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Simone Veil (/simɔn vɛj/ Écouter), née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice (Alpes-Maritimes) et morte le 30 juin 2017 à Paris, est une magistrate et une femme d’État française.

Née dans une famille juive aux origines lorraines, elle est déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère. Rescapée avec ses sœurs Madeleine et Denise, elles aussi déportées, Simone Jacob épouse Antoine Veil en 1946. Après des études de droit et de science politique, elle entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire.

En 1974, elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d'Estaing, qui la charge de faire adopter la loi dépénalisant le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui sera ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparaît dès lors comme une icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France.

Elle est la première présidente du Parlement européen — nouvellement élu au suffrage universel —, une fonction qu’elle occupe de 1979 à 1982. De façon générale, elle est considérée comme l'une des promotrices de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.

De 1993 à 1995, elle est ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville au sein du gouvernement Édouard Balladur. Elle siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, avant d'être élue à l'Académie française en 2008.

Sur décision du président Emmanuel Macron, Simone Veil fait son entrée au Panthéon avec son époux le 1er juillet 2018.

Biographie

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Origines familiales

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Article connexe : Famille Veil.

La famille Jacob est originaire de Bionville-sur-Nied, village de Lorraine. Le père de Simone, l'architecte André Jacob, obtient en 1919 le second grand prix de Rome,,.

Le 22 mai 1922, il épouse dans le 9e arrondissement de Paris Yvonne Steinmetz (1900-1945), fille d'un fourreur de la capitale,, bachelière et étudiante en chimie. André Jacob exige avec succès qu'elle abandonne ses études après leur mariage.

La famille de Simone est explicitement juive, mais non pratiquante et « très laïque » : « Mon appartenance à la communauté juive ne m'a jamais fait problème. Elle était hautement revendiquée par mon père, non pour des raisons religieuses, mais culturelles », écrit Simone Veil dans son autobiographie. « À ses yeux, si le peuple juif demeurait le peuple élu, c’était parce qu’il était celui du Livre, le peuple de la pensée et de l’écriture. »

Enfance (1927-1940)

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Après la naissance de deux filles, Madeleine et Denise, la famille Jacob quitte Paris pour s'installer à Nice sur la Côte d'Azur. Un fils, Jean, naît en 1925. La benjamine, Simone, naît le 13 juillet 1927.

Du fait de la crise de 1929, la famille Jacob est contrainte de quitter son appartement du 50, avenue Georges-Clemenceau, pour un autre plus petit, rue Cluvier,. Lorsque la crise s'aggrave, les commandes aux architectes comme son père se raréfient, et sa mère tricote pour les enfants de familles démunies[pas clair].

En 1937, Simone entre en sixième au lycée de jeunes filles (lycée Albert-Calmette depuis 1962), où elle fait ses études secondaires jusqu'au baccalauréat (en 1944).

Seconde Guerre mondiale

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Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni (à 11 h), puis la France (à 17 h) entrent en guerre contre l'Allemagne qui vient d'attaquer la Pologne. Le 10 mai 1940, l'armée allemande lance une offensive sur le front Ouest. Les armées franco-britanniques sont très vite mises en déroute. Le 14 juin, l'armée allemande entre dans Paris alors que le gouvernement français de Paul Reynaud s'est réfugié à Bordeaux. Le 16 juin, Reynaud est remplacé par le maréchal Pétain comme président du Conseil.

De la défaite (juin 1940) au premier statut des Juifs (octobre 1940)

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Le 17 juin 1940, les enfants Jacob sont envoyés vers Toulouse, où ils séjournent quelque temps chez leur oncle.

Ils rentrent ensuite à Nice.

Lorsque l'armistice est signé le 22 juin 1940 par le gouvernement Pétain, la France est soumise à une occupation partielle : Nice se retrouve dans la zone non occupée. André Jacob est accablé, mais il ne pense pas que les Juifs aient quoi que ce soit à craindre.

Le 10 juillet, l'Assemblée nationale, c'est-à-dire l'ensemble des députés et des sénateurs, réunie à Vichy, accorde à une écrasante majorité des présents les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, qui devient peu après chef de l'État, renommé « État français ».

Le 4 octobre, le gouvernement de Pierre Laval met en place le premier statut des Juifs qui instaure à leur encontre des mesures d'interdiction professionnelle et l'obligation de se déclarer, de se faire « recenser ». André Jacob effectue les démarches obligatoires — ce à quoi Simone déclarera plus tard s’être alors opposée — ; il perd le droit d'exercer sa profession d'architecte. Yvonne Jacob passe ses journées à chercher de la nourriture pour sa famille.

La vie dans Nice non occupée (1940-novembre 1942)

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Simone Jacob poursuit sa scolarité au lycée de jeunes filles, tout en participant au mouvement scout au sein de la Fédération française des éclaireuses (FFE), dans laquelle toute sa famille s'investit aussi. Simone considère les scouts comme une deuxième famille.

Les Jacob y côtoient Nicole Clarence, cheftaine de Jean et future résistante.

Éclaireuse au groupe Nice IV de la section neutre de la FFE, Simone reçoit le totem « Lièvre astucieux ».

Une photographie d'elle en éclaireuse, de Karel Egermeier (« Aiglon »), sera publiée en 1945 dans le calendrier FFE.

Période de l'occupation italienne (novembre 1942-septembre 1943)

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En novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, l'armée allemande occupe la zone libre, laissant cependant les départements à l'est du Rhône (sauf les Bouches-du-Rhône) à l'occupation italienne.

Pour les Juifs de Nice, la situation ne subit pas de changement, car l'armée italienne, qui occupait déjà Menton depuis 1940, n'applique pas les mesures antisémites du régime nazi, contrairement à l'armée allemande.

Le 3 septembre 1943, alors que les Alliés viennent de débarquer en Calabre, le gouvernement italien du maréchal Badoglio, qui a arrêté Mussolini, signe secrètement l'armistice avec les Alliés. Cet armistice est annoncé le 8 septembre par l'armée américaine, sans l'aval de Badoglio, prenant l'armée italienne au dépourvu et permettant aux Allemands d'occuper l'Italie jusqu'à la ligne de front. La zone d'occupation italienne en France est abandonnée et passe sous occupation allemande.

Période de l'occupation allemande

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La Gestapo commence alors son travail à Nice sous la direction d'Alois Brunner.

André Jacob, venant d'apprendre l'arrestation d'une famille proche, prévient Denise et Madeleine, qui se trouvent dans un camp d'éclaireuses[Quand ?]. Denise rejoint le mouvement Franc-tireur dans la région de Lyon, tandis que Madeleine rentre à Nice.

En novembre, Simone, disposant de faux-papiers au nom de « Jacquier » que ses parents se sont procurés, cesse d'aller au lycée pour travailler à la bibliothèque municipale, et, à la demande de sa mère, trouve un hébergement chez sa professeure de lettres, Mme de Villeroy.

En mars 1944, elle passe tout de même son baccalauréat.

Période de la déportation

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Les arrestations du 30 mars 1944

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Le 30 mars 1944, alors qu'elle va, avec un ami, rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat, ce que sa famille lui avait interdit, elle est contrôlée dans le centre-ville de Nice par deux Allemands en civil qui détectent la falsification de sa carte d'identité et l'arrêtent. Son camarade et elle sont emmenés à l'hôtel Excelsior, quartier général des Allemands, qui sert aussi de lieu de regroupement des Juifs arrêtés. Le garçon, à qui Simone Jacob a eu le temps de glisser l'adresse de Madame de Villeroy (boulevard Carabacel), pour la prévenir et tenter d'informer sa famille,. Mais il est filé par la Gestapo, et dans les heures qui suivent, Jean, Madeleine et Yvonne, qui se trouvent dans l'immeuble du boulevard Carabacel, sont eux aussi appréhendés.

Tous quatre sont envoyés au camp de Drancy, d'où les trois femmes partent pour Auschwitz par le convoi n° 71 du 13 avril 1944.

Le camp d'Auschwitz-Birkenau (avril-juillet 1944)

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Le 13 avril 1944, deux semaines après leur arrestation, Simone, Madeleine et Yvonne partent de Drancy par le convoi no 71, où se trouvent également Anne-Lise Stern, Ginette Cherkasky et Marceline Rozenberg, qui deviendra sa meilleure amie dans le camp, vers le camp d'Auschwitz-Birkenau, principal camp d'extermination nazi, où elles arrivent le 15 avril au soir, après deux jours et demi de transport dans des wagons « étouffants, surpeuplés » dans lesquels s'entassaient des personnes de tous âges.

« Cette arrivée nocturne n'était pas due au hasard, elle contribuait à désorienter les nouveaux venus. On nous a débarqués sur un quai avec des lumières violentes, des projecteurs. Les SS étaient là, les chiens aboyaient, et puis des êtres tout à fait étonnants ont surgi. Ils ressemblaient à des bagnards. […] Les wagons s'ouvraient avec fracas, les SS hurlaient « Raus, raus ! » »

Un prisonnier parlant français lui conseille de dire qu'elle a 18 ans, afin de passer la sélection et d'éviter l'extermination. Elle est effectivement sélectionnée pour le travail, reçoit le matricule 78651, qui lui est tatoué sur le bras. Le travail consiste alors à « décharger des camions d'énormes pierres » et à « creuser des tranchées et aplanir le sol ».

Une ancienne prostituée devenue kapo lui sauve la vie en la mutant dans une annexe d'Auschwitz, lui disant : « Tu es vraiment trop jolie pour mourir ici, je ferai quelque chose pour toi. ». Elle accepte, à condition que sa mère et sa sœur la suivent. Simone, sa mère et sa sœur sont transférées en juillet dans le camp annexe de Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau.

Le camp de Bobrek (juillet 1944-janvier 1945)

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Mis à part la menace, à la moindre incartade, d'un retour à Birkenau, le régime de vie à Bobrek était si différent de celui de Birkenau que les déportés surnommaient ce camp le « sanatorium ».

La marche vers Gleiwitz, le transfert à Bergen-Belsen et la libération

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Lors de l'évacuation du camp de Bobrek devant l'avancée de l'Armée rouge, le 18 janvier 1945, les SS emmènent leurs prisonniers dans une marche de la mort de 70 kilomètres de Bobrek à Auschwitz, puis à Gleiwitz.

Ils les transfèrent ensuite en train lors d'un voyage de huit jours où les prisonniers ne reçoivent ni eau — sauf la neige fondue au fond de leur gamelle —, ni nourriture — sauf les morceaux de pain jetés par les habitants apitoyés des villes traversées — au camp de Dora, puis à celui de Bergen-Belsen, où les trois femmes arrivent le 30 janvier. Simone est affectée à la cuisine.

Sa mère meurt du typhus en mars. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des troupes britanniques le 15 avril.

Destin des autres membres de la famille Jacob

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André et Jean sont déportés en Lituanie par le convoi n° 73 du 15 mai 1944. Ils meurent en déportation. Simone Veil ne saura jamais ce qu'ils sont vraiment devenus.

Denise, arrêtée à Lyon pour faits de résistance, est déportée à Ravensbrück, d'où elle rentrera.

Simone Veil et la déportation

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Après son retour en France, elle est prête à parler de ce qu'elle a vécu, mais elle a l'impression que presque personne ne veut l’entendre.

Simone Veil évoque la déportation de sa famille dans un documentaire du 2 septembre 1976.

Elle insiste sur la spécificité juive de la Shoah.

Retour en France

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Simone Jacob est de retour en France le 23 mai 1945 à Paris au centre d'accueil de l'hôtel Lutetia et apprend qu'elle a été reçue au baccalauréat, seule de toute l'Académie à l'avoir passé en mars 1944, la veille de son arrestation. Elle s'inscrit, en 1945, à la faculté de droit de Paris et à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle rencontre, pendant un séjour au ski, Antoine Veil (1926-2013), futur inspecteur des finances et chef d'entreprises, qu'elle épouse le 26 octobre 1946. Elle l'accompagne à Wiesbaden puis à Stuttgart, où il est nommé, l'aidant à préparer le concours de l'ENA, lui rédigeant des notes[réf. nécessaire]. Devant l'étonnement de ses proches, elle explique qu'il faut faire la distinction entre les nazis responsables de la Shoah, qui aurait pu arriver « n'importe où », et les Allemands dans leur ensemble. Elle et son mari se posent ainsi en précurseurs de l'amitié franco-allemande. Toutefois, le couple vit dans cette zone d'occupation américaine presque comme les Américains, « en totale autarcie ».

Sa sœur Madeleine meurt avec son fils Luc en 1952, à la suite d'un accident de la route, alors qu'elle rentrait de Stuttgart, où elle était allée rendre visite à Simone. Elle est enterrée au cimetière de La Neuville-d'Aumont, où repose déjà un cousin mort pour la France. Ce nouveau drame est vécu douloureusement, puisque Madeleine était la seule personne avec qui Simone pouvait parler et partager l'expérience de la déportation. Dans sa biographie, Dominique Missika écrit que « la mort à 28 ans dans un banal accident de la route, après avoir surmonté tant d'épreuves, est inconcevable ».

Du mariage de Simone et Antoine naissent trois fils : Jean (né le 26 novembre 1947), avocat d'affaires, Claude-Nicolas, médecin (1948-2002), Pierre-François (né le 16 mars 1954), avocat et président du Comité français pour Yad Vashem,, marié en premières noces à Agnès Buzyn ; puis douze petits-enfants,.

Carrière judiciaire

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Munie de sa licence de droit et de son diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris, elle renonce à la carrière d'avocate (son mari réprouvant cette idée) et passe avec succès, en 1956, le concours de la magistrature. Elle occupe dès lors un poste de haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice, où elle traite d’affaires judiciaires. Pendant la guerre d'Algérie, missionnée par Edmond Michelet, ministre de la Justice, elle réussit à faire transférer en France des prisonnières algériennes exposées aux mauvais traitements et aux viols et des hommes menacés de la peine capitale. Elle fait obtenir la détention au titre de régime politique aux milliers de membres du FLN internés en France. Elle passe en 1964 aux affaires civiles. En 1969, elle entre au cabinet de René Pleven, ministre de la Justice.

Membre du Syndicat de la magistrature, elle devient en 1970 la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Alors que seulement 40 % des Françaises de l'époque travaillent, et encore moins dans les cercles de la bourgeoisie parisienne, la carrière professionnelle de Simone Veil suscite un certain étonnement. Elle reste toutefois très présente auprès de ses enfants adolescents ou jeunes adultes.

Parcours politique

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Dans ses mémoires, Simone Veil mentionne une action politique de sa part dès 1971 au conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) — où elle est la première femme à être nommée. À ce poste, elle surprend en s'opposant notamment à la diffusion du documentaire sur l'Occupation, Le Chagrin et la Pitié, qu'elle juge injuste et partisan.

Évoluant dans un milieu proche du MRP, dont son mari est membre, elle est libérale et ouverte sur les questions de société. Elle s'enthousiasme pour Pierre Mendès France et vote plusieurs fois pour la SFIO. Elle regarde avec bienveillance Mai 68, affirmant : « Contrairement à d'autres, je n'estimais pas que les jeunes se trompaient : nous vivions bel et bien dans une époque figée ». Lors de l'élection présidentielle de 1965, elle vote au premier tour pour Jean Lecanuet et à celle de 1969, pour Georges Pompidou,.

Ministre de la Santé

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À la suite de la mort en cours de mandat du président Georges Pompidou, elle soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle anticipée. Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, elle est nommée ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre. Elle est la deuxième femme à devenir ministre de plein exercice, après Germaine Poinso-Chapuis en 1947.

Elle est chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qui dépénalise l'avortement. Ce combat lui vaut des injures et des menaces de la part de l'extrême droite et d'une partie de la droite parlementaire, comme l'a rappelé Jean d'Ormesson en l'accueillant à l'Académie française. Dans un discours devant les députés, elle soutient que « l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue ». Le texte est finalement adopté à l'Assemblée nationale le 29 novembre 1974. La loi est ensuite adoptée au Sénat deux semaines plus tard. Elle entre en vigueur le 17 janvier 1975.

Elle s'oppose aussi à la banalisation de l’avortement dont elle considère qu'il « restera toujours un drame » et précise au sujet de sa loi que « si elle n'interdit plus, elle ne crée aucun droit à l'avortement ».

Simone Veil revoit également la « carte hospitalière » en fermant notamment des établissements à faible activité, rééquilibre les comptes de l'Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d'enfants en bas âge. Elle est aussi à l'origine d'une loi d'orientation en faveur des handicapés.

En 1976, elle-même fumeuse, elle fait adopter la loi française de lutte contre le tabagisme : restrictions à la publicité, premières interdictions de fumer dans certains lieux (locaux qui reçoivent des mineurs, hôpitaux ou locaux où l'on manipule l'alimentation) et avertissements sanitaires sur les paquets,.

Comme ministre, elle reste connue pour son fort caractère et son exigence à l'égard de ses collaborateurs.

Elle met en échec, avec d'autres membres du gouvernement, le projet de retour forcé de 100 000 Algériens par an prôné par Valéry Giscard d'Estaing, dont la politique d'aides financières au retour a échoué.

En 1977, elle envisage un temps de se présenter à la mairie de Paris. L'année suivante, en 1978, elle fait partie des candidats éventuels pour la fonction de Premier ministre.

Elle fait voter en juin 1979 une loi attribuant à l'État le soin de fixer le numerus clausus des étudiants en médecine en fonction des « besoins de santé » de la population alors que celui-ci était, depuis son instauration en 1971, calculé par les CHU en fonction de la capacité des services hospitaliers à accueillir les étudiants pour leur formation clinique.

Au Parlement européen et pour la construction de l'Union européenne

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À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing, elle conduit la liste Union pour la démocratie française (UDF) aux élections européennes de 1979, les premières au suffrage universel. Sa campagne est perturbée par des militants du Front national, face auxquels sa réponse est restée célèbre : « vous ne me faites pas peur, pas peur du tout. J'ai survécu à pire que vous ! Vous n'êtes que des SS aux petits pieds ! ». À la suite de la victoire relative de l'UDF (27,61 % des suffrages et 25 élus), elle quitte le gouvernement.

Le 17 juillet 1979, alors que les députés RPR français ont soutenu une autre candidature que la sienne aux deux premiers tours de scrutin, elle est élue présidente du Parlement européen au troisième tour, avec 192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio Amendola. Au début de l'année 1982, elle est sollicitée pour briguer un second mandat, mais ne bénéficiant pas du soutien des députés RPR, elle retire sa candidature avant le troisième tour de scrutin afin de ne pas faciliter l'élection du candidat socialiste, qui l'emportera néanmoins grâce aux divisions de la droite française. À l'époque, le Parlement européen a peu de pouvoirs, mais Simone Veil lui donne notamment plus de visibilité dans le domaine des droits de l'homme. Elle soutient la proposition d'Yvette Roudy de créer une Commission des droits des femmes. En 1981, elle reçoit le prix International Charlemagne.

Après avoir quitté la présidence du Parlement européen, elle poursuit son engagement actif dans la vie politique européenne, à la tête du service juridique du Parlement puis, en 1984, avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique, dénommée Union pour la France en Europe (UFE), aux élections européennes de 1984. La liste qu'elle conduit obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de députés européens le 17 juin. Elle préside alors le groupe libéral au Parlement européen pendant toute la législature. Lors des élections européennes de 1989, elle présente une liste centriste dissidente à la liste d'union RPR et UDF, qui recueille 8,43 % des voix et sept députés européens. Valéry Giscard d'Estaing lui succède alors à la présidence du groupe libéral.

Invitée à l'émission L'Heure de vérité, elle déclare qu'elle est « à gauche pour certaines questions, à droite pour d'autres ». Elle participe à la campagne de Raymond Barre pendant l'élection présidentielle de 1988. Après la réélection de François Mitterrand, elle déclare qu'« il n'y a pas d'obstacle de principe à gouverner avec les socialistes », rencontre Michel Rocard, qui souhaite l’intégrer dans son gouvernement, mais le président fait échouer cette possibilité.

En 1983, elle crée, avec son mari, le club Vauban, un cercle de réflexion qui vise à dépasser les clivages politiques, les réunions de ce club ayant lieu dans leur appartement de la place Vauban.

En 1996, elle est nommée membre de la Commission internationale pour les Balkans, sous l’autorité de Leo Tindemans.

Elle a conduit également le Groupe de haut niveau sur la libre circulation des personnes. Parallèlement, Simone Veil soutient de nombreuses associations à vocation européenne, comme le Fonds européen pour la liberté d’expression, ELSA France ou encore la Fondation européenne de la science, dont elle est présidente d’honneur.

Dans l'opposition

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Lors des élections législatives de 1988, alors que certaines personnalités de l'UDF, notamment Jean-Claude Gaudin à Marseille, passent des accords de désistements locaux avec le FN et que Charles Pasqua (RPR) évoque des « préoccupations » et des « valeurs » semblables, Simone Veil déclare qu'« entre un Front national et un socialiste, [elle votera] pour un socialiste ».

Début 1990, elle qualifie d’« inadmissible » la création de fichiers informatisés des Renseignements généraux, décidée par le gouvernement Michel Rocard. Le projet est retiré en mars 1990 et promulgué, sous une forme nouvelle, par le gouvernement Cresson l'année suivante.

Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

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En mars 1993, Simone Veil est nommée ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur. À ce poste, elle met notamment en place le praticien adjoint contractuel (PAC). Soutien d'Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, elle quitte le gouvernement à la suite de la victoire de Jacques Chirac. Elle adhère ensuite à l'UDF, qu'elle quitte deux ans plus tard, en 1997.

En 1996, alors que le nombre de femmes dans les assemblées plafonne à 6 %, elle signe une pétition dans L'Express, initiée par Yvette Roudy et intitulée « Manifeste pour la parité », réunissant cinq femmes politiques de gauche et cinq de droite. La loi Jospin de 2000 sur la parité reprend l'essentiel des propositions avancées.

Membre du Conseil constitutionnel

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Nommée membre du Conseil constitutionnel par le président du Sénat, René Monory, en mars 1998, elle fait partie de la haute juridiction jusqu'en mars 2007. Elle sort de son devoir de réserve en 2005, pour appeler à voter « oui » au référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe.

Retrait progressif de la vie publique

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Le 8 mars 2007, tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. À l’annonce de la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par le candidat de l’UMP en cas de victoire, elle affirme qu’elle aurait préféré un ministère « de l’Immigration et de l'Intégration » ; son soutien à Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas remis en cause : « Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression, mais les gens ont tort de douter de son humanité. C’est un ami fidèle. Pour moi, c’est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu’un qui ait ces qualités-là. Ce n’est pas toujours le cas ». Elle adresse par ailleurs de nombreuses critiques au candidat UDF, François Bayrou, l’accusant de ne représenter « que lui-même ».

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, annonce le 11 janvier 2008 qu’il l’a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le préambule de la Constitution », nommant la « diversité » qui « ne peut pas se faire sur une base ethnique  ». Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d’un rapport avant le 30 juin, suscite l’opposition d’Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de « saper le principe d’égalité de tous devant la loi ».

Un sondage réalisé par l'Ifop en 2010 la présente comme la « femme préférée des Français », avec une note de 14,5⁄20.

Elle est présente aux côtés de Jean-Louis Borloo lors du congrès fondateur de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), en octobre 2012. La première carte d'adhérent présentée par l'UDI est à son nom.

Le 13 janvier 2013, une photo relayée par BFM TV montre Simone Veil présente à un rassemblement de La Manif pour tous contre le mariage homosexuel et l'homoparentalité, drapeau à la main. Son entourage confirme qu'elle est descendue en compagnie de son mari saluer les manifestants et explique que, si ce geste « ne vaut pas adhésion » aux slogans exprimés pendant la manifestation, il « exprime les réserves de Simone Veil à l'égard de l'ouverture du droit à l'adoption des couples homosexuels ». Lors de son décès, la journaliste Anne Chemin argue que « nul ne sait s’il s’agit d’un engagement lucide et déterminé contre le mariage des couples homosexuels, car elle n’a jamais pris position publiquement sur cette question, à travers des textes ou des discours ». De son côté, la journaliste Nadia Daam affirme alors, de manière plus catégorique, que Simone Veil était « physiquement et mentalement diminuée » et « que son état de santé ne lui permettait pas d'être maîtresse de ses décisions ».

Présidente de la fondation pour la mémoire de la Shoah

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De 2001 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d'honneur. Elle s'oppose, le 15 février 2008, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la Shoah à chaque élève de CM2 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste ».

De 2002 à 2007, l'historien Ivan Jablonka a été sa plume pour ses discours, préfaces et autres prises de parole,.

Exemple de résilience, elle accepte le 22 décembre 2004, sur la proposition d'Alain Genestar, directeur de Paris Match, de retourner à Auschwitz avec cinq de ses petits-enfants.