Agressions sexuelles lors des attaques du 7 octobre 2023

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Les agressions sexuelles lors des attaques du 7 octobre 2023 sont perpétrées par le mouvement islamiste Hamas en Israël où des terroristes palestiniens se livrent à diverses exactions, particulièrement lors du massacre du festival Nova de musique à Réïm. Ces violences sexuelles incluent des viols, des agressions et des mutilations sur des femmes et des jeunes filles israéliennes par des militants du Hamas, qui peuvent être définies comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, conformément à la reconnaissance par la Cour pénale internationale (CPI) que la violence sexuelle est un crime de guerre et un crime contre l'humanité.

Agressions sexuelles lors des attaques du 7 octobre 2023
Image illustrative de l’article Agressions sexuelles lors des attaques du 7 octobre 2023
Photographie de l'unité ZAKA d'identification des victimes sur le mur d'une maison de l'enveloppe de Gaza, après le 7 octobre 2023

Date 7 octobre 2023
Partie de Attaque du Hamas contre Israël

Ces agressions sexuelles, initialement suspectées puis révélées progressivement et encore en cours d'investigations, donnent lieu à une intense polémique, des féministes françaises et israéliennes reprochant aux grandes associations féministes françaises et aux institutions internationales, de ne pas les avoir condamnées ; le débat politique à ce propos est très vif en Israël. Néanmoins, le temps de l'enquête fait qu'aucune preuve matérielle n'est présentée avant début décembre 2023.

Chronologie des agressions

Sang résiduel dans une chambre après le massacre de Nahal Oz par le Hamas.

Le 7 octobre 2023, des centaines de commandos palestiniens, composés du Hamas, d'autres factions palestiniennes ainsi que des civils palestiniens fondent sur des kibboutz, des bases militaires et une vaste rave-party en Israël, dans ce qui est appelé l'enveloppe de Gaza, territoire en bordure de la bande de Gaza. Le pays hébreu vit alors sa pire attaque contre des civils depuis sa création en 1948 avec un bilan d'environ 1 200 morts et 240 otages emmenés dans la bande de Gaza. Le nombre de victimes du est sans précédent dans l'histoire d'Israël. The Economist et Tablet l'ont décrit comme le jour le plus sanglant pour les Juifs depuis l'Holocauste[1].

Des combattants du Hamas se sont infiltrés dans des villes israéliennes, où des témoins ont déclaré qu'ils avaient torturé, violé et agressé sexuellement de nombreuses femmes et filles de tous âges, ainsi que quelques hommes[2],[3],[4],[5],[6]. Le massacre au festival de musique Tribe of Nova à côté du kibboutz Réïm apparaît être le plus grand théâtre de ces crimes[5].

En outre, une prise d'otages d'environ 240 personnes allant du nourrisson aux personnes âgées, israéliens comme étrangers, a également lieu lors des attaques. Les terroristes enregistrent une partie de leurs méfaits, tout comme les caméras de surveillance locales ; les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent alors « des scènes atroces »[7]. Sur la plupart des sites israéliens de massacre, « tous les crimes possibles ont été commis », rapporte rapidement Nicolas Delesalle, grand reporter à Paris Match, et l'état de nombreux corps de civils suppliciés rend très difficile leur identification[8].

Premiers soupçons de violences sexuelles

Sur des images tournées par le Hamas, le corps à moitié nu et désarticulé d'une jeune fille (Shani Louk) exhibée à l'arrière d'un pick-up, et sur laquelle on crache, ainsi qu'une tache de sang à l'arrière du pantalon d'une autre que l'on tire par les cheveux, sont vus par des millions de personnes et figurent les « premiers indices de violences sexuelles sur des Israéliennes qui ont eu lieu le  »[9].

Le directeur de recherche au Soufan Group, une société mondiale de conseil en renseignement et en sécurité, rappelle qu'« avant cette guerre, le Hamas, un groupe militant islamique voué à la destruction d'Israël, n'était pas connu pour utiliser le viol comme une arme... Ses tactiques comprenaient des attentats-suicides et des tirs contre des soldats et des civils israéliens ».

Le 8 novembre, un journaliste indique que les enquêteurs ont reçu le témoignage direct d'un viol suivi de l'assassinat de la victime ; il est relayé par le gouvernement israélien sur les réseaux sociaux[10].

Alors que le mouvement islamiste palestinien nie formellement ces accusations, la police israélienne a décidé de communiquer ce lundi 4 décembre, lors d'une conférence organisée au siège de l’ONU à New York à l'initiative de l'ambassadeur d’Israël aux Nations unies pour présenter les premiers éléments de l’enquête sur ce sujet très sensible. Céline Bardet, avec son ONG We are not weapons of war, est en train de documenter les violences sexuelles. Elle déclare "Dès qu'il y a une crise avec extrême violence comme celle qui a eu lieu le 7 octobre, les crimes sexuels arrivent derrière quasiment à chaque fois[...]"« "Des viols répétés" lors des attaques du 7 octobre : les violences sexuelles perpétrées par le Hamas documentées par la police israélienne », sur francetvinfo.fr, France Info, 07 décembre 2023 08:29 (consulté le ).

Le neuf décembre, la BBC affirme avoir vu et entendu des témoignages de viols, de violences sexuelles et de mutilations de femmes lors des attaques du Hamas du 7 octobre.Lucy Williamson, « Le Hamas a violé et mutilé des femmes le 7 octobre, selon les témoignages recueillis par la BBC », sur BBC.com, BBC, (consulté le ).

Enquête criminelle

Initialement « la priorité a été donnée à l’identification des corps et non à la conservation des preuves » car les autorités ignoraient alors que les faits allaient être mise en doute[11]. Ensuite, il est besoin de temps pour identifier toutes les victimes par leur ADN dont particulièrement celles qui ont été brûlées vives[12].

Le 14 novembre, les autorités israéliennes annoncent avoir ouvert une enquête sur les viols du 7 octobre[10].

Police israélienne

Une enquête criminelle de la police israélienne[13], qualifiée de «complexe et délicate»[14] à cause de l'état de nombreux cadavres - la plus vaste jamais réalisée dans le pays, sur les auteurs de ces actes du 7 octobre, menée par l’unité Lahav 433 surnommée « le FBI israélien », s’ouvre le 14 novembre pour « documenter ces crimes de guerre malgré le tabou qui les entoure » et le temps dont il est besoin pour que la parole des survivants se libère[5]. Ainsi, l'unité policière assure-t-elle enquêter sur les restes des victimes en s'appuyant sur des tests médico-légaux d'identification[11] mais également sur « des viols en réunion ou des mutilations de cadavres » dont les témoins se font l'écho[15]. « Cette enquête […] est la plus importante de notre histoire », déclare le commissaire en chef d’Israël Yaakov Shabtai[14]. Il évalue qu'ainsi, l'enquête pourrait encore durer « six à huit mois »[16]. À ce stade, il ajoute précautionneusement « ne pas pouvoir établir que le Hamas avait donné des instructions pour violer des femmes »[14].

Une avocate informe que « dans 90 % des dossiers (de viol), tout ce qu'il reste, c'est la parole des victimes »[5]. En fait, « aucune victime vivante n'a dit avoir été violée » le 7 octobre car celles-ci ont toutes été tuées par leurs agresseurs[non neutre][14],[9], mais le porte-parole de l'unité de criminologie Lahav indique qu'il possède « de multiples témoins dans plusieurs affaires »[16].

Parmi les nombreux témoignages reçus par les enquêteurs, certains font état de viols et de mutilations sexuelles[13]. Les témoignages les plus directs sont ceux des survivants du festival de musique Nova attaqué par le Hamas à Réïm[9]. Bien qu'il soit difficile de retrouver des survivantes de viol car de nombreuses victimes ont été tuées par leurs agresseurs[11], l'unité Lahav recueille le témoignage du calvaire d'une jeune Israélienne violée, mutilée et laissée pour morte, qui vient s'ajouter aux déclarations des témoins visuels[17]. Les enquêteurs disposent en outre de milliers de fichiers vidéo (caméras de surveillance, images de caméras GoPro du Hamas) documentant les scènes de massacre[13].

David Katz de l'unité d'enquête policière Lahav indique ː « Nous avons aussi vu des corps de femmes qui n'avaient plus de pantalons ou de sous-vêtements»[16].

Une policière déclare au parlement, fin novembre, que les enquêteurs israéliens ont déjà recueilli « plus de 1 500 témoignages choquants et pénibles », évoquant « des filles déshabillées au-dessus et au-dessous de la taille » et rapportant le témoignage du viol collectif, de la mutilation et du meurtre d'une jeune femme[18]. Début décembre, « la police affirme qu'elle examine 60 000 vidéos saisies sur les caméras corporelles des attaquants du Hamas, sur les réseaux sociaux et sur les caméras de sécurité, ainsi que 1 000 témoignages pour traduire les auteurs en justice »[11].

Témoignages de ZAKA

Transport pour identification d'un corps par les bénévoles de ZAKA, après l'attaque du 7 octobre.

Les témoignages de plusieurs secouristes religieux et bénévoles de l'ONG ZAKA (organisation spécialisée dans la collecte des restes humains lors des attentats, pour les enterrer dignement) qui a été la première à découvrir les corps abusés[9] et a récupéré leurs dépouilles après le massacre, qu'elle a photographiées[9], vont également dans ce sens ː « Leurs récits décrivaient de nombreux corps nus de femmes et portant des signes de brutalité et d'abus », précise le journal Haaretz[5].

Haim Otmazgin, secouriste à l'organisation Zaka, témoigne au sujet de l'une d'entre elles ː « Au niveau de son entrejambe, dans la partie intérieure, une paire de ciseaux ou un couteau avait été planté »[9]. Parmi les témoignages, celui écrit de Nachman Dyksztejna de ZAKA sur le kibboutz Be'eri qui dit « avoir vu les corps de deux femmes... les mains et les jambes attachées à un lit. L'une d'entre elles a été terrorisée sexuellement avec un couteau planté dans son vagin et tous ses organes internes ont été enlevés »[18].

Fake news

À la BBC, l'un des collecteurs de corps de Zaka décrit des « signes de torture et de mutilation, notamment une femme enceinte dont l'utérus avait été déchiré avant qu'elle ne soit tuée, et son fœtus poignardé alors qu'il se trouvait à l'intérieur d'elle » mais ce témoignage qui a été vérifié, s'est révélé être un faux, et ne correspondre à aucune réalité connue[19] ; « des médias israéliens ont mis en doute certains témoignages de volontaires travaillant sur les conséquences traumatisantes des attaques du Hamas » [18].

Film de témoignages

La police israélienne projette à la presse internationale le témoignage filmé d'une survivante, cachée lors de la rave party Nova à Reïm, décrivant un viol collectif sur une femme abattue pendant son agression. Cette survivante interrogée affirme avoir vu « un groupe de femmes emmenées par des hommes armés en uniformes militaires » et « je comprends qu'ils l'ont violée », dit-elle encore, avant de décrire des mutilations, un viol et une exécution. »[16]. Une témoin ayant assisté au crime rapporte aussi un viol collectif où la jeune victime est abattue d'une balle dans la tête alors qu'elle est violée puis l'un des terroristes lui coupe les seins pour jouer avec eux[13],[11],[18].

Travail d'identification

Six semaines après l'attaque du 7 octobre, le travail d'identification des corps continue sur la base militaire de Shura, près de Ramla (centre), reconvertie en morgue. »[5]. La médecine légale relève « certains éléments, comme les pelvis brisés ou des corps de femmes nues, laiss(a)nt penser qu'il y a eu des viols et d'autres exactions à l'égard des femmes lors de cette attaque, ce qui n'est pas étonnant au vu de sa barbarie, mais pour l'instant nous avons très peu de détails », estime Céline Bardet, juriste spécialiste des crimes de guerre[5] et présidente de l'ONG française We are not Weapons of War (« Nous ne sommes pas des armes de guerre »)[10]. Elle ajoute que « le travail d'enquête mené par la police israélienne pourrait s'avérer particulièrement difficile au vu du contexte : Ce sont des corps extrêmement dégradés sur lesquels vont devoir travailler les médecins légistes »[5].

Enquête journalistique

Début décembre, The Times se penche de manière significative sur le sujet en publiant une enquête sur les viols commis par le Hamas le 7 octobre, comprenant des témoignages descriptifs de survivants du massacre ayant assisté aux atrocités et ceux de l'unité de secouristes ZAKA considérant que les hommes du Hamas ont essayé « de semer autant de terreur que possible : tuer, brûler vifs, violer ». Le journal londonien s'interroge sur le silence de l'ONU[20].

Selon les aveux filmés des terroristes détenus et interrogés à ce propos par le Shin Bet, « le but de la décapitation et du viol était de semer la peur et la panique dans la population israélienne »[réf. nécessaire] et « Nous avons voulu les violer pour les salir ». Parallèlement, le Hamas dément toutes allégations de viols de la part de ses hommes[11].

Premiers rapports

Les premières évaluations du groupe de défense des droits israéliens et les récits[Note 1] des crimes sexuels du 7 octobre sont donnés le 5 décembre à l'agence multinationale Associated Press[11]. Un médecin militaire déclare à l'AP qu'il a « découvert une demi-douzaine de corps de femmes et d'hommes présentant des signes possibles d'agression sexuelle » dont une jeune fille ayant reçu une balle dans la tête, allongée sur le sol, les jambes ouvertes et le pantalon baissé, avec ce qui ressemblait à du sperme dans le bas du dos, et d'autres corps présentaient des saignements massifs autour de l'aine et des membres désarticulés[11]. Un réserviste dont l'unité est chargée de l'identification des corps et de la préparation aux funérailles religieuses des femmes soldats, déclare que certains corps de femmes sont arrivés sur la base militaire de Shura avec peu de vêtements sur elles, des parties de pyjama ou seulement des sous-vêtements ensanglantés[11].

Le même jour, un rapport de Physicians for Human Rights Israel documente des incidents survenus dans des endroits attaqués par le Hamas ː au festival de musique de Réïm, dans des maisons de l'enveloppe de Gaza et dans une base militaire israélienne, en s'appuyant sur des informations et des entretiens de source ouverte. Il affirme qu'« il devient de plus en plus évident que les violences perpétrées contre les femmes, les hommes et les enfants incluent également des crimes sexuels et sexistes généralisés »[11].

Si à leur libération pendant la trêve fin novembre, aucune des différentes otages femmes ne fait état de maltraitance sexuelle ou de viols de la part de ses geôliers du Hamas[21], il faudra plusieurs jours et le soutien des membres de leur famille pour que certaines se disent également victimes d'agressions ou d'abus sexuels durant leur captivité à Gaza[11]. Aussi, « un médecin qui a soigné certains des 110 otages libérés a déclaré à l'AP qu'au moins 10 hommes et femmes parmi les personnes libérées avaient été agressés ou abusés sexuellement »[11].

Le 10 décembre, la BBC s'exprime sur ce qu'elle a vu et entendu des témoignages de viols, de violences sexuelles et de mutilations de femmes lors des attaques du Hamas du 7 octobre[18].

L'avocate en droit international pénal, Yael Vias Gvirsman, a fait ses études de droit à l’université de Strasbourg et représente les familles de 53 victimes de l’attaque du Hamas auprès de la Cour pénale internationale de La Haye où elle veut porter leur parole afin d'obtenir une reconnaissance à travers cette action juridique. Elle assure que « le monde entier va (y) connaître l’ampleur du sadisme du Hamas à l’égard des femmes »[12].

Répercussions psychiatriques

« La ministre israélienne de l'émancipation des femmes, May Golan, a déclaré à la BBC que quelques victimes de viol ou d'agression sexuelle avaient survécu aux attaques et qu'elles recevaient toutes un traitement psychiatrique »[18]

Polémique

En France

Une semaine après le massacre, l'association française « Paroles de femmes » lance la première un communiqué et une pétition pour la reconnaissance d'un féminicide de masse commis en Israël le [22].

Le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, Fadila Mehal, présidente et fondatrice des Mariannes de la diversité, revient longuement sur les massacres du 7 octobre, en pointant les sévices insoutenables infligés aux victimes, dont aux femmes. Elle précise que « les violences sexuelles sur les femmes, lors de ces attaques, commencent à peine à être dévoilées » et rappelle le sort des des femmes gazaouies enfouies sous les décombres, « victimes collatérales » d'une même barbarie[23].

Le 27 novembre, cinq féministes françaises s'insurgent dans une autre tribune contre , « la scandaleuse mise à l’écart d’un groupe de manifestantes venues dénoncer ces violences faites aux femmes juives commises par le Hamas » lors des des manifestations de l'avant-veille. Selon elles, face à l’horreur du 7 octobre relayé par les réseaux sociaux, des féministes ont dénoncé immédiatement ces crimes mais beaucoup d'autres sont silencieuses ou n'ont pas hésité à les considérer comme faisant partie de la « résistance palestinienne face à l'agresseur sioniste », tandis que nombre d’ONG internationales se taisaient[24].

Le même jour, Mediapart titre « Crimes sexuels du Hamas : derrière les polémiques, la réalité d’une arme de guerre » . Faisant état du nombre croissant de témoignages, pour la plupart indirects, sur ces viols et agressions sexuelles, et des enquêtes en cours sur le sujet, le journal explique « l’extrême difficulté de documenter ces crimes dont l’ampleur reste à évaluer. ». L'article déplore que la polémique qui s'est installée ajoute l'instrumentalisation politique à la souffrance des victimes. Il revient sur la manifestation du 25 novembre, et sur la question du conflit entre le groupe composé « d’ancien·nes militant·es de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et de SOS Racisme », porteur de pancartes jugées polémiques, avec les autres féministes présentes. Plusieurs ONG telles que Amnesty international, la Fondation des femmes ou ONU Femmes indiquent avoir besoin de temps avant que les enquêtes n'aboutissent, et plusieurs humanitaires dénoncent les pressions qui sont exercées sur eux.Il rappelle enfin que plusieurs personnalités ont publié la veille une tribune condamnant « la violence [qui] s’est exercée de manière déshumanisante et genrée » le 7 octobre, tout en insistant sur « la politique du deux-poids deux mesures » envers le sort des femmes palestiniennes[25].

Comme de nombreuses organisations féministes internationales restent longtemps silencieuses pour condamner et manifester contre ces actes[26], début novembre, soit trois semaines après les faits, des organisations féminines en Israël tiennent « une grande manifestation critiquant sévèrement les organisations féminines internationales qui continuent de se taire sur les crimes contre l'humanité commis par le Hamas »[réf. nécessaire].

Les témoignages en Israël faisant état de violences sexuelle exercées le 7 octobre s’accumulent[25]. Pendant ce temps, les familles des victimes restent désespérées car les « images terrifiantes mettent (leur) cœur... à l’épreuve »[7].

Dès la libération des différents otages femmes pendant la trêve d'échanges et humanitaire, fin novembre, aucune d'entre elles ne fait état de maltraitance sexuelle ou de viols de la part de ses geôliers du Hamas[21]. Peu de temps plus tard, leur langue peuvent se délier directement ou par le truchement de membres de leur famille qui font l'aveu d'agressions ou d'abus sexuels durant leur captivité à Gaza[11]. Aussi, « un médecin qui a soigné certains des 110 otages libérés a déclaré à l'AP qu'au moins 10 hommes et femmes parmi les personnes libérées avaient été agressés ou abusés sexuellement »[11].

Une plainte est déposée auprès de la Cour pénale internationale par une avocate représentant de nombreuses victimes[12].

En Israël et dans d'autres pays

Logo d'ONU Femmes (UN WOMEN)

Sarah Weiss est une ancienne diplomate qui a longtemps travaillé au ministère des Affaires étrangères israélien et depuis le 7 octobre, est chargée de rédiger les documents officiels sur ces crimes pour le compte de l'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies Guilad Erdan[26]. Dès le 7 octobre, elle envoie plusieurs courriers au Conseil de sécurité de l'ONU pour alerter sur les crimes commis à l'encontre des femmes d'Israël mais « Sima Sami Bahous, la directrice d'ONU Femmes, a reçu ces lettres, et n'a pas jugé bon d'y répondre. Qu'il s'agisse des publications officielles, ou des siennes, ça ne raconte l'histoire que sous un certain angle », déplore la diplomate[26].

Le 8 octobre, au lendemain du « Shabbat noir », Sima Samid Bahous publie toutefois un tweet reprenant la même terminologie que celle des Nations unies, sans nommer les victimes israéliennes déjà tuées ou abusées :

« L'escalade des hostilités en Israël et dans les territoires palestiniens occupés est extrêmement préoccupante. Il est impératif que tous les civils, y compris les femmes et les filles, soient protégés »[26].

Sima Sami Bahous, directrice exécutive d'ONU Femmes, à la Commission européenne (mai 2023)

Une semaine plus tard, la section ONU Femmes communique, mais les termes indirects de « violences de genre » plutôt que l'utilisation du mot « viol » qu'elle emploie lui sont vivement reprochés en Israël[10]. Le Point lui reproche aussi, outre ce langage, ne n'avoir pas cité les otages emmenés dans la bande de Gaza, « alors même que les images de propagande des terroristes montrant des corps de femmes suppliciés circulaient déjà partout sur les réseaux sociaux »[26] ː

« L'ONU Femmes condamne les attaques contre les civils en Israël et dans les territoires palestiniens occupés et est profondément alarmée par l'impact dévastateur sur les civils, notamment les femmes et les filles. ».

Selon Sarah Weiss, l'absence de mention des crimes sexuels dans les messages suivants de la directrice de l'ONU Femmes, Sima Sami Bahous, qui évoquent le sort des civils palestiniens, « la déshonore »[26].

Le 10 octobre, juste après les massacres, la ministre de la Jeunesse et de l'Enfance en Espagne et parlementaire européenne depuis 2019 au nom d'un parti d'extrême gauche, Sira Rego, femme politique d'origine palestinienne, accuse Israël de « génocide » et nie fermement que le Hamas ait procédé à des décapitations, des viols ou assassiné des centaines de festivaliers à la rave party Nova de Réïm mais assure son « plein soutien aux Palestiniens »[27].

Le 25 octobre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres déclare : « J'ai condamné sans équivoque les actes de terreur horribles et sans précédent perpétrés par le Hamas en Israël le 7 octobre. » Et d'ajouter : « Il est aussi important de reconnaître que les attaques du Hamas ne se sont pas produites hors de tout contexte. » « Mais comment peut-on contextualiser des viols et des bébés brûlés ? » interroge la diplomate Weiss[26].

Tag de NousToutes à Montreuil (novembre 2019)

Le lendemain, le collectif féministe NousToutes appelle à un cessez-le-feu ː « Nous apportons notre soutien à tous.tes les civil.es, victimes de la guerre, partout dans le monde. Nous pensons aux civil.es palestinien.nes et israélien.nes », puis le collectif liste les civils d'autres pays en conflit, comme l'Ukraine et dénonce aussi le viol comme crime de guerre en général et dit avoir une pensée pour les femmes de Gaza, mais aucune à cette date pour le sort des femmes israéliennes violentées[10].

Le même « silence assourdissant » s'entend du côté de l'UNICEF ou de CEDAW (Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes) qui déclare condamner « l'escalade de la violence au Moyen-Orient qui a tué des milliers de civils, dont des femmes et des enfants », sans plus de précisions non plus sur les violences spécifiques commises sur les femmes israéliennes le 7 octobre, après les attaques terroristes du Hamas en Israël[26]. « Ils ont publié des déclarations sur les violences sexuelles dans plusieurs contextes, quand Daech contrôlait une partie de la Syrie, au sujet de la guerre en Ukraine. Mais tout ce qu'ils font ici, c'est appeler très faiblement toutes les parties “à aborder systématiquement la dimension du genre dans le conflit” », dit encore la diplomate Sarah Weiss »[26].

Le 5 novembre, soit un mois après les attaques terroristes, le compte officiel X de l'État d'Israël fait un appel d'encouragement aux féministes ː

« il est temps de soutenir toutes les femmes israéliennes qui ont été violées, torturées, tuées et kidnappées par les terroristes du Hamas... Soutenir le Hamas ou rester silencieuses, c'est se mettre du côté des méchants meurtriers responsables de ces atrocités contre les femmes »[10].

La chaîne américaine CNN diffuse le 17 novembre un reportage d'investigation [réf. nécessaire]« révélant des témoignages déchirants sur des viols perpétrés » lors de l’attaque du Hamas : « un paramédical raconte comment il a trouvé des jeunes filles violées et tuées, une bénévole du camp de Shura partage son expérience traumatisante, et une survivante relate les horreurs infligées par les terroristes du Hamas ». La Première dame d'Israël, Michal Herzog, prend alors la parole sur la question dans une tribune publiée le 22 novembre par Newsweek pour affirmer ː

le « silence des instances internationales face aux viols massifs perpétrés par le Hamas est une trahison envers toutes les femmes », affirme-t-elle[26].

Début novembre, Cochav Elkayam Levy, professeure de droit international à l'université de Pennsylvanie, qui a créé une commission civile « sur les crimes du Hamas commis le 7 octobre contre les femmes et les enfants », explique se sentir abandonnée par ces organisations internationales ː « Elles sont censées assurer les droits des femmes, mais sont restées silencieuses, n'ont rendu publique aucune information alors même que c'est le crime le plus documenté de l'Histoire. Leur silence est la plus grande des trahisons »[26]. Pour l'enseignante ː

« Nous avons vécu un enfer et nous luttons toujours. Des femmes et des filles ont été assassinées, torturées, terrorisées et violées de la manière la plus inhumaine qui soit. Les preuves sont accablantes et indéniables. Et encore une fois, le même mécanisme de déni infligé aux victimes individuelles de viol est désormais infligé à nous toutes – femmes, filles, mères, sœurs et filles en Israël. Par qui ? Par ceux qui sont censés savoir. Comprendre. Croire »[26].

En Israël, des personnalités de la société civile se regroupent dans une commission « sur les crimes du Hamas commis le 7 octobre contre les femmes et les enfants »[5]. Certaines personnes comme la professeure de droit international Ruth Halperin-Kaddari, défenseur des droits de la femme en Israël, critiquent elles aussi le silence de l'ONU à ce sujet : « En restant silencieux, [l'ONU] ne se contente pas de nous décevoir, nous les femmes israéliennes, elle discrédite tout le système. Elle perd en crédibilité », a déclaré au quotidien Haaretz l'enseignante à l'université Bar-Ilan de Tel-Aviv[5].

« Normalement, les féministes du monde entier se rejoignent sur cette expérience très universelle de souffrance qu'est le viol. Mais d'un coup, les femmes juives ne méritent pas les “Je vous crois” du reste du monde », témoigne aussi Ayelet Razin Bet Or, ancienne directrice de l'Autorité pour la promotion de la condition féminine en Israël. « Où sont... toutes les célébrités du monde entier qui tenaient dans leurs mains des panneaux « #BringBackOurGirls », quand, en 2014, 276 lycéennes de Chibok ont été enlevées par Boko Haram au Nigeria ? « On a bien compris qu'on était seules dans notre combat », souffle-t-elle[26].

Le 18 novembre, un centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles d'une université canadienne n'hésite pas à signer une lettre ouverte niant que des femmes aient été violées le 7 octobre[26].

Le 21 novembre, l'ambassadeur Guilad Erdan décide de renvoyer un courrier à Sima Bahous, directrice de ONU Femmes qui reste muette au sujet des Israéliennes ː

« Malheureusement, malgré la réception de descriptions très crues réalisée par notre mission – ainsi que des informations supplémentaires devenues depuis publiques et les innombrables lettres et pétitions qui vous ont été envoyées par la société civile israélienne –, l'organisation que vous dirigez et vous-même êtes restées complètement et totalement silencieuses face à ces crimes, sans aucune condamnation des actes de viols et violences sexuelles commis par le Hamas, ni aucune expression d'une quelconque solidarité pour les femmes et filles d'Israël »[26].

Ce même jour, une tribune publiée par Le Media (proche de La France insoumise), qui ne voit dans la pétition initiée par Paroles de femmes et signée par de nombreuses personnalités pour faire reconnaitre un « féminicide de masse » le 7 octobre, que la « stratégie longuement éprouvé du pinkwashing israélien », une « obcène propagande de guerre » et une manipulation politiques ignorant volontairement les cruautés du colonialisme israélien infligées aux Palestiniens, réitérant « la vision d’un monde musulman barbare contre une population israélienne féminisée et ainsi lavée et blanchie de tout soupçon », est signée par Sam Bourcier, Elsa Dorlin, Isabelle Stengers, Fatima Daas, Silvia Federici ou encore Morgane Merteuil »[28],[29].

Le 24 novembre, l'association Paroles de Femmes est invitée chez Laurence Ferrari sur Cnews[30] pour expliquer que les militantes ne marcheront pas avec des mouvements radicaux le 25 novembre parce qu'elles ont été directement menacées en tant que « juives » et un dessin de Glon illustre le boycott de cette journée[31].

Le samedi 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes, un petit groupe d'hommes et de femmes composé du collectif « Nous vivrons » né après le 7 octobre, dont d’anciens militants de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et de SOS Racisme, et du CRIF ainsi que quelque 200 personnes, en majorité des femmes d’origine juive se réunissent pour participer à ce grand mouvement annuel et international de défense des femmes[32]. Ce groupe brandissant une grande banderole « Violées, mutilées, tuées par le Hamas, qu'attendez-vous pour condamner et agir ? »[10], des pancartes «Metoo unless you are a Jew» (« Me too, sauf si vous êtes juive ») ou «Féministes, votre silence vous rend complices», voulant dénoncer les viols sur les Israéliennes et le silence les entourant, semble alors bien isolé, cerné de nombreux panneaux et affiches en faveur du cessez-le-feu à Gaza, ponctué de drapeaux palestiniens et keffiehs solidaires de la Palestine, sans aucune allusion aux violences subies par les Israéliennes[32]. Pis, plusieurs personnes de « Nous vivrons » sont prises à partie par des éléments du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et du parti Révolution permanente, et même empêchées de manifester au sein du cortège principal[32]. La Fondation des femmes le dément ainsi qu'une journaliste du Figaro qui était sur place et qui a simplement vu des CRS protéger ce collectif institutionnel[réf. souhaitée].

Ce même jour, l'ONU Femmes affirme être « toujours alarmée par les récits de violences basées sur le genre le 7 octobre et appelle à une enquête rigoureuse » mais ses mots en demi-teinte et peu engagés font qu'elle reste une institution internationale particulièrement critiquée dans cette affaire[10].

Le lendemain, la féministe Sophie Gourion, créatrice dans les années 2010 du Tumblr « Les mots tuent » ayant pour vocation de dénoncer le traitement médiatique des féminicides, marque sa stupéfaction ː

« Cette année, je suis restée muette et interdite face à la sororité à géométrie variable des féministes »[10].

Deux mois après les faits, par la voix de son Premier ministre, le gouvernement israélien accuse les organisations féministes de la communauté internationale, notamment celle des Nations Unies, d'ignorer la douleur des victimes israéliennes ː

« Je dis aux organisations de défense des droits des femmes, aux organisations de défense des droits humains, vous avez entendu parler du viol de femmes israéliennes, d'horribles atrocités, de mutilations sexuelles – où diable êtes-vous ? »[11].

Réactions

Société civile

En novembre, soit un mois après les faits, les choses se précipitent quand les critiques envers les féministes se multiplient, « accusées de ne pas condamner les viols perpétrés par le Hamas le 7 octobre et d'avoir une indignation à "géométrie variable" »[10].

Olivia Cattan est la première féministe franco-israélienne et journaliste à dénoncer les viols et féminicides de masse. Dès le 12 octobre[22], elle publie un communiqué de presse et un texte dans Tribune juive avec son association « Paroles de Femmes » aux médias, organisations féministes et ONG en France, en Israël et aux Etats-Unis. Pour cette journaliste, des viols ont été commis et ressemblent à un « féminicide de masse ». Elle défend ce terme et l'explique avec des avocates israéliennes et juri-linguistes[33]. Elle publie plusieurs tribunes dont celle du 19 octobre dans Atlantico[34] et du 31 octobre avec Alain Beit[Qui ?], dont le titre est « Un appel à la conscience féministe et universelle »[35]. Elle lance également avec Paroles de Femmes, une pétition sur change.org[36]avec des artistes signataires comme Charlotte Gainsbourg, des journalistes dont Laurence Ferrari, des femmes politiques dont Sandrine Rousseau, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse ou Astrid Panosyan. L'experte en droit des femmes Yael Mellul la rejoint et lance un appel aux organisations féministes et ONG sur Cnews[37]. Sur cette même chaîne, elle retourne parler du silence des féministes, des menaces qu'elles reçoivent et de la radicalité des mouvements[38].

Aux Etats-Unis, l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton, la sénatrice Kirsten Gillibrand et la haute dirigeante du secteur technologique Sheryl Sandberg figurent parmi les personnes qui critiquent ce qu'elles appellent « un échec mondial à soutenir les femmes sexuellement victimes, agressés et dans certains cas tués »[11].

Après Paroles de femmes, en Israël, un collectif de femmes crée un hashtag « #MeTooUnlessYouAreAJew » (« #MeToo sauf si vous êtes juive »), et lance en parallèle une campagne avec des photographies de femmes israéliennes accompagnées de ces mots : « UN Women, UNacceptable, UNforgivable, UNjustified » (« ONU Femmes, inacceptable, impardonnable, injustifié »). Dans une vidéo tournée en noir et blanc et publiée sur son compte Instagram, une jeune femme en pleurs dont on ne veut pas recevoir la plainte témoigne : « Quand vous êtes victime de viol et que le reste du monde demande des preuves, nie, minimise ou justifie votre viol, c'est comme si vous deviez le revivre encore et encore »[26].

Egalement en réponse au mutisme des organisations féminines internationales concernant le viol, le meurtre et l'enlèvement de femmes israéliennes le 7 octobre par des terroristes palestiniens, particulièrement lors du massacre du festival Nova à Reïm, un groupe de volontaires israéliens unis à travers une association factice produit une vidéo de sensibilisation devenue virale « mettant en lumière l'absurdité de ce silence » comme une réponse à l’argument de « résistance légitime » des Palestiniens, face aux souffrances des femmes en Israël[39].  

En réaction, une centaine de femmes manifestent devant le siège de l'ONU à New York, pour exprimer leur déception et leur sentiment de trahison aux côtés de photos des victimes et du slogan «Metoo unless you are a Jew» »[40]. Une autre manifestation a lieu devant les bureaux d'ONU Femmes à Jérusalem, le 27 novembre, « pour demander une condamnation claire » des faits[10].

« En France aussi, le sujet a fait irruption dans le débat public. Une pétition[41], qui rassemble plus de 62 000 signatures de personnalités publiques, fin novembre, dont celles d'Anne Hidalgo (PS), Charlotte Gainsbourg, Eric Naulleau ou Aurélie Filippetti, demande que l'attaque du 7 octobre soit reconnue comme un « féminicide de masse ». Le journal Libération s'en fait le relai[29]. Le texte à l'initiative de l'association « Paroles de femmes » souligne qu'en Israël[5] ː

« De nombreux civils sont morts, mais les femmes n'ont pas été tuées de la même façon que les autres. »

Il précise itérativement que l'appel n'est pas politique, ni à lier au conflit israélo-palestinien mais « purement féministe et humaniste ». Il liste également crûment tous les crimes subis par les femmes, ce 7 octobre ː

« Les violences faites sur ces femmes correspondent en tout point à la définition du féminicide, c’est-à-dire le meurtre de femmes ou de jeunes filles en raison de leur sexe. Des femmes ont été exhibées nues. Des femmes ont été violées au point de fracturer leurs bassins. Leurs cadavres ont été violés également. Leurs organes génitaux ont été abîmés. Ils ont uriné sur leurs dépouilles. Certaines ont été décapitées, d’autres démembrées et brûlées. D’autres encore ont été prises en otages. Tout cela a été filmé et pris en photo pour susciter la terreur parce que les femmes et les enfants sont les symboles de notre humanité... Des femmes handicapées aussi ont été violées et tuées comme Noya, autiste, et Ruth, polyhandicapée »[29]

Une des raisons du refus de recevoir les déclarations de viol de ces femmes serait le manque de preuves[39] - malgré les nombreux témoignages et les videos allant dans leur sens. La créatrice de ce contenu, Hila Yerushalmi, explique qu’habituellement, « le viol est un crime difficile à prouver devant un tribunal… Beaucoup de femmes violées ne portent plainte que des années après l'agression, et sans traitement immédiat des preuves physiques, il est ardu de prouver le crime au tribunal. Cela a conduit les organisations féminines à adopter une approche de croyance automatique envers toute plaignante », ce qui n’est pas le cas quand la plaignante est israélienne[39].

Le docteur Kochav Elkaim Levi de Pennsylvanie, experte en droit international, considère que l’absence de condamnation des violences subies par les femmes juives en Israël mène directement à une recrudescence constatée des actes antisémites dans le monde : « Nous sommes confrontés, non seulement aux conséquences de l'attaque terrible, mais aussi à des mécanismes de déni de la part de ces mêmes institutions censées condamner ces crimes. Nous avons rencontré une indifférence incroyable. Même ces institutions censées protéger les femmes et les enfants refusent de reconnaître ce qui s'est passé le 7 octobre. Tout ce qui reste, c'est une incitation violente à la haine contre les Juifs et les Israéliens. Il y a un lien direct entre l’absence de condamnation et la violence et l'antisémitisme croissants dans le monde », affirme-t-elle[réf. souhaitée].

Début décembre 2023, l'Organisation des Nations Unies pour la promotion et l'autonomisation des femmes condamne pour la première fois les horreurs commises par les terroristes du Hamas le 7 octobre, soit près de deux mois après les faits et de nombreux appels[40].

Du Hamas

De son côté, « Le Hamas a « rejeté » les accusations de viols et violences sexuelles, les qualifiant de « mensonges »[15],[11].

Contrastes et objections

Il est à préciser que « les premiers récits de viols lors de l'attaque du 7 octobre ont commencé à émerger seulement à la fin du mois d'octobre. Israël a publié le 24 octobre une première vidéo d'une soldate affirmant avoir vu des preuves que des femmes avaient été violées. D'autres récits de soldats ont été relayés dans les jours et les semaines suivantes »[10].

Alors que la directrice associée de la division des droits des femmes à Human Rights Watch (HRW) convient que les récits recueillis « sont horribles et méritent une enquête urgente, approfondie et crédible », et que les experts en droits humains affirment que les Nations Unies sont les mieux placées pour la mener de façon juste et impartiale, Israël n'a pas répondu à la demande d'accès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme pour se rendre en Israël et sur les territoires palestiniens aux fins de recueillir des informations sur les événements des 7 et 8 octobre. Les responsables israéliens indiquent qu'ils ne peuvent pas coopérer avec ce Bureau de l'ONU qui aurait des « préjugés préexistants contre Israël » mais « qu’ils envisageraient toutes les options permettant à des mécanismes internationaux indépendants d’enquêter »[11].

France Info indique qu'on ne peut pas parler « du "silence des féministes" en général car les organisations, les militantes n'ont pas toutes le même positionnement »[10].

Le 10 novembre, soit deux jours après la publication du premier témoignage direct, la Fondation des Femmes publie ce message : « La Fondation des femmes condamne sans réserve les crimes sexuels commis par le Hamas, à la suite des attaques terroristes du 7 octobre dernier, dont les témoignages commencent à émerger. Elle exprime sa solidarité la plus totale à l'égard des victimes et de leurs proches »[10].

La présidente de We are not weapons of war, Céline Bardet, indique d'ailleurs le 10 novembre qu'elle est missionnée pour «recenser les viols du Hamas pour pouvoir les documenter afin qu'ils soient pris en compte »[10].

« Le 22 novembre, Paroles de Femmes demande à leur signataire de leur pétition, Sandrine Rousseau de publier un message sur le réseau social X : "Le Hamas s'est rendu coupable (entre autres) de féminicides de masse et de viols d'une cruauté particulière" »[10].

« Les critiques envers le "silence" prétendu des féministes s'étant intensifiées autour du 25 novembre, NousToutes et d'autres collectifs qui ont organisé la journée de mobilisation française dont « La Relève féministe », le Conseil national pour les droits des femmes, la CGT, Solidaires et FSU ont publié un nouveau communiqué dans la soirée du 27 novembre, dénonçant une "campagne de dénigrement". "Nous condamnons sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants", affirme le communiqué »[10].

Quand le CRIF félicite les personnes qui se sont déplacées pour soutenir les Israéliennes malgré les oppositions sur place et s'indigne de l'absence de défense à leur égard alors qu'elles sont des femmes comme les autres, NousToutes précise que « ce cortège a été encadré par les forces de l'ordre parce qu'il comprenait des personnes d'extrême-droite »[10]. Cependant, ces mêmes personnes d'extrême droite via le collectif féministe Némésis ont pu y brandir sans encombre dans la marche « Nous Toutes » des pancartes aux slogans volontairement provocateurs fustigeant les Blancs et les « flics », voulant dénoncer ainsi les « dérives du mouvement féministe »[10].

Notes et références

Notes

  1. « Un homme caché dans une fosse lors de l'assaut du Hamas le 7 octobre contre un festival de musique en plein air en Israël a déclaré avoir entendu quelqu'un à proximité crier qu'elle était en train d'être violée. Ailleurs dans la zone, un ambulancier de combat a vu le corps d'une jeune femme avec les jambes ouvertes, le pantalon baissé et ce qui ressemblait à du sperme dans le bas du dos. Un réserviste de l'armée chargé d'identifier les personnes tuées par les militants a déclaré que certaines des femmes portaient uniquement des sous-vêtements ensanglantés ». Lire en ligne sur AP

Références

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Voir