André Breton est affecté comme infirmier à Paris puis comme externe au centre neurologique de la Pitié (dans le service du Professeur Joseph Babinski)[1].
À Barcelone, paraît le premier numéro de la revue 391[2] créée par Francis Picabia : « C'est mieux que rien, car vraiment ici, il n'y a rien. »[3]
Philippe Soupault est hospitalisé à Paris (Boulevard Raspail) pour une bronchite, séquelle probable de l'expérimentation d'un vaccin contre la typhoïde. Il envoie son poème Départ à Guillaume Apollinaire qui le transmet à Pierre Albert-Birot[4].
Lettre d'Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »[9]
Marcel Duchamp, Fontaine[12], ready-made. Proposée dans le cadre d'une exposition « sans jury et sans médaille » organisée à New York par la Société des artistes indépendants, l'œuvre est refusée pour cause d'« obscénité et de non-art. » Photographiée par Alfred Stieglitz, elle est aussitôt publiée dans la revue The Blind man.
Lettre de Jacques Vaché à André Breton : « Êtes-vous sûr qu'Apollinaire vit encore, et que Rimbaud ait existé ? Pour moi je ne crois pas - je ne vois guère que Jarry (Tout de même, que voulez-vous, tout de même - UBU) »[13]
À New York, invité par Marcel Duchamp et Francis Picabia à participer à une conférence sur l'humour, Arthur Cravan, ivre, se met à rire sans rien dire et commence à se déshabiller jusqu'à l'intervention de la police[18].
Philippe Soupault achète à la librairie Ars et vita, située en face de l'hôpital du boulevard Raspail, un ouvrage broché dont le titre et l'auteur lui sont inconnus : Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont : « Depuis ce jour-là, véritable jour de ma naissance, personne ne m'a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j'ai du cœur. »[20]
Lettre de Jacques Vaché à André Breton : « Nous ne connaissons plus Apollinaire, ni Cocteau - Car - Nous les soupçonnons de faire de l'art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique et de ne pas savoir les dynamos. »[22]
André Breton, interne à l'hôpital du Val-de-Grâce y fait la connaissance de Louis Aragon[23]. Breton : « Vraiment un poète avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de convenu et si mal adapté ! »[24]
Adrienne Monnier solde le numéro de la revue Vers et prose contenant le premier des Chants de Maldoror du Lautréamont. Louis Aragon et André Breton achètent le lot, distribuent des exemplaires à leurs amis et passent leurs nuits de garde au service des aliénés à se les lire à haute voix[23],[25]. Aragon : « Parfois, derrière les portes cadenassées, les fous hurlaient, nous insultant, frappant les murs de leurs poings. Cela donnait au texte un commentaire obscène et surprenant. Les brusques trous de silence étaient plus impressionnants encore que le vacarme démentiel. »[26]
Arrivée à Paris de Jacques Vaché profitant d'une permission. Avec André Breton, ils projettent une conférence sur «l'Umour» au théâtre du Vieux-Colombier[27].
Conférence de Guillaume Apollinaire au Vieux-Colombier, L'Esprit nouveau et les poètes avec un programme de lectures choisies par André Breton : « Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers. » Déception de Breton quand il entend Apollinaire parler de « bon sens français [et de son] horreur du chaos ou du désordre. »[30].
Séjour d'Antonin Artaud à Divonne-les-Bains (Ain). Un médecin croit reconnaître dans les symptômes une syphilis héréditaire et prescrit un traitement par piqûres à base d'arsenic, de mercure et de bismuth[31].
La Mise au tombeau des oiseaux et papillons (Portrait de Tristan Tzara), reliefs : planches de bois aux contours sinueux, découpées, fixées et peintes ou non[36]
Série de collages comportant le titre récurrent […] selon les lois du hasard[37]
Civilisation : « Il est avéré désormais que le plus pur moyen de témoigner de l'amour à son prochain est bien de le manger [...] Posséder par le cœur, ou posséder par l'estomac ? Celui-ci est plus certain. Et puis, en cas de contre-ordre, il y a toujours la nausée. »
↑Pierre Albert-Birot explique comment cette hésitation a été tranchée lors d'une conversation « en mai, quand [se] prépare l'impression du programme » dans Naissance et vie de SIC, les Lettres nouvelles no 2, septembre 1953.
↑Même si en 1952, dans ses entretiens avec André Parinaud, André Breton évoque l'attitude de Jacques Vaché qui, déguisé en officier anglais et revolver au poing, aurait sommé de faire cesser le spectacle sous menace d'user de son arme contre le public et qu'il serait parvenu à le calmer; il cite ce geste comme un premier acte surréaliste qui symbolise « le fossé » qui sépare « deux styles de vie » et « deux styles de pensée » (Gallimard, 1969, p. 35) : l'authenticité de l'anecdote est, depuis, discutée. En 1995, dans sa biographie consacrée à André Breton, Marc Polizzotti note que sur une vingtaine de comptes rendus de ce spectacle, aucun ne mentionne la « spectaculaire » réaction de Vaché et que seul Louis Aragon a relaté cet incident bien qu'il ne fut pas présent (Mark Polizzotti, André Breton, 1995, Gallimard, Paris (ISBN2-07-073298-3), p. 73). Olivier Barbarant mentionne, quant à lui, la présence d'Aragon (Louis Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome I, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 2007 (ISBN978-2-07-011327-9), p. LII). Quant à Pierre Albert-Birot, il « doute qu[e cet incident] ait pu avoir lieu » (Marie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot ou l'invention de soi, éditions Jean-Michel Place, 1993, p. 122).