Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Flavius Josèphe, version slavone

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Article en cous de modification: Guerre des Juifs


Version slavonne de la Guerre des Juifs modifier

La Guerre des Juifs en langue Slavonne (Vieux-slave) diffère beaucoup de celle des manuscrits grecs que nous connaissons. Le slavon est la langue liturgique des Slaves orthodoxes, cette version est connue par plusieurs manuscrits datant du XVe siècle au XVIIIe siècle. Il ne s'agit pas d'une traduction du texte grec, car ledit « Josèphe slavon » contient vingt-deux passages qui sont absents de la version grecque[1]. En 1928, H.S.J. Thackeray a émis l'hypothèse que le texte slavon pourrait la la traduction de l'original perdu « que Flavius Josèphe aurait rédigée en araméen, ce qui expliquerait les différences[1]. » Cette thèse est reprise par plusieurs spécialistes de l'École Biblique de Jérusalem mais elle se heurte au patient travail de traduction de N A Mescerskij dont l'analyse minutieuse a mis en relief un si grand nombre d'incohérences que les imputer à Flavius Josèphe s'avère plutôt périlleux.

Il paraît douteux que cette version slavone remonte à l'antiquité[2]. « La plupart des chercheurs qui se sont penchés sur la question estiment qu'il est plus simple de considérer que les additions slavones datent du Moyen Âge. L'ouvrage a été adapté par son traducteur médiéval afin de combler ce qui devait passer pour des lacunes aux yeux du lecteur chrétien ; cette explication est d'autant plus vraisemblable que les huit principaux ajouts slavons concernent Jean Baptiste, Jésus et les origines du christianisme[1]. »

“ la Guerre des Juifs” en Slavon de Flavius Josèphe modifier

Indépendamment des arguments ci-dessous, il suffit de lire le texte, (accessible via les liens) pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas d'une traduction, mais d'un résumé largement inventif, mais de très faible qualité, bourré d'erreurs, ne masquant pas la contrefaçon et dont on peut pister facilement la pseudo-érudition chrétienne derrière les inventions. Que des membres de l'école Biblique de Jérusalem puissent prendre au sérieux une telle forgerie me surprend encore, moi qui n'avait déjà pas une haute opinion d'eux après l'affaire du « mythe de la secte essénienne de Qumran » soi-disant auteur de la totalité de la littérature apocalyptique juive de la période et vivant comme dans un monastère chrétien et surtout leur attitude tout au long de cette histoire (jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs).

Introduction modifier

La Guerre des Juifs en langue Slavonne (Vieux Russe) diffère beaucoup de celle des manuscrits grecs que nous connaissons. Elle offre des passages ignorés sur Hérode, Jean Baptiste et Jésus. Serait-elle la traduction de l'original perdu, écrit initialement en langue sémitique? C'est la thèse défendue à l'École Biblique mais qui se heurte au patient travail de traduction de N A Mescerskij dont l'analyse minutieuse a mis en relief un si grand nombre d'incohérences que les imputer à Flavius Josèphe s'avère plutôt périlleux.

La préface du Livre modifier

La préface fait défaut dans le texte slavon. Mais dans le texte grec, avant de commencer son récit, l'historien reconnaissait avoir procédé à deux éditions: «... je me suis proposé de rédiger en Grec cette histoire, à l'usage de ceux qui vivent sous la domination romaine, transformant l'ouvrage que j'ai composé auparavant dans la langue de mes pères.» G J,I,1 Son premier récit de la Guerre des Juifs, Flavius Josèphe l'avait donc écrit en Hébreu (ou Araméen?). Il ne disait pas l'avoir “traduit” en Grec, mais clairement “transformé” (μεταβαλὼν ). Avant de le donner à des scribes pour en corriger le style, il avait accompli un nouveau travail rédactionnel , directement en Grec. Il y aurait eu en quelque sorte trois rédactions de la Guerre: la première en Hébreu (ou Araméen?), la seconde en Grec de la main de Josèphe et déjà très différente de la précédente , la troisième revue par des scribes hellénistes. La seconde et la troisième ne devaient pas présenter de différences significatives, sinon au niveau du style. Seule la troisième fut largement divulguée.

V. ISTRIN qui a publié le texte slavon s'interrogeait: « Aucun Byzantin n'aurait entrepris de casser et refaire le texte ancien d'un “monument”, d'une manière aussi radicale que dans le cas présent. C'est de façon toute autre qu'en traduisant une œuvre étrangère dans sa langue maternelle, un traducteur qui a une totale maîtrise de la langue interprète librement l'original.. En conséquences, en l'absence de bases permettant d'attribuer les additions à un interpolateur Grec, nous sommes conduits à un choix entre Josèphe lui-même et le traducteur Slavon.»(cf Leeming p 40) En fait V Istrin avait fait son choix car il voyait en Flavius Josèphe l'auteur du texte slavon, comme avant lui Berendts et Eisler. Mais si la traduction en Slavon reproduisait l'original sémitique, elle aurait du contenir des termes hébraïques; or les termes grecs y sont en si grand nombre qu'ils supposent un original grec. Et si cette traduction slavonne reproduisait l'édition grecque, elle n'aurait pas du s'en différencier autant.

Selon le traducteur Pierre Pascal, La Guerre des Juifs en Slavon serait «l'adaptation par un lettré anonyme de la brillante Russie Kiévienne des XIème-XIIème siècles de l'histoire classique de Josèphe le Juif , adroitement christianisé par un obscur Byzantin.» Christiannisé vraiment? C'est ce que se demande le lecteur surpris par des récits inconnus et si inattendus. [Si je comprends bien, le texte de départ ne serait pas la Guerre des juifs, mais un texte appelé « Histoire de Joseph le Juif ». Je pense alors au livre dont parle Photios distinct des « Antiquités Judaïques » et qu'il appelle « Histoire des Juifs », perdu aujourd'hui, et qui semble être une construction simplificatrice à partir des œuvres de Flavius Josèphe, faisant une large part à la période de la 1ère Guerre Judéo-Chrétienne. Ce texte a été réalisé à l'époque catho et on peut donc dire que c'est un texte chrétien. Si le traducteur/interpolateur Slavon part de ce texte :

  • il n'est pas étonnant de voir un texte grec en dessous ;
  • il n'est pas étonnant d'avoir un « texte chrétien »
  • il n'est pas étonnant d'avoir un texte si différent que l'histoire des Juifs de Flavius Josèphe

etc. ]


Cette rédaction slavonne n'apparaît qu'au milieu du Moyen-Age. Comme on ne voit pas comment un original (sémitique ou grec) aurait pu passer inaperçu aussi longtemps, Il faut conclure avec les éditeurs de la Synopse, H et K Leeming et l'analyse de N.A Mescerskij, que cette rédaction est l’œuvre personnelle du traducteur slavon qui s'estimant très libre par rapport à l'original ne s' en est pas rendu esclave mais s'est fait le rival de Flavius Josèphe, s'attachant à offrir un récit vivant à son auditoire russe par un condensé où il mettait le réalisme en relief, passant au discours direct par des dialogues.

Le Contexte Historique modifier

N A Mescerskij a estimé que le texte slavon pouvait remonter à l'époque du prince Joroslav mort en 1054, par comparaison avec le Sermon sur la loi et la grâce du Métropolite HIlarion ou l'Histoire de la Chrétienté en Russie. Avec le mariage de Vladimir , père de Jaroslav, avec Anna, sœur de l'empereur Basile II, le peuple russe venait d'être converti au Christianisme. Les habitants de Kiev étaient descendus dans le Dniepr pour recevoir le baptême. À ce tournant de l'Histoire, l'auteur de la Guerre en Slavon était-il déjà et véritablement un “Chrétien”? À cette époque charnière, il semble que le traducteur Slavon s'interrogeait sur la nouvelle religion professée par le prince voyant en Jésus un prophète mais aussi un “pacifiste inconséquent”. En condamnant la violence d'Hérode, il défendait à son lecteur d'y voir le messie attendu ou le souverain universel des nations. C'était un message adressé au souverain russe qui semblait vouloir supplanter Rome et Constantinople. Par la chute de Jérusalem il semblait vouloir l'avertir de ce qui menaçait la nouvelle dynastie de Kiev et Novgorod.

Les manuscrits modifier

La Guerre des Juifs en Slavon a été transmise sous deux formes:

  • dans une Chronographie remontant au début du XIIIème siècle (certains repères conduisent à la date de 1262) où elle alterne avec les Chroniques d'Hamartolus et celles de Malalas entrecoupées de versets du Nouveau Testament.
  • une recension où elle est seule.

Elle est beaucoup plus courte que le parallèle grec dont elle n'est qu'un condensé et non point une traduction. Les omissions, qui sont moindres vers la fin (en particulier au ch VI) correspondent à des événements qui ne sont pas directement liés à la chute de Jérusalem.
Les additions, quant à elles, sont très étroitement mêlées au texte et ne sont pas seulement de caractère christologique.

Les Additions modifier

Quelques phrases relevées parmi les plus significatives au détour de tel ou tel paragraphe:

Livre I
  • I-XVII-7: Hérode passa la nuit dans un village appelé Avlon. (nom absent du Grec)
  • I-XVII-3: Le Rêve d'Hérode ; il est très semblable à celui d'Archélaus comme de Philippe.
  • I-XIX - : épisode des prêtres massacrés
  • I - XX - : Les Mages Persans (ajout chrétien)
  • I-XXII - 2: La description des vêtements du grand-prêtre a son parallèle dans "Sur les 12 pierres du vêtement du grand-prêtre" d'Épiphane de Chypre, une œuvre connue en vieux slavon et en vieux russe.
  • I- XXXI . «Les Romains appelés LATINS se précipitent pour saisir leur butin; ils transgressent leurs serments pour le seul profit. Dans la calomnie ils ne voient pas de faute.»

Le grec LATINOS (Latin) n'est pas usité par Josèphe. Cette attaque contre les Romains tranche sur le dévouement de Josèphe qui faisait plutôt leur éloge tout au long de son livre.

  • I - XXXII-5:«Suivre l'exemple d'Éléazar et des 7 frères»

Il s'agit des frères Maccabées dont Josèphe n'a pas mis en relief le caractère héroïque.

  • I - XXXIII,5: conclusion moralisatrice "c'est arrivé de par la divine providence”

Cette conclusion et d'autres ont fait penser au Sermon sur l'Antichrist d'Hippolyte de Rome.

Livre II
  • II- VII-2 Jean Baptiste.
  • II-VIII,7: Après le tirage au sort que Josèphe proposa pour se tirer d'affaire, dans son texte grec il concluait l'épisode en ces termes:

“Par chance ou par Providence divine, Josèphe fut gardé avec un autre jusqu'à la fin“
En fait ce que l'on appelle le "ludus Josephi" serait ce calcul mathématique qui aurait permis à Josèphe de rester le dernier en liste avec un autre qu'il convainquit de se rendre aux Romains. C'est pourquoi le rédacteur slavon n'hésita pas à changer la conclusion par ces mots:
“Ayant ainsi parlé, il fit le compte avec ruse et ainsi les berna tous“.
C'est bien le rédacteur slavon qui était l'auteur de cette conclusion car il n'est guère envisageable que Josèphe ait parlé de lui-même en ces termes.

  • II - IX, 1 Rêve de Philippe.
  • II-IX - “Attachant des branches de conifères à leurs chevaux pour dégager de la poussière derrière eux”: c'était une tactique russe.
  • II -IX - Episode d'Antipas et Jésus.

Termes grecs modifier

Les traducteurs ont relevé dans la Guerre des Juifs en slavon deux termes d'origine sémitique “maglavije” et “kusit”, le second étant contesté. Par contre les termes grecs sont en grand nombre dont:

  • II-XVI, 4: ADOKSITE (αδοξειτε)
  • III-X,7 :KORAKYNI
  • IV-IX,12-PASTOFORIWN - SALPINX
  • V-V,4 KATAPETAZMA
  • VII-V,4 DAFINI (δαφναις = lauriers)
Les "Grécismes" également
  • Valsomon (Bαλσαμον)
  • vusinsk ( βυσσινος)
  • kamil (κάμελος ,chameau)
  • Gazofilakija (garde du trésor)
  • Arxijerej (grand-prêtre)
  • Igemon (chef)
  • Pentikostija (Pentecôte)
  • Porfira (pourpre)
  • Skinopijiga (Scenopégie, fête des tentes).
  • Trapeza ( table)

Point de vue de Schwentzel modifier

Il paraît douteux que [la version slavone] remonte à l'antiquité[3]. Le slavon est « la langue liturgique des Slaves orthodoxes », cette version est « connue par plusieurs manuscrits datant du XV° au XVIII° siècle. Il ne s'agit pas d'une traduction du texte grec, car ledit « Josèphe slavon » contient 22 passages qui sont absents de la version grecque[1]. » En 1928, H.S.J. Thackeray a émis l'hypothèse que le texte slavon pourrait traduire la version « que Flavius Josèphe aurait rédigée en araméen, ce qui expliquerait les différences[1]. » « Mais la plupart des chercheurs qui se sont penchés sur la question estiment qu'il est plus simple de considérer que les additions slavones datent du Moyen Âge. L'ouvrage a été adapté par son traducteur médiéval afin de combler ce qui devait passer pour des lacunes aux yeux du lecteur chrétien ; cette explication est d'autant plus vraisemblable que les huit principaux ajouts slavons concernent Jésus, Jean-Baptiste et les origines du christianisme[1]. »

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 94.
  2. Etienne Nodet, Appendice sur la version slavone de la Guerre, dans H.S.J. Thackeray, Flavius Josèphe : l'homme et l'historien, Paris 2000, pp. 170-174. Pour une comparaison entre BJ et la version slavons, voir H. et K. Leening (éd), Josepjus' Jewish War and its Slaonic Version. A. Synoptic Comparison, Leyde, 2003.
  3. Etienne Nodet, Appendice sur la version slavone de la Guerre, dans H.S.J. Thackeray, Flavius Josèphe : l'homme et l'historien, Paris 2000, pp. 170-174. Pour une comparaison entre BJ et la version slavons, voir H. et K. Leening (éd), Josepjus' Jewish War and its Slaonic Version. A. Synoptic Comparison, Leyde, 2003.