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Évrard de Frioul modifier

Évrard de Frioul (aussi écrit Eberhard ou Everard et en latin Everardus, Eberardus ou Ebehardus[1]) ou Saint-Évrard, né vers 805-810 et mort autour de 866-69 est un personnage militaire, culturel et politique très important de l'empire Carolingien. Il fut nommé duc de Frioul et Marquis de Trévise[2] par l'empereur Lothaire et sera sacré saint après sa mort. Les historiens lui donnent différents titres : marquis de Frioul, duc de Frioul, Saint-Évrard ou simplement Évrard de Frioul. Il est le fondateur de l'Abbaye de Saint-Calixte à Cysoing. Il serait le fils d'Unroch (aussi appellé Hunrok ou Henri 1)[2], comte de Ternois, issu de la famille des Unrochides et signataire du testament du roi Charlemagne[3] et de Ingeltrude de Paris, fille de Bègue, compte de Paris[4]. Cependant, certaines sources remettent en question la parenté du Marquis de Frioul. Il serait marié à Gisèle (vers 820- † 874), fille de Louis le Pieux, avec qui il a dix enfants.[5]

Évrard de Frioul était un homme extrêmement pieux possédait une immense bibliothèque regroupant divers ouvrages religieux ainsi que des livres de lois, témoignant de sa grande culture ainsi que de ses nombreuses richesses.[5] Ses possessions d'après son testament, vers la fin de sa vie en 867, s'étendaient de Frioul à la Flandre Occidentale, en passant par l'Alémanie et la Lotharingie.[5]

Saint de l'Église catholique romaine, la saint Évrard est fêtée localement le 16 décembre.

Famille modifier

Parenté Contestée modifier

La majorité des sources historiques nous affirment que le père d'Evrard de Frioul était le Unroch (ou Hunrok) I, comte de Ternois (aussi apppellé Henri I), de la lignée des Unrochides[2]. Une autre source indique que le père d'Évrard aurait été Bérenger, fils du compte Unroch, qui serait donc plutôt le grand-père du Marquis de Frioul.[1] Certains historiens donnent comme père à Evrard, Carloman, frère de Charlemagne, ce qui expliquerait la naissance princière et la puissance établie du noble qu'était Évrard de Frioul[6]. Une majorité d'historiens s'entendent sur le fait que la mère d'Évrard serait Ingeltrude de Paris. On peut cependant lire à certains endroit que sa mère serait plutôt Buzelin, fille de Didier, roi des Lombards.[1]

Avec Gisèle il eut les dix enfants suivants :

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Évrard de Frioul fut élevé auprès de l'empereur Charlemagne et de son fils Louis le Pieux. Il fit son éducation à L'École du Palais, fondée par Charlemagne et dirigée par le prêtre Alcuin. Il y apprit le Trivium et le Quadrivium.[1] Il commence donc assez tôt à s'instruire ainsi qu'à former sa piété. C'est sans doute à L'École du Palais que Saint-Évrard commence à accumuler divers livres qui composeront sa riche bibliothèque dont il parlera avec tant de détails dans son testament.[1]

Exploits Militaires modifier

Dès que son âge le lui permet, il participe à de nombreuses expéditions militaires : Il va chasser les Sarrasins sur les côtes de l'Italie et aide aussi aux guerres contre les peuples Slaves et Avares qui se rebellent contre l'empire.[1] Au cours de ces expéditions, et grâce à moults services rendus, il se lie d'amitié avec Louis le Pieux, empereur d'Occident. Il est nommé duc de Frioul et marquis de Trévise quelques années plus tard. Les sources sont incertaines quant à qui aurait donné ces titres à Évrard. Il s'agirait soit de Louis le Pieux, empereur, ou de son fils, Lothaire 1er, roi d'Italie et coempereur.

En 840, l'empereur Louis le Pieux meurt et une guerre violente éclate entre les enfants de celui-ci : Lothaire 1er, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Évrard de Frioul agit en tant que médiateur à la fin de la guerre en 841 et est envoyé comme médiateur par Lothaire, chargé de faire un partage équitable du territoire.[1]

En 842, il retourne hâtivement à la Marche de Frioul pour combattre les Sarrasins venu d'Afrique. Ces barbares menacent l'Italie et vont même jusqu'à piller Rome plusieurs fois. Le duc de Frioul devient un des chefs de la résistance.[1]

« Dans cette lutte contre les ennemis de l'Église, le comte Évrard ne se montrait pas seulement guerrier courageux et chef habile. Il suivait la grande tradition de Charlemagne. Il s'efforçait de convertir les ennemis vaincus. Il leur faisait annoncer l'Évangile et travaillait lui-même à les instruire »[1]

Le marquis de Frioul sort vainqueur de la guerre contre les Sarrasins en 851.

Testament modifier

Sa bibliothèque et ses richesses modifier

En 864, Évrard de Frioul rédige un testament avec sa femme Gisèle. Cette archive est un des rare testaments de l'époque Carolingienne qui nous est encore accessible aujourd'hui. Et, fait encore plus inusité, c'est un testament de couple. Lors de la lecture de celui-ci on peut comprendre qu'Évrad et sa femme possédaient une riche collection d'objets précieux : vaisselles, mobilier, objets d'art, bijoux ainsi qu'une impressionnante bibliothèque.

Évrard possédait d'abord des livres bibliques, des livres sacrés, un Évangile et plusieurs psautiers. Sa bibliothèque comprenait aussi des livres d'exégèse et de patristique, des livres liturgiques, des livres de spiritualité et de morale. À côté de ces ouvrages qui témoignent d'une grande culture religieuse, Évrard possédait des livres historiques et juridiques: le Code Théodosien, le Bréviaire d'Alaric, une collection de lois franques, ripuaires, lombardes, alamanes, et bavaroises ainsi qu'une collection canonique : La bibliothèque d'Évrard était celle d'un haut fonctionnaire qui avait le soucis de juger tels que les livres de lois le prescrivaient. Évrard possédait aussi des ouvrages à usage pratique, comme un Livre des gloses, les Synonymes d'Isidore de Séville en trois exemplaires ou encore le traité d'Art militaire de Végèce, un livre de médecine et une cosmographie.[5]

Évrard n'était pas simplement amateur de livre, il était aussi extrêmement instruit pour l'époque. D'abord, avoir une collection d'une cinquantaine d'ouvrages aussi variée à l'époque était signe d'une certaine érudition, mais les relations du marquis avec plusieurs lettrés de l'époque nous le prouvent. Sedius Scottus lui envoie des poèmes de circonstances, Loup de Ferrières lui fait copier les lois Barbares et fait orner le manuscrit des portaits des rois carolingiens, Gotshalc et Anastase le Bibliothécaire trouvent asile à la cour de Frioul.[7]

Dans son testament, le duc de Frioul indique clairement qu'il y a une division entre son propre trésor et celui de sa chappelle.

C'est d'abord leur fils Adalard qui hérite de Cysoing. Puis, après sa mort, c'est leur autre fils Raoul qui devient l'abbé du monastère. Il finira par le léguer à l'Église de Reims et ce sera la fin du reigne des Hunrochides sur le territoire de Cysoing.[5]


Abbaye de Cysoing modifier

Église St-Calixte St-Évrard à Cysoing

Vers 833, Évrard de Frioul s'installe avec sa femme Gisèle sur le Fisc Royal de Cysoing, donné par l'empereur Louis le Pieux. Le domaine était déjà connu puisque les reliques de Saint Arnoul y sont déjà conservées. Ils font construire un monastère sur le territoire et fondent ce qui fut d'abord l'Abbaye de Cysoing et qui devint (lors de l'acquisition des reliques de St-Calixte) l'Abbaye Saint-Calixte de Cysoing.1 Les travaux du monastère sont longs et ils ne se terminent qu'après la mort du duc de Frioul. Évrard de Frioul et sa femme prirent soin du monastère tout au long de leur vie en y collectionnant de nombreux manuscrits et en faisant de nombreuses donations. Le duc fait entre autre venir de Brescia en 854 les reliques du Saint Pape Calixte, cadeau du Pape d'alors, Léon IV transporté sur les épaules de fidèles.[8]

Fin de sa vie modifier

On sait peu de choses sur le reste de la vie d'Évrard de Frioul après sa victoire sur les Sarrasins en 851. En 867, il rédige son testament dans son château à Maniastre, dans son comté de trévise. Il meurt autour de 866-869 au même endroit.[9] Après la mort de son mari, Gisèle termine la construction du monastère, travail de longue haleine, et entreprend certains aménagements de l'abbaye. Elle exige ensuite que la dépouille de son mari soit rapportée d'Italie pour y être inhumée. Elle y parvient avec l'aide de leur fils Hunroch : Évrard de Frioul est inhumé dans l'église, près de l'autel nouvellement aménagé. En 870 et 874, elle fait connaître son désir d'y reposer après sa mort.[8]


  1. a b c d e f g h et i Société d'Émulation de Roubaix, Mémoires de la société d'émulation de Roubaix, Paris, (lire en ligne)
  2. a b et c Clément François, L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments, depuis la naissance de notre seigneur, Desprez, , 991 p. (lire en ligne)
  3. Philip Grierson, « La maison d'Evrard de Frioul et les origines du comté de Flandre », Revue du Nord, vol. 24, no 96,‎ , p. 241–266 (ISSN 0035-2624, DOI 10.3406/rnord.1938.1796, lire en ligne, consulté le )
  4. Call, Michel L., The royal ancestry bible : a 3,400 pedigree chart compilation (plus index and appendix) containing royal ancestors of 300 colonial American families who are themselves ancestors of 70 million Americans, M.L. Call, (ISBN 1933194227 et 9781933194226, OCLC 63170983, lire en ligne)
  5. a b c d et e Le Jan, Régine, 19.-, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle) : essai d'anthropologie sociale, Publications de la Sorbonne, (ISBN 2859442685 et 9782859442682, OCLC 407438044, lire en ligne)
  6. Guérin, Paul, Les petits Bollandistes : Vie des Saints, Paris, Bloud & Barral,
  7. Pierre Riché, « Les collections des aristocrates laïcs carolingiens (résumé) », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, vol. 1971, no 1,‎ , p. 132–134 (ISSN 0081-1181, DOI 10.3406/bsnaf.1973.8022, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Krause, Jens-Uwe,, Die Stadt in der Spätantike - Niedergang oder Wandel? : Akten des internationalen Kolloquiums in München am 30. und 31. Mai 2003, Steiner, (ISBN 3515088105, 9783515088107 et 3515083537, OCLC 180918682, lire en ligne)
  9. De Courcelles, Jean-Baptiste Pierre, Histoire généalogique et héraldique de france, des grands dignitaires de la couronne, et des maisons princières de l'europe, Paris, Treuttel et Wurtz, 1822-1833