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Infobox
L'Autobiographie de Malcolm X | |
Auteur | Malcolm X et Alex Haley |
---|---|
Pays | Etats-Unis d'Amérique |
Genre | Autobiographie |
Éditeur | Grove Press |
Date de parution | 29 octobre 1965 |
ISBN | 978-0-394-17122-7 |
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L'Autobiographie de Malcolm X (The Autobiography of Malcolm X), publié en 1965, est l'ouvrage d'une collaboration entre le militant des droits de l'homme Malcolm X et le journaliste Alex Haley, co-auteur. Haley rédigea l’autobiographie en se basant sur une série d'interviews qu'il effectua entre 1963 et 1965, l'année où Malcolm X a été assassiné. L'Autobiographie est un récit sur la conversion spirituelle que décrit la philosophie de Malcolm X, celle de la fierté d'être noir, le nationalisme noir et le Panafricanisme. Après la mort du leader, Haley écrivit l'épilogue du livre. Il décrit leur mode de collaboration et les derniers jours de Malcolm X.
Alors que Malcolm X et les chercheurs contemporains de la publication du livre considéraient Haley comme l'écrivain fantôme de l'ouvrage, les spécialistes d'aujourd'hui ont tendance à le considérer comme un collaborateur essentiel. Selon eux, Hayley s'est intentionnellement supprimé du récit pour donner l'effet que Malcolm X s'adressait directement aux lecteurs. Pourtant, Haley a bien influencé certains des choix littéraires de Malcolm X. Par exemple, Malcolm X a quitté la Nation de l'Islam pendant la période où il travaillait sur le livre avec Haley. Plutôt que de réécrire les chapitres précédents comme une polémique contre la Nation que Malcolm X avait rejetée, Haley l'a persuadé de privilégier un style d'écriture oscillant entre "suspense et drame". Selon Manning Marable, "Haley était particulièrement inquiet de ce qu'il considérait comme l'antisémitisme de Malcolm X", il a donc réécrit certains passages pour le supprimer[1].
Lorsque l'Autobiographie a été publiée, le journal du New York Times l'a décrite comme un "livre brillant, douloureux et important"[2]. En 1967, l'historien John William Ward a écrit que l'autobiographie deviendrait un classique américain. En 1998, le magazine Time a désigné The Autobiography of Malcolm X comme l'un des dix livres de littérature non-fictionnelle "à lire absolument". James Baldwin et Arnold Perl ont adapté le livre en film, leur scénario a notamment servit de base pour le film Malcolm X de Spike Lee en 1992.
Résumé
modifierPubliée à titre posthume, l'Autobiographie de Malcolm X est un récit de la vie de Malcolm X. Né sous le nom de Malcolm Little (1925-1965), il est devenu un militant des droits de l'homme. En commençant par la grossesse de sa mère, le livre décrit l'enfance de Malcolm dans le Michigan, la mort de son père dans des circonstances douteuses, et la détérioration de la santé mentale de sa mère entraînant son internement dans un hôpital psychiatrique[3]. Le livre raconte la vie adulte de Little à Boston et à New York, ainsi que son implication dans le crime organisé. Ses actes l'ont mené à une condamnation de six ans et demi (1946-1952)[4]. Le livre aborde également la création de son ministère avec Elijah Muhammad et la Nation de l'Islam (1952-1963), ainsi que son émergence en tant que porte-parole national de l'organisation. Il documente ensuite sa désillusion et son départ de la Nation de l'Islam en mars 1964, son pèlerinage à La Mecque, déclenchant sa conversion à l'Islam sunnite orthodoxe, et ses voyages en Afrique[5]. Malcolm X a été assassiné dans la salle de bal Audubon de New York en février 1965, avant que le livre ne soit terminé. Son co-auteur, le journaliste Alex Haley, résume les derniers jours de la vie de Malcolm X, et décrit en détail dans l’épilogue, leur relation de travail, y compris les opinions personnelles de Haley sur son sujet[6].
Genre
modifierL'Autobiographie est un récit de conversion spirituelle qui expose la philosophie de Malcolm X sur la fierté d’être noire, le nationalisme noir et le Panafricanisme[7]. Le critique littéraire Arnold Rampersad et le biographe de Malcolm X, Michael Eric Dyson, s'accordent à dire que le récit de l'Autobiographie ressemble à l'approche augustinienne du récit confessionnel. Les Confessions d'Augustin et l'Autobiographie de Malcolm X racontent toutes deux les premières vies hédonistes de leurs auteurs, documentent leurs changements philosophiques profonds pour des raisons spirituelles et décrivent la désillusion ultérieure avec les groupes religieux qu’ils avaient autrefois vénérés[8]. Par ailleurs, Albert E. Stone comparent le récit au mythe d'Icare[9]. L'auteur Paul John Eakin et l'écrivain Alex Gillespie suggèrent qu'une partie du pouvoir rhétorique de l'Autobiographie provient de "la vision d'un homme dont la carrière se déployait si rapidement qu'elle avait dépassé les possibilités de l'autobiographie traditionnelle que l’auteur avait l'intention d'écrire"[10], détruisant ainsi "l'illusion de la personnalité finie et unifiée"[11].
En plus d'adopter les codes du récit de conversion spirituelle, l'Autobiographie de Malcolm X reflète également des éléments génériques d'autres formes littéraires distinctement américaines : du récit de conversion puritain de Jonathan Edwards aux auto-analyses séculaires de Benjamin Franklin, en passant par des récits d'esclaves afro-américains[12]. Cette décision esthétique de Malcolm X et Haley a également de profondes implications sur le contenu thématique de l'oeuvre, car le mouvement progressif entre les formes qui est mis en évidence dans le texte reflète l'évolution personnelle de son sujet. C'est pourquoi les éditeurs de la Norton Anthology of African American Literature affirment que "l'Autobiographie de Malcolm s'efforce d'interroger les modèles mêmes par lesquels son personnage parvient à se comprendre progressivement... la logique interne de son histoire définit sa vie comme une quête d'un mode de vie authentique, une quête qui exige une ouverture constante à de nouvelles idées nécessitant de nouveaux types d'expression"[13].
Construction
modifierHaley a coécrit l'Autobiographie de Malcolm X, et a également rempli les fonctions de base d'un écrivain fantôme et d'un copiste[14], en écrivant, compilant et éditant[15] l'Autobiographie basée sur plus de 50 entretiens approfondis qu'il a menés avec Malcolm X entre 1963 jusqu'à son assassinat en 1965[16]. Les deux se sont rencontrés pour la première fois en 1959, lorsque Haley écrivait un article sur la Nation de l'Islam pour le Reader's Digest. La deuxième rencontre fut lorsque Haley interviewa Malcolm X pour Playboy en 1962[17].
En 1963, la maison d'édition Doubleday a demandé à Haley d'écrire un livre sur la vie de Malcolm X. L'écrivain et critique littéraire américain Harold Bloom écrit : "Quand Haley a approché Malcolm avec cette idée, Malcolm l'a regardé d'un air surpris..."[18]. Haley se souvient : "C'était l'une des rares fois où je l'ai vu incertain"[18]. Toutefois, après avoir obtenu la permission d'Elijah Muhammad, Haley et Malcolm X ont commencé à travailler sur l'Autobiographie, débutant par des sessions d'interviews de deux ou trois heures dans le studio de Haley à Greenwich Village[18]. Bloom écrit notamment : "Malcolm a critiqué le statut de classe moyenne de Haley, ainsi que ses croyances chrétiennes et ses vingt années de service dans l'armée américaine"[18].
Haley se sentait quand à lui frustré par l'habitude de Malcolm X à ne parler que d'Elijah Muhammad et de la nation de l'Islam. Haley lui rappela alors que le livre était censé porter sur Malcolm X, et non sur Muhammad ou la Nation de l'Islam, un commentaire qui mit Malcolm X en colère. Haley finit par orienter les entretiens vers la vie de Malcolm X en l'interrogeant sur sa mère :[19]
J'ai dit : "M. Malcolm, pourriez-vous me parler de votre mère ? Et je n'oublierai jamais, jamais, comment il s'est arrêté presque comme s'il était suspendu comme une marionnette. Et il a dit : "Je me souviens du genre de robes qu'elle portait. Elles étaient vieilles, délavées et grises. Et puis il a recommencé à marcher. Et il a dit : "Je me souviens qu'elle était toujours penchée sur la cuisinière, essayant d'économiser le peu que nous avions. Et ce fut le début, cette nuit-là, de sa marche. Et il a marché sur ce sol jusqu'à l'aube[20].
Bien que Haley soit apparemment un auteur fantôme de l'Autobiographie, les chercheurs modernes ont tendance à le traiter comme un collaborateur essentiel et central qui a agi comme une figure invisible dans la composition de l'œuvre[21]. Il a minimisé sa propre voix et a signé un contrat pour limiter sa retenue d'auteur en faveur de la production de ce qui ressemblait à une copie textuelle[22]. Cependant, Manning Marable, le biographe de Malcolm X, considère cette vision de Haley comme un simple fantôme, comme une construction narrative délibérée des spécialistes de couleur noir de l'époque qui voulaient voir le livre comme une création singulière d'un leader dynamique et d'un martyr[23]. Marable soutient qu'une analyse critique de l'Autobiographie, ou de la relation entre Malcolm X et Haley, ne confirme pas cette vision, il la décrit plutôt comme une collaboration[24].
La contribution de Haley à cet ouvrage est remarquable, et plusieurs chercheurs discutent de la manière dont il devrait être caractérisé[25]. Dans une opinion partagée par Eakin, Stone et Dyson, l'écrivain psychobiographique Eugene Victor Wolfenstein écrit que Haley a exercé les fonctions d'un psychiatre freudien quasi-psychanalytique et d'un confesseur spirituel[26][27]. Gillespie suggère, et Wolfenstein est d'accord, que l'acte d'auto-narration était lui-même un processus de transformation qui a suscité une introspection importante et un changement personnel dans la vie de son sujet[28].
Haley a guidé Malcolm X dans ses choix stylistiques et rhétoriques critiques[29][30][30] et a compilé l'ouvrage[31]. Dans l'épilogue de l'Autobiographie, Haley décrit un accord qu'il a passé avec Malcolm X, qui l'a exigé : "Rien de ce que je n'ai pas dit ne peut être dans le manuscrit de ce livre et rien de ce que je veux y mettre ne peut être laissé de côté"[32]. En tant que tel, Haley a rédigé un addendum au contrat faisant spécifiquement référence au livre comme un compte-rendu "comme on me l'a dit"[32] : "J'ai demandé - et il a donné - sa permission pour qu'à la fin du livre, je puisse écrire mes propres commentaires sur lui qui ne seraient pas soumis à sa critique"[32]. Ces commentaires sont devenus l'épilogue de l'Autobiographie, que Haley a écrite après la mort de Malcolm X[33].
Présentation narrative
modifierDans "Malcolm X : The Art of Autobiography", l'écrivain et professeur John Edgar Wideman examine en détail les paysages narratifs que l'on trouve dans la biographie. Wideman suggère qu'en tant qu'écrivain, Haley tentait de satisfaire de "multiples allégeances" : à son sujet, à son éditeur, à son "programme d'éditeur" et à lui-même[34]. Haley a contribué de manière importante à l'attirance populaire de l'Autobiographie, écrit Wideman[35]. Wideman expose le "compromis inévitable" des biographes[34] et fait valoir que pour permettre aux lecteurs de s'insérer dans le récit socio-psychologique, aucun des voix des coauteurs n'est aussi forte qu'elle aurait du l'être[36]. Wideman détaille certains des pièges spécifiques que Haley a rencontrés en co-écrivant l'Autobiographie :
Vous êtes au service de nombreux maîtres, et vous êtes inévitablement compromis. L'homme parle et vous écoutez mais vous ne prenez pas de notes, premier compromis et peut-être trahison. Vous pouvez tenter, à travers diverses conventions et dispositifs stylistiques, de reconstituer pour le lecteur votre expérience d'écoute face aux paroles de l'homme. Le son de la narration de l'homme peut être représenté par du vocabulaire, de la syntaxe, des images, des dispositifs graphiques de différentes sortes - guillemets, ponctuation, sauts de ligne, motifs visuels d'espace blanc et d'espace noir, marqueurs qui codent des analogies d'impression avec la parole - interjections spécialisées, parenthèses, ellipses, astérisques, notes de bas de page, italiques, tirets ...[34]
Dans le corps de l'Autobiographie, écrit Wideman, l'esprit d'auteur de Haley est apparemment absente[33]. Wideman soutient que Haley a écrit le corps de l'Autobiographie d'une manière choisie par Malcolm X et l'épilogue comme une extension de la biographie elle-même, son sujet lui ayant donné carte blanche pour le chapitre. La voix de Haley dans le corps du livre est une tactique, écrit Wideman, produisant un texte nominalement écrit par Malcolm X mais apparemment écrit par aucun auteur[34]. La subsumption de la voix de Haley dans le récit permet au lecteur de sentir que la voix de Malcolm X parle directement et continuellement, une tactique stylistique qui, selon Wideman, est une question de choix d'auteur de Haley : "Haley accorde à Malcolm l'autorité tyrannique d'un auteur, un orateur désincarné dont la présence implicite se fond dans l'imagination du lecteur du récit raconté"[37]. Dans "Two Create One : The Act of Collaboration in Recent Black Autobiography : Ossie Guffy, Nate Shaw et Malcolm X", Stone soutient que Haley a joué un "rôle essentiel" dans la "récupération de l'identité historique" de Malcolm X[38]. Stone rappelle également au lecteur que la collaboration est un effort de coopération, qui exige plus que ce que la prose de Haley seule peut fournir, aussi "convaincante et cohérente" soit-elle :[39]
Bien que les compétences et l'imagination d'un écrivain aient combiné les mots et la voix en un récit plus ou moins convaincant et cohérent, l'écrivain actuel [Haley] n'a pas beaucoup de souvenirs dans lesquels puiser : la mémoire et l'imagination du sujet [Malcolm X] sont les sources originales de l'histoire arrangée et ont également joué un rôle critique dans la mise en forme finale du texte. Ainsi, l'origine du contenu et ce qui lui a été fait sont séparables et d'égales importance dans les collaborations[40].
Selon Stone, soutenu par Wideman, la source du contenu autobiographique et les efforts déployés pour le façonner en un récit exploitable sont distincts et d'égales valeur dans une évaluation critique de la collaboration qui a produit l'Autobiographie[41]. Bien que les compétences de Haley en tant qu'écrivain aient une influence significative sur la forme du récit, écrit Stone, elles nécessitent un "sujet doté d'une mémoire et d'une imagination puissantes" pour produire un récit exploitable[39].
Collaboration entre Malcolm X et Haley
modifierLa collaboration entre Malcolm X et Haley a pris de nombreuses dimensions ; l'édition, la révision et la composition de l'Autobiographie ont été une lutte de pouvoir entre deux hommes aux idées parfois divergentes sur la forme finale du livre. Haley "s'est efforcée de montrer comment Malcolm dominait leur relation et essayait de contrôler la composition du livre", écrit Rampersad[42]. Rampersad écrit également que Haley était conscient que la mémoire est sélective et que les autobiographies sont "presque par définition des projets de fiction", et qu'il lui incombait, en tant que biographe, de sélectionner le matériel en fonction de sa discrétion d'auteur[42]. La forme narrative élaborée par Haley et Malcolm X est le résultat d'un récit de vie "déformé et diminué" par le "processus de sélection", suggère Rampersad, mais la forme du récit peut en réalité être plus révélatrice que le récit lui-même[43]. Dans l'épilogue, Haley décrit le processus utilisé pour éditer le manuscrit, en donnant des exemples spécifiques de la façon dont Malcolm X contrôlait la langue[44].
Si Haley s'en est finalement remis au choix précis des mots de Malcolm X lors de la composition du manuscrit[44], Wideman écrit que "la nature de l'écriture d'une biographie ou d'une autobiographie ... signifie que la promesse de Haley à Malcolm, son intention d'être un "chroniqueur impartial", est une question de déguisement, et non de suppression, de sa présence d'auteur."[34]. Haley a joué un rôle important pour persuader Malcolm X de ne pas rééditer le livre en tant que polémique contre Elijah Muhammad et la Nation de l'Islam à un moment où Haley disposait déjà de la plupart des éléments nécessaires pour achever le livre. Il a également affirmé son autorité d'auteur lorsque la "construction fracturée"[45] de l'Autobiographie, causée par la rupture de Malcolm X avec Elijah Muhammad et la Nation de l'Islam, a "renversé la conception"[46] du manuscrit et a créé une crise narrative. Dans l'épilogue de l'Autobiographie, Haley décrit l'incident[47] :
J'ai envoyé à Malcolm X quelques chapitres sommaires à lire. J'ai été consterné lorsqu'ils ont été rapidement renvoyés, surligné à l'encre rouge dans de nombreux endroits où il avait raconté sa relation quasi-père-fils avec Elijah Muhammad. En téléphonant à Malcolm X, je lui ai rappelé ses décisions précédentes, et j'ai souligné que si ces chapitres contenaient un tel télégramme aux lecteurs de ce qui allait suivre, alors le livre serait automatiquement privé d'une partie de son suspense et de sa dimension dramatique. Malcolm X m'a dit, sans ménagement, "à qui appartient ce livre ?", je lui ai répondu "à vous, bien sûr" et que je n'avais fait cette objection que dans le cadre de ma position d'écrivain. Mais tard ce soir-là, Malcolm X a téléphoné. "Je suis désolé. Vous avez raison. J'étais contrarié par quelque chose. Oubliez ce que je voulais changer, laissez ce que vous aviez déjà en place." Je ne lui ai plus jamais donné de chapitres à revoir, sauf si j'étais avec lui. Plusieurs fois, je l'ai regardé en cachette froncer les sourcils et grimacer pendant qu'il lisait, mais il n'a plus jamais demandé de changements dans ce qu'il avait dit à l'origine[44].
L'avertissement de Haley d'éviter de "télégraphier aux lecteurs" et son conseil de "construire le suspense et le drame" démontrent ses efforts pour influencer le contenu du récit et affirmer son rôle d'auteur[44]. Dans le passage ci-dessus, Haley affirme sa présence d'auteur, rappelant à son sujet qu'en tant qu'écrivain, il a des préoccupations concernant la direction et l'orientation du récit, mais se présentant de manière à ne laisser aucun doute sur le fait qu'il a différé l'approbation finale de son sujet[48]. Selon Eakin, "parce que cette vision complexe de son existence n'est manifestement pas celle des premières sections de l'Autobiographie, Alex Haley et Malcolm X ont été contraints de faire face aux conséquences de cette discontinuité de perspective pour le récit, déjà vieux d'un an"[49]; Malcolm X, après avoir réfléchi à la question, a plus tard accepté la suggestion de Haley[50].
Si Marable affirme que Malcolm X était son meilleur révisionniste, il souligne également que le rôle de collaboration de Haley dans la création de l'Autobiographie a été remarquable. Haley a influencé l'orientation et le ton du récit tout en restant fidèle à la syntaxe et à la diction de son sujet. Marable écrit que Haley a travaillé "des centaines de phrases en paragraphes", et les a organisées en "sujets"[24], écrit l'auteur William L. Andrews :
Le récit a évolué à partir des entretiens de Haley avec Malcolm, mais ce dernier avait lu le manuscrit écrit par Haley, et avait pris des notes intercalées et souvent stipulé des changements de fond, du moins dans les premières parties du texte. Cependant, selon Haley, à mesure que le travail avançait, Malcolm se soumettait de plus en plus à l'autorité de son écrivain fantôme, en partie parce que Haley ne laissait jamais Malcolm lire le manuscrit sans qu'il soit présent pour le défendre, en partie parce que dans ses derniers mois, Malcolm avait de moins en moins l'occasion de réfléchir sur le texte de sa vie parce qu'il était si occupé à le vivre, et en partie parce que Malcolm s'était finalement résigné à laisser les idées de Haley sur la narration efficace prendre le pas sur son propre désir de dénoncer d'emblée ceux qu'il avait autrefois vénérés[51].
Andrews suggère que le rôle de Haley s'est élargi parce que "Malcolm s'était finalement résigné" à laisser "les idées de Haley sur la narration efficace" façonner le récit[51].
Marable a étudié les "matières premières" du manuscrit de l'Autobiographie archivé par la biographe de Haley, Anne Romaine, et a décrit un élément essentiel de la collaboration, la tactique d'écriture de Haley pour capturer la voix de son sujet avec précision : un système disjoint d'exploration de données qui comprenait des notes sur du papier brouillon, des entretiens approfondis et de longues discussions "en style libre". Marable écrit : "Malcolm avait également l'habitude de se gribouiller des notes à lui-même lorsqu'il parlait". Haley "empochait secrètement ces notes sommaires" et les réassemblait dans une tentative sub rosa d'intégrer les "réflexions subconscientes" de Malcolm X dans le "récit exploitable"[24]. C'est un exemple de l'affirmation de Haley sur son autorité d'auteur pendant la rédaction de l'Autobiographie, indiquant que leur relation était marquée par des luttes de pouvoir mineures. Wideman et Rampersad sont d'accord avec la description que fait Marable du processus d'écriture de Haley[31].
Le moment choisi pour cette collaboration a permis à Haley d'occuper une position avantageuse pour documenter les multiples expériences de conversion de Malcolm X et son défi était de les transformer, même si elles étaient incongrues, en un récit cohérent et exploitable. Dyson suggère que "de profonds changements personnels, intellectuels et idéologiques ... l'ont conduit à ordonner les événements de sa vie pour soutenir une mythologie de la métamorphose et de la transformation"[53]. Marable aborde les facteurs de confusion de l'éditeur et de l'influence de Haley en tant qu'auteur, des passages qui soutiennent l'argument selon lequel, bien que Malcolm X ait pu considérer Haley comme un fantôme, il a agi en réalité comme coauteur, parfois à l'insu de Malcolm X ou sans son consentement explicite[54].
Bien que Malcolm X ait conservé l'approbation finale de leur texte hybride, il n'a pas eu connaissance des processus éditoriaux réels superposés du côté de Haley. La Bibliothèque du Congrès détenait les réponses. Cette collection comprend les documents du rédacteur en chef de Doubleday de l'époque, Kenneth McCormick, qui avait travaillé en étroite collaboration avec Haley pendant plusieurs années à la construction de l'Autobiographie. Comme dans les papiers de Romaine, j'ai trouvé d'autres preuves du commentaire privé que Haley faisait parfois toutes les semaines avec McCormick sur le processus laborieux de composition du livre. Ils ont également révélé comment plusieurs avocats engagés par Doubleday ont surveillé de près et examiné des sections entières du texte controversé en 1964, exigeant de nombreux changements de noms, le remaniement et la suppression de blocs de paragraphes, etc. À la fin de 1963, Haley était particulièrement inquiet de ce qu'il considérait comme l'antisémitisme de Malcolm X. Il réécrivit donc quelques passages pour éliminer un certain nombre de déclarations négatives sur les Juifs, à l'insu et sans le consentement de son coauteur. Ainsi, la censure de Malcolm X avait commencé bien avant son assassinat[54].
Selon Marable, le texte qui en a résulté était stylistiquement et idéologiquement distinct de ce que Malcolm X aurait écrit sans l'influence de Haley, et il diffère également de ce qui a pu être dit dans les entretiens entre Haley et Malcolm X[54].
Création d'un mythe
modifierDans Making Malcolm : The Myth and Meaning of Malcolm X, Dyson critique les historiens et les biographes de l'époque pour avoir réorienté l'Autobiographie comme un récit transcendant par un Malcolm X "mythologique" sans être assez critique des idées sous-jacentes[55]. De plus, comme une grande partie des études biographiques disponibles sur Malcolm X ont été écrites par des auteurs blancs, Dyson suggère que leur capacité à "interpréter l'expérience des Noirs" est suspecte[56]. L'Autobiographie de Malcolm X, dit Dyson, reflète à la fois l'objectif de Malcolm X de raconter sa vie pour le public et pour les idéologies politiques de Haley[57]. Dyson écrit : "L'Autobiographie de Malcolm X ... a été critiquée pour avoir évité ou déformé certains faits. En effet, l'autobiographie est autant un témoignage de l'ingéniosité de Haley à façonner le manuscrit plutôt qu'un compte-rendu de la tentative de Malcolm de raconter son histoire"[53].
Rampersad suggère que Hayley prend les autobiographies presque comme de la fiction. Dans "The Color of His Eyes: Bruce Perry's Malcolm and Malcolm's Malcolm", Rampersad critique la biographie de Perry, Malcolm: The Life of a Man Who Changed Black America, et fait remarquer que l'écriture de l'autobiographie fait partie du récit de la couleur noir au 20ème siècle et ne devrait donc pas "être tenue à l'écart de toute enquête"[58]. Pour Rampersad, l'Autobiographie traite de psychologie, d'idéologie, d'un récit de conversion et du processus de création de mythes[59] : "Malcolm y a inscrit les termes de sa compréhension de la forme, même si cette forme instable, voire perfide, a caché et déformé des aspects particuliers de sa quête. Mais il n'y a pas de Malcolm qui ne soit insensible au doute ou à la fiction. Le Malcolm de Malcolm est en soi une fabrication ; la "vérité" à son sujet est impossible à connaître"[60].
Rampersad suggère que depuis son assassinat en 1965, Malcolm X est "devenu le désir de ses admirateurs, qui ont remodelé la mémoire, le dossier historique et l'autobiographie selon leurs souhaits, c'est-à-dire selon leurs besoins tels qu'ils les perçoivent"[61]. De plus, selon Rampersad, de nombreux admirateurs de Malcolm X aperçoivent des personnages "accomplis et admirables" comme Martin Luther King, Jr, et W. E. B. Du Bois, incapables de représenter pleinement l'humanité noire qui lutte contre l'oppression, "alors que Malcolm est considéré comme l'apothéose de la grandeur individuelle noire ... il est un héros parfait - sa sagesse est surpassée, son courage définitif, son sacrifice messianique"[43]. Rampersad suggère que les dévots ont contribué à façonner le mythe de Malcolm X.
L'auteur Joe Wood écrit :
L'autobiographie illustre Malcolm deux fois, pas une seule. Son deuxième Malcolm - le El-Hajj Malik El-Shabazz final - est un masque sans idéologie distincte, il n'est pas particulièrement islamique, pas particulièrement nationaliste, pas particulièrement humaniste. Comme toute icône ou histoire bien conçue, le masque est une preuve de l'humanité de son sujet, de la force de l'esprit humain de Malcolm. Mais les deux masques cachent autant de caractère qu'ils en montrent. Le premier masque a servi un nationalisme que Malcolm avait rejeté avant que le livre ne soit terminé ; le second est pour la plupart vide et disponible[62].
Pour Eakin, une partie importante de l'Autobiographie implique Haley et Malcolm X dans la formation de la fiction du moi achevé[63]. Stone écrit que la description de Haley de la composition de l'Autobiographie montre clairement que cette fiction est "particulièrement trompeuse dans le cas de Malcolm X" ; Haley et l'Autobiographie elle-même sont "décalés" par rapport à la "vie et à l'identité" de son sujet[46]. Dyson écrit : "Louis Lomax dit que Malcolm est devenu un "intégrationniste mitigé". [Peter] Goldman suggère que Malcolm "improvisait", qu'il adoptait et écartait des options idéologiques au fur et à mesure qu'il avançait. Albert Cleage et Oba T'Shaka soutiennent qu'il est resté un nationaliste noir révolutionnaire[64]. Marable écrit que Malcolm X était un "internationaliste engagé" et un "nationaliste noir" à la fin de sa vie, et non un "intégrationniste", notant que "ce que je trouve dans mes propres recherches est une plus grande continuité que discontinuité"[65]. Marable, dans "Rediscovering Malcolm's Life: A Historian's Adventures in Living History", analyse de manière critique la collaboration qui a produit l'Autobiographie. Marable soutient que les "mémoires" autobiographiques sont "intrinsèquement biaisées", représentant le sujet tel qu'il apparaîtrait avec certains faits privilégiés, d'autres délibérément omis. Les récits autobiographiques s'autocensurent, réordonnent la chronologie des événements et modifient les noms. Selon Marable, "presque tous ceux qui écrivent sur Malcolm X" n'ont pas fait une analyse critique et objective et n'ont pas fait de recherches appropriées sur le sujet[66]. Marable suggère que la plupart des historiens ont supposé que l'Autobiographie est une vérité véritable, dépourvue de toute influence idéologique ou d'embellissement stylistique de la part de Malcolm X ou de Haley. De plus, Marable pense que le "révisionniste le plus talentueux de Malcolm X, était Malcolm X"[67], qui a activement façonné et réinventé son image publique et son verbiage afin d'accroître la faveur de divers groupes de personnes dans diverses situations[68].
Ma vie, en particulier, n'est jamais restée très longtemps figée en une seule position. Vous avez vu comment, tout au long de ma vie, j'ai souvent connu des changements drastiques et inattendus. Malcolm X, extrait de l'Autobiographie de Malcolm X[69]
Haley écrit que durant les derniers mois de la vie de Malcolm X, "l'incertitude et la confusion" concernant ses opinions étaient très répandues à Harlem, sa base d'opérations[46]. Dans une interview accordée quatre jours avant sa mort, Malcolm X a déclaré : "Je suis assez homme pour vous dire que je ne peux pas mettre le doigt sur ma philosophie actuelle, mais je suis flexible[46]." Malcolm X n'avait pas encore formulé une idéologie noire cohérente au moment de son assassinat[70] et, écrit Dyson, il était " en train de vivre un changement radical " dans ses " conceptions personnelles et politiques "[71].
Héritage et influence
modifierEliot Fremont-Smith, qui a passé en revue The Autobiography of Malcolm X pour le New York Times en 1965, l'a qualifié d'"extraordinaire" et a déclaré que c'était un "livre brillant, douloureux et important"[72]. Deux ans plus tard, l'historien John William Ward a écrit que le livre "deviendra certainement l'un des classiques de l'autobiographie américaine"[73]. Bayard Rustin a fait valoir que le livre souffrait d'un manque d'analyse critique, qu'il a attribué au fait que Malcolm X s'attendait à ce que Haley soit "un chroniqueur et non un interprète"[74][75]. "Cependant, Truman Nelson, dans The Nation, a salué l'épilogue comme étant révélateur et a décrit Haley comme une "amanuensis compétent"[76]. Variety l'a qualifié de "tourneur de pages hypnotisant" en 1992[77], et en 1998, Time a nommé The Autobiography of Malcolm X comme l'un des dix livres de littérature non-fictionnelle "à lire absolument"[78].
L'Autobiographie de Malcolm X a influencé des générations de lecteurs[79]. En 1990, Charles Solomon écrit dans le quotidien Los Angeles Times : "Contrairement à de nombreuses icônes des années 60, l'Autobiographie de Malcolm X, avec son double message de colère et d'amour, reste un document inspirant.[80]". L'historien culturel Howard Bruce Franklin la décrit comme " l'un des livres les plus influents de la culture américaine de la fin du XXe siècle ",[81] et le Concise Oxford Companion to African American Literature attribue à Haley le mérite d'avoir façonné " ce qui est sans aucun doute devenu l'autobiographie afro-américaine la plus influente du XXe siècle"[82].
Si l'on considère l'impact littéraire de l'Autobiographie de Malcolm X, on peut noter l'influence considérable du livre, ainsi que de son sujet en général, sur le développement du Black Arts Movement. En effet, c'est au lendemain de l'assassinat de Malcolm que le poète et dramaturge Amiri Baraka a créé le Black Arts Repertory Theater, qui allait servir de déclencheur à la progression esthétique du mouvement[83]. Les écrivains et les penseurs associés au mouvement des arts noirs ont trouvé dans l'Autobiographie une incarnation esthétique de ses qualités profondément influentes, à savoir "la vivacité de sa voix publique, la clarté de ses analyses de l'histoire cachée de l'oppression et de sa logique interne, l'intrépidité de son opposition à la suprématie blanche et l'ardeur sans limite de son plaidoyer pour la révolution "par tous les moyens nécessaires"[84].
Bell Hooks écrit : "Lorsque j'étais une jeune étudiante au début des années 70, le livre que j'ai lu et qui a révolutionné ma réflexion sur la race et la politique était The Autobiography of Malcolm X"[85], ajoute David Bradley :
Elle [Hooks] n'est pas seule. Demandez à n'importe quel intellectuel d'âge moyen et socialement conscient de dresser la liste des livres qui ont influencé sa pensée de jeunesse, et il ou elle mentionnera très probablement The Autobiography of Malcolm X. Certains feront plus que le mentionner. Certains diront que... ils l'ont pris par accident, ou peut-être par devoir, ou parce qu'un ami l'a pressé sur eux, et qu'ils ont commencé à lire ce livre sans grandes attentes, mais que d'une certaine manière, ce livre... s'est emparé d'eux. Il est entré en eux. Il a modifié leur vision, leurs perspectives, leur intuition. A changé leur vie[86].
Max Elbaum est du même avis, écrivant que "The Autobiography of Malcolm X était sans aucun doute le livre le plus lu et le plus influent parmi les jeunes de toutes les origines raciales qui ont participé à leur première manifestation entre 1965 et 1968"[87].
À la fin de son mandat de premier procureur général afro-américain des États-Unis, Eric Holder a choisi The Autobiography of Malcolm X lorsqu'on lui a demandé quel livre il recommanderait à un jeune arrivant à Washington, D.C[88].
Publication et ventes
modifierDoubleday avait passé un contrat pour la publication de The Autobiography of Malcolm X et avait versé une avance de 30 000$ à Malcolm X et Haley en 1963[54]. En mars 1965, trois semaines après l'assassinat de Malcolm X, Nelson Doubleday, Jr. annula son contrat par crainte pour la sécurité de ses employés. Grove Press a ensuite publié le livre plus tard dans l'année[54][90]. Comme The Autobiography of Malcolm X s'est vendu à des millions d'exemplaires[91], Marable a décrit le choix de Doubleday comme "la décision la plus désastreuse de l'histoire des maisons d’édition"[65].
The Autobiography of Malcolm X s'est bien vendue depuis sa publication en 1965[92]. Selon le New York Times, l'édition de poche s'est vendue à 400.000 exemplaires en 1967 et à 800.000 exemplaires l'année suivante[93]. L'Autobiographie est entrée dans sa 18ème édition en 1970[94]. Le New York Times a rapporté que six millions d'exemplaires du livre ont été vendus en 1977[91]. Le livre a connu une augmentation de son lectorat et est revenu sur la liste des meilleures ventes dans les années 1990, aidé en partie par la publicité autour du film Malcolm X de Spike Lee en 1992[95]. Entre 1989 et 1992, les ventes du livre ont augmenté de 300%[96].
Adaptation à l'écran
modifierEn 1968, le producteur Marvin Worth a engagé le romancier James Baldwin pour écrire un scénario basé sur The Autobiography of Malcolm X; Baldwin a été rejoint par le scénariste Arnold Perl, qui est mort en 1971 avant que le scénario ne soit terminé[97][98]. Baldwin a développé son travail sur le scénario dans le livre 'One Day, When I Was Lost : A Scenario Based on Alex Haley's "The Autobiography of Malcolm X", publié en 1972[99]. Parmi les autres auteurs qui ont tenté de rédiger des scénarios, le dramaturge David Mamet, le romancier David Bradley, l'auteur Charles Fuller et le scénariste Calder Willingham[98][100]. Le réalisateur Spike Lee a révisé le scénario de Baldwin-Perl pour son film Malcolm X de 1992[98].
Chapitres manquants
modifierEn 1992, l'avocat Gregory Reed a acheté les manuscrits originaux de The Autobiography of Malcolm X pour 100 000$ lors de la vente de la succession de Haley[54]. Les manuscrits comprenaient trois "chapitres manquants", intitulés "Le nègre" ("The Negro"), "La fin du Christianisme" ("The End of Christianity") et "Vingt millions de musulmans noirs" ("Twenty Million Black Muslims"), qui avaient été omis du texte original[101][102]. Dans une lettre de 1964 à son éditeur, Haley avait décrit ces chapitres comme "le contenu le plus important du livre, dont certains ressemblent à de la lave"[54]. Marable écrit que les chapitres manquants ont été "dictés et écrits" pendant les derniers mois de Malcolm X dans la Nation de l'Islam[55]. Dans ces chapitres, Marable dit que Malcolm X a proposé la création d'une union d'organisations civiques et politiques afro-américaines. Marable se demande si ce projet n'aurait pas conduit certains au sein de la Nation de l'Islam et du Federal Bureau of Investigation à tenter de faire taire Malcolm X[103].
En juillet 2018, le Schomburg Center for Research in Black Culture a acquis un des "chapitres manquants", "Le Nègre", aux enchères pour 7 000$[104][105]. Plus tard cette année-là, les pages du manuscrit ont été exposées dans le hall de la bibliothèque[106].
Editions
modifierLe livre a été publié dans plus de 45 éditions et dans de nombreuses langues, dont l'allemand, l'arabe, le français et l'indonésien. Parmi les éditions les plus importantes[107] :
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Notes et références
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