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Les « Canadiens » de Montréal accueillent les Maple Leafs de Toronto en 1938

La Ligue nationale de hockey (NHL ou LNH) a été fondée en 1917 à la suite de la liquidation de son prédécesseur, l'Association nationale de hockey (NHA): Dans le but de destituer Eddie Livingstone comme propriétaire des Blueshirts de Toronto, la majorité des franchises de la NHA (les Canadiens de Montréal, Wanderers de Montréal, Sénateurs d'Ottawa et Bulldogs de Québec) ont opté pour la suspension de la NHA et formé la toute nouvelle NHL. Les Bulldogs de Québec, bien que membres, n'évoluèrent pas en NHL pendant les deux premières années. A la place, les propriétaires de l'amphithéâtre des Arena Gardens de Toronto exploitaient une nouvelle franchise à Toronto. Bien que la NHL ait été conçue comme une mesure temporaire, le différend continuel avec Livingstone conduisit les quatre propriétaires de la NHA à se réunir et à rendre la suspension de la NHL permanente un an plus tard.

Le premier quart de siècle de la NHL l'a vue affronter deux ligues rivales majeures, la Pacific Coast Hockey Association et la Western Canada Hockey League, aussi bien pour l'obtention des joueurs que pour gagner la Stanley Cup. La NHL s'est étendue, tout d'abord, aux États-Unis, en 1924, avec la fondation des Bruins de Boston et, en 1926, elle se composait de dix équipes en Ontario, au Québec, dans la région des Grands Lacs et dans le nord-est des États-Unis. A ce moment, la NHL est devenue la seule ligue majeure et le seul compétiteur de la Stanley Cup.

Le jeu lui-même n'a cessé d'évoluer pendant cette période. De nombreuses innovations aux règles et dans l'équipement ont été proposées, la NHL cherchait à améliorer le déroulement du jeu et à rendre le sport plus attrayant pour ses supporters. Ainsi la NHL a joué avec six hommes par camps plutôt que les sept traditionnels, et a été parmi les premières ligues à permettre aux gardiens de but de libérer leur jeu de pieds pour effectuer des contre. L'empreinte de la NHL s'est inscrite à travers tout le Canada lorsque les émissions radio de Foster Hewitt ont pu être entendues d'un océan à l'autre, à partir de 1933.

Les arenas du Montreal Forum et du Maple Leaf Gardens furent construits à cette époque, et chacune a été l'hôte de matchs de bienfaisance « All-Star » organisés pour réunir des fonds de soutien au joueur Ace Bailey et à la famille de Howie Morenz, à Toronto et à Montréal, respectivement. La carrière des deux joueurs avait pris fin en raison d'incidents graves survenus sur la glace, Morenz y succombant finalement, un mois après avoir subi sa blessure initiale. Ces premiers matchs All-Stars de la NHLproduisirent les matchs All-Stars annuels qui sont organisés encore aujourd'hui.

La Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale réduisirent la ligue à six équipes en 1942. L'équipe fondatrice d'Ottawa et les équipes résultant de l'expansion telles que les New York Americans, les Montreal Maroons et les Pittsburgh Pirates/Philadelphia Quakers durent quitter la scène. L'équipe des Detroit Falcons, elle aussi issue de l'expansion, a déclaré faillite en 1932 et n'a survécu que grâce à une fusion avec les Chicago Shamrocks de la Ligue américaine de hockey (AHL) d'une part, et aux fonds du riche propriétaire James Norris d'autre part, pour devenir les Detroit Red Wings. Les conditions désespérées à Montréal ont fait que la ville a failli perdre ses deux équipes dans les années 1930 ; les « Canadiens » ont presque dû déménager à Cleveland, mais ont survécu grâce à l'important soutien de la part de leurs supporters. Les six équipes restées debout en 1942 (les Bruins de Boston, les Black Hawks de Chicago, les Red Wings de Detroit, les « Canadiens » de Montréal, les Rangers de New York et les Maple Leafs de Toronto) sont aujourd'hui connues sous le nom de « Original Six ».

Arrière-plan modifier

Ottawa Hockey Club, «Silver Seven», avec la coupe Stanley en 1905

Les premières tentatives pour une règlementation des matchs de hockey sur glace de compétition ont eu lieu à la fin des années 1880. Auparavant, les équipes participaient à des tournois et à des concours peu fréquents, comme il prévalait dans le milieu sportif canadien d'alors. En 1887, quatre clubs de Montréal (les Montreals, les Crystals, les Victorias et l'Université McGill) et le Ottawa HC ont formé l' Association de hockey amateur du Canada (AHAC) et ont élaboré un calendrier structuré. Lord Stanley fit don de la Stanley Cup et nomma le shérif John Sweetland ainsi que Philip Dansken Ross comme administrateurs ; ils choisirent d'attribuer la coupe à la meilleure parmi les équipes de l'AHAC, ou à toute équipe pré-approuvée qui la remporterait en compétition. Toute auréolée de noblesse, le prestige de la « Cup » a grandement profité à l'AHAC[1].

La coordination et le calendrier régularisé mis en place par l'AHAC ont contribué à commercialiser le hockey sur glace amateur, ce qui allait pourtant à l'encontre de l'éthique amateur dominante[2]. A mesure qu'emporter la victoire prenait de l'importance, les clubs de l'AHAC ont commencé à recruter des joueurs à l'extérieur, et la différence d'adresse entre les équipes de l'AHAC et les équipes des autres ligues est devenue plus évidente. Les propriétaires d'équipes de l'AHAC voulant défendre la Coupe Stanley et maintenir l'honneur de l'organisation, d'une part, et les propriétaires de patinoires voulant que le hockey senior soit l'attraction phare, d'autre part, les clubs AHAC sont devenus de plus en plus réticents à admettre de nouvelles équipes dans la ligue et dans les séries senior. Lorsque les modestes Ottawa Capitals eurent rejoint la ligue en 1898, les cinq clubs originaux se retirèrent de l'AHAC pour former la nouvelle Ligue canadienne de hockey amateur (CAHL)[3]. En 1903, quatre nouvelles équipes créaient la Ligue fédérale de hockey amateur (FAHL). Et en 1904, la Ligue internationale de hockey (IHL), basée à la fois à Sault Ste. Maries, dans la haute péninsule du Michigan et en Pennsylvanie, fut créée en tant que première ligue entièrement professionnelle. La capacité de l'IHL (Ligue internationale de hockey) à payer les salaires a provoqué une «guerre de l'athlétisme» qui a drainé les meilleurs joueurs des clubs amateurs, bien souvent au sein de l' Ontario Hockey Association (OHA)[4].

À la saison 1905–06, plusieurs des marchés de la FAHL et de la CAHL étaient surpeuplés ; Montréal à elle seule comptait sept clubs. Pour résoudre le problème, les ligues ont fusionné pour former la nouvelle Eastern Canada Amateur Hockey Association (ECAHA), qui a conservé quatre des clubs montréalais[5]. La nouvelle ligue mélangeait des joueurs rémunérés et amateurs dans ses rangs, ce qui conduisit à la disparition de l'IHL. Avec la disparition de l' IHL, des équipes de Toronto, Berlin (maintenant Kitchener), Brantford et Guelph ont comblé le vide avec la Ontario Professional Hockey League (OPHL)[6]. Les guerres d'enchères pour les joueurs ont conduit de nombreuses équipes de l'ECAHA à perdre de l'argent, et avant la saison 1907–08, les Victorias de Montréal et le HC de Montréal durent partir. L'ECAHA a retiré « Amateur » de son nom dès la saison 1909, et le 25 novembre, elle dû fermer boutique. Le HC d'Ottawa, le HC du Québec et les Shamrocks de Montréal fondèrent la Canadian Hockey Association (CHA), et la ligue admis par la suite le Montreal Le National ainsi que le All-Montreal HC. Les candidats rejetés de l'ACH formèrent quant à eux la National Hockey Association (NHA)[7].

Par rapport à la CHA, les distances géographiques entre équipes NHA étaient beaucoup plus grandes ; par contre, les bailleurs de fonds de la NHA étaient des hommes d'affaires bien plus notables. Ces hommes d'affaires ont appliqué des principes financiers similaires à ceux du baseball originel, et les ligues sont rapidement entrées dans une guerre d'enchères affûtée au sujet des joueurs. Par exemple, après avoir été évincé de la CHA, Renfrew a poursuivi agressivement tous les joueurs vers lesquels le club CHA d'Ottawa se tournait. Montréal est devenue un champ de bataille reconnu lorsque la NHA y établit deux franchises, dont les « Canadiens » de Montréal d'aujourd'hui[8]. Avec ses soutiens nettement plus aisés, la NHA a recruté sans difficultés des joueurs de premier plan, laissant aux équipes de la CHA, à l'exception d'Ottawa, une part relativement médiocre. Ottawa a écrasé ses adversaires avec régularité et la participation ainsi que l'intérêt de la ligue ont chuté. La dernière saison de la CHA a duré huit matchs et la ligue s'est dissoute en 1910, laissant ses clubs d'Ottawa et de Montréal rejoindre la NHA[9].

Fondation modifier

Les Sénateurs d'Ottawa, photographiés en 1914-1915, sont devenus un membre fondateur de la Ligue nationale de hockey

Au cours de la saison 1916–1917, la NHA a dû faire face à de nombreux problèmes : les Bulldogs de Québec étaient en difficulté financière[10], tandis que l'équipe la plus populaire de la ligue, le Toronto 228th Battalion, a été appelé sous les drapeaux pour combattre pendant la Première Guerre mondiale[11]. Plusieurs des propriétaires d'équipes de la ligue furent de plus en plus frustrés par le propriétaire des Blueshirts de Toronto , Eddie. Livingstone, avec qui ils entretenaient des relations conflictuelles depuis 1915[12]. Juste avant le démarrage de la saison, les propriétaires des équipes de Montréal, Sam Lichtenhein pour les Wanderers et George Kennedy des « Canadiens », ont menacé d'éjecter les Blueshirts de la ligue à cause d'un différend (portant sur un joueur) que Livingstone avait avec le 228e Bataillon[13]. Livingstone était également en bisbille avec les Sénators d'Ottawa sur les droits de Cy Denneny[14]. Kennedy et Livingstone éprouvaient une aversion mutuelle, ils menaçaient parfois d'en venir aux mains lors des réunions de la ligue[15].

Les propriétaires restants instrumentalisèrent la défection du 228e bataillon pour éliminer également les Blueshirts, le 11 février 1917, les équipes de Montréal introduisirent une motion visant à réduire la NHA à quatre équipes ce qui devait mener à la destitution des Blueshirts[16], au mépris des tentatives de Eddie Livingstone pour élaborer un calendrier remanié pour cinq équipes[12]. Livingstone s'est fait promettre le retour de ses joueurs à la fin de la saison. Mais la dispersion des joueurs des Blueshirts, organisée par le secrétaire de la ligue Frank Calder, a été décrite par le Toronto Mail and Empire (en) comme un « raid des joueurs de Toronto ». Lors de la même réunion, la ligue a adopté une motion ordonnant à Livingstone de vendre ses Blueshirts d'ici le [17].

« Nous n'avons pas jeté Livingstone dehors. Loin de nous cette pensée. Ç'eut été illégal et injuste. Ç'eut également été anti-sportif. Nous nous sommes simplement résigné à l'inéluctable, et lui avons souhaité un futur favorable avec sa « National Association franchise ». » —Sam Lichtenhein, retranscrit par le journaliste sportif Elmer Ferguson[15]

En , la vente des Blueshirts de Livingstone n'étant toujours pas finalisée, les propriétaires restants, attendu qu'il leur était refusé, en vertu de la constitution de la NHA, d'éjecter de force Livingstone, décidèrent de suspendre la NHA et de former une nouvelle ligue sans lui. Ainsi le , faisant suite à plusieurs réunions que les propriétaires de la NHAégrenèrent tout au long du mois, la Ligue Nationale de Hockey (LNH ou NHL en anglais) fut créée à l'hôtel Windsor de Montréal[18]. La nouvelle ligue était représentée par les Wanderers de Lichtenhein, les Canadiens de Kennedy, Tommy Gorman représentant des Senators et Mike Quinn des Bulldogs. Une nouvelle équipe à Toronto, contrôlée par la Toronto Arena Company, vint compléter la ligue des cinq[10]. La NHL adopta la constitution de la NHA et fit de Calder son premier président. Québec maintint son statut de membre de la NHL, mais ne joua pas cette saison, de sorte que leurs joueurs furent dispersés lors de repéchages parmi les autres équipes.

Procès-verbal de la première réunion modifier

« Lors d'une réunion des représentants des clubs de hockey tenue à l'hôtel Windsor de Montréal, le 22 novembre 1917, les participants présents étant : GW Kendall, SE Lichtenhein, TP Gorman, MJ Quinn et Frank Calder, il fut expliqué par ce dernier qu'en raison de la suspension de ses opérations par la National Hockey Association of Canada Limited (NHA), il avait convoqué cette réunion suggérée par le Club de hockey du Québec pour s'assurer de ce que certaines mesures puissent être prises pour perpétuer le jeu de Hockey. Frank Calder élu à la présidence, une discussion s'ensuivie après laquelle il fut proposé par TP Gorman, appuyé en cela par GW Kendall : «Que les clubs de hockey « Canadiens », « Wanderers », ainsi que les clubs d'Ottawa et de Québec s'unissent pour former la Ligue nationale de hockey (NHL)». La motion fut adoptée. Il a ensuite été proposé par MJ Quinn secondé encore par GW Kendall que : « Cette ligue accepte de fonctionner selon les règles et conditions régissant le jeu de hockey telles que prescrites par la National Hockey Association of Canada Limited ».

La motion fut adoptée. À ce stade, M. WE Northey, représentant la Toronto Arena Company, a demandé à être admis à la réunion et a été admis. M. Northey a expliqué qu'il était habilité, par les intérêts qu'il représentait, à dire que dans le cas où une ligue serait formée pour contenir quatre clubs, la Toronto Arena désirait également inscrire une équipe dans la compétition. Sur cette assurance, MJ Quinn, au nom du Club de hockey du Québec, a déclaré ce dernier disposé à se retirer à condition qu'un arrangement convenable puisse être agréé concernant les joueurs alors propriété du Club de hockey du Québec. Après discussion, il a été unanimement convenu que les joueurs québécois seraient repris par la ligue au coût de 700 $ (sept cents dollars) dont 50% devraient être versés au Club de hockey du Québec par le club gagnant du championnat, 30% par le deuxième club et 20% par le troisième club en lice... La réunion a ensuite procédé à l'élection des membres du bureau. Les administrateurs suivants ont été élus SE Lichtenhein ((Wanderers), Martin Rosenthal (Ottawa), GW Kendall (Canadiens) et un administrateur devant être nommé par le club de Toronto. MJ Quinn a été élu président d'honneur avec le pouvoir de voter les questions relatives au bien-être général de la ligue. Frank Calder a été élu président et trésorier-secrétaire au salaire de 800 $ (huit cents dollars), étant entendu qu'il ne pourrait pas y avoir d'appel de ses décisions[19]... »

La LNH n'était sensée être qu'une ligue temporaire, car les propriétaires espéraient juste éliminer Livingstone de Toronto, puis revenir à la NHA en 1918-1919[20]. Livingstone avait d'autres idées en tête, intentant des poursuites contre la nouvelle ligue, les propriétaires et les joueurs dans le but de maintenir son équipe en activité. Néanmoins, la NHL commença à jouer, trois semaines après sa création, les premiers matchs ayant lieu le 19 décembre à Ottawa et à Montréal[21]. Une annonce dans un journal en langue française, découverte en 2017, a établi que le match de Montréal avait débuté à 20 h 15, avant le match d'Ottawa qui devait débuter à 20 h 30 et fut retardé quelque temps par un différend contractuel, faisant de la victoire des Wanderers de Montréal 10–9 contre les Arénas de Toronto, à l'aréna de Montréal, le premier match de la ligue ; Dave Ritchie de Montréal marquant le premier but de la nouvelle ligue et le gardien Bert Lindsay remportant la première victoire[22].

Les premières années modifier

La première superstar de la NHL fut « Phantom » Joe Malone. Deux fois champion de la NHA, Malone marqua cinq buts pour les Canadiens de Montréal dans une victoire de 7 à 4 contre les Sénateurs d'Ottawa lors de la soirée d'ouverture de la NHL[21]. Malone a continué à caracoler en tête de la ligue, enregistrant 44 buts en 20 matchs en 1917–18. Il a de nouveau mené à la marque à la NHL en 1919-1920, inscrivant 39 buts en 24 matchs avec le Québec. Au cours de cette saison, le 20 janvier 1920, Malone a marqué sept buts en un seul match contre les Toronto St. Patricks, un record invaincu aujourd'hui. Malone a été élu au temple de la renommée du hockey en 1950.

Le premier but de l'histoire de la NHL a été marqué par Dave Ritchie des Wanderers de Montréal après une minute d'un jeu devant mener à une victoire de 10-9 contre Toronto ; ce fut la seule victoire enregistrée par les Wanderers en NHL. Le 2 janvier 1918, un incendie détruit l'aréna de Montréal, domicile des Wanderers et des Canadiens. Alors que les Canadiens sont relocalisés à l'aréna Jubilee de 3 000 places, Lichtenhein choisit de retirer les Wanderers, invoquant le manque de joueurs disponibles en raison de la guerre. La NHL a continué en configuration trois équipes jusqu'à ce que le Québec y revienne en 1919[23].

Au cours de ses premières années, la NHL a continué la formule en saison fractionnée de la NHA. Les Canadiens, champion de première demie, se sont inclinés face à l'équipe de Toronto, championne des secondes demie, lors des séries éliminatoires de 1918 pour la Coupe O'Brien, par un score combiné de 10 à 7 dans une série de buts totaux en deux matchs[24]. Cette victoire a donné à Toronto le droit d'affronter le champion de l' Association de hockey de la côte du Pacifique, les millionnaires de Vancouver (PCHA), dans la finale de la Coupe Stanley. Les Torontos battirent Vancouver et devinrent la première équipe de NHL à remporter la Coupe[25].

Les Canadiens ont remporté le championnat de la NHL contre les Sénateurs en 1918-1919 et se sont rendus dans l'ouest pour rencontrer le champion de la PCHA, les Metropolitans de Seattle[26]. La série est surtout connue pour son annulation avec une série à égalité à deux victoires, deux défaites et une égalité (2–2–1) en raison de la pandémie de grippe espagnole. Plusieurs joueurs des deux équipes sont tombés malades, ce qui a incité les responsables de la santé à Seattle à annuler le sixième match qui devait être décisif. Le défenseur des Canadiens Joe Hall est décédé des suites de cette grippe le 5 avril 1919.

Pendant ce temps, les champions en titre de Toronto terminèrent à la dernière place dans les deux demi-saisons de la période 1918-1919. Le 20 février 1919, Toronto informa la ligue qu'elle se retirait de la compétition[27]. La NHL évita d'être réduite à deux équipes en 1919-1920 grâce à la réorganisation de l'équipe qui pris le nom de Toronto St. Patricks[23]. La franchise québécoise revint également (connue pour la saison sous le nom de Quebec Athletic Club), portant la ligue à quatre équipes. Le club québécois afficha un triste record à 4–20 en 1919-20, malgré le retour de Malone. Cela marqua la dernière saison de la franchise dans la ville de Québec, elle déménagea à Hamilton, en Ontario, en 1920 pour devenir les Tigers de Hamilton.

Georges Vezina a joué 16 saisons pour les Canadiens de Montréal entre 1910 et 1925. Le trophée Vezina porte son nom.

Durant tout ce temps, Livingstone a continué d'essayer de relancer la NHA, convoquant des réunions de la ligue le 20 septembre et le 11 décembre 1918, où les représentants des Canadiens, des Sénateurs et des Wanderers parurent déterminés à liquider la défunte ligue[28].

Compétition avec la WCHL modifier

À partir de 1921, la NHL dût affronter la concurrence d'une troisième ligue majeure, la Western Canada Hockey League (WCHL), basée dans la région des Prairies. Avec trois ligues en compétition dans la chasse aux meilleurs talents, les joueurs de hockey sur glace figuraient alors parmi les athlètes les mieux payés en Amérique du Nord. Ils exigeaient des salaires équivalents à ceux des meilleurs joueurs de la Major League de baseball de l'époque[29]. La WCHL n'a survécu que six saisons, fusionnant avec la PCHA en 1924, mais défiant la NHL pour la Coupe Stanley à quatre reprises. Lors de la finale de la Coupe Stanley de 1923, les Sénateurs ont vaincu les Eskimos d'Edmonton après avoir éliminé les Millionaires de Vancouver de la ligue PCHA. En 1924, les Canadiens ont vaincu les Millionnaires de la PCHA et les Tigers de Calgary issus de la WCHL grâce à deux jeux blancs obtenus de force par Georges Vezina et à une puissante offensive du tout nouvel attaquant Howie Morenz[30].

En 1924-1925, les Tigers de Hamilton ont terminé premiers de la NHL après quatre finales consécutives à la dernière place. Alors que les Canadiens et les St.Patricks se préparaient à disputer un match éliminatoire en demi-finale, les joueurs des Tigers, contrariés par le fait que l'équipe avait réalisé un bénéfice considérable malgré des protestations de difficultés financières, se sont mis en grève pour réclamer chacun une prime d'éliminatoire de 200$ canadiens .[31] Malgré des menaces d'amendes, de suspensions et même d'éventuelles poursuites judiciaires par le président de la ligue Frank Calder, les joueurs, menés par Billy Burch et Shorty Green, ont tenu bon. Calder suspendit finalement toute l'équipe et déclara Montréal championne de la NHL après leur victoire sur Toronto en demi-finale.

Les Canadiens affrontèrent les Cougars de Victoria, affiliés alors à la WCHL, lors de la finale de la Coupe Stanley en 1925. Victoria battit Montréal trois matchs à un dans une finale au « meilleur-des-cinq ». C'est ainsi qu'ils devinrent la dernière équipe non-NHL à remporter la Coupe Stanley. La WCHL cessa toute activité un an plus tard, ses actifs furent rachetés par la NHL pour 300 000 $[32]. Les droits des joueurs des Tigers, quant à eux, furent rachetés pour 75 000 $ par le mafieux new-yorkais Bill Dwyer qui put ainsi asseoir son expansion avec les New York Americans. Les « Americans » ont commencé à jouer en 1925, en remplacement des Tigers.

L'expansion des années 20 modifier

La NHL est passée à six équipes en 1924, ajoutant une deuxième équipe à Montréal, les Maroons[33], ainsi que la première équipe américaine, les Bruins de Boston. Les Bruins avaient été rachetés par Charles Adams, un financier de l'épicerie qui avait d'abord vu son intérêt pour le hockey piqué au vif pendant les séries éliminatoires de la Coupe Stanley, qui versa 15 000 $ pour l'équipe. Les Marrons furent créés en remplacement des Wanderers et pour séduire la population anglaise de Montréal. Le premier match de la NHL joué aux États-Unis donna une victoire de 2–1 aux Bruins sur les Maroons à la Boston Arena le 1er décembre 1924[34], sur une patinoire qui existe encore aujourd'hui et qui est utilisé au 21e siècle pour le American college hockey et d'autres sports en salle universitaires.

Le Forum de Montréal, qui dans les décennies suivantes devint synonyme de « Canadiens », avait été construit en 1924 pour les Maroons[33]. Les Canadiens n'ont investit le Forum que deux ans plus tard. Le Forum organisa sa première finale de Coupe Stanley au cours de sa deuxième année d'existence, les Maroons battant les Cougars de Victoria de la WCHL lors de la finale de la Coupe Stanley de 1926, c'était aussi la dernière apparition d'une équipe non-NHL dans une compétition pour la Coupe.

Lester Patrick, entraîneur des Rangers de New York, a été contraint de jouer gardien lors de la finale de la Coupe Stanley en 1928.

Les « Americans » de New York ont commencé à jouer en 1925 avec la troisième équipe NHL basée aux USA, les Pirates de Pittsburgh[35]. Trois autres équipes furent ajoutées pour la saison 1926–27. Tex Rickard Madison Square Garden (1925) exploitant du ce qui était alors le tout nouveau Madison Square Garden (achevé en 1925), avait autorisé à contrecœur les Americans à jouer dans son amphithéâtre l'année précédente. Cependant, les Americans étaient si populaires à New York qu'il pensait que son arena (ou amphithéâtre) pouvait entretenir une deuxième équipe[36]. En conséquence de cela, les New York Rangers furent attribués à Rickard le 15 mai 1926. En novembre de cette même année, la ligue annonça que les villes de Detroit et de Chicago auraient des équipes. Détroit acheta les actifs des Cougars de Victoria pour capitaliser l'expansion des Cougars de Détroit. Les joueurs des Portland Rosebuds furent, eux, vendus au magnat du café Frederic McLaughlin pour sa nouvelle équipe des Black Hawks de Chicago. Les trois nouvelles franchises portèrent la NHL à dix équipes.

Les Rangers atteignirent la finale de la Coupe Stanley de 1928, dès leur deuxième saison seulement, contre les Maroons[37]. Lorne Chabot fut blessé dès le début du deuxième match des séries, laissant les Rangers sans gardien. Comme les Maroons n'étaient pas disposés à permettre aux Rangers de remplacer leur gardien devenu spectateur dans les tribunes du Forum de Montréal, l'entraîneur des Rangers, Lester Patrick, fut contraint de goaler lui-même. Défenseur lorsqu'il était joueur, Patrick, âgé de 44 ans, ne laissa passer qu'un seul but sur 19 tirs, les Rangers remportant le match 2 à 1 sur prolongations. Les Rangers signèrent le gardien de but des Americans de New York, Joe Miller, le lendemain remportant la Coupe Stanley en cinq matchs.

Conn Smythe et les Maple Leafs de Toronto modifier

Les batailles en justice de Livingstone modifier

Durant toute la première décennie de la NHL, Eddie Livingstone a continué de revendiquer ses droits sur la franchise de Toronto devant les tribunaux. Le 18 octobre 1923, la Cour suprême de l'Ontario accorda à Livingstone 100 000 $ en dommages-intérêts[38]. Charlie Querrie, le propriétaire des St. Patricks, fit de nombreuses tentatives visant à empêcher Livingstone de récolter ses fonds. En 1923, il transféra la propriété de son équipe à son épouse, Ida, faisant d'elle la première femme propriétaire d'équipe de l'histoire du hockey sur glace[39] ! L'indemnité de 100 000 $ fut ensuite réduite à 10 000 $ par la Cour d'appel de l'Ontario, ce qui conduisit Livingstone a faire appel devant la plus haute cour de l' Empire britannique, le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres, en Angleterre ; le tribunal rejeta sa demande[40].

Malgré les réductions d'indemnités, les Querries (mari et femme) considérèrent la pression financière trop forte pour s'acquitter de leurs obligations envers Livingstone et durent, par conséquent, vendre les St. Patricks en 1927[41]. Le 14 février 1927, ces derniers furent cédés à un groupe représenté par Conn Smythe pour 160 000 $ malgré une offre potentiellement plus importante d'un autre groupe basé à Philadelphie[42]. Parmi les premières actions de Smythe, il convient de signaler le changement de nom de l'équipe en : les Maple Leafs de Toronto.

Lorsque Smythe racheta les Leafs, il promis de remporter la Coupe Stanley en moins de cinq ans[43]. Pour cela, Smythe voulut faire appel à un joueur phare pour aider son équipe. En 1930, les sénateurs éprouvés financièrement à cause de la Grande Dépression, mirent King Clancy en vente[44]. Les partenaires de Smythe ne pouvaient offrir que 25 000 $ pour la star défensive d'Ottawa, soit la moitié du prix demandé par Ottawa[45]. Dans une tentative de levée de fonds, Smythe inscrivit Rare Jewel[46], un cheval de course pur-sang qu'il possédait, dans la course des Coronation Futurity Stakes avec une cote de 106-1[47]. Rare Jewel remporta la course, rapportant à Smythe plus de 15 000 $. Dès lors, il put acquérir Clancy pour 35 000 $ et deux joueurs d'une valeur de 15 000 $ chacun. C'était un prix sans précédent à payer pour un seul joueur. Ce fut aussi la seule course jamais remportée par Rare Jewel.

«La mégalo de Smythe» modifier

Maple Leaf Gardens en 1934

Smythe, visionnaire, projeta également de construire un nouveau sanctuaire pour son équipe. Il le décrivit comme « un endroit où les gens peuvent aller et venir en tenue de soirée, s'ils veulent faire la fête ou dîner... un endroit où l'on peut être fier d'amener sa femme ou sa petite amie »[48]. Smythe acheta pour 350 000 $, un terrain qui appartenait à la chaîne de grands magasins Eaton's, au coin des rues Church et Carlton[47]. Les sceptiques firent valoir que Smythe ne construirait jamais son arena, ni ne la remplirait, car la dépression battait son plein. Ils qualifiaient le projet d'amphithéâtre de « Délire de Smythe's »[49]. Pour aider à financer la construction du lieu, les Leafs persuadèrent les travailleurs du bâtiment d'accepter que 20% de leur salaire prennent la forme d'actions dans l'arena[50]. À peine 4 mois et demi après être sorti de terre, le Maple Leaf Gardens ouvrit ses portes le 12 novembre 1931. Beaucoup dans la foule des 13 000 personnes, alors que les Gardens étaient à guichets fermés, portaient des vêtements de soirée en réponse à l'objectif déclaré de Smythe pour la construction de son arène[51]. En 1932, cinq ans après la promesse de Smythe, les Leafs remportèrent la Coupe Stanley en trois matchs contre les Rangers[52].

Le Maple Leaf Gardens abritait aussi la célèbre «gondola», une télécabine de diffusion et de commentateur suspendue spécialement construite pour Foster Hewitt[47]. Hewitt commença à diffuser les matchs de hockey en 1923 sur CFCA, une station de radio appartenant à son père, WA Hewitt. C'était une mission dont il ne voulait pas au départ[53]. Smythe soutint la diffusion des matchs des Leafs contrairement aux autres propriétaires d'équipes, qui craignaient que la radio-diffusion des matchs ne réduisit les recettes au guichet[50]. En 1931, Hewitt s'était imposé comme la voix du hockey au Canada avec sa fameuse accroche : « il tire, il marque! », entendue pour la première fois lors de l'émission nationale General Motors Hockey Broadcast sur le réseau CNR Radio. Le , les émissions des Leafs étaient retransmises dans tout le Canada par 20 stations du successeur de la CNR, la Commission canadienne de radiodiffusion (aujourd'hui Canadian Broadcasting Corporation). Les émissions de Hewitt ont rapidement attiré un public de plus d'un million d'auditeurs[52]. Ces émissions furent les précurseurs de Hockey Night in Canada, une tradition du samedi soir qui se poursuit aujourd'hui.

Les matches de bienfaisance de Ace Bailey modifier

Le 13 décembre 1933, le défenseur des Bruins, Eddie Shore, sonné après avoir reçu ce qu'il pensait être un check de Ace Bailey de Toronto, chargea ce dernier par l'arrière, le projetant en l'air et lui occasionnant une grave fracture du crâne après qu'il retomba sur la tête. Le check était si vicieux que Bailey reçu l'extrême onction avant d'être transporté à l'hôpital de Boston[54]. Les neurochirurgiens opérèrent toute la nuit pour lui sauver la vie ; cependant, le pronostic de Bailey était si sombre que les journaux du matin imprimèrent son avis de décès. Bailey survécut néamoins, mais il ne joua plus jamais professionnellement[55]. Shore quant à lui écopa finalement d'une peine de suspension de 16 matchs pour le coup porté et évita de justesse l'inculpation pour homicide involontaire, Bailey ayant survécu.

Les participants au match de charité Ace Bailey

Dans le but de collecter des fonds pour le rétablissement de Bailey, le Maple Leaf Gardens accueillit le match de charité Ace Bailey All-Star, le 14 février 1934[55]. Les Maple Leafs battirent une équipe de joueur-stars des autres équipes de la ligue 7–3, amassant ainsi plus de 20 000 $[56]. Avant le match, les Leafs annoncèrent qu'aucun joueur de Toronto ne porterait jamais plus le numéro 6 de Bailey, marquant ainsi une première dans l'histoire de la NHL. Avant le match, chaque joueur sortit en serrant la main de Bailey tout en reçevant son jersey All-star. Le dernier joueur à le faire fut Shore. La foule, devenue silencieuse à l'approche de Shore,éclata en acclamations tonitruantes lorsque Bailey tendit la main à son agresseur. Elmer Ferguson décrivit le moment comme «l'événement le plus intense que j'aie jamais vu au hockey».

La Grande Dépression modifier

Le maillot des Quakers de Philadelphie, en 1930–31 ; les Quakers ont été l'une des quatre franchises à échouer entre 1931 et 1942.

Pendant que Smythe construisait le Maple Leaf Gardens, plusieurs autres équipes faisaient face à des difficultés financières. À la fin de la saison 1929–30, les Pirates de Pittsburgh avaient une dette de 400 000 $ US et furent relocaliser à Philadelphie pour devenir les Quakers de Philadelphie. Les Quakers ne durèrent qu'une saison avant de suspendre leurs opérations en 1931, tout comme les Sénateurs d'Ottawa. Les Quakers ne firent jamais leur retour, mais Ottawa repris ses opérations en 1932–1933[57]. Les Sénateurs continuèrent à survivre, et malgré la promesse de Calder en 1934 que les Sénateurs ne quitteraient jamais le «berceau canadien du hockey», l'équipe fut néanmoins transférée au sud et devint les Eagles de St. Louis[54]. Les Eagles n'ont joué qu'un an à Saint-Louis avant de demander la permission de suspendre ses activités. La ligue refusa, racheta l'équipe et la liquida. Les joueurs des Eagles furent dispersés parmi les équipes restantes. Ainsi en 1935-1936, annonce fut faite de ce que la NHL était une ligue de huit équipes[58].

Cet été-là, la franchise des « Canadiens » fut proposée à la vente, après avoir affiché des pertes de 60 000 $ pour les deux saisons précédentes. A cette époque, plus de 40 000 familles et 150 000 personnes recevaient une aide sociale à Montréal[59]. Les propriétaires Leo Dandurand et Joseph Cattarinich négocièrent avec AC Sutphin pour vendre le club et le déplacer à Cleveland. Juste avant la saison, un syndicat d'hommes d'affaires montréalais, dirigé par Maurice Forget et Ernest Savard, franchit le pas pour acheter le club et empêcher le transfert[60].

Howie Morenz modifier

Dans le même temps, la ligue réduisit son plafond salarial à 62 500 $ par équipe et 7 000 $ par joueur. Plusieurs joueurs vedettes bien payés furent alors échangés, les équipes tentant de rester sous le plafond[61]. Le plus grand nom était Howie Morenz, de Montréal, trois fois lauréat du trophée Hart, deux fois premier aux points et le visage par excellence de l'organisation des Canadiens. N'attirant que 2 000 fans par match dans une arène de 10 000 places, le propriétaire des Canadiens, Léo Dandurand, envoya sa star chez les Black Hawks[62]. Les fans de Montréal firent démonstration de leur sentiment sur ce transfert en accordant une ovation debout à Morenz lorsqu'il marqua contre les Canadiens lors de la dernière journée de la saison 1935. Moins de deux saisons plus tard, Morenz fut repris à Montréal après une brève période passée à jouer chez les Rangers[63].

Le 28 janvier 1937, le patin de Morenz s'accrocha à la glace alors qu'il était checké par Earl Seibert de Chicago ; Sa jambe fut fracturée à quatre endroits[63]. Le 8 mars, Morenz décéda d'une embolie coronarienne[64]. Un coéquipier de Morenz, Aurèle Joliat, eut une explication différente de sa mort : « Howie aimait jouer au hockey plus que personne n'a jamais aimé quoi que ce soit, et quand il a réalisé qu'il ne jouerait plus jamais, il n'a pas pu vivre avec. Je pense que Howie est mort d'avoir le cœur brisé »[65]. Le jour de ses funérailles, 50 000 personnes défilèrent devant le cercueil de Morenz au centre des sports de glace du Forum de Montréal pour rendre hommage à l'homme que les médias ont appelé « la Babe Ruth du hockey ». Un match de bienfaisance tenu en novembre 1937 permis de réunir 20 000 $ pour la famille de Morenz, les All-Stars de la NHL battant les Canadiens de Montréal 6–5[66]. Morenz a été l'un des premiers joueurs élus au Hockey Hall of Fame lors de sa création en 1945.

L'équipe « All-American » de Chicago modifier

Conn Smythe, à l'enrôlement dans l'armée canadienne en 1939.

Au milieu des années 1930, le propriétaire des Black Hawks et fervent nationaliste américain Frederic McLaughlin ordonna à son directeur général de concocter une équipe composée uniquement de joueurs américains. À l'époque, Taffy Abel était le seul joueur né aux États-Unis à être un régulier de la ligue[67]. Les Black Hawks embauchèrent l'arbitre de la Major League de Baseball, Bill Stewart, pour être le premier entraîneur américain de l'histoire de la NHL. Ils furent menés par le Minnesotien Mike Karakas, l'un des huit Américains sur une liste de 14 joueurs[68]. L' équipe «All-American» des Black Hawks de 1937 à 1938 ne remporta que 14 des 48 matchs, terminant troisième de la division américaine. Dans les séries éliminatoires, cependant, les Hawks ont malmené les Canadiens et les Américains et atteignirent la finale de la Coupe Stanley contre les Maple Leafs, donnés largement favoris[69].

Lors du premier match de finale, les Hawks furent contraints d'utiliser le gardien de but de ligue mineure Alfie Moore après que Karakas se soit fracturé un orteil. Moore amena les Hawks à la victoire (3-1) avant pourtant d'être déclaré inéligible pour jouer le reste de la série par la NHL[69]. Chicago ayant perdu le deuxième match, Karakas revint avec une botte à embout d'acier et conduisit les Hawks à la victoire dans les matchs trois et quatre et jusqu'à la coupe Stanley. Les Black Hawks de 1938 demeurent ainsi la seule équipe de l'histoire de la NHL à remporter la Coupe Stanley malgré un record de défaite en saison régulière[68].

Une ligue à six équipes modifier

Lors de la finale de la Coupe Stanley en 1942, les Maple Leafs, encore largement favoris, se sont tout d'abord trouvés incapables de contrer la stratégie des Red Wings, cinquième place, consistant à tirer d'abord le palet dans la zone offensive, puis à le poursuivre, perdant ainsi les trois premiers matchs de la finale. La tactique «dump-and-chase» (« balancer et poursuivre ») de Jack Adams conduisit le gardien des Maple Leafs, Turk Broda à déclarer les Wings « imbattables »[70]. Toronto rebondit toutefois, remportant les quatre derniers matchs et la Coupe Stanley. Les Leafs de 1942 demeurent la seule équipe de l'histoire de la NHL à être revenu d'un déficit de 3 matches pour remporter des séries en championnat[71].

En difficulté financière et incapables de rivaliser avec les Canadiens pour obtenir le soutien des supporters à Montréal, les Maroons suspendirent leurs activités avant la saison 1938-1939 après s'être vu refuser la permission de déménager à Saint-Louis. Six joueurs des Maroons furent transférés aux Canadiens et trois furent vendus aux Black Hawks[69]. Les Americans, également en difficulté à New York et sous le contrôle de la ligue, furent remis à Red Dutton en 1940 avec consignes pour améliorer les finances du club[72]. En 1942, 90 joueurs avaient abandonné la NHL pour le service actif durant la Seconde Guerre mondiale. Toujours à la lutte financièrement, et en raison d'un manque de joueurs, les Americans furent suspendus avant la saison 1942–43[71]. C'est ainsi qu'on inaugura ce qui devait être connu sous le nom d'ère des « Original Six », les « 6 d'origine » en français, de la Ligue Nationale de Hockey.

Règles et innovations modifier

Clint Benedict, photographié en 1923, est devenu le premier gardien à porter une lors d'un match en 1930.

Les années 1920 virent arriver d'innombrables innovations en matière de règles à mesure que le sport évoluait. Les Sénateurs d'Ottawa remportèrent trois coupes Stanley au début des années 1920 en se reposant sur une défense solide et le gardiennage de Clint Benedict, qui enregistra un record de cinq blanchissages en une saison de 24 matchs en 1921[73]. Les Sénateurs utilisèrent une stratégie basée sur le maintien des défenseurs et d'un attaquant dans leur zone en tout temps après avoir obtenu de l'avance. Après le troisième championnat des Sénateurs en 1924, Frank Calder interdit à plus de deux joueurs de se trouver dans leur zone défensive sans la présence du palet.

Le jeu défensif continua de dominer, cependant, comme en 1928-1929, où la ligue marqua en moyenne moins de trois buts par match. Le gardien des Canadiens George Hainsworth établit ce qui demeure un record de la ligue avec 22 blanchissages en seulement 44 matchs[74]. En conséquence, la ligue autorisa l'usage de la passe en avant dans toutes les zones à partir de 1929 ; auparavant, les passes vers l'avant n'étaient autorisées que dans les zones défensives et neutres. Ce changement a permit aux attaques d'augmenter à hauteur de 6,9 buts par match au cours du premier tiers de saison alors que les joueurs commençaient à camper sur la zone de but adverse[75]. La ligue répondit par l'introduction de la règle du hors-jeu au début de la saison 1929–30, interdisant aux joueurs offensifs d'entrer dans la zone de leur adversaire avant le palet. Malgré cela, Cooney Weiland, Dit Clapper et Howie Morenz franchirent tous la barre des 40 buts, et furent les premiers joueurs à le faire depuis que Joe Malone en marqua 44 lors de la première saison de NHL[76].

Le patron des Bruins de Boston, Charles Adams,détestait depuis longtemps la tactique défensive consistant à tirer le palet sur toute la longueur de la glace (« givrage ») pour soulager la pression. Après que les Americans de New York aient givré le palet 61 fois pour une victoire 3–2 à Boston pendant la saison 1936–37, Adams promis qu'il veillerait à ce que les Bruins jouent un style similaire à New York. Fidèles à sa parole, les Bruins ont givré le palet 87 fois pour un match nul 0-0 au Madison Square Garden. La NHL introduisit la règle du givrage la saison suivante, appelant à une remise en jeu dans la zone défensive de l'équipe fautive après chaque infraction[77].

Benedict est devenu le premier gardien de but de l'histoire à porter la fameuse protection faciale pendant un match (30 ans avant Jacques Plante), il enfilait un masque en cuir pour protéger un nez qu'il avait cassé le 20 janvier 1930[78]. Le renfort nasal tendait à obscurcir le champs de vision de Benedict et il l'abandonna peu de temps après. Il fut aussi le premier goal à tomber sur ses genoux pour arrêter le palet avant même d'ailleurs que la technique soit légalisée par la NHL. Plus tard cette saison 30, Benedict fut de nouveau frappé par un palet, mettant ainsi fin à sa carrière dans la NHL. Ce n'était pas la première tentative pour modifier la façon dont les gardiens de but occupaient leur poste. Lorsque la NHL a été formée, la ligue a abandonné la règle interdisant aux gardiens de but de décoller les patins du sol (leave their feet en anglais) pour effectuer un arrêt. Auparavant la NHL imposait une amende de 2 $ chaque fois qu'un gardien de but voyait ses pieds quitter le sol, Calder rejeta cette doctrine de la NHL. On l'a cité disant : « en ce qui me concerne, ils peuvent se tenir sur la tête s'ils le souhaitent ». L'expression est devenue, et demeure aujourd'hui, une façon populaire de décrire un gardien de but qui joue un bon match[24].

Art Ross, quant à lui, fut l'un des premiers innovateurs du jeu. Il a conçu des filets de but arrondis qui sont devenus la norme de la ligue, remplaçant les anciens filets à dos carré. Il a également plaidé avec succès pour l'utilisation de palets en caoutchouc synthétique plutôt qu'en vrai caoutchouc. Cependant, certaines des inventions de Ross n'ont pas fait leur chemin. Ross a inventé un palet aux bords arrondis qui fut rejeté car les gardiens de but se plaignaient de leur comportement erratique sur la glace. Il a également créé une crosse de hockey deux-pièces qui avait un manche en métal et des lames de bois remplaçables. L'idée n'a pu faire son chemin à l'époque, mais fut une préfiguration des crosses composites modernes utilisées aujourd'hui[77].

Chronologie modifier

Chronologie de la NHL 1917-1942
Chronologie de la NHL 1917-1942

Remarques

Notes et références modifier

  1. Wong 2001, p. 41–45.
  2. Wong 2001, p. 47
  3. Wong 2001, p. 70.
  4. Wong 2001, p. 73.
  5. Wong 2001, p. 99.
  6. Wong 2001, p. 114.
  7. Wong 2001, p. 127–128
  8. Wong 2001, p. 128–131.
  9. Wong 2001, p. 132–140.
  10. a et b McKinley 2006, p. 77.
  11. John McGourty, NHL celebrates 90th anniversary today, National Hockey League, (lire en ligne)
  12. a et b Pincus 2006, p. 20.
  13. Holzman et Nieforth 2002, p. 112.
  14. Holzman et Nieforth 2002, p. 113.
  15. a et b Holzman et Nieforth 2002, p. 23.
  16. Holzman et Nieforth 2002, p. 121
  17. Holzman et Nieforth 2002, p. 122.
  18. Holzman et Nieforth 2002, p. 159.
  19. Hockey Hall of Fame, Minute Book of National Hockey League November 22nd, 1917 to November 7th, 1925.
  20. Holzman et Nieforth 2002, p. 193.
  21. a et b Pincus 2006, p. 21.
  22. (en) Randy Boswell, « Solving the mystery of the NHL's 1st game », CBC,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. a et b Pincus 2006, p. 24.
  24. a et b Pincus 2006, p. 22.
  25. Holzman et Nieforth 2002, p. 197.
  26. Pincus 2006, p. 23.
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  28. Coleman 1964, p. 350.
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  32. Sandor 2005, p. 35.
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  37. Pincus 2006, p. 30.
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  40. Holzman et Nieforth 2002, p. 229.
  41. Holzman et Nieforth 2002, p. 295.
  42. Holzman et Nieforth 2002, p. 299.
  43. McKinley 2006, p. 111.
  44. Pincus 2006, p. 43.
  45. McKinley 2006, p. 112.
  46. « Rare Jewel », sur horsejournals.com.
  47. a b et c McKinley 2006, p. 113.
  48. Gillmor 2001, p. 158.
  49. Pincus 2006, p. 39.
  50. a et b Gillmor 2001, p. 159
  51. McKinley 2006, p. 115.
  52. a et b Diamond 1991, p. 65.
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  55. a et b Pincus 2006, p. 47.
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  58. McFarlane 1990, p. 33.
  59. Jenish 2008, p. 80–81.
  60. Jenish 2008, p. 84–85.
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Bibliographie modifier

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