Utilisateur:Vaynissa/Nappy (mouvement)
Le mouvement nappy, originaire des années États-Unis dans les années 2000, désigne des femmes noires souhaitant conserver leurs cheveux crépus.[1],[2],[3],[4]
Définition et caractéristiques
modifierLe mot « nappy » signifie « crépu » en anglais. Il a fait l'objet de dénigrement depuis la traite négrière. Des Afro-descendantes se sont par la suite réapproprié positivement le mot, considéré dorénavant comme un rétroacronyme formé de « natural » et de « happy ».[1],[5],[6],[7]
Ces femmes, appelées nappy girls ou nappies, rejettent le défrisage et laissent au contraire pousser leurs cheveux au naturel. Leur coupe peut être simple ou bien plus élaborée, par l'adoption, par exemple, de vanilles (twists en anglais), de nattes (braids) & tresses africaines (cornrows) ou encore de locks.[1],[8]
Le cheveu crépu : fil d'Ariane de l'histoire des Afro-descendants
modifierDepuis les années 2000, aux Etats-Unis puis au Royaume-Unis et en France, des femmes noires ont pris conscience que leurs cheveux crépus peuvent être beaux. Cela remet en question l'association subconsciente intériorisée crépu=laid ; Elles cessent dès lors de se conformer avec l'idéal esthétique dominant cheveux beaux = cheveux lisses. Les nappies se réconcilient ainsi à travers leurs cheveux avec leur africanité.[1],[9]
À un moment où la consommation des produits bio se développent, ce retour au naturel est également favorisé par la prise de conscience des effets nocifs des défrisants sur le cuir chevelu : démangeaisons, plaques rouges, brûlures, casse du cheveux ou pire : alopécie (perte de cheveux). Pourtant, parmi les femmes noires, 98% se sont défrisées au moins une fois dans la vie ; et les défrisants représentent pas moins de 70% des achats cosmétiques effectués par cette population. C'est dans les années 80's-90's que le défrisage s'est généralisé.[6]
Plus tôt dans les années 70's-80's, c'est le « Jheri curl », autre technique d'assouplissement du cheveu crépu, qui est à la mode dans la communauté afro-américaine, popularisé en particulier par des célébrités comme Mickael Jackson dans Thriller.
Dans ces même années, une autre coiffure fait son apparition : ce sont les dreadlocks (Mèches de cheveux emmêlées naturellement), popularisées par Bob Marley et plus généralement par la musique reggae et le mouvement Rastafari. Cette coiffure peut être une marque de distinction sociale et spirituelle : « l'adoption de cheveux longs ou très atypiques [peut traduire] la rébellion et le refus des valeurs dominantes. »[10],[7]
Avant cela, dans les années 60's-70's, règne la ségrégation raciale aux États-Unis entre les Noirs et les Blancs. Angela Davis, jeune activiste militante des droits de l'homme et membre du mouvement révolutionnaire des Black Panthers créé en 1966, rend célèbre la « coupe afro ». Cette coiffure dense et sphérique symbolise alors l'émancipation et l'affirmation culturelle des Afro-américains. Elle est adoptée par de nombreuses stars comme Diana Ross ou les Jackson 5.[2],[5],[7],[11],[4]
Un siècle plus tôt, en 1865, l'esclavage est aboli à l'issue de la guerre de Sécession. Les populations noires cherchent néanmoins à lisser leurs cheveux crépus, afin de se rapprocher de l'esthétique dominante, ne serait-ce que pour trouver du travail. L'instrument le plus utilisé à l'époque est le peigne chaud, jusqu'en 1909, où Garrett A. Morgan invente une crème défrisante révolutionnaire.[12],[5],[4],[10]
Durant les 400 ans d'esclavage, les conditions de servitude ne permettent pas de prendre soin de ses cheveux, qui font l'objet de dénigrement par le maître : « nappy » devient péjoratif.[13],[14]
La déportation de millions d'Africains les séparent de leurs pratiques esthétiques d'origine en matière de soin du cheveu.[12]
Dans les traditions ancestrales, la coiffure est « une activité pendant laquelle se transmettent l’histoire des généalogies aux enfants, et bien d’autres traits de leur culture ». Chaque coiffure africaine est codifiée selon le groupe ethnique et le statut de la personne.[4]
« C'est la perte de cet instrument [le peigne africain], d'autant plus précieux qu'il est indispensable au soin du cheveux crépus, qui va désolidariser les Noirs de la nature de leurs propres cheveux, qu'ils ne ne seront plus considérés que comme "difficiles à coiffer". (...) L'Africain fut arraché à son peigne lorsqu'il fut arraché à sa terre natale et ainsi, dépossédé d'un symbole culturel irremplaçable, héritage et accessoire de sa culture de la beauté. »
— Juliette Sméralda, Peau noire, cheveu crépu : l'histoire d'une aliénation
La culture nappy aujourd'hui
modifierDepuis près de 10 ans, grâce au Web 2.0, certaines partagent leurs conseils de beauté via des blogs (Black Beauty Bag[7],[15],[2],[16],[17],[18],[19], Afrobelle[20],[21], Ivy-Mag[19],[22], Révèle toi[19],[23]), forums, webzines (FashizBlack[1],[24], Afrosomething[25],[26],[27],[28],[19]) et vidéos (Beautiful Naturelle[1],[19]). Ces sites web étendent le phénomène nappy sur la planète avec pour objectif la mise en avant de la beauté noire.[1],[2],[12]
Chacune a ses raisons propres de retrouver cette authenticité : pour certaines, préserver leurs cheveux trop souvent malmenés par des méthodes de coiffures agressives (tissages trop serrées) ou par des produits défrisants chimiques nocifs ; pour d'autres, préférer esthétiquement les cheveux crépus malgré la pression des standards de beauté dominants.[6],[4],[9],[5].
Le mouvement nappy est encouragé par le choix de stars afro-américaines d'abandonner le défrisage pour un retour à leurs cheveux naturels : parmi les icônes nappies figurent Inna Modja[1],[6],[29], Solange Knowles[12],[1],[7],[9],[30], Janelle Monáe[31],[2] ou encore Aïssa Maiga[31].
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Inna Modja lors de son concert à Vaux-sur-Mer le 9 août 2012.
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Janelle Monáe chante en live au Austin Music Hall à l'occasion du SXSW en mars 2009.
En dehors des frontières américaines, plusieurs événements se développent pour accompagner le mouvement nappy, notamment en France et en Afrique :
- Le salon « Boucles d'ébène » : manifestation, existant depuis dix ans, consacrée à la coiffure et la beauté noire.[1]
- Le concours de « Miss Nappy Paris » : l'élection d'une Miss Nappy pour promouvoir la beauté du cheveu afro.[1],[32]
- Les « Massalia Nappy Days » : conférences, projections de documentaires et défilé de mode.[33]
- Le festival « Crépue d'ébène» à Abidjan : dédié à la beauté naturelle de la femme africaine et mettant en valeur les cheveux crépus.[34]
- La « Natural Hair Academy » : évènement pour comprendre le cheveu crépu, journées de conseils par des intervenants.[1]
- Le festival « AfricaParis » : consacré à la culture afropéenne.[1]
Critiques
modifierCertaines nappies, surnommées nappex (nappy extrémistes), se radicalisent et affirment que le défrisage est une marque de reniement de son identité. Ces considérations culpabilisantes sont dénoncées par India.Arie et sa chanson « I Am Not My Hair ».[12]
Lexique nappy
modifierUne série de termes reviennent dans le vocabulaire nappy[2],[8],[35]:
- nappy girl : femme noire qui portent ses cheveux au naturel
- big chop : « la grande coupe » du cheveu défrisé pour laisser pousser ses cheveux au naturel
- bantu knot : petits choux de mèches roulées sur elle-mêmes
- transition : période de sevrage de défrisant
- coiffure protectrice : comme les tresses qui préservent les pointes
- tiny afro : petite coupe afro
- twist : tresse à deux brins
- twist out : coiffure qui permet de boucler son afro
- yarn locks : tresses réalisés avec de la laine
- frohawk : coiffure proche de la crête iroquoise
- shrinkage : rétrécissement de la fibre capillaire au contact de l’eau
- nappex : nappy extrémistes, pour qui les non-nappies seraient des « racistes qui trahissent les femmes noires et refusent de s’assumer »
- co-wash : qui consiste à se laver les cheveux à l’après-shampoing
Notes et Références
modifier- Le Monde, Crépues et fières de l’être, 05/02/2015
- Le Point, Nappy, ce mouvement conquérant de la planète afro, 19/12/2014 Erreur de référence : Balise
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incorrecte : le nom « LePointNappy » est défini plusieurs fois avec des contenus différents. - Good Hair, film de 2009 réalisé par Jeff Stilson et produit par Chris Rock.
- Jeune Afrique, Juliette Smeralda : « Le modèle de beauté qu'on vend aux femmes du continent n'est pas africain », 06/11/2014
- RFI, Le mouvement Nappy : défrisage et cheveux crépus, diffusé le 16/01/2013
- France Ô, La beauté noire, un marché porteur, diffusé en 2014
- TV5 Monde, Dépigmentation de la peau et phénomène Nappy, diffusé en janvier 2015
- L'Express, Parlez-vous le nappy?,03/10/2012
- Jeune Afrique, Mode : La vague « Nappy » déferle en Afrique, 06 novembre 2014
- Juliette Sméralda, Peau noire, cheveu crépu : l'histoire d'une aliénation, Jasor, 2004
- Marie Claire,Le nappy hair, nouvelle tendance des cheveux Afro30 avril 2015
- Madame Figaro, Nappy hair : la revanche des femmes noires, 25/07/2014
- Maxine Leeds Craig, Ain't I a Beauty Queen?: Black Women, Beauty, and the Politics of Race, Oxford University Press, 2002
- Common Dreams NewsCenter, Why 'Nappy' Is Offensive', 12/04/2007
- Le Parisien, Les nappys : afro, belles et contentes, 10/04/2014
- Hellocoton, Chroniques d’une Nappy: Fatou N’diaye, 28/03/2011
- Amina, Fatou N’diaye, 26/04/2014
- RFI, Le mouvement Nappy : défrisage et cheveux crépus, 16/01/2013
- Salon Boucles d'Ébène, Bloguer en 2015 : Une passion ou un métier, 30/05/2015
- Alexa, Audience Afrobelle.com en France, consulté le 30/05/2015
- Maxi, Cheveux afro : les coiffer sans difficulté, 10/06/2015
- L'Express, Ivy Mag: « La beauté d’aujourd’hui est multiple et diversifiée »/, 15/02/2013
- 42 513 mentions « J’aime » sur Facebook au 30/08/2015
- Madame Figaro, Notre but : banaliser la mode afro et la beauté ethnique. , 26/01/2012
- Madame Figaro, Beautiful black blogs : huit filles à suivre sur le Net, 29/06/2015
- Africultures, Une histoire de peau, 05/08/2015
- Le Point, En images : top 10 des meilleurs blogs féminins lifestyle, 05/09/2014
- Le Monde, A quand une femme noire en couverture de "Elle" ?, 31/01/2012
- Aufeminin, Coiffure afro : Le nappy sexy d'Inna Modja, 07/08/2015
- Mouv', Phénomène nappy : les Sénégalaises revendiquent leur coupe afro, 13/01/2014
- L'Express, Jolies Nappy Girls, 26/01/2012
- FashizBlack, Océane Lebubura élue Miss NAPPY Paris 2015, 04/12/2014
- Mediapart, 1ères Massalia Nappy Days : Marseille sous le signe de la créativité et de la beauté au naturel, 17/09/2014
- FashizBlack, Abidjan accueille « Crépu d’Ebène », son 1er festival dédié aux cheveux naturels, 12/08/2014
- Hellocoton, Le lexique Nappy, 21/04/2013
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Aliona L. Gibson, Nappy: Growing Up Black and Female in America, Writers and Readers Ltd, 01/07/2000
- Juliette Sméralda, Peau noire, cheveu crépu : l'histoire d'une aliénation, Jasor, 2004
- Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, 1952
- Willie Lee Morrow, 400 Years Without a Comb, Morrow's Unlimited Inc., 1973
- RFI, Le mouvement Nappy : défrisage et cheveux crépus, diffusé le 16/01/2013
- Ebony, Natural hair - new symbol of race pride, Johnson Publishing Company, décembre 1967
Filmographie
modifier- Good Hair, film de 2009 réalisé par Jeff Stilson et produit par Chris Rock.
- My Nappy Roots: A Journey Through Black Hair-itage, film de 2008 réalisé et produit par Regina Kimbell.
Articles connexes
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