastère de la ville, qui apprenaient à des enfants à lire, écrire et la Bible[7]. Mais cette école restait peu fréquentée, car un luxe souvent considéré comme inutile, avec alors des frais de scolarité de 15 roubles. En 1743, des bâtiments en pierre non religieux furent construits pour la première fois[9].

La ville était toujours un centre économique très important. C'était le plus grand centre métallurgique de Sibérie, avec 42 forges en 1765. Chaque année se tenait la foire du Ienisseï (aussi nommé foire de l'Assomption). Il y avait des marchands des plus grandes villes de Russie, que ce soit Moscou, Saint-Pétersbourg, Vologda ou Novgorod, ainsi que beaucoup de pays d'Asie (Chine)[6]. Il y en avait de d'autres pays, et même des Britanniques. Les paysans participaient beaucoup à ces foires, vendant des récoltes agricoles, du poissons (comme des esturgeons), des fourrures, récoltant ainsi des sommes conséquentes pour eux. En 1785 par exemple, la foire se tenait du 1er (11) au (26 août). La ville était peuplée en 1763 d'environ 4 000 habitants[7]. En 1765, la ville comptait 143 marchands de la première guilde enregistrés et plus de 1200 des guildes secondaires[9].

Maison Ievseïev.

À la fin des années 1760 et au début des années 1770, un plan de réaménagement de la ville est étudiée. Même si le gouvernement central n'approuve pas le projet, un évènement va permettre sa réalisation ; le grand incendie de 1778, qui brûla une grande partie de la ville. Dans la catastrophe, les restes délabrés des fortifications sont perdues, et le projet ne les reconstruit pas. Les travaux démarrent, et les rues sont mises selon un plan quadrillé. Avant l'incendie, l'idée de reconstruire en pierre les galeries marchandes avait été évoquée, et la construction avait commencé avant l'incendie. Après l'évènement, les travaux sont totalement réalisés. En parallèle, les premiers bâtiments civils en pierre sont construits, dont la maison du voïvode et la maison du marchand Ievseïev[4]. Avant la fin de ce siècle, 2 écoles apparaissent dans la ville reconstruite, une au monastère de la Transfiguration et une au monastère des femmes[9].

Ralentissement au XIXe et début XXe siècle

Début du XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, la ville perd de importance commerciale et économique, à cause d'un ralentissement économique. Au début du siècle, les grands travaux d'aménagements son presque terminés, et les églises sont rénovées et achevées. En 1822, une nouvelle église voit le jour dans le monastère du Sauveur. La population de la ville passe la barre des 5 000 habitants. Mais au tout début du siècle, la ville est considérée comme l'une des meilleures villes régionales de Sibérie, mais aussi de Russie. L'on comptait dans la ville 8 églises, 2 monastères, 1040 maisons en bois, 14 maisons en pierre ainsi qu'une place du marché au centre avec 114 magasins. La ville, qui en 1797 avait reçut son premier médecin, voit un hôpital ouvrir en 1806, qui devient public en 1820[10]. Pendant la première partie du siècle, c'était la plus grande ville du gouvernement du Ienisseï, devant Krasnoïarsk[1].

Plan de 1831 de la ville de Ienisseïsk.

Pendant le premiers tiers du siècle, l'on assiste à la construction d'une école régionale en 1824. Le couvent de la Nativité du Christ est agrandi, avec au début des années 1830 une maisons du prieur en pierre. Une maison pour les sœurs est aussi construite en pierre. Au milieu du siècle, le théâtre est construit ainsi que l'assemblée de la noblesse chargée désormais de diriger la ville. Mais au début du XIXe siècle, de l'or est découvert en Sibérie, dont dans la taïga du Ienisseï. Commence alors la Ruée vers l'or en Sibérie (ru), qui entame une nouvelle page de l'histoire de la ville. À partir de 1835, les exploitations privées de l'or sont autorisées. Ainsi dans l'ouïezd de Ienisseïsk (ru) et dans la ville même, les chercheurs d'or apparurent en masse, avec des milliers de personnes venant de toute la Russie. Rien qu'en 1847, la taïga du Ienisseï comptait pour près de 90 % de tout l'or extrait en Russie. La ville devint un temps le centre de l'industrie minière aurifère[9]. Cet essor provisoire permet l'enrichissement de la population, qui se traduit par la construction des maisons. Il y a en 1861 1046 maisons en bois, presque même chiffre qu'au début du siècle, mais désormais aussi 153 maisons en bois. Les constructions en pierres appartiennent principalement aux marchands, qui construisent dans le centre-ville. De plus, des bains publics, écuries ou encore granges sont construites à Ienisseïsk. À ce moment-là, le style architectural est surtout le néoclassicisme russe[4].

Tout au long de son histoire, l'exil en Sibérie fait que la ville accueille de nombreuses personnes obligées de quitter la Russie européenne. Déjà au XVIe siècle, la ville accueille brèvement Avvakoum, archiprêtre qui mena l'opposition aux réformes de l'église orthodoxe du patriarche Nikon[11]. Mais c'est surtout au XIXe siècle qu'elle en accueille après l'insurrection décabriste qui fut une tentative de coup d'État militaire à Saint-Pétersbourg en décembre 1825 pour imposer une constitution au tsar. L'insurrection échoue, et de nombreux décabristes sont exilés, parmi lesquels Fiodor Petrovitch Chakhovskoï, Mikhaïl Fonvizine, Alexandre Ivanovitch Iakoubovitch ou encore Pavel Sergueïevitch Bobrichtchev-Pouchkine (ru). À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, elle accueille aussi Anatoly Vaneïev (en), Adolf Goustavovitch Perenson (ru) ou bien Alexandre Chlikhter (ru)[1].

Seconde moitié du XIXe siècle

La seconde moitié du XIXe siècle est dure pour la ville : avec la mondialisation et la création de nouvelles routes commerciales, ce qui était autrefois un centre commercial important n'en est plus un. Les routes vers la Chine passent désormais par l'océan Indien ou en Sibérie par des villes plus au sud comme Krasnoïarsk. La population de Krasnoïarsk devance dès la moitié du siècle celle de Ienisseïsk, avec 6 400 habitants pour Krasnoïarsk en 1856[12] contre 5 100 habitants en 1856[13] pour Ienisseïsk. Cependant, la ville profite légèrement d'un nouveau moyen de communication, le bateau à vapeur, dont le premier fut construit à Ienisseïsk par un paysan. Ce bateau fit son voyage inaugural en 1863, de Ienisseïsk jusqu'à l'embouchure de la rivière Kem avant de revenir dans la ville. La ville a une industrie faible à ce moment-là, même s'il faut noter cependant 2 fabriques de savons en 1861, 16 usines de briques et une de cuir. En 1864, la première bibliothèque est ouverte dans la ville[10]. La bibliothèque était petite (environ 400 ouvrages), mais quelques années plus tard, son fondateur, Skorniakov, déménagea à Krasnoïarsk, emportant la collection avec. Il avait proposé de la vendre à la douma de la ville par deux fois, mais la Douma rejeta par manque de fonds[2].

Gymnasium de la ville en 2014.

En 1869, la ville souffre d'un nouvel incendie, le plus important de toute son histoire. Entre le 3 juillet 1869 ( dans le calendrier grégorien) et octobre, soit environ trois mois, l'incendie a détruit presque l'entièreté de la ville[9]. Parmi les bâtiments détruits, on compte le théâtre, le couvent de la Navité du Christe, l'église de la Trinité, une partie de la cathédrale de l'Épiphanie, l'église de la Résurrection, l'église de la Transfiguration. Parmi les rares bâtiments sauvés des flammes, il y a deux églises du monastère et l'église de l'Assomption. L'incendie impacte durement l'économie, mais les reconstructions s'enchaînent, car la ville reste importante au niveau régionale. Presque toutes les églises sont ainsi reconstruites. De nouveaux bâtiments son ajoutés, comme un gymnase qui est construit entre 1877 et 1886, conçu par le célèbre architecture russe Nicolas Benois[2], ainsi qu'un bâtiment de l'école des filles. L'architecture néo-russe s'installe dans la ville. Une synagogue est construite entre 1887 et 1888, puis une mosquée de 1902 à 1905, les deux en pierre[4].

La seconde partie du XIXe siècle est marquée par l'ouverture de nouveaux services, comme une pharmacie en 1873, le télégraphe en 1874 avec une ligne depuis Krasnoïarsk et une imprimerie en 1881[14]. Par ailleurs dès 1871, une station météorologique est ouverte dans la ville par Maximilien Marks (ru), ethnographe et météorologue russe. Il étudia dans la région l'Ienisseï et ses affluents, ainsi que l'état des mines d'or de la région[2]. En 1883, le musée des traditions locales est ouvert[14]. Une nouvelle bibliothèque est ouverte en le 1er octobre 1884 ( dans le calendrier grégorien)[15]. L'éclairage public, avec de l'électricité générée au kérosène fait son apparition en 1886, soit l'une des premières villes de Russie à l'avoir. En 1890, la ville est dotée d'un service de pompiers, et en 1896 les premiers téléphones apparaissent à Ienisseïsk. Un centre culturel est ouvert en 1898[16].

La construction du chemin de fer Transsibérien entre 1891 et 1916, qui était voulu par le gouvernement impérial russe pour développer l’économie de la Sibérie, éloigne définitivement la ville des axes de transports. Au lieu de passer par Ienisseïsk, c'est Krasnoïarsk, qui est préférée pour être la ville étape, étant donné qu'elle nécessite presque aucun détour pour la rejoindre entre Novossibirsk et Irkoutsk contrairement à Ienisseïsk[1],[16]. La ville est désormais reléguée à l'arrière-pays lointain[16],[17].

À l'été 1913, Fridtjof Nansen, explorateur polaire, scientifique, homme d'État et diplomate norvégien, fit escale dans la ville. Il était alors dans le cadre d'une délégation chargée d'enquêter sur une possible route de commerce entre l'Europe occidentale et l'intérieur de la Sibérie. Il avait pris un bateau à vapeur depuis la mer de Kara pour remonter le fleuve Ienisseï, s'arrêtant dans la ville[2]. Il continua ensuite par l'eau jusqu'à Krasnoïarsk et voyagea sur le Transsibérien jusqu'à Vladivostok avant de rentrer dans son pays[18]. En arrivant vers la ville, il fit la note suivante dans son carnet de bord « Vers une heure de l'après-midi, nous avons commencé à distinguer des clochers et, à mesure que nous approchions, des dômes verts et dorés et des murs blancs. des églises ont commencé à se développer au-delà du fleuve… »[1].

Guerre civile russe

Situation en 1917 et 1918

En mars 1917, l'Empire russe voit la révolution de février, qui mène au pouvoir le gouvernement provisoire après l'abdication de l'empereur Nicolas II. Mais Ienisseïsk reste bien à l'écart de ces évènements qui se passent en Russie européenne. En novembre, la révolution d'Octobre, aboutissant à la prise au pouvoir des bolcheviks, est elle aussi bien loin pour la ville. Cependant, le pays s'enfonce rapidement dans la Guerre civile russe, opposant les armées blanches aux bolcheviks et l'Armée rouge[19].

En Sibérie, le gouvernement provisoire de la Sibérie autonome, allié des armées blanches, prend le pouvoir à l'été 1918 à Omsk, sous la direction de l'amiral Alexandre Koltchak. Il est remplacé par le gouvernement provisoire panrusse en septembre puis le gouvernement d'Omsk en novembre, toujours avec l'amiral à sa tête. La ville de Ienisseïsk est alors contrôlée par les armées blanches de l'Amiral. Dès l'été 1918, les gardes rouges de la ville sont emprisonnés par les armées blanches dans la prison de Ienisseïsk[19].

Soulèvement de Ienisseïsk-Maklakovo

Photographe de participants du soulèvement de Ienisseïsk-Maklakovo en février 1919, avec Philippe Babkine au centre.

Mais la contestation des armées blanches émerge à Ienisseïsk et dans la ville voisine de Maklakovo (aujourd'hui Lessossibirsk), entraînant en février 1919 l'insurrection de Ienisseïsk-Maklokovo. L'insurrection éclate les 5 et dans la ville de Ienisseïsk, avec le soutien des habitants de Verkhnepachino. L'insurrection est menée par un détachement de gardes rouges volontaires sous le commandement de Philippe Ia. Babkine. Le détachement compte environ 300 hommes, et s'est avancé vers les unités blanches fidèles à Koltchak, elles composées de 700 personnes. Le suivant, le détachement de Babkine atteignit Karguino[d], où il vainquit les unités blanches[20].

Mais le 11 février, avec l'arrivée de renforts blancs, les gardes rouges se replièrent sur Makalkovo. Sur la rive droite de la rivière Maklakovka, des tranchées en neige furent construites avec des meurtrières en briques. Le 17 février, sur la rive, une bataille de 5 heures eu lieue, avec des pertes importantes des deux côtés. Mais les gardes rouges maintenaient le front, empêchant les armées blanches d'atteindre Ienisseïsk. Comme les armées blanches ne pouvaient atteindre Ienisseïsk par Maklakovo (en longeant le Ienisseï), ils décidèrent d'outrepasser Maklakovo en s'enfonçant dans la taïga puis en rejoignant la route d'Atchinsk. Le 20 février, alors qu'il était devenu évident que Ienisseïsk ne tiendrait pas et que la ville serait reprise, une partie des rebelles décida de se retirer dans les mines du nord. Un autre groupe dirigé par Babkine prit la direction de Taseïevo. Les paysans du village de Verkhnepachino se rassemblèrent pour construire des tranchées à l'extérieur du village. À un kilomètre du village, aux abords la route du Ienisseï, dans une forêt d'épicéas, les armées blanches prirent positions afin de tenter des embuscades[20].

Dans la nuit du (date incertaine, peut-être le 2 mars), les troupes de Koltchak ont lancé un assaut contre Ienisseïsk, et la ville est reprise le lendemain. En parallèle à Verkhnepachino, aussi repris depuis le 22 février, des participants au soulèvements sont capturés et fusillés. Les armées blanches ne partirent qu'entre le 7 et le 10 mars, et ce fut qu'après le départ que l'enterrement des rebelles dans une fosse commune se fit[20].

Reddition de la ville

À la fin 1919, les troupes de Koltchak subissent de nombreuses défaites par les Armées rouges, les poussant à se replier toujours plus à l'est. L'offensive partisane dans le gouvernement du Ienisseï commença en novembre 1919, et le conseil militaire du front nord de Kansk envoya le 3e régiment sous le commandement de Filip Babkine à Ienisseïsk. Rapidement, le détachement occupa Kargunio, coupant le chemin à la garnison de Ienisseïsk en route vers Krasnoïarsk qui était composée de 800 soldats. Le commandement de la garde blanche de Ienisseïsk, influencé par les dirigeants locaux des zemtsvo, entama des négociations avec les partisans[20].

Alors que les négociations de reddition étaient en cours, le bras droit de Babkine, Stepan Nakladov, entama un siège de Ienisseïsk et fit des incursions dans la ville. En décembre, un accord de reddition sans aucune effusion de sang fut signé à Karguino, et la ville fut occupée par les partisans. Nakladov demanda qu'on lui donna la ville afin de lutter contre les contre-révolutionnaires, mais Babkine refusa. L'accord de reddition stipulait que les personnes arrêtées devaient être libérées, dont les contre-révolutionnaires, mais elles furent au contraire détenues pendant une semaine. Sous le commandement de Nakladov, les emprisonnés furent mis sur un traîneau, théoriquement pour être emmenés à Krasnoïarsk. Mais à l'extérieur de Maklakovo, sur le mont Bourmakina, ils furent dépouillés de leurs vêtements et de leurs chaussures. Ils furent forcés de courir dans la neige tandis que les gardes rouges les tiraient dessus. Les corps furent ensuite jetés dans le Ienisseï[20].

Période soviétique

En 1921, la bibliothèque centrale de la ville, ouverte en 1884, est transférée dans un nouveau bâtiment[15].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs milliers d'habitants ont été envoyés au front, et 800 d'entre eux ont reçu des ordres et des médailles[17].

Depuis 1991

La vieille ville est proposée par le gouvernement russe pour être inscrite à la liste du patrimoine mondial. Elle est ainsi inscrite à la liste indicative depuis 2000.

En automne 2016, lors de fouilles dans la cave du domaine du voïvode (milieu du XVIIe siècle), des documents sur écorce de bouleau ont été trouvé par des archéologues. Des mots ont été gravés, sans qu'il soit possible de déchiffrer les mots. Ce type de découverte est extrêmement rare pour le kraï de Krasnoïarsk, le premier document de ce type ayant été découvert qu'en 2013. Outre ce document, dans la zone de la forteresse a été trouvé lors de la même campagne de fouilles des fragments d'un vase fabriqué en Europe occidentale. Sur ce vase est figuré un visage barbu, possiblement celui de Bacchus. Une tombe a été trouvé, possiblement celle de Daniel d'Atchinsk (ru), saint local russe né à Novi Sanjary et mort à Ienisseïsk[21].

Pour le 400e anniversaire de la ville qui a lieu en 2019, une reconstruction globale de la ville a été effectuée, qui a commencé en 2008[22]. Au cours de la reconstruction, d'un montant de 3 milliards de roubles[22], le centre historique avec une centaine de monuments historiques ont été restaurés, dont la cathédrale de l'Épiphanie et l'église de la Trinité auparavant détruites, ainsi que les bâtiments de la rue principale (la rue Lénine)[23],[24]. L'évènement fut inscrit dans la liste des évènements fédéraux pour 2019[21].

Politique et administration

Conseil municipal

Le conseil municipal est régit par la constitution russe de 1993, en accord avec la charte européenne de l'autonomie locale et par la loi fédérale du « sur les principes généraux de l'organisation de l'autonomie locale dans la fédération de Russie ». Cette loi a permis la création des organes représentatifs et des postes de chefs/maires. Le conseil municipal des députés de Ienisseïsk fut créé lors des premières élections de celui-ci en 1997[25].

Le conseil municipal possède un président du conseil, un vice-président ainsi que des commissions où les députés sont répartis. Il y a 21 députés dans le conseil, et le conseil en est à sa VIe législature. La première législature dura que trois ans, exerçant de 1997 à 2000. Les autres durèrent toutes cinq ans[25].

Élections

Les élections fonctionnent selon un scrutin mixe, avec 10 députés élus dans des circonscriptions uniques au scrutin uninominal majoritaire à un tour, et onze élus à la proportionnelle sur une liste unique. L'âge minimum pour se présenter est de 21 ans, et les vingt-et-un mandats du conseil municipal sont pour une durée de 5 ans[26].

Conseil municipal actuelle.

Les dernières élections ont eu lieues lors du jour de vote unique en septembre 2020. 46 candidats se présentèrent pour briguer l'un des sièges. Parmi eux, il y avait 21 candidats de Russie unie, 15 candidats du LDPR, 5 candidats du Parti communiste de la fédération de Russie , trois de Russie juste et 2 indépendants. C'est ainsi que se tinrent des élections le . Le nombre total d'électeurs était de 13 614 personnes dans la ville, mais seulement 2 688 personnes se sont rendues aux urnes, soit un taux de participation d'à peine 20 %. Russie unie a obtenu la majorité avec 13 sièges, suivi du LDPR avec 5 sièges, du KPRF avec 2 sièges et de Russie juste avec 1 siège. Par la suite, un député de Russie unie a démissionné, rendant un siège vacant. Il y a actuellement 76 % d'hommes, et Russie unie possède 60 % des sièges. Les prochaines élections doivent se tenir en septembre 2025[26].

Population

Recensements (*) ou estimations de la population[5],[9],[13],[27],[28],[29]:

Évolution démographique
1690 1763 1856 1865 1897* 1926
3 000 †4 000 †5 1004 09611 5066 000
1939* 1959* 1970* 1979* 1989* 2002*
12 76417 04719 88020 79822 89120 394
2010* 2012 2013 2014 2015 2016
18 76618 90918 52918 56118 35918 156
2017 2018 2019 2020 2021* -
17 99917 82617 80517 77417 537-
† Chiffre approximatif

Culture locale et patrimoine

Architecture

Monastère de la Transfiguration.

L'architecture notable de Ienisseïsk remonte au XVIIIe siècle. Elle s'est développée lorsque la ville était la ville sibérienne la plus importante entre Tobolosk (la capitale historique de la Sibérie) et Irkoutsk. Mais contrairement à ces villes, l'école d'architecture ne s'est que peu développée. Par ailleurs, l'étude de son architecture est rendue difficile par sa mauvaise conservation ainsi que les nombreuses reconstructions. Cependant, des motifs émergent, en particulier le baroque Sibérien et dans une moindre mesure le baroque Narychkine. Son architecture est très conservatrice par rapport aux autres grandes villes sibériennes de l'époque. Ses édifices religieux sont les principaux exemples, avec des clochers en forme de tentes (ru), qui lors de leurs construction, n'étaient presque plus construits en Sibérie. L'abside ronde, caractéristique de l'architecture pré-pétrovienne, a été utilisé jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, alors qu'à Irkoutsk, la pratique avait disparue dans les années 1720 et à Tobolsk elle avait disparue au milieu du XVIIIe siècle[30].

L'architecture est aussi ouralienne, s'inspirant de ce qui se faisait à Solikamsk avec les motifs architecturaux semblables. L'influence architectural de Tobolsk a aussi eu lieu, avec les plans d'église semblables (la Cathédrale Sainte-Sophie de Tobolsk datant de 1681 a donné des sources d'inspirations) et des motifs ornementaux similaires (l'église du Sauveur de Tobolsk (ru) de 1587 a influencé Ienisseïsk). Enfin, la ville a eu des influences d'Irkoutsk, étant donné qu'elle a fait appel à des peintres et maîtres d'œuvres de cette dite-ville[30].

Musées

Le premier musée de la ville est le musée des traditions locales de Ienisseïsk, ouvert en 1883. Il est fondé dans le bâtiment de l'ancienne Douma de la ville par Alexandre Ignatievitch Kytmanov , historien local, botaniste et personnalité locale, ainsi que par N. V. Skornyakov, historien. Le premier a ramené ses collections sur le territoire du gouvernement du Ienisseï qu'il a étudié (poissons, œuvres folkloriques, roches, etc.) Le musée possède des expositions le commerce du poisson sur le cour inférieur du fleuve, sur le folklore local, sur la géologie avec les anciens placers d'or. Il y a d'anciens livres, des icônes du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, des peintures, armes, paquets de thé chinois et autres objets d'Extrême-Orient passant par le commerce de Kiakhta[14].

Parmi les objets précieux se trouvent une collection ethnographique des peuples indigènes du Ienisseï, un portait de Ermak Timofeïévitch du XVIIIe siècle et un portrait d'Avvakoum. Le musée a une exposition sur la ruée vers l'or dans la région. Le musée fut pillé pendant la guerre civile russe avant d'être reconstruit[15].

Notes et références

Notes

  1. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques
  2. Les distances devraient être considérablement réduites pour Moscou avec l'ouverture de la M12 en 2023-2024, et réduites vers Novossibirsk avec la mise à 2x2 voies progressive de la R255.
  3. Distances calculées via Google Maps.
  4. Village à une soixantaine de kilomètres en amont sur le Ienisseï.

Références

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  3. a et b Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 4
  4. a b c d e f g h i j et k (ru) Université fédérale de Sibérie, « История г. Енисейска » [« Histoire de la ville de Ienisseïsk »] (consulté le )
  5. a b c d et e Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 5
  6. a b et c Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 6
  7. a b et c Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 7
  8. (ru) « Сенатом принят именной указ Петра I об устройстве губерний », sur Bibliothèque présidentielle Boris-Eltsine,‎ (consulté le )
  9. a b c d e et f Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 8
  10. a et b Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 9
  11. Michel Heller : Histoire de la Russie et de son Empire, chap.9; 2015, Éd. Tempus Perrin, (ISBN 978-2262051631)
  12. « Народная энциклопедия "Мой город". Красноярск (Красноярский край) », sur www.mojgorod.ru (consulté le )
  13. a et b « Народная энциклопедия "Мой город". Енисейск (Красноярский край) », sur www.mojgorod.ru (consulté le )
  14. a b et c Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 11
  15. a b et c Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 12
  16. a b et c Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk, p. 13
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  30. a et b (ru) L.K. Santchez, АРХИТЕКТУРА СИБИРИ XVIII ВЕКА [« Architecture de la Sibérie au XVIIIe siècle. »],‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (ru) G. Sorokina (Compilatrice), Bibliothèque centrale pour enfants de la ville de Krasnoïarsk. N. Ostrovski, ЕНИСЕЙСКАЯ ФАКТОГРАФИЯ К 400-летию со дня основания города Енисейска [« Factographie d'Ienisseïsk : A l'occasion du 400e anniversaire de la ville principale d'Ienisseïsk »], Krasnoïarsk, A. V. Kocharskaïa,‎ , 23 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) E. E. Reynolds, Nansen, Harmondsworth, Penguin Books, Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes

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