Plaque commémorative – 1bis rue de la Solidarité, Paris 19e

Plaque commémorative rendant hommage aux victimes de la Semaine sanglante, pendant la Commune de Paris en 1871

... MAI 1871...
Anonyme et méconnue
Artiste
Inconnu
Date
1903 ?
Commanditaire
Inconnu
Type
Gravure sur marbre
Localisation
1bis rue de la Solidarité, Paris 19e, Paris (France)
Protection
Néant
Coordonnées
Carte

Cette plaque commémorative est visible à l'entrée du 1bis de la rue de la Solidarité dans le 19e arrondissement de Paris. Anonyme, son texte est un hommage aux victimes de la Semaine sanglante, offensive militaire menée par l'armée versaillaise fin contre la Commune de Paris. Cette plaque semble être à la fois la première et la plus ancienne posée sur un mur de la ville en leur honneur. Son origine et son histoire restent, pour l'essentiel, inconnues.

L'Aurore, le modifier

Le samedi , lendemain du jour anniversaire de la proclamation de la République le , le journal L'Aurore[1] publie en première page ce court article non signé :

« Souvenir
Inscription que l'on peut lire sur une plaque de marbre placée à l'intérieur de la cour d'un hôpital-dispensaire du XIXe arrondissement, 9 rue David d'Angers :

TOUT PRES D'ICI
REPOSENT
DE NOMBREUX CITOYENS
MORTS EN MAI 1871
POUR LA RÉPUBLIQUE
ET LA LIBERTÉ

Cette inscription est lisible de la rue, à travers la grille d'entrée. Placée sur un édifice municipal, elle est doublement éloquente. »

L’entrée principale de l’endroit fut longtemps par le numéro 9 de la rue David d’Angers. Celle-ci fut murée sans doute après l’extension en de la rue de la Solidarité limitée depuis sa création en à, sa seule partie boulevard Serurierrue d’Alsace-Lorraine[N 1].

Si le terrain et le bâtiment étaient et sont toujours des biens municipaux, la Société de l’hôpital-dispensaire du 19e, locatrice du lieu[N 2], était un organisme de droit privé et militant (voir ci-dessous l'inauguration de l'hôpital-dispensaire le ).

L'article n'indique pas la dernière ligne du texte de cette plaque. Sorte d'acronyme qui pourrait en être la signature, ce mot est composée de caractères plus petits, visible sous la première lettre du mot Liberté.

Pour mémoire, le , jour de manifestation au cimetière du Père-Lachaise, la plaque du Mur des Fédérés est inaugurée à l’issue d’une très longue mobilisation populaire envers les pouvoirs publics pour obtenir l’autorisation de son installation[N 3].

Éléments sur l'histoire de cette plaque modifier

Coupe verticale du terrain Rue d'Alsace-Lorraine Près la Rue Manin (devant l'école), Extrait de l'Atlas des carrières souterraines de Paris : feuille 46 (1967)
Extrait de l'Atlas des carrières souterraines

Dans son édition datée du , Le Rappel publie en première page une tribune intitulée Souvenons-NousCharles Bos annonce sa décision de présenter au Conseil municipal de Paris suivant, une proposition pour l'installation d'une plaque commémorative en « l'honneur des défenseurs de la liberté et de la République »[2].

« Il y a trois ou quatre jours, me promenant dans mon quartier, je rencontrai rue David-d'Angers, au bas des Carrières-d'Amérique, un vieux républicain qui me tint ce langage :
- « Vous savez, citoyen Charles Bos, que je suis un vieux de la Commune. Je suis bien content de vous voir ; je vais vous montrer l'endroit où l'on a enfoui cinq ou six mille des nôtres. »
Et il me conduisit dans un vaste terrain vague compris entre la rue David d'Angers et la rue Manin. Une partie de ce terrain a été achetée par la Ville de Paris pour l'édification d'un groupe scolaire. Le premier coup de pioche va être donné un de ces jours »

Effectivement, le mercredi , le Conseil municipal de Paris[3] examine en urgence et adopte la proposition de résolution suivante, également signée[4] par Louis Lucipia, Léonce Levraud, Constant Berthaut, Émile Chausse, Émile Landrin[N 4], Paul Brousse, Georges Girou, Charles Gras, John Labusquière, Alfred Moreau[5], Paul Bernard, Auguste Ranson, Louis Navarre, Armand Grébauval, Oscar Archain, Marius Fourest, Théophile Daniel, Alfred Breuillé, Adrien Veber, Auguste Vorbe[N 5], Alfred Brard, Eugène Fournière.

« 1898. C. 33. — Résolution tendant à apposer une plaque commémorative à l'angle des rues Manin et d'Alsace-Lorraine (M. Charles Bos, rapporteur).

Le Conseil délibère : Une plaque commémorative sera scellée à l'un des angles du futur groupe scolaire des rues Manin et d'Alsace-Lorraine. L'inscription suivante y sera gravée : « La Ville de Paris aux six mille citoyens inhumés dans les carrières d'Amérique et morts en 1871 pour la liberté et pour la République. »

Mais bien que votée, cette résolution 1898. C. 33.restera lettre morte à la suite des réserves émises par le préfet de la Seine, Justin de Selves[6].

Le dimanche , une autre plaque commémorative fait l'actualité, celle apposée sur la case réservée aux cendres de Louis-Simon Dereure (élu au Conseil de la Commune par le 18e arrondissement) au columbarium du cimetière du Père-Lachaise à Paris, inaugurée à l'occasion de l'une des deux manifestations organisées ce jour au Mur des Fédérés, celle appelée par le Parti ouvrier[N 6].
Le texte de cette plaque, « ancien membre de la Commune », sera l'objet d'un long conflit avec la Préfecture[N 7].

Le , l'absence de lieu dans le quartier permettant « de rendre un profond témoignage de sympathie et d'admiration à ces braves qui payèrent de leur vie leur attachement à la République vraiment sociale » est rappelée à l'occasion d'un article sur le quartier des Buttes Chaumont et des carrières d'Amérique, qui interpelle les élus Charles Bos et Arthur Rozier, signé "A. Dumontier"[N 8] et publié par Le Rappel du jour[7].

Le dimanche , « inauguration de l'hôpital-dispensaire et du gymnase médical fondés par les comités radicaux-socialistes des quartiers d'Amérique et de la Villette » dans ses nouveaux locaux du 9, rue David d'Angers Paris 19e[N 9].
Le changement de lieu de cet établissement précédemment installé 2, place Danube, correspond aussi un changement d'objet : consacré initialement aux enfants il devient pour adultes. Par ailleurs, L'Intransigeant rapporte que cette inauguration était initialement prévue le et rappelle l'engagement toujours non-tenu de Charles Bos d'installer dans ce quartier une plaque commémorative[8].

L'article en première page de l'édition du samedi 5 septembre 1903 du journal L'Aurore.
L'Aurore, le .

Le , L'Aurore publie la brève « Souvenir »[1] présentée en introduction de cet article, qui annonçait l'existence de cette plaque sur un mur de Paris.
Celle-ci est donc installée sur la parcelle qu’indiquait Charles Bos dans sa tribune citée ci-dessus, mais à l’angle opposé à celui de l'école élémentaire au carrefour des rues Manin et d’Alsace-Lorraine. Les mots Liberté et République y figurent bien mais dans un ordre inverse à la proposition votée lors du Conseil municipal de Paris du 9 mars 1898[4].

Le L'Humanité publie un compte rendu de la réunion du comité d'initiative du 19e préparant localement l'exposition universelle où Clément Magnaval, conseiller municipal des Carrières d'Amérique, évoque les « souvenirs glorieux » de l'arrondissement, dont une « simple plaque, rue de la Solidarité » témoigne[9].

Le dimanche , rassemblement et inauguration :
L'Œuvre du informe du « rassemblement à la mémoire de 35 citoyens qui ont été tués et enterrés rue de la Solidarité, lors de la semaine sanglante de la Commune de Paris », à l'appel du Comité de Front populaire du 19e et du comité d'entente des sections socialiste et communiste du 19e[10].
Le Populaire du rapporte l'inauguration « d'une plaque célébrant la mémoire des Fédérés qui périrent en cet endroit en 1871 » et la présence de « 2 000 personnes, Touchard et Grésa, députés, Magnaval, conseiller municipal, Ducroux, secrétaire du Front Populaire, Chevrier (Droits de l'Homme) et notre camarade Krihiff[11]… La 19e section était aussi représentée par Agostini et Thirion[12]. »[13]

Photo de la plaque en 1971
En 1971 la plaque au-dessus de la porte d'entrée (coté cours) murée depuis.

En , La Nouvelle Critique publie dans le supplément de son 46e numéro consacré au vieux quartier de Belleville, cette photographie, la plus ancienne actuellement connue, prise par Richard Kalvar accompagnée de ces quelques lignes : « Et pour finir, une plaque anonyme, dont personne ne connaît l'origine, une plaque gravée avec un soin méticuleux, dans une cour d'une vielle maison 1bis rue de la Solidarité. »[14]

Janvier-, Quartiers Libres no 2 (mensuel local du 19e) publie ces quelques lignes en complément d'un dessin : « Sur le lieu proche d'un des charniers, tous les ans, en mai, en souvenir des Communards, des gerbes sont déposées devant cette plaque pour que Vive la Commune dans la mémoire populaire. »[15]

Troisième trimestre 2006, Le Bulletin no 29 de l'association des Amies et amis de la Commune de Paris, publie l'article « La Commune s'expose au bureau de poste de Paris-Belleville » qui signale cette plaque[16].

Après rénovation, en mai 2023.

Au quatrième trimestre 2013, Le Bulletin no 56 de l'association des Amies et amis de la Commune de Paris, publie l'article « Regard sur un quartier paisible »[17] consacré à la plaque traitée ici, consultable en ligne[18].

En 2020, la plaque est l'objet de l'une des étapes du circuit dans le quartier proposé par Josef Ulla auteur de Paris 1871, l'histoire en marche : 21 circuits pédestres sur les traces de la Commune[19].

Le , la plaque, qui avait été déposée par le Pôle archéologique de la Ville de Paris le , est réinstallée au même emplacement, rénovée. Toutefois, l'Atlas des plaques commémoratives parisiennes[N 10] n'indique toujours pas son existence.

Au quatrième trimestre 2023, Le Bulletin no 96 de l'association des Amies et amis de la Commune de Paris, publie l'article « Mémoire de la Commune dans le 19e arrondissement de Paris 2023 » consacré à la déambulation sur les traces de Commune de Paris dans le quartier, organisée à l'occasion du cent-vingtième anniversaire de l'installation de cette plaque[20].

Le quartier des Carrières d'Amérique en modifier

Les « carrières d'Amérique » sur un plan de Paris de 1871 par Ermete Pierotti (de)[21].

Le quartier des Carrières d'Amérique est situé sur le flanc nord des Buttes-Chaumont[N 11] (partie occidentale du Plateau de Romainville) et tire son nom de l'important site d'exploitation de gypse longtemps installé là. L'urbanisation de l'endroit sera tardive[22] comme l'attestent les différents plans de Paris : la plupart des rues actuelles n'existaient pas en 1871, elles seront pour la plupart créées en 1889. Les techniques de constructions spécifiques combineront remblais et piliers en béton[N 12]. Les paysages sont encore fortement marqués par l'exploitation des mines de gypse et les nombreuses carrières souterraines[N 13].

Mais autour de cette zone aride, le monde change.

L'enceinte de Thiers terminée en 1844 clôt le quartier à l'Est. Desservie par la Rue Militaire (les boulevards des maréchaux en suivront le tracé), ces fortifications se situaient à l'emplacement des actuels HLM.

La ligne de chemin de fer de la Petite Ceinture est ouverte par tronçons de 1852 à 1869. La gare de Belleville-Villette est mise en service le , tout d'abord seulement pour le trafic de marchandises.

Avec l'extension des limites de Paris au département de la Seine en 1860, ce territoire jusqu'alors terre de la cité de Belleville devient quartier parisien où l'exploitation de mine souterraine est interdite.

Dans le cadre des travaux haussmanniens, le Parc des Buttes Chaumont est inauguré en 1867.

Les Abattoirs de la Villette débutent leurs activités en 1867.

La première image illustre l'aridité des Buttes Chaumont. Les trois suivantes couvrent sous des angles différents le « vaste terrain vague compris entre la rue David d'Angers et la rue Manin » qu'indiquait Charles Bos, citant le "vieux communard"[2].

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur les Carrières d'Amérique.

La Semaine sanglante dans ce quartier et ses traces modifier

26 mai dans la soirée - 27 mai 1871
27 mai dans la soirée - 28 mai 1871

Terre de bombardements, de combats[N 14], de traques[N 15] et d'exécutions sommaires, puis d'enfouissements de corps provenant d'autres quartiers parisiens.

Les heures suivant la fin des combats sont ainsi décrites par Charles Bos[2].

« Hommes, femmes, enfants, sont poussés en tas dans les terrains vagues, qui, à cette heure, constituent la Mouzaïa, dans le quartier d'Amérique. De temps en temps, d'heure en heure, on les décime. Les victimes choisies par de jeunes officiers imberbes sont, à coups de crosses, refoulées dans le bas, du côté de la rue Manin, qui n'existait pas encore. On a fusillé des bébés de quatre ans. C'étaient, disaient les Versaillais, de la graine de républicains !
Cela a duré deux jours ! Et, après le combat, l'inhumation de tous ces cadavres a été faite rapidement, sans aucun souci de l'hygiène publique. »

« On tire toujours quelques coups de feu du côté des carrières d’Amérique dans lesquelles se sont réfugiés un grand nombre d insurgés. » confirme L'Indépendance française du 29 mai 1871[23].

Le , François Allain-Targé, élu du 19e, saisit le Conseil municipal de Paris d'un problème sanitaire particulièrement grave. « Plusieurs centaines de fédérés ont été fusillés dans les carrières d'Amérique et leurs cadavres ont été enterrés à la hâte. C'est une cause d'insalubrité permanente »[24]. Selon Camille Pelletan, des corps, enfouis aux carrières d'Amérique, réapparaissent en surface en . Une note du conseil municipal de Paris indique : « Au mois de mai dernier, plusieurs centaines de fédérés ont été fusillés dans les carrières d'Amérique, où leurs cadavres ont été enterrés à la hâte. Dès le mois de juin, la chaleur avait développé sur ce point des émanations insalubres. Depuis lors, les terres ont été emportées par les pluies et les cadavres paraissent à la surface du sol. (…) Il en résulte que beaucoup de curieux se portent sur ce point, ce qui donne lieu à une agitation fâcheuse dans le XIXe arrondissement. »[25]

Inventaire des lieux d'inhumation des morts de la Commune de Paris modifier

Les journées de mai - Le dernier refuge - Épisode de l'insurrection aux carrières d'Amérique (Le Monde illustré, ).

En 2022, le Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye réalise un Inventaire des lieux d'inhumation des morts de la Commune de Paris[26], déposé au Service régional de l'archéologie d'Île-de-France et au Pôle archéologique de la Ville de Paris. Ces lieux inventoriés sont consultables en ligne sur le site Cartographie de l'archéologie parisienne[27].

Le bâtiment sur lequel est apposée cette plaque est situé au centre d'un triangle formé par les sites Site 75.009' (Carrières d'Amérique / Rue de la Prévoyance), 75.030 (cimetière de la Villette) et 75.079 (Rue Compans), très proche aussi du 75.099 (Parc des Buttes Chaumont) :

Site 75.009 (Carrières d'Amérique / rue de la Prévoyance) modifier

Exemple de fontis : Plâtrières dites Carrières d'Amérique, photographie d'Henri Le Secq, , MAD, Paris.

Le site concerne le quartier d'Amérique et la rue de la Prévoyance.

Très tôt, la presse signale l'enfouissement ici des corps trouvés dans d'autres quartiers[N 16]. Différents documents officiels l'attestent plus précisément.

  •  : un rapport de police, rédigé par le chef de la 2e division, indique que mille cadavres ont été ou vont être enterrés aux carrières d'Amérique.
  •  : un total de 630 corps a été exhumé en effet des carrières d'Amérique, ainsi que de « diverses rues », pour être ré-enterrés aux cimetières de la rue Marcadet, de la Villette et de Belleville[28].
  •  : un rapport conservé aux archives de la Préfecture de police de Paris, indique :

« On m’a informé qu'il existait dans les Carrière d’Amérique deux fosses, dont j’ai fait reconnaître la situation. Elles se trouvent dans un précipice qu’on appelle « la Cloche » et dont la profondeur atteint 40 mètres. La première, qui a environ 20 mètres de circonférence, renferme 75 cadavres enterrés à une profondeur de 5 mètres et recouverts de chaux. La seconde, dont l’étendue est double, abrite 870 à 875 corps enfouis à une profondeur de six mètres et également recouverts de chaux. Ces fosses qu’aucun signe extérieur ne décèle sont visitées journellement par des femmes qui viennent y pleurer. Elles ont servi à enterrer les morts du 2e secteur, dans lequel d’ailleurs elles sont situées, à 200 mètres environ du bastion 22. On craint qu’elles ne soient l’objet d’un pèlerinage à l’occasion de la Toussaint[18]. »

  • Deux cartes aident à préciser l'emplacement de ces deux cloches de fontis signalées par ce rapport :
    « Les gardes nationaux fédérés enterrés ici  ».
    • Copie de la feuille 9-5, région N-E de l'Atlas souterrain de la ville de Paris : 75e-76e quartiers, 19e arrondissement, au nord du parc des Buttes-Chaumont et aux alentours de la place du Danube[29]. Cette carte non datée mais antérieure à l'ouverture de la rue de la Prévoyance en 1889, comporte indiquée manuellement à hauteur de la rue du général Brunet le texte suivant : « Les gardes nationaux fédérés enterrés ici  ».
      « AP et F dans lesquels les corps de 900 fédérés ont été ensevelis en  ».
    • Atlas des carrières souterraines de Paris (Direction générale des carrières) feuille 46 bis édition 1917[30]. Les deux fosses « AP et F dans lesquels les corps de 900 fédérés ont été ensevelis en  » sont clairement indiquées en bas à gauche de la carte. Les éditions suivantes datées de 1961[31] et 1986[32] permettent d'en préciser l'endroit au fil de l'urbanisation du quartier.
  •  : Un rapport de l'inspecteur général Feydeau signale que « 7 à 800 insurgés » ont été précipités dans un ancien puits des Carrières et recouverts de 3 à 4 mètres de terre et que, par suite de l'éboulement d'une paroi séparant ce puits d'une galerie latérale, « un cadavre se trouve à moitié découvert et on aperçoit les vêtements de quelques autres ».
  •  : Une note du même chef de la 2e division indique que 800 corps ont été jetés dans une excavation aux Carrières d'Amérique, arrosés d'huile phénique et emmurés – sans doute à la suite de l'incident signalé en [33].

En 2021, Michèle Audin reprend comme minimum le chiffre de 1 338 corps inhumés sans tombe aux Carrières d'Amérique, « suivant l'inspecteur général Feydeau et Maxime Du Camp »[34].

Site 75.030 (Cimetière de la Villette) modifier

Si un rapport du service de la voirie publique de Paris daté du « 5 juin 1871 » indique que 184 corps ont été enterrés dans le Cimetière de la Villette[35], Camille Pelletan indique « tenir de très bonne source et pouvoir affirmer le chiffre de 584, qui doit être porté sur les registres ».

Site 75.079 (Rue Compans) modifier

Le rapport d'Alfred Feydeau, daté du indique des « exhumations faites après la Commune (1871) des cadavres qui avaient été inhumés sous la voie publique », signale que des corps ont été enterrés rue Compans, « chez M. Virey », exhumés sans doute en partie après [36].

Selon Le Constitutionnel du , « Au pied du château placé à l'angle de la rue Compans et de la rue de Bellevue, les insurgés, sous les ordres de Comte, avaient monté une formidable batterie de six gros mortiers, destinés à répondre aux canons de Montmartre »[37].

Autres plaques dans le 19e arrondissement modifier

Trois autres plaques en mémoire de la Commune de Paris sont visibles sur les murs du 19e.

En en l'honneur de Zéphirin Camélinat directeur de la Monnaie de Paris durant la Commune de Paris, une plaque est apposée sur la façade de l'immeuble du 137 rue de Belleville, à l'angle avec la rue Lassus.

Coordonnées : 48° 52′ 30″ N, 2° 23′ 21″ E

Inauguration le , d'une plaque apposée dans le hall de la Mairie d'arrondissement en l'honneur des élus au Conseil de la Commune du 19e : Frédéric Cournet ; Gustave Flourens ; Menotti Garibaldi ; Francis Hosteins dit Ostyn[38] ; Jules Miot ; Émile Oudet ; Ernest Puget[N 17].

Coordonnées : 48° 52′ 58″ N, 2° 22′ 55″ E

Le , la municipalité du 19e inaugurait sur les grilles du Parc des Buttes Chaumont à droite de l'entrée principale située face à la Mairie, une plaque en hommage aux « centaines de Communards » qui y furent « exécutées sans procès »[39].

Coordonnées : 48° 52′ 56″ N, 2° 22′ 55″ E

Notes et références modifier

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Notes modifier

  1. Cette adresse du 9, rue Davis D'Angers est toujours avec celles du 1 et du 1bis de la rue de la Solidarité, l'une des trois adresses données pour cette parcelle (000 DE 01) par le « Cadastre », sur www.cadastre.gouv.fr (consulté le ).
  2. Précisions sur la location :
  3. Voir :
  4. Voir la fiche d'Émile Landrin sur maitron.fr
  5. Louis-Auguste Vorbe fut, avec François-Xavier Cattiaux, Président d'honneur de la Société de l'hôpital dispensaire du 19e. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6267244c/f2 Il fut aussi à l'origine de la construction du Monument des travailleurs municipaux situé au Père Lachaise terminé en novembre 1899 et réalisé par le statuaire Denys Puech. On trouvera plus d’éléments sur son parcours (sa participation à la Montée au mur du 24 mai 1891 y est signalée) à le lecture de l’article suivant écrit en raison de son engagement au sein du mouvement des Bibliothèques des Amis de l’Instruction et particulièrement celle du 19e: Agnès Sandras, « La Bibliothèque des Amis de l’Instruction du XIXe arrondissement : III/ Auguste Vorbe : une ascension sociale au service des bibliothèques populaires »
  6. Le Socialiste du 10 mars 1901 rapporte que le Cercle collectiviste du XVIIIe arrondissement (Groupe Simon Dereure) a décidé de « faire poser sur la case du citoyen Dereure au Père Lachaise, une plaque commémorative. Cette plaque sera inaugurée par une manifestation le 18 Mars ». Voir aussi : L'anniversaire du 18 mars La Fronde 17 mars 1901.
  7. Le Socialiste du 17 novembre 1901 publie la résolution « plaque Dereure » adoptée par le Cercle collectiviste du XVIIIe arrondissement : « Le groupe a décidé, d'accord avec la famille du regretté camarade Dereure, de faire une nouvelle demande d'autorisation au préfet de la Seine, espérant que le vote émis par le Conseil Municipal lui aura porté conseil ».
  8. « Dumontier » sera présenté comme membre du conseil d'administration de la Société de l'Hôpital-dispensaire du 19e lors de l'inauguration de ses nouveaux locaux du 9 rue David d'Angers par Le Rappel du https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7549289z
  9. Le Rappel du 21 janvier 1902 rend compte, comme de nombreux journaux alors, de « l'inauguration de l'hôpital-dispensaire et du gymnase médical fondés par les comités radicaux-socialistes des quartiers d'Amérique et de la Villette » par Marie-Louise Loubet, épouse du président de la République, le général André, ministre de la Guerre ; Jean-Marie de Lanessan, ministre de la Marine. L'événement réunit « une foule considérable » ainsi que « Moreau, officier de la Légion d'honneur, maire du XIXe ; Garcin, Mosnier, Vivent, adjoints ; Charles Bos, Clovis Hugues, députés ; Rozier, Brard, Paris, conseillers municipaux ; Legry, président du dispensaire, et les membres du conseil d'administration ; Bocquin, Dumontier, etc., le docteur Millien ; ... ».
  10. Atlas des plaques commémoratives parisiennes : https://experience.arcgis.com/experience/b2c1ce1a9e0c47088d86daa5b59d8fd8
  11. Longtemps nommé « la Butte Chauve », des siècles d'activités extractives ont fortement modifié le relief de l'endroit, et par suite son nom.
  12. Voir par exemple la construction de la station de métro Danube : « Cette station présente la particularité d'être construite sur des fondations sous forme de piliers à travers des remblais instables, disposés en trois files de puits de 2,50 mètres de diamètre et espacés de six mètres, qui descendent à plus de trente mètres pour prendre appui sur un sol stable. Le niveau du rail se situe à 33,49 mètres au-dessus du sol ferme. »
  13. Voir :
  14. Voir :
    • DE MAC MAHON, DUC DE MAGENTA., « Rapport sur les opérations de l'armée de Versailles, depuis le 11 avril, époque de sa formation, jusqu'au moment de la pacification de Paris, le 28 mai. », JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE,‎ , p. 2395 (lire en ligne)
  15. La traque des communards durera plusieurs mois.
    • « La nuit passée, de nombreuses arrestations ont encore été faites dans les carrières d’Amériques. Ce sont surtout des femmes sur lesquelles la police a mis la main, et dans le nombre se trouvait une nommée Dupont, qui serait l’une des plus enragées pétroleuses que la Commune ait produites. » « La Liberté », , p. 2
    • « Parmi les endroits les moins favorisés de Paris se placent au premier rang les carrières d’Amérique. Ce n’était pas assez d’avoir servi de titres et de sujets à tant d’exécrables mélodrames : c’est maintenant un nid de communaux et une cachette pour des armes prohibées. Pas de jour où la police n’y fasse d’importantes razzias. Il est évident qu’un vertige quelconque attire les coquins aux carrières d’Amérique, comme la lumière attire les papillons dans les flammes des chandelles. On nous assure que trente arrestations au moins y ont été opérées pendant la journée d’hier. » La Liberté, 28 juin 1871
  16. Voir :
    • « Il n’y a guère plus, aujourd’hui, de cadavres dans les jardins publics. Tous les restes mortels des fédérés qui y avaient été déposés dans les derniers jours de la lutte ont été enlevés et transportés dans les cimetières de Paris, mais surtout dans un endroit choisi à cet effet, près des carrières d’Amérique. » « Nouvelles de Paris », Le Français,‎ , p. 2 (lire en ligne)
    • « Ces cadavres exhumés la semaine dernière ont été déposés dans de larges et profondes tranchées pratiquées derrière les carrières d’Amérique. » « Information », Journal de Seine-et-Marne,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  17. Ernest PUGET était également commandant de la 19e Légion et combattit entre autres sur la barricade de la rue Compans. Voir aussi : « PUGET Ernest, Alfred », dans Le Maitron (lire en ligne).

Références modifier

  1. a et b « L'Aurore : littéraire, artistique, sociale / dir. Ernest Vaughan ; réd. Georges Clemenceau », sur Gallica, (consulté le ).
  2. a b et c Le Rappel 10 mars 1898 sur Gallica
  3. Les mandats sont détaillés sur la page suivante Liste des conseillers généraux de la Seine
  4. a et b « BMOVP 11 mars 1898 Page 673 Délibérations du  »
  5. « MOREAU Alfred, Adrien », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  6. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, « Conseil Municipal de Paris Compte rendu de la séance du mercredi 9 mars 1898 », .
  7. « Le Rappel », sur Gallica, (consulté le ).
  8. « L'Impératrice au XIXe », L'Intransigeant, no 7859,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  9. « L'Humanité », sur Gallica, (consulté le ).
  10. « L'Œuvre », sur Gallica, (consulté le ).
  11. K. Knude, « KRIHIFF René », dans Le Maitron, Maitron/Éditions de l'Atelier, (lire en ligne).
  12. « THIRION André dit MARTIN Raymond », dans Le Maitron, Maitron/Éditions de l'Atelier, (lire en ligne).
  13. « Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste [puis socialiste-internationaliste] », sur Gallica, (consulté le ).
  14. « La Nouvelle critique, septembre 1971, n°46 », sur PANDOR (Portail Archives Numériques et Données de la Recherche) de la MSH de Dijon (consulté le ), p. 78.
  15. « Histoire », sur www.des-gens.net (consulté le ).
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