Utilisateur:JP Chambris/Brouillon
Le Temps des cerises est une chanson dont les paroles furent écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard en 1868[1]. Cette chanson est fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante. Le Temps des cerises fut dédiée par l'auteur à une infirmière morte lors de la Semaine sanglante, longtemps après la rédaction de la chanson[2].
Analyse
modifierUne raison stylistique explique cette assimilation du Temps des cerises au souvenir de la Commune de Paris : son texte suffisamment imprécis qui parle d'une « plaie ouverte », d'un « souvenir que je garde au cœur », de « cerises d'amour […] tombant […] en gouttes de sang ». Ces mots peuvent aussi bien évoquer une révolution qui a échoué qu'un amour perdu. On est facilement tenté de voir là une métaphore poétique parlant d'une révolution en évitant de l'évoquer directement, les cerises représentant les impacts de balles ; balles auxquelles il est fait aussi allusion sous l'image des « belles » qu'il vaut mieux éviter. La coïncidence chronologique fait aussi que la Semaine sanglante fin mai 1871 se déroule justement durant la saison, le temps des cerises. Mais le simple examen de la date de composition (1866) montre qu'il s'agit d'une extrapolation postérieure. Il s'agit en fait d'une chanson évoquant simplement le printemps, et l'amour (particulièrement un chagrin d'amour, évoqué dans la dernière strophe). Les cerises renvoient aussi au sucre et à l'été, et donc à un contexte joyeux voire festif. Ainsi la chanson véhicule à la fois une certaine nostalgie et une certaine idée de gaîté.
Interprètes
modifierDe nombreux interprètes ont chanté Le Temps des cerises dont :
- Antoine Renard, création à l'Eldorado en 1868.
- Villé-Dora en 1872.
- Adolphe Maréchal en 1898.
- Francis Marty en 1898.
- Pétrus en 1900.
- Odette Dulac en 1901.
- Fred Gouin en 1928.
- Marcel Dumont en 1932.
- Tino Rossi en 1938. (78 tours Columbia DF2455, prise du 13 octobre 1938)
- Jean Lumière en 1947[3]
- Charles Trenet, dans une version « swing » en 1942, album CD Le Fou chantant, Volume 2, 2000.
- Jack Lantier.
- Yves Montand, album Chansons populaires de France et au Théâtre de l'Étoile en 1955[4].
- Cora Vaucaire en 1955.
- Suzy Delair en 1958.
- Marcel Mouloudji en 1958.
- Colette Renard en 1961.
- Francesca Solleville, album La Commune en chantant.
- Marc Robine, album Du temps des chevaux au temps des cerises.
- Nana Mouskouri qui ne chante pas le troisième couplet, en 1967[5].
- Mado Robin, album Souvenirs de la Belle Époque en 1968.
- Marc Ogeret, album Autour de la Commune en 1968.
- André Dassary en 1970.
- Tino Rossi en 1971 (double album 33 tours Les plus belles chansons de France prise du 23 juin 1971).
- Hélène Martin, album Chante les poètes II en 1974.
- Dorothée, en 1984, pour l'émission Discopuce, sur Antenne 2. Le titre sort en 1985 dans l'album 5 du Jardin des Chansons.
- Juliette Gréco, album Juliette Gréco : Jolie Môme/Accordéon en 1983 et reprise sur l'album Vivre dans l'avenir en 1994 (réédité sous le titre Le Temps des cerises).
- Philippe Laurent Hot Bip en 1985.
- Léo Ferré aux Francofolies de La Rochelle en 1988.
- Tony Coe en 1989 sur l'album CD Les Voix d'Itxassou (avec Françoise Fabian et Francis Marmande), Nato / L'Autre Distribution.
- Serge Kerval en 1991.
- Tokiko Kato en 1992, pour le film d'animation Porco Rosso du Studio Ghibli.
- Marc Robine en 1993 et en 1996 sur l'album CD L'Histoire de France, distribution EPM / ADES.
- Demis Roussos, 1996.
- Florian Lambert, 1998.
- Barbara Hendricks, en 1996. Le , la cantatrice l'a chanté lors de l'hommage rendu au président socialiste François Mitterrand sur la place de la Bastille.
- Leny Escudero en 1997.
- Tacticollektif, groupe composé entre autres par des membres de Zebda, en 1997 sur l'album Chants de lutte.
- Marie Denise Pelletier, 2000.
- Patrick Bruel en duo avec Jean-Jacques Goldman sur l'album Entre-Deux en 2002.
- Mario Hacquard (baryton) sur l'album Des chansons qui nous ressemblent en 2005.
- Alain Barrière sur l'album Chansons françaises en 2007.
- Reinhard Mey sur l'album Bunter Hund en 2007.
- Geike Arnaert (Hooverphonic) et Bobbejaan Schoepen en mai 2008[6]
- Noir Désir et Eiffel en octobre 2008[7].
- Yves Scheer[8].
- L'Orchestre Poétique d'Avant-guerre en avril 2011[9].
- Les Stentors en juin 2013.
- Opium du Peuple en juin 2014. Il s'agit là d'une reprise du "Temps des cerises" version Punk-Rock et intitulé "L'intermittent des cerises" en soutient aux intermittents du spectacle[10].
Léo Ferré, à la fin de sa fameuse rencontre du 6 janvier 1969 avec Jacques Brel et Georges Brassens, a soumis à ceux-ci l'idée de donner ensemble un concert à l'occasion d'une cause commune. Chacun y aurait chanté en alternance quelques-uns de ses succès et, à la fin du concert, les trois artistes se seraient réunis pour interpréter Le Temps des cerises en se tenant par la main. L'idée ne s'est jamais concrétisée, peut-être parce que Jacques Brel avait déjà quitté la scène en promettant de ne jamais y revenir.
Autres chansons
modifierLa plupart des chansons de Jean-Baptiste Clément sont aujourd'hui oubliées. Une d'entre elles, La Semaine sanglante, explicitement écrite à propos des massacres de Communards par les Versaillais et dans un registre très direct est encore un peu connue. Le succès de La semaine sanglante concerne un public plutôt politisé qui s'intéresse et se documente à propos de la Commune de Paris et souvent sympathise avec elle. Cette chanson a été enregistrée par Marc Ogeret dans son album « Autour de la commune » en 1969 et plus récemment par Les Amis d'ta femme en 2003, dans l'album « Noir... et rouge aussi un peu ».
Le caractère plus neutre, évocateur, mélancolique de la chanson des cerises et surtout sa qualité poétique paraissent avoir assuré son large et durable succès auprès du grand public. Cette chanson dépasse en célébrité celle de son auteur. Elle a été traduite en de nombreuses langues : russe, roumain (« Cînd va veni cireşelor vreme »), chinois, etc.
Dans la culture populaire
modifierAllusions
modifier- En 1936, Jacques Prévert fait une allusion parodique à cette chanson dans le poème antimilitariste Le Temps des noyaux présent dans le recueil Paroles.
- En 1939, dans le film La Fin du jour de Julien Duvivier avec Michel Simon et Louis Jouvet, la chanson est interprétée par les pensionnaires de la maison de retraite.
- Dans le film Casque d'or réalisé par Jacques Becker, sorti en 1952, on peut entendre l'air du Temps des cerises au moment du meurtre de Leca.
- Bernard Grande parodie la chanson dans Le Temps des crises, sur le même air.
- Luc Romann chante Du temps des cerises aux feuilles mortes.
- Serge Utgé-Royo chante Sur le temps des cerises, sur le même air.
- En 1969, Georges Brassens fait une allusion au Temps des cerises (« […] en toute saison ») dans ses chansons Bécassine et Le boulevard du temps qui passe.
- Dans leur premier album en 1972, Michel Fugain et le Big Bazar composent et interprètent une chanson-hommage : Les Cerises de M. Clément.
- En 1973 Martine Sarcey (Jeanne Fortier) interprète Le Temps des cerises dans la mini-série télévisée La porteuse de pain.
- En 1985, Jean Ferrat fait allusion au Temps des cerises dans sa chanson Les Cerisiers où il explique pourquoi il est demeuré fidèle au mouvement communiste : « […] / Ah qu'il vienne au moins le temps des cerises / Avant de claquer sur mon tambourin […] ».
- Dans un album des Femmes en blanc, des pêcheurs amènent à l'hôpital une sirène blessée. Lorsqu'elle se fait opérer, elle chante Le Temps des cerises, attirant tout homme l'écoutant pour le mordre. Le docteur Minet s'y fait prendre deux fois.
- En 1998, dans l'album Assassins sans couteaux de Juliette Noureddine, on peut entendre un piano jouer les premières mesures de cette chanson à la fin du quatrième titre, L'étoile rouge.
- En 1999, dans Juha, film muet finlandais d'Aki Kaurismäki, la chanson est interprétée en français.
- En 2008, elle est interprétée dans le film United Red Army de Kenji Wakamatsu.
- Le ministre Lionel Jospin l'interprète en direct dans une émission de variétés à la télévision française publique en 1984.
- Dans le film d'animation japonais Porco Rosso de 1992 par Hayao Miyazaki, studios Ghibli, le héros écoute Gina, la femme qu'il aime interpréter cette chanson dans un cabaret pour aviateurs vétérans de la guerre de 1914-1918. Dans la version originale, elle est chantée par la chanteuse japonaise Katô Tokiko.
Interprétations
modifier- En 1967, Nana Mouskouri reprend la chanson dans son album Le Jour ou la Colombe.
- En février 1974, Yves Montand la reprend pour son caractère révolutionnaire emblématique lors de son unique concert en faveur du Chili, et apparaissant dans le documentaire La Solitude du chanteur de fond de Chris Marker.
- En 1976, Coluche interprète la chanson sur scène au violon avec des gants de boxe[11].
- En 1987, une version au piano seul est enregistrée par Klimperei, dans l'album When Memories Began to Fade…
- En 2004, Juliette Gréco reprend la chanson à l'Olympia.
- En 2008, le groupe de rock français Noir Désir reprend la chanson et l'arrange en tant que face B de leur nouveau single Gagnants/Perdants.
Paroles
modifierIl existe plusieurs variantes du texte original, voici la variante chantée et popularisée par Yves Montand, avec entre parenthèses les variantes possibles :
Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles.
Cerises d'amour aux robes pareilles (vermeilles)
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.
Quand nous en serons au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Évitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d'amour.
J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte.
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur.
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Notes et références
modifier- Florilège de la Chanson française de Jean-Claude Klein, Bordas.
- Louise Michel dans La Commune Histoire et souvenirs (1898) : « Au moment où vont partir leurs derniers coups, une jeune fille venant de la barricade de la rue Saint-Maur arrive, leur offrant ses services : ils voulaient l'éloigner de cet endroit de mort, elle resta malgré eux. Quelques instants après, la barricade jetant en une formidable explosion tout ce qui lui restait de mitraille mourut dans cette décharge énorme, que nous entendîmes de Satory, ceux qui étaient prisonniers ; à l'ambulancière de la dernière barricade et de la dernière heure, J.-B. Clément dédia longtemps après la chanson des cerises. Personne ne la revit.[…] La Commune était morte, ensevelissant avec elle des milliers de héros inconnus. » Référence : Louise Michel, La Commune, Edition sociologique – n° 22 – Stock, , 427 p. (lire en ligne), p. 279 (milieu)-280.
- Par Jean Lumière sur Youtube.
- Par Yves Montand sur YouTube.
- Par Nana Mouskouri sur Youtube.
- Par Geike Arnaertsur et Bobbejaan Schoepen YouTube.
- « Noir Désir « est au travail » et offre deux titres », sur L'Express, (consulté le ).
- Par Yves Scheer sur YouTube.
- Par L'Orchestre Poétique d'Avant-guerre sur Dailymotion.
- "Un petit morceau pour affirmer notre solidarité, modeste contribution à la lutte pour la défense d'un système nécessaire et bénéfique ..." http://opiumdupeuple.bandcamp.com/track/lintermittent-des-cerises
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Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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