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Analyses et Contradictions.

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Une méta étude de 2016 portant sur le consensus scientifique sur le changement climatique et son origine anthropique dévoile que celui-ci est quasiment établi avec 97% des articles scientifiques analysés allant dans ce sens[1]. Pourtant, la question de la place des scientifiques dans le débat et l'action engagée contre le changement climatique reste entière. Le média Libération publie par exemple un article sur l'engagement de scientifiques en blouse blanche en avril 2024, interrogeant ainsi la notion de "neutralité des scientifiques"[2]. Celle-ci repose sur la notion de neutralité axiologique[3] de Max Weber, qui souligne l'importance d'une prise de distance entre les travaux scientifiques et l'engagement et les biais personnels du scientifique. L'objectif est ici d'éviter de faire du travail scientifique en lui même une plateforme de diffusion militante (inconsciemment ou non) et de conserver la rigueur scientifique dans sa conception. La démarche nécessite alors une prise de recul de la part du scientifique afin de produire un travail aussi objectif que possible. Max Weber reconnaît toutefois lui même que la neutralité totale n'est pas atteignable. Il s'agit alors de faire preuve de réflectivité sur sa propre vision du monde afin de prendre le plus de distance possible avec ses biais.

Si la neutralité axiologique s'applique à la méthodologie de recherche scientifique, la notion de "neutralité scientifique", s'applique quant à elle, aux scientifiques eux mêmes. La figure du scientifique est alors vue comme une figure de neutralité constante. Il se contente de donner des faits et reste loin des clivages politiques et d'opinions[4]. En cela il endosse aussi un rôle d'arbitre, cherchant toujours le juste milieu entre deux idées opposées. Cette dichotomie entre "scholarship" et "commitment"[5] est d'autant plus présente sur le sujet de l'écologie, hautement politisé et clivant. La neutralité scientifique ne fait cependant pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique.

L'historien Fabien Locher estime par exemple en 2023 que les membres du collectif Scientifiques en Rébellion (la branche française du groupe) renouent par leur action de désobéissance civile avec une tradition ancienne : « la science ne se politise pas depuis l’avènement de Scientist Rebellion : elle est dès l’origine un savoir d’une fiabilité sans égale et d’une nature intégralement politique »[6].

Les militants de Scientist Rebellion ont donc décidé d'aller au-delà de leur rôle de donneurs de faits et de prendre une part active dans l'action contre le changement climatique[7].

  1. John Cook, Naomi Oreskes, Peter T Doran, William R L Anderegg, Bart Verheggen, EdW Maibach, J Stuart Carlton, Stephan Lewandowsky, Andrew G Skuce, Sarah A Green, Dana Nuccitelli, Peter Jacobs, Mark Richardson, Bärbel Winkler, Rob Painting et Ken Rice, « Consensus on consensus: a synthesis of consensus estimates on human-caused global warming », IOP publishing,‎ (lire en ligne Accès libre ["pdf"])
  2. Copélia Mainardi, « Ecologie : un chercheur sachant militer est-il un bon chercheur ? » Accès limité, sur Liberation.fr (consulté le )
  3. Isabelle KALINOWSKI, « NEUTRALITÉ AXIOLOGIQUE » Accès limité, sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  4. Aurélien Berlan, « Comment l’idée de neutralité scientifique nous aveugle », Écologie & politique, no N° 67,‎ , p. 131-146 (lire en ligne Accès limité)
  5. Louis Pinto, « « Neutralité axiologique », science et engagement. Une lettre de Pierre Bourdieu », Savoir/Agir, vol. vol. 16, no no. 2,‎ , pp. 109-113 (lire en ligne Accès limité)
  6. Fabien Locher, « Climat : les militants ont la science diffuse » Accès limité, sur Libération.fr (consulté le )
  7. ARTICO Daniele, DURHAM Sarah, HORN Laura, MEZZENZANA Francesca, MORRISON Malik et NORBERG Anna, « “Beyond being analysts of doom”: scientists on the frontlines of climate action », Frontiers,‎ (lire en ligne Accès libre)