XVIIe congrès du Rassemblement national

Congrès du Rassemblement national

XVIIe congrès du Rassemblement national
Logotype utilisé pour le congrès.
Logotype utilisé pour le congrès.

Type Congrès
Édition 17e
Localisation Perpignan (Occitanie)
Organisateur Rassemblement national
Date 3 et 4 juillet 2021
Résultat Réélection de Marine Le Pen à la présidence.
Nomination de Jordan Bardella comme premier vice-président.

Le XVIIe congrès du Rassemblement national (RN) se tient les et à Perpignan (Pyrénées-Orientales).

Dans un contexte de reflux électoral et de doutes sur sa stratégie en vue de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen, seule candidate, est élue pour un quatrième mandat à la présidence du parti. Elle renforce à cette occasion le poids des tenants de sa ligne dans la composition des instances et nomme Jordan Bardella à la première vice-présidence, en faisant de fait l’intérimaire durant sa mise en congé de la tête du RN pendant la campagne présidentielle.

Contexte modifier

Marine Le Pen, présidente du parti depuis 2011 et candidate à l’élection présidentielle de 2022.

Ce congrès intervient un an après des élections municipales aux résultats mitigés pour le Rassemblement national (appelé « Front national » jusqu’en 2018) et quelques jours après des élections régionales et départementales lors desquelles le parti a perdu près d'un tiers de ses élus, avec des résultats bien moins élevés qu’attendu[1],[2].

Dans ce contexte, la stratégie de « dédiabolisation » et de recentrage du parti initiée par Marine Le Pen est remise en cause par des cadres et militants. La marginalisation ou l’exclusion par le cercle de fidèles à celle-ci de tout responsable se montrant critique à l’égard de l’orientation du parti est également soulignée par la presse alors que le nombre d’adhérents au RN est en chute libre depuis plusieurs années[3],[4].

Ces doutes interviennent à l’approche des élections présidentielle et législatives de 2022. Ayant décidé de briguer l’Élysée pour une troisième fois, Marine Le Pen a annoncé qu’elle se mettrait en congé de la présidence du parti durant la campagne présidentielle et qu’elle ferait part durant ce congrès de son choix de la personne chargée d’assurer l’intérim[5].

Déroulement modifier

Le congrès se tient les samedi et dimanche à Perpignan, ville remporté par le RN Louis Aliot en 2020.

Le premier jour, une assemblée générale extraordinaire a notamment lieu pour modifier les statuts du parti. Le deuxième jour est marqué par la proclamation des résultats des votes pour la présidence et le conseil national, par une réunion du conseil national à huis clos, par la présentation du bureau national et du bureau exécutif, avant qu’un discours du président élu ne clôture le rassemblement.

En marge du congrès, entre 650 et 3 000 personnes manifestent contre l'extrême droite dans les rues de Perpignan[6].

Scrutins modifier

Élection à la présidence modifier

Pour être valide, une candidature doit être parrainée par au moins 20% des membres du conseil national élargi (membres élus et nommés + membres de droit). Seule Marine Le Pen reçoit les parrainages requis.

Candidat Voix %
Marine Le Pen NC 98,35
Exprimés NC
Blancs NC 1,22
Nuls NC 0,43
Total NC 100
Inscrits/Participation NC

Élection au conseil national modifier

Un candidat au conseil national doit être membre du parti depuis deux ans et être à jour de cotisation au 29 mars 2021, date limite pour déposer sa candidature[7]. 276 candidatures sont retenues.

Cent membres sont élus au scrutin uninominal par les adhérents du parti et vingt sont nommés par le président élu.

Membres élus modifier

  1. Jordan Bardella
  2. Louis Aliot
  3. Steeve Briois
  4. Nicolas Bay
  5. David Rachline
  6. Sébastien Chenu
  7. Wallerand de Saint-Just
  8. Bruno Gollnisch
  9. Stéphane Ravier
  10. Jean-Lin Lacapelle
  11. Laurent Jacobelli
  12. Romain Baubry
  13. Julien Sanchez
  14. Bruno Bilde
  15. Pascale Ajac
  16. Edwige Diaz
  17. Julien Odoul
  18. Catherine Griset
  19. Huguette Fatna
  20. Ludovic Pajot
  21. Thierry Legier
  22. Jérôme Rivière
  23. Alain Jamet
  24. Yvan Lajeanne
  25. Olivier Monteil
  26. Hélène Laporte
  27. Julie Rechagneux
  28. Éric Domard
  29. Philippe Olivier
  30. Gilles Pennelle
  31. France Jamet
  32. Julie Lechanteux
  33. Sophie Grech
  34. Catherine Pujol
  35. Caroline Parmentier
  36. Christophe Chiocca
  37. Gilles Lebreton
  38. Thibaut de La Tocnaye
  39. Philippe Vardon
  40. Joëlle Mélin
  41. Pascal Verelle
  42. Jean-Michel Cadenas
  43. Marie-Hélène de Lacoste Lareymondie
  44. Rémy Berthoux
  45. Fabien Engelmann
  46. Alain Pechereau
  47. Frédéric Boccaletti
  48. Dominique Bilde
  49. Phlippe Sanchez
  50. Jacques Colombier
  51. Mathilde Androuët
  52. Xavier Baudry
  53. Natacha Ferreira
  54. Muriel Burgaz
  55. Virginie Joron
  56. Aline Bertrand
  57. Pascal Fort
  58. Kévin Pfeffer
  59. Franck Allisio
  60. Sandrine D'Angio
  61. Jean-François Jalkh
  62. Julien Leonardelli
  63. Christopher Szczurek
  64. Agnès Marion
  65. Mathilde Paris
  66. Gaëtan Dussausaye
  67. Bruno Lerognon
  68. Éléonore Bez
  69. Cyril Hemardinquer
  70. Laure Lavalette
  71. Patricia Demougeot
  72. Océane Valentin
  73. Muriel Fiol
  74. Philippe Miailhes
  75. Bernard Sironneau
  76. Romain Lopez
  77. Manon Bouquin
  78. Christian Zimermann
  79. Coline Houssays
  80. Céline Tacher
  81. Audrey Guibert
  82. Serge Dumanoir
  83. Éléonore Revel
  84. Nathalie Germain
  85. Emmanuel Fouquart
  86. Sonia Lauvard
  87. Nicolas Meizonnet
  88. Mylène Guiniot-Troszynski
  89. Philippe Arbona
  90. Jessica Hoët
  91. Jean-Pierre Chabrut
  92. Alexandar Nicolic
  93. Guillaume Vouzellaud
  94. Franck Briffaut
  95. Jordan Guitton
  96. Agnès Caudron
  97. Aurélie Wagner
  98. Aurélien Legrand
  99. Michel Guiniot
  100. Sandrine Chadourne

Membres nommés modifier

Vote de la modification des statuts modifier

Un vote à main levée est organisé afin de modifier les statuts du parti :

« I) Modification des statuts du Rassemblement national :

Article 10 Le Président de l’association

Point 4) Remplacement

Il est proposé à l’assemblée générale extraordinaire d’approuver l’ajout au point 4, de la phrase suivante :

« Le Président peut se mettre en disponibilité pendant un délai maximum de 12 mois en cas de candidature à l’élection présidentielle. En ce cas, les règles de vacances sont celles prévues aux deux alinéas précédents. » »

Désignation des bureaux modifier

Composition du bureau national modifier

Après son élection, le président désigne le bureau national sur validation du conseil national. C'est à partir de ce bureau national, qui compte un peu plus de quarante membres, que sont désignés les quinze personnes composant le bureau exécutif.

À l’issue du congrès, la composition du bureau national est la suivante :

Composition du bureau exécutif modifier

Les membres du bureau exécutif sont issus du bureau national et sont désignés par le président sans validation d'une autre instance.

À l'issue du congrès, sa composition est la suivante[8],[9],[10] :

Suites et analyse modifier

Influence renforcée du « clan d’Hénin-Beaumont » modifier

Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont et figure du premier cercle de Marine Le Pen qui sort renforcé du congrès.

Malgré son échec aux récentes élections locales et le reflux croissant du nombre d’adhérents, la direction du RN refuse de changer son orientation. La composition des instances, que Marine Le Pen présente volontiers comme renouvelées et féminisées, reflète une stratégie de « bunkérisation » — selon les termes du Figaro —, menée depuis plusieurs années et nettement renforcée à cette occasion. En effet, son « clan d’Hénin-Beaumont », particulièrement redouté en interne en raison des exclusions dont il est à l’origine, renforce son influence. Après avoir géré les investitures aux récentes élections locales, Bruno Bilde, Steeve Briois et David Rachline voient ainsi leur influence renforcée dans les instances ; l’un de leurs protégés, Kévin Pfeffer, accède d’ailleurs au bureau exécutif et à la stratégique fonction de trésorier[4].

En parallèle, la présidente du Rassemblement national procède à la nomination de personnalités n’ayant rejoint la formation que très récemment. C’est notamment le cas d’Alexandra Masson-Bettati, avocate inconnue des militants et ayant pris sa carte à la veille du congrès : elle est cooptée par Marine Le Pen au conseil national et désignée membre du bureau national puis du bureau exécutif, une telle promotion n’ayant jamais eu de précédent dans l'histoire du mouvement, fondé en 1972[4].

À l'inverse, tenant d’une ligne plus identitaire et conservatrice, Stéphane Ravier n’obtient pas sa nomination au bureau exécutif (comme la direction le lui avait promis) malgré sa réélection surprise aux élections sénatoriales de 2020 (il est le seul sénateur RN) et la victoire de ses candidats aux élections départementales dans le canton de Marseille-6, jusqu’alors tenu par la gauche. Il boycotte ainsi le discours prononcé par Marine Le Pen à la fin du congrès. De leur côté, Philippe Vardon, ancienne figure des Identitaires, Paul-Henry Hansen-Catta, qui a déplu au « clan d’Hénin-Beaumont » en prenant position pour la chasse, ainsi qu’Andréa Kotarac, transfuge de la gauche radicale s’étant rapproché de Marion Maréchal, sont évincés du bureau national[4].

Le seul élu de premier rang à exprimer publiquement ses doutes est Romain Lopez, qui partage la ligne identitaire et conservatrice de Marion Maréchal. Lors d'une table-ronde organisée pendant le congrès, il dénonce les nombreux parachutages aux élections locales. À la presse, il déclare ensuite : « C’est l’aboutissement d’une ultracentralisation de l’appareil et de Marine Le Pen sur le clan d’Hénin-Beaumont. Ils n’acceptent aucune voix divergente et […] veulent mettre le parti en coupe réglé, ce qui donne l’impression de ne préparer rien d’autre que la défaite, pour assurer une survie politique aux copains. »[4]

Congé de Marine Le Pen durant la campagne présidentielle de 2022 modifier

Jordan Bardella, nommé premier vice-président du parti.

En le nommant premier vice-président du RN, Marine Le Pen choisit de fait Jordan Bardella pour assurer l’intérim à la présidence du parti de à la fin de la campagne présidentielle[11].

Ce choix de Jordan Bardella, âgé de 25 ans et sévèrement battu aux élections régionales de 2021 en Île-de-France malgré le relatif succès de sa liste aux élections européennes de 2019, suscite parfois le scepticisme en interne[12]. La décision de Marine Le Pen s’est notamment faite au détriment de Louis Aliot, maire de Perpignan et figure historique du parti qui avait publiquement exprimé son intérêt pour cette responsabilité et qui voit ses fidèles également écartés du bureau exécutif[4],[13].

Notes et références modifier

  1. Franck Johannès, « Au congrès du Rassemblement national, Marine Le Pen face aux doutes sur sa ligne », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. Hadrien Bect, « Congrès du Rassemblement national : à neuf mois de la présidentielle, Marine Le Pen fragilisée », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  3. Ivanne Trippenbach, « Le Rassemblement national à la recherche des militants perdus », sur lopinion.fr, (consulté le ).
  4. a b c d e et f Charles Sapin, « Au Rassemblement national, remous autour de la «bunkérisation» de Marine Le Pen », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  5. « Congrès du RN : la "présidence temporaire" du parti au cœur des discussions », sur france24.com, (consulté le ).
  6. « Congrès du Rassemblement national : entre 650 et 3 000 personnes manifestent contre l'extrême droite à Perpignan », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  7. « Notice sur les modalités de candidature au conseil national » [PDF], sur rassemblementnational.fr, .
  8. « Marine Le Pen réélue à la tête du RN, Jordan Bardella désigné "premier vice-président" du parti », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  9. Charles Sapin, « Jordan Bardella, futur président par intérim du Rassemblement national », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  10. « Marine Le Pen réélue à la tête du RN, Jordan Bardella assurera l'intérim pendant la présidentielle », sur france24.com, (consulté le ).
  11. Marie Gingault, « Marine Le Pen réélue à la tête du RN, Jordan Bardella prendra l'intérim pendant la présidentielle », sur rtl.fr, (consulté le ).
  12. « Jordan Bardella, héritier Le Pen par intérim », sur letemps.ch, (consulté le ).
  13. Charles Sapin, « Rassemblement national: suspense sur le «match amical» Bardella-Aliot », sur lefigaro.fr, (consulté le ).