André Breton, Les Pas perdus, recueil de textes écrits entre 1918 et 1923[2].
Louis Aragon, Le Libertinage, recueil de textes écrits depuis 1918[3].
Dans une lettre adressée à Jacques Doucet, André Breton le persuade à acheter l'esquisse du Cirque de Georges Seurat : « Je suis en ce moment tout à Seurat et je ne parle guère d'autre chose : Seurat et Picasso, voilà tout de même à notre époque les grands prospecteurs [...] que ne peut-on attendre en peinture du prochain coup de génie. »[4]
Première exposition du parisienne du peintre André Masson à la galerie Simon. Breton y achète Les Quatre éléments[4].
Représentation houleuse de L'Étoile au front de Raymond Roussel. Robert Desnos présent réplique à un spectateur : « Nous sommes la claque et vous êtes la joue. »[6]
Première représentation de Mouchoir de nuages, tragédie en quinze actes de Tristan Tzara au Théâtre de la Cigale à Paris[7].
Les surréalistes assistent à la représentation du ballet Mercure dont les décors ont été créés par Pablo Picasso (musique d'Erik Satie). Seul Francis Picabia affiche sa détestation de « l'autre Espagnol »[10].
Dernier numéro de Littérature dans lequel paraît un inédit d'Arthur Rimbaud, Un cœur sous une soutane. « Les collaborateurs habituels de cette revue ont l'intention de se consacrer au surréalisme dans la poésie et surtout dans la vie. »[12]
Dans sa revue Surréalisme, Yvan Goll publie un Manifeste dans la tonalité « Esprit nouveau » de Guillaume Apollinaire ainsi qu'un programme pour un « théâtre surréaliste »[14] : « La réalité est à la base de tout grand art ; la transposition de la réalité dans un plan supérieur (artistique) constitue le Surréalisme. »[15]
Décision prise par le groupe surréaliste parisien de manifester son existence par la publication d'une nouvelle revue intitulée La Révolution surréaliste[10].
Le Journal littéraire publie une lettre de Breton contre Yvan Goll et Paul Dermée qui veulent s'attribuer la paternité du mot surréalisme[16].
Le quotidien L'Éclair publie un appel d'André Breton en faveur d'André Malraux emprisonné à Saïgon. Soupçonné de trafic d'œuvres archéologiques, il a été arrêté à Angkor[10].
Ouverture du Bureau de recherches surréalistes[10] : « Ce bureau s'emploie à recueillir par tous les moyens appropriés les communications relatives aux diverses formes qu'est susceptible de prendre l'activité inconsciente de l'esprit. » Extrait du communiqué de presse. Le bureau est situé au 15 rue de Grenelle, à l'hôtel de Berulle, dans un local prêté par le père de Pierre Naville, propriétaire de l'hôtel[18].
En réaction aux funérailles nationales faites à l'écrivain Anatole France (mort le ), Louis Aragon, André Breton, Joseph Delteil, Robert Desnos, Pierre Drieu la Rochelle et Paul Eluard publient une série de textes regroupés sous le titre Un cadavre[10]. Aragon et Drieu la Rochelle sont à l'origine de ce pamphlet. Drieu La Rochelle finance l'opération[19]. Aragon : « Avez-vous déjà giflé un mort ? Certains jours j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine. » Breton : « Loti, Barrès, France, marquons tout de même d'un beau signe blanc l'année qui coucha ces trois sinistres bonshommes : l'idiot, le traître et le policier. Avec France, c'est un peu de la servilité humaine qui s'en va. Que soit fête le jour où l'on enterre la ruse, le traditionalisme, le patriotisme et le manque de cœur ! »[20] Jacques Doucet, scandalisé, renvoie Aragon tandis que ses relations avec Breton se refroidissent.
André Breton rend visite à André Masson[10],[21] dans son atelier de la rue Blomet (Paris, 15e arrdt). Ce dernier adhère aussitôt au groupe surréaliste.
Rencontre André Breton / Antonin Artaud. Lettre de Simone Breton à Denise Lévy : « [Artaud], beau comme une vague, sympathique comme une catastrophe. » Artaud : « J'ai fait connaissance avec tous les dadas qui voudraient bien m'englober dans leur dernier bateau Surréaliste, mais rien à faire. Je suis beaucoup trop surréaliste pour cela. Je l'ai d'ailleurs toujours été, et je sais, moi, ce que c'est que le surréalisme. C'est le système du monde et de la pensée que je me suis fait depuis toujours. Dont acte. »[10]
Retour de Paul Eluard[10]. André Breton : « Alors il m'a mis un petit mot, qu'il m'attendait hier [au café] Cyrano, ni plus ni moins. C'est bien le même, à n'en pas douter. Des vacances, quoi. »[22]
Parution à Bucarest du premier numéro de la revue 75 HP créée par Victor Brauner et Ilarie Voronca. Y figure le Manifeste de la picto-poésie[23].
Dans le nouveau numéro de la revue 391 sous-titrée Journal de l'instantanéisme, pour quelque temps, Francis Picabia s'en prend à André Breton : « Tzara écrivait des œuvres extrêmement personnelles où Breton a puisé sans scrupules pendant qu'il se prosternait aux pieds de Gide et faisait des avances à Blaise Cendrars. »[24]
Arrivée à Paris de Giorgio De Chirico. Rencontre avec André Breton, enthousiaste, quelques jours après. Cependant, étonnement de ce dernier quand De Chirico déclare n'aimer ni la poésie d'Eluard ni Gala[25].
À Bruxelles, publication d'une feuille qui tient à la fois du tract et de la revue, intitulée Du Bleu 1, signée Paul Nougé mais écrite collectivement par Camille Goemans et Marcel Lecomte : « On conquiert le monde, on le domine, on l'utilise ; ainsi, tranquille et fier, un beau poisson tourne dans ce bocal (réponse à une enquête sur le modernisme). »[26]
Francis Picabia (scénario) & Erik Satie (musique), Relâche, ballet donné au théâtre des Champs-Élysées, avec la projection du film de René ClairEntr'acte : y apparaissent Marcel Duchamp, Picabia et Man Ray[27]. Commentaire de Picabia : « Ce film est destiné à faire sortir le public de la salle. »[28]
1er décembre Parution du premier numéro de la revue La Révolution surréaliste dirigée par Pierre Naville et Benjamin Péret[30] : « Le surréalisme ouvre les portes du rêve à tous ceux à qui la nuit est avare, le surréalisme est le carrefour des enchantements […] mais il est aussi le briseur de chaîne […] La Révolution… La Révolution… Le réalisme, c'est émonder les arbres, le surréalisme, c'est émonder la vie. »[31]
Jacques Doucet achète Demoiselles d'Avignon de Pablo Picasso. Pour André Breton : « [C'est] l'événement capital du XXe siècle. Voilà le tableau qu'on promenait, comme autrefois la Vierge de Cimabue, à travers les rues de notre capitale, si le scepticisme ne l'emportait pas sur les grandes vertus particulières par lesquelles notre temps accepte d'être, malgré tout. Il me paraît impossible d'en parler autrement que d'une façon mystique […] c'est un symbole pur, comme le tableau chaldéen, une projection intense de cet idéal moderne que nous n'arrivons à saisir que par bribes... »[32]
Visite de Lise Meyer, (future Deharme), au Bureau de recherches surréalistes. Coup de foudre de Breton. Elle donne au bureau « un des étonnants gants bleu ciel qu'elle porte. »[33]
Robert Desnos, Deuil pour deuil, premier livre édité chez Simon Kra[13].
Joë Bousquet adhère au groupe : « Je n'aurais pas élevé la voix à mon tour, ni jamais pris au sérieux les seules aspirations qui me font un bien précieux de ma vie ici-bas, si je n'avais rencontré Paul Eluard et André Breton, et si je n'étais devenu leur ami. »[35]
Naissance officielle du groupe surréaliste dont les réunions quotidiennes se déroulent au café le Cyrano près de la rue Fontaine.[réf. nécessaire]
En Angleterre, parution du premier numéro de la revue Transatlantic review fondée et dirigée par Ford Madox Ford et comprenant parmi ses collaborateurs Philippe Soupault[37].
Le Libertinage, recueil de textes écrits depuis 1918[38]
Une vague de rêve, essai[39] : « C'était le temps que, nous réunissant le soir comme des chasseurs, nous faisions notre tableau de la journée, le compte des bêtes que nous avions inventées, des plantes fantastiques, des images abattues... »
Manifeste du surréalisme et Poisson soluble, éditions du Sagittaire chez Simon Kra, achevé d'imprimer le 15 octobre[44] : « SURRÉALISME. Nom masculin. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »[45]
Les Pas perdus, textes en prose, édition la NRF, achevé d'imprimer le 5 février[44] : « Il ne sera pas dit que le dadaïsme aura servi à autre chose qu'à nous maintenir dans cet état de disponibilité parfaite où nous sommes et dont maintenant nous allons nous éloigner avec lucidité vers ce qui nous réclame ! »
Mourir de ne pas mourir : « Elle est debout sur mes paupières / Et ses cheveux sont dans les miens / Elle a la forme de mes mains / Elle a la couleur de mes yeux / Elle s'engloutit dans mon ombre / Comme une pierre sur le ciel. »
Homme, huile sur toile achetée par Antonin Artaud[59] et décrite dans le texte Un ventre fin : « Un ventre fin. Un ventre de poudre ténue et comme en image. Au pied du ventre, une grenade éclatée. »
↑L'usage de l'astéronyme a été pratiqué en 1886 à l'occasion de la publication du Premier chant des Chants de Maldoror. Jean-Luc Steinmetz dans sa préface à l'édition complètes des œuvres de Lautréamont, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2009, p. XII.
↑Refus d'inhumer repris dans Point du jour (1934).
↑Dans Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Éditions Hazan, Paris, 1969, p. 66, cette rencontre est située au printemps de cette même année : Breton venait d'acheter Les Quatre éléments.
↑Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 61. Reproduction de la couverture réalisée par V. Brauner dans Dachy 2005, p. 352.
↑Cette série de publications s'achèvera le 20 juin 1925 après 22 numéros avec Nakin 22. Reproduction de Bleu 1 et de Rouge 16 dans Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, éditions Actes Sud, Arles, 2007, p. 17.