Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Evangile selon Jean

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L'article en cours d'écriture: Evangile selon Jean

Sources et influences modifier

Ancien Testament modifier

L'évangile selon Jean entend montrer que Jésus est annoncé par l'Ancien Testament[1] et le compare aux grandes figures bibliques de la tradition juive[2], parfois de manière avantageuse, par exemple quand il est comparé à Abraham[3] ou à Jacob[4]. Si Isaac n'est pas cité nommément, le parallèle est évident avec ce Fils unique aimé du Père[5], notamment quand l'« agneau de Dieu »[6] est évoqué en écho à l'interprétation juive de la parole d'Abraham[7].

Jésus est aussi, peut-être essentiellement, un prophète semblable à Moïse auquel le quatrième évangile fait régulièrement allusion à travers l’évocation de la prophétie deutéronomique « je mettrai mes paroles dans sa bouche et il le dira tout ce que je lui ordonnerai »[8]. Le « nouveau Moïse » apparaît même supérieur, qui affirme « c'est de moi qu'il [Moïse] a écrit »[9]. Enfin on note également la présence d'Isaïe, cité au commencement[10] et à la fin[11] du ministère de Jésus[12].

Comparaison avec les synoptiques modifier

Fruit d'une vraisemblable élaboration en milieux johanniques[13], le quatrième évangile se distingue singulièrement des évangiles synoptiques, proposant une structure, une vision et un objet propres qui ont souvent été étudiés[14]. Les évangiles selon Matthieu, Marc et Luc suivent peu ou prou le même canevas évènementiel et ne se distinguent que concernant le début et la fin de la vie de Jésus de Nazareth[15]. D'une manière générale, l’évangile selon Jean se distingue par son charisme et son emphase spiritualisante. Il insiste sur la mission de Jésus de rédemption de l'humanité plutôt que sur son ministère terrestre d'enseigner, de chasser les démons et de réconforter les pauvres ; il se distingue également sur près 90 % du matériel narratif[16]. On peut ainsi relever une série de particularités propre à l'évangile johannique, mais aussi un certain nombre de similarités avec les synoptiques[17].

Différences modifier

A la différence des synoptiques qui s'accordent sur une vie publique de Jésus se déroulant sur une année et essentiellement en Galilée, le quatrième évangile l'étale sur deux ou trois ans, mentionnant trois fêtes de Pâque qui ponctuent un ministère de Jésus exercé régulièrement à Jérusalem et presqu'exclusivement en Judée[18].

Dans cet évangile, Jésus apparaît comme conscient d'avoir préexisté aux côtés de Dieu avant son ministère terrestre ; ses discours, centrés sur lui-même, tournent autour de sa personne et de sa relation personnelle à Dieu et à ses disciples[19] là ou dans les trois autres évangiles, les paroles de Jésus, centrées sur Dieu, portent sur le Père et l'arrivée imminente du « Royaume de Dieu »[20]. Ce thème du « Royaume de Dieu » - thème clef des synoptiques[20] - est significativement absent également[21], avec une seule mention[22] qui ne joue aucun rôle dans la théologie de l'évangile[23].

Là où les synoptiques fourmillent d'anecdotes et de personnages, le dernier évangile affiche une certaine sobriété[12]. Le texte johannique ne mentionne aucun exorcisme et présente un faible nombre de miracle[24] dont la majorité lui sont propres : ainsi l'eau changée en vin à Cana[25], la guérison à la piscine de Béthesda[26], la guérison de l'aveugle-né[27] et la résurrection de Lazare[28]. Il offre plutôt des dialogues, des histoires à portée métaphorique - comme celle du bon berger - plutôt que des paraboles, et de longs discours de révélation souvent décousus et répétitifs[20] - qui présentent les grand thèmes théologiques johanniques[29]. De grands discours des évangiles synoptiques sont cependant absents, comme le sermon sur la montagne et celui du mont des oliviers.

En outre, le quatrième évangile ne mentionne pas le baptême de Jésus dans sa rencontre avec Jean le Baptiste[30], ni la transfiguration pas plus que le procès au Sanhédrin. Le regard que selon Jean porte sur la « mère de Jésus » - qu'il ne nomme jamais Marie - est positif quand, dans les synoptiques, Jésus manifeste une réserve qui confine parfois à l'hostilité à l'égard de sa famille, y compris sa mère[31]. Enfin, la date donnée par le dernier évangile pour la crucifixion se situe la veille de la fête de Pâque, soit le 14 nisân ce qui contredit les synoptiques qui présentent la cène comme un repas pascal et posent le jour de l'exécution de jésus le 15 nizân[32]. En posant le repas « avant la fête de Pâque »[33], et avançant les évènements de vingt-quatre heures, le récit johannique « détruit le symbolisme sacrificiel proprement pascal »[34].

On retrouve également en écho bon nombre de passages des synoptiques dans le quatrième évangile mais le contexte et la visée y sont souvent tout autre. Ainsi, le célèbre épisode des Marchands du Temple se déroule, dans les synoptiques, quelques jours avant la crucifixion qu'il semble précipiter, tandis que le texte johannique l'évoque au début de son récit pour lui donner une dimension prophétique et théologique[35].

Similarités modifier

Il existe également des points de ressemblances avec les synoptiques qui figurent essentiellement dans les récits concernant le début du ministère et la rencontre avec Jean le Baptiste, ainsi que dans ceux mettant en scène la Passion et la découverte du tombeau vide[21].

Si il y a assez peu de ressemblances avec l'évangile de Matthieu[36], on trouve des similitudes avec l'évangile de Luc bien que celles-ci résident davantage dans les thèmes abordés que dans les formulations : ainsi, par exemple, les personnages de Marthe de Béthanie et sa sœur Marie de Béthanie, de leur frère Lazare ou de Anne, les trois « non coupables » de Pilate lors du procès[37], les apparitions à Jérusalem du Jésus ressuscité ou encore la pêche miraculeuse[21].

Mais les ressemblances les plus significatives sont avec l'évangile de Marc, notamment dans une série d'évènements du sixième chapitre de selon Jean[38] et des détails textuels similaires tels ceux qui évoquent « un parfum de nard pur, de grand prix »[39], « 300 deniers» et [40] et « 200 deniers»[41].

Ces similitudes ont soulevé la question des rapports entre les textes. Trois types de solutions ont été avancées : L'une avance que la rédaction johannique avait connaissance de Marc voire des trois synoptiques. À l'opposé, une autre postule que Jean n'en avait aucune connaissance et que les ressemblances sont dues au fait que tant les synoptiques que le texte johannique rapportent les mêmes paroles et les mêmes actes mais de manière indépendante. Enfin la troisième hypothèse pose que le quatrième évangile partage une tradition préévangélique avec Marc et que, vis à vis de Luc, soit il connaissait ce texte, soit il était familier de traditions rapportées plus tardivement dans le texte lucanien[42].

Rapports au gnosticisme modifier

Il existe des parallèles stylistiques occasionnels et des ressemblances entre Jean et le gnosticisme mais la plupart des spécialistes actuels doutent que le quatrième évangile ait emprunté à ce dernier[43]; en effet, comme le souligne Raymond E. Brown, « tous les indices d'un gnosticisme développé datent d'après la composition de Jean »[44]. D'un autre côté, il est presque certain que les gnostiques ont lu l'évangile de Jean, puisqu'on en retrouve des passages dans leurs textes. Le principe du gnosticisme est que le salut vient de la gnose, un savoir secret.

Certains chercheurs continuent à voir une proximité entre le récit johannique et les productions issues de la gnose et expliquent, pour certains, cette proximité par l'hypothèse de sources communes d'inspiration de Jean et des gnostiques dans la littérature apocalyptique juive[45].

Pendant la quasi-totalité des cinq chapitres du dernier discours du Christ aux disciples (Jean 13[46], 18[47]), Jésus ne parle qu'aux douze apôtres. Jésus existait avant sa naissance charnelle, il est désigné dans le prologue (Jean, 1) comme « le verbe » (logos). Tout cela pourrait se rapprocher de la définition gnostique de l'æon (une émanation de Dieu) envoyé depuis le plérôme (région de la lumière) qui vient donner aux humains le savoir nécessaire pour joindre eux-mêmes le plérôme.

L'opposition johannique de la chair et de l'esprit, présente également chez Paul, est aussi un thème fort du gnosticisme[16]. Cependant, ici, elle se trouve dépassée[48], « puisque la chair elle-même, réceptacle et symbole du mal, est comme spiritualisée par l'incarnation du Verbe »[49].

Notes et références modifier

  1. Jn 1. 45
  2. Luc Devillers, « Jean, un récir en deux temps », in Michel Quesnel et Philippe Gruson, La Bible et sa culture, vol. II, éd. Desclée de Brouwer, 2011, pp. 425
  3. Jn 8. 53, Jn 8. 59
  4. Jn 4. 12
  5. voir Gn 22. 2 et Jn 3. 16, Jn 5. 20
  6. Jn 1. 29-36
  7. voir Gn 28. 8
  8. Modèle:Dt
  9. Jn 5. 46
  10. Jn 1. 23
  11. Jn 12. 38-41
  12. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Devillers BibC2011 426
  13. Simon-Claude Mimouni, Le christianisme des origines à Constantin, éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2006, p.79
  14. Voir entre autres (en) Dwight Moody Smith, John Among the Gospels, éd. University of South Carolina Press, 2001
  15. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 12
  16. a et b (en) Stephen L. Harris, Understanding the Bible, Palo Alto: Mayfield, 1985.
  17. Voir notamment pour une approche générale, Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd.Bayard, 2000, p. 407, plus détaillée, Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, pp. 16-26 et plus exhaustive, Dwight Moody Smith, John Among the Gospels, éd. University of South Carolina Press, 2001
  18. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 13
  19. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Vermes Enq2003 29
  20. a b et c Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 28
  21. a b et c Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2000, p. 407
  22. Jn 3. 3-5
  23. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 22
  24. 7 durant son ministère
  25. Jn 2. 1-11
  26. Jn 5. 1-18
  27. Jn 9. 1-12
  28. Jn 11. 1-44
  29. Voir Yves-Marie Blanchard, « Les discours dans l'évangile de Jean », in Michel Quesnel et Philippe Gruson, La Bible et sa culture, vol. II, éd. Desclée de Brouwer, 2011, pp. 439-453
  30. évitant ainsi une possible démonstration de supériorité du Baptiste ; cf. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 19
  31. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 20
  32. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Vermes Enq2003 14
  33. Jn 13. 1
  34. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 26
  35. Geza Vermes, Enquête sur l'identité de Jésus. Nouvelles interprétations, éd. Bayard, 2003, p. 17
  36. On peut cependant citer Jn 13. 16 et Mt 10. 24 ainsi que Jn 15. 18-27 et Mt 10. 18-25.
  37. Jn 18. 38, Jn 19. 4 et Jn 19. 6
  38. que l'on retrouve dans Mc 6. 30-54 et Mc 8. 11-33
  39. Jn 12. 3 et Mc 14. 3
  40. Jn 12. 5 et Mc 14. 5
  41. Jn 6. 7 et Mc 6. 37
  42. Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd.Bayard, 2000, p. 408
  43. Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd.Bayard, 2000, p. 414
  44. Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd.Bayard, 2000, p. 132
  45. (en) Judith L. Kovacs, « Now Shall the Ruler of This World Be Driven Out: Jesus’ Death as Cosmic Battle in John 12:20-36 », dans Journal of Biblical Literature, n° 114(2) (1995), p. 227-247.
  46. Jean 13.
  47. Jean 18.
  48. "Le Verbe s'est fait chair", Jean 1, 14.
  49. Marcel Simon, André Benoit, Le Judaïsme et le Christianisme ancien, Presses universitaires de France, Coll. « Nouvelle Clio », Paris, 1998, p. 241. (ISBN 2 13 045723 1).