Châtillon-en-diois (AOC)
Le châtillion-en-diois[2] est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit dans la haute vallée de la Drôme autour de Châtillon-en-Diois, dont le vignoble produit des vins rouges et blancs.
Châtillon-en-diois | |
Désignation(s) | Châtillon-en-diois |
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Appellation(s) principale(s) | châtillion-en-diois |
Type d'appellation(s) | AOC |
Reconnue depuis | 1975 |
Pays | France |
Région parente | vignoble de la vallée du Rhône |
Sous-région(s) | Diois (vallée de la Drôme) |
Localisation | Drôme |
Climat | tempéré méditerranéen sous influence montagnarde |
Sol | argilo-calcaire |
Nombre de domaines viticoles | 120 viticulteurs adhérents à la cave coopérative de Die |
Cépages dominants | gamay N, aligoté B et chardonnay B |
Vins produits | 75 % rouges et rosés, 25 % blancs |
Production | 4 000 hl |
Pieds à l'hectare | minimum 3 500 pieds par ha |
Rendement moyen à l'hectare | 50 à 60 hl/ha[1] |
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Histoire
modifierAntiquité
modifierTout comme celui de Die, ce vignoble remonte à l'Antiquité. Pline l'Ancien qui cite élogieusement le vin des Voconces en distingue deux l’aigleucos, dont on arrêtait la fermentation en plongeant les dolia dans l’eau froide jusqu’à l’hiver, et le vinum dulce[3].
Moyen Âge
modifierDurant la période médiévale, les vins du haut Diois (donc de Châtillon-en-Diois) sont commercialisés dans le Vercors, le Trièves et le Dévoluy. Les grands centres de consommation étaient Lus-la-Croix-Haute et les communes du Glandage, Boulc et Treschenu.
Période moderne
modifierEn 1700, une révision des « feux » dans l'élection de Montélimar[4], signale qu'à Poyols « la vigne vient bien », que les habitants de Menglon n'ont « d'autres ressources que la vente de leurs vins », qu'à Châtillon « la seule récolte surabondante est en vin », qu'à Barnave « la moitié du prix retiré du vin est annuellement employé à l'achat de grains » : Châtillon-en-Diois produisait alors 2 000 charges ; Poyols, 600 ; Barnave, 800 : Montlaur-en-Diois, 300. La charge était de deux quintaux.
La grande difficulté est alors de vendre cette surproduction. Les vignerons constatent et regrettent que la vente de leurs vins ne puisse « se faire qu'à dos de mulets » et au bon gré des muletiers. Du coup, « le vin se débite comme on peut », se plaint un édile et son « prix modique ne peut exciter l'activité et l'émulation du cultivateur ».
La solution existe dans l'ouverture de nouvelles routes en lieu et place des chemins muletiers. Si Châtillon préconise une route vers le Trièves par le col de Menée, Barnave réclame la sienne vers Gap par le col de Cabre. Et chaque commune viticole d'espérer que « par le concours considérable d'acheteurs » qui ne manqueraient pas de se présenter, les cultivateurs du haut Diois pourraient alors « perfectionner la qualité » de leur production.
Période contemporaine
modifierAu milieu du XXe siècle, les « vins du Maupas » ou du « clos Gouyarde » sont particulièrement recherchés. À tel point, que dans les années 1950, le président du syndicat des vignerons tente d'obtenir l'appellation « côtes du Bez »[5]. Son rêve se réalise, en partie, puisqu'un arrêté daté du fait entrer dans la catégorie des VDQS les vins produits uniquement sur la commune de Châtillon-en-Diois.
La consécration arrive pourtant vingt ans plus tard pour ce vignoble de montagne. Le , treize communes du haut Diois sont reconnues aptes par la qualité de leur production à accéder à l'appellation d'origine contrôlée.
Géographie
modifier.
Le vignoble s'étend sur des coteaux argilo-calcaires, situés entre 500 et 600 mètres d'altitude et bien protégés du vent du nord par les falaises du Vercors. Plus de la moitié du vignoble s'étend en un « damier de verts contraste » sur le piémont du Glandasse[6] et sur la commune de Châtillon. À Luc-en-Diois, un gigantesque éboulement, provoqué à la base des calcaires tithoniques[7] par le décollement d'un ban marneux, le Clap, a barré la vallée de la Drôme qui le franchit en cascade.
Climatologie
modifierLe Diois se situe à la frontière des Alpes et de la Provence, ce qui lui donne une grande diversité biologique. Le col du Rousset (altitude 1367 mètres) porte d'entrée nord du Diois en venant du Vercors est considéré comme la frontière géographique et climatique entre Alpes du Nord et Alpes du Sud.
L'été est sec, les journées chaudes mais les nuits toujours fraîches. Sans parler des sommets enneigés tout l'hiver jusqu'au printemps (contreforts du Vercors : Montagne du Glandasse, Réserve Naturelle des Hauts-Plateaux), dans le reste de la vallée l'hiver est froid et souvent neigeux, en particulier du côté du col de la Croix-Haute. L'été les températures peuvent monter jusqu'à 40 degrés et l'hiver descendre à -15 degrés.
Vignoble
modifierLes treize communes[8] faisant partie de cette appellation sont : Châtillon-en-Diois, Aix-en-Diois, Barnave, Jansac, Laval-d'Aix, Luc-en-Diois, Menglon, Molières-Glandaz, Montlaur-en-Diois, Montmaur-en-Diois, Poyols, Recoubeau et Saint-Roman.
Encépagement
modifierLes vins rouges et rosés sont issus principalement du gamay N (la proportion doit être égale ou supérieure à 75 % de l'encépagement), accessoirement du pinot noir N et de la syrah N.
Les vins blancs sont issus des cépages aligoté B et chardonnay B.
Terroir et vin
modifierTandis qu'à Châtillon les « terres noires » affleurent dans les collines qui émergent des terrasses du Bez, sa cuvette est dominée par des falaises du thitonique, dont le calcaire s'est faillé sur place ou ployé brusquement. Le vignoble qui tapisse les éboulis qui en sont issus produit des vins rouges bouquetés et légers à boire dans leur prime jeunesse ainsi que des blancs assez corsés caractérisés par un nez d'herbes et de fleurs alpestres.
Structure des exploitations
modifierMéthode culturales et réglementaires
modifierLe rendement de base a été fixé à 50 hectolitres / hectare, avec un seuil buttoir de 60 hectolitres / hectare qui peut être revu à la hausse. La teneur minimale en sucre des moûts doit être d'au moins 161 g / l. Si, dans les mauvaises années, cette valeur n'est pas atteinte, une chaptalisation être acceptée.
Type de vins et gastronomie
modifierLe vin rouge doit être apprécié dans sa jeunesse à une température de dégustation de 15-16 °C. Les rosés pour conserver leur fruité demandent une température de service d'environ 8-10 °C. Ces vins blancs peuvent être stockés pendant 4-6 ans. Leur température de service optimale est de 8-10 °C.
Commercialisation
modifierPrincipaux producteurs de l'appellation
modifierNotes et références
modifier- Décret du 14 octobre 2009
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- Le naturaliste précise les moyens «naturels » utilisés pour obtenir ce vin liquoreux : torsion du pédoncule de la grappe, fente du sarment, séchage du raisin sur des tuiles plates. Ce passerillage augmentait la teneur en sucre et permettait d’avoir un degré alcoolique élevé, qui empêchait la transformation de la totalité du sucre en alcool. Il cite deux cépages bien adaptés à ce traitement : helvennaca et diachytos.
- Cf. É. Sauve, op. cité.
- Le Bez est le torrent qui traverse la commune et le village de Châtillon-en-Diois.
- Le Glandasse, énorme massif urgonien, culmine à 2 025 mètres.
- Calcaire formé au cours du jurassique supérieur.
- Ces treize communes font aussi partie des trente-deux communes de l'AOC Clairette-de-Die.
Bibliographie
modifier- Étienne Sauvan, Évolution économique du haut Diois, Revue de Géographie alpine, no 9, 1921.
- Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, T. XIV, Éd. J. André, Paris, 1958.
- Henri Desaye, La vigne et le vin à travers l'histoire de Die et du Diois, Bulletin de la Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, LXXVIII, 1972.
- Denis Chevallier, Des villages et des ronces, le canton de Châtillon-en-Diois face au changement, Éd. Curendera, 1981.
- INAO, Délimitation parcellaire de Châtillon-en-Diois (AOC), rapports des experts, Paris, 1982.
- Ouvrage collectif, Vins, vignes et vignerons du Diois, Cahiers culturels du Parc du Vercors, no 4, Éd. La Manufacture, Die, 1983.
- Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.