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Le judéo-christianisme désigne principalement le judéo-christianisme ancien, c'est à dire les premiers adeptes du mouvement de Jésus de Nazareth ainsi que les mouvements juifs qui en sont issus. Ce terme désigne aussi des mouvements de peu d'ampleur de juifs, continuant à respecter la Torah, qui se mettent à reconaître Jésus comme étant le Messie annoncé par les prophètes, comme par exemple le Judaïsme messianique actuel.


Le terme judéo-chrétiens a plusieurs sens :

  • Il désigne en premier lieu les premiers chrétiens, et plus spécifiquement ceux d'origine juive qui continuaient à observer les prescriptions de la loi mosaïque (circoncision, interdits alimentaires, observance du sabbat, fête de Pessah) après leur conversion au christianisme. Ils furent surnommés les judaïsants, un terme repris ensuite pour qualifier péjorativement les marranes retournés au judaïsme.
  • Ce terme est un néologisme que l'on attribue en général à Ferdinand Christian Baur dans son fameux article de 1831[1],[2].
  • Le concept de judéo-christianisme est utilisé frequemment par des universitaires ou des journalistes pour désigner le "bloc" des croyants en un Dieu unique se réclamant de la Bible, par opposition aux athées, aux néopaganistes et même aux musulmans[réf. nécessaire].

Les définitions anciennes modifier

Le terme de Judéo-christianisme est un néologisme que l'on attribue en général à Ferdinand Christian Baur dans un fameux article de 1831[3],[2]. D'après Simon Claude Mimouni, les définitions du « judéo-christianismme » « sont relativement nombreuses : pour la plupart, elles présentent la caractéristique commune de n'être ni précises ni exactes[2]. » Les définitions les plus pertinentes sont déterminées par quatre éléments: l'observance ; la christologie ; un système de doctrines ; un système de concept[2].

Références à sauver ? modifier

Jacques le Juste, le « frère »[4] de Jésus cité dans le Nouveau Testament et les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe (Ant. jud., XX, 197-203), a été le plus important représentant du judéo-christianisme aux temps apostoliques[5] bien qu'il admît que les païens convertis ne fussent pas tenus de se soumettre aux mêmes impératifs que les Juifs (mais seulement aux lois noachides) :

« Je suis donc d'avis de ne pas accumuler les obstacles devant ceux des païens qui se tournent vers Dieu. Écrivons-leur simplement de s'abstenir des souillures de l'idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang. Depuis des générations en effet, Moïse dispose de prédicateurs dans chaque ville, puisqu'on le lit tous les sabbats dans les synagogues[6]. »

À la mort de Jacques en 62, rapportée par Flavius Josèphe (Ant. Jud., XX, 200), l'Église de Jérusalem dont il était le chef aurait été dirigée par Siméon qui était lui aussi un « frère de Jésus » - un cousin, selon Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, 2, 23 ; 3, 11, 32).

Dans la période qui a précédé la guerre juive de 66-70, la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem s'est réfugiée à Pella en Transjordanie (Hist. eccl. 1, 5), puis s'est dispersée. « Son histoire ultérieure est obscure » [7].

Comme le souligne Marie-Françoise Baslez : « Bien que des traditions locales subsistent qui affirment le maintien d'une communauté judéo-chrétienne jusqu'à la seconde révolte juive menée par Bar Kochba, en 135, Jérusalem a cessé d'être un des centres de gravité du christianisme[8]. »

Le judéo-christianisme s'est cependant maintenu dans divers groupes que l'on nomme nazaréens et ébionites[9], qui se distinguent du courant chrétien majoritaire. La source principale à leur sujet est le Panarion d'Épiphane de Salamine qui a tendance à les confondre entre eux mais rapporte qu'ils observent « la loi, la circoncision, le sabbat et le reste[10]. » En témoignent aussi certains apocryphes (Évangile des Nazaréens, Évangile des Ébionites, Évangile des Hébreux) dont il ne reste que des fragments[11].

Selon Édouard-Marie Gallez[12], de nombreux passages du Coran montrent le lien entre ces courants orientaux et l'islam de Mahomet au VIe siècle. Dire que les chrétiens des deux premiers siècles étaient aux marges du christianisme orthodoxe serait pourtant réducteur car une orthodoxie ne se met en place dans le christianisme qu'à compter du IVe siècle[13].

Les Pères apostoliques, et en particulier les hérésiologues, condamneront ultérieurement cette communauté à un moment où une figure de « Christ » se sera constituée. On lit par exemple dans la Lettre aux Magnésiens d'Ignace d'Antioche : « Il est absurde de parler de Jésus-Christ et de judaïser. Car ce n'est pas le christianisme qui a cru au judaïsme, mais le judaïsme au christianisme, en qui s'est réunie toute langue qui croit en Dieu.» (Lettre aux Magnésiens, X,3[14])

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Wikisource modifier

Bibliographie modifier

  • Simon-Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Albin Michel, coll. « Présences du judaïsme »,
  • Simon-Claude Mimouni (préf. André Caquot), Le Judéo-christianisme ancien, Cerf, coll. « Essais historiques »,
  • Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Brepols,
  • collectif, Les premiers temps de l'Église, Gallimard, coll. « Folio histoire »,
  • Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire, Gallimard, coll. « Folio histoire »,
  • Edouard-Marie Gallez, Le Messie et son prophète, 2 vol., éditions de Paris,
  • Marcel Simon, La Civilisation de l'Antiquité et le christianisme, Arthaud,
  • Marcel Simon et André Benoît, Le Judaïsme et le christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin, PUF,
  • Robert Eisenman, The Dead sea scrolls and the first christians,
  • Jacques Ellul, Islam et judéo-christianisme, PUF, "Quadrige", 2006

Notes et références modifier

  1. Ferdinand Christian Baur, Die Christuspartei in der Korinthischen Gemeinde, der Gegensatz des petrinischen und paulinichen Christenthums in des ältesten Kirche, der Apostel Paulus in Rom, dans Tübinger Zeitschrift für Theologie 4 (1831), pp. 61-206.
  2. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Éd. Albin Michel, Paris, 2004,p. 30.
  3. Ferdinand Christian Baur, Die Christuspartei in der Korinthischen Gemeinde, der Gegensatz des petrinischen und paulinichen Christenthums in des ältesten Kirche, der Apostel Paulus in Rom, dans Tübinger Zeitschrift für Theologie 4 (1831), pp. 61-206.
  4. Sur la question des frères de Jésus, voir l'article Proches de Jésus, mais aussi Jacques, le frère du Seigneur de Pierre-Antoine Bernheim, chez Noesis.
  5. André Lemaire, Jacques et les chrétiens de Jérusalem in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004.
  6. Actes des Apôtres 15:19 (trad. oecuménique de la Bible).
  7. Marcel Simon, La civilisation de l'Antiquité et le christianisme, Arthaud, 1972.
  8. Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire, Folio histoire, Gallimard, 1998
  9. Cf. Unitarisme
  10. Simon Mimouni, L'Église, le Temple et la synagogue in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004.
  11. Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Brepols, 2003
  12. Édouard Marie Gallez, Le Messie et son prophète, 2 vol., Éditions de Paris, 2005.
  13. Walter Bauer, Heresy & Orthodoxy, 1932 et Histoire du christianisme, chez Albin Michel, sous la direction de Alain Corbin, 2007.
  14. Les Pères apostoliques, texte intégral, éd. du Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, p. 174 consultable en ligne.