Depuis New York, Francis Picabia, ayant entendu parler de Dada se demande : « Qu'est-ce que Dada ? »[5] Cependant, il rencontre Tristan Tzara à Lausanne[6].
André Breton est envoyé au Centre d'instruction de Noailles, puis à Moret-sur-Loing et Saint-Mammès où il est affecté au 81e régiment d'artillerie lourde comme infirmier[10].
Au cours d'une opération commando, Joë Bousquet est grièvement blessé. Il en devient paraplégique[11].
André Breton découvre dans la revue La Phalange, numéro du , un article de Valery Larbaud au sujet des Poésies de Lautréamont. Il se rend à la Bibliothèque Nationale pour en recopier le seul exemplaire connu : « Je ne pense qu'à Maldoror. », écrit-il à Théodore Fraenkel[20].
Représentation à Zurich du spectacle de marionnettes Le Roi cerf. La fable de la pièce initiale de Carlo Gozzi (1720-1806) est transposée en 1913 et raconte l'épisode de la rupture survenue entre Carl Jung et Sigmund Freud. Aux personnages traditionnels de la commedia dell'arte se mêlent des personnages originaux appelés Docteur Complex, Freud Analyticus[23] et la Fée Urlibido. Les marionnettes ainsi que les décors sont réalisés par Sophie Taeuber[24].
La revue de Louis DellucLe Film publie un article de Louis Aragon intitulé Du décor : « […] courageux précurseurs, qu'ils fussent peintres ou poètes […] qu'un journal ou un paquet de cigarettes savaient émouvoir […] Ils connaissent cette fascination des hiéroglyphes sur les murs […] Ces lettres qui vantent un savon valent les caractères des obélisques ou les inscriptions d'un grimoire de sorcellerie […] Nous les avons déjà vues éléments d'art chez Picasso, Braque ou Juan Gris. »[25]
André Breton est affecté à l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, pour y préparer l'examen de médecin auxiliaire. Il prend une chambre à l'hôtel des Grands Hommes au 9 place du Panthéon[26].
Antonin Artaud est envoyé près de Neuchâtel en Suisse dans une clinique spécialisée dans les affections nerveuses[réf. nécessaire]
Kurt Schwitters se rend à Berlin à la rencontre de Raoul Hausmann et Richard Huelsenbeck. Ce dernier oppose son veto à l'adhésion de Schwitters au Club Dada, lui reprochant sa proximité avec le groupe expressionniste Sturm. De Zurich, Tristan Tzara le reconnaît en revanche comme dadaïste[27].
Mort de Guillaume Apollinaire à 37 ans, victime de la grippe espagnole[28]. Philippe Soupault : « C'est Apollinaire qui me prit par la main et qui me montra ce qu'était la poésie vivante et la pénitence du feu […] Je puis encore reconnaître certains jours, dans un rayon de soleil, au coin d'une rue ou brillant dans la monotonie de la pluie qui tombe, le sourire d'Apollinaire. »[29]
Louis Aragon est envoyé en Alsace puis en Sarre avec l'armée française d'occupation[30].
Lettre de Jacques Vaché à André Breton : « Comment vais-je faire, pauvre ami, pour supporter ces derniers mois d'uniforme [...] ILS se méfient... ILS se doutent de quelque chose - Pourvu qu'ILS ne me décervèlent pas pendant qu'ILS m'ont en leur pouvoir. »[31]
Première représentation de Couleur du temps de Guillaume Apollinaire[32]. Au cours de cette représentation, Paul Eluard approche Breton mais à cause de sa timidité, il prétexte la ressemblance avec un ami qu'il croyait mort à la guerre[33].
À Berlin, le Novembergruppe dont font partie Jefim Golyscheff et le peintre expressionniste Emil Nolde publie un manifeste demandant la dissolution des académies et la liberté totale du dessin dans les arts plastiques[34].
Lettre de Jacques Vaché à André Breton : « [...] je m'en rapporte à vous pour préparer les voies de ce Dieu décevant, ricaneur un peu, et terrible en tout cas. Comme ce sera drôle, voyez-vous, ce vrai ESPRIT NOUVEAU se déchaîne. J'ai reçu votre lettre en multiples découpures collées, qui m'a empli de contentement - C'est très beau, mais il y manque quelqu'extrait d'indicateur de chemins de fer, ne croyez-vous pas ? ... Apollinaire a fait beaucoup pour nous et n'est certes pas mort ; il a, d'ailleurs, bien fait de s'arrêter à temps [...] IL MARQUE UNE ÉPOQUE. Les belles choses que nous allons pouvoir faire ; - MAINTENANT ! »[35]
Parution du troisième numéro de Dada, lettrage rouge sur couverture blanche avec un bois gravé abstrait de Marcel Janco et citation de René Descartes : « Je ne veux même pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi. ». Il contient le Manifeste Dada 1918. Tristan Tzara : « Je suis contre les systèmes, le plus acceptable des systèmes est celui de n'en avoir par principe aucun […] Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises à jamais incomprises […] Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale. Dada ne signifie rien. »[36]
Indifférence, poème : « Je gravis une route verticale [...] Je suis sur un toit en face d'une horloge qui grandit, grandit, tandis que les aiguilles tournent de plus en plus vite. Je me jette du toit et sur le trottoir j'allume une cigarette. »[65]
↑Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome 1, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2007 (ISBN978-2-07-011327-9), p. LIII.
↑Voir aussi les circonstances de la découverte de Lautréamont par Philippe Soupault en 1917 dans Lydie Lachenal, Philippe Soupault, littérature et le reste, Gallimard, Paris, 2006 qui propose une version différente. Impossible à ce jour, de savoir qui a découvert cet auteur le premier. Breton, OC1, p. XXXVI.
↑Paul Eluard, Poésies complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1968, p. LXI.
↑Dominique Baudoin et Michel Sanouillet, Dada, réimpression intégrale et dossier critique de la revue publiée de 1917 à 1922 par Tristan Tzara, vol. II - appareil critique, Nice, Centre du XXe siècle, (ISBN2-902311-19-2), p. 87
↑Fraenkel (1896-1964), ami de André Breton depuis le collège Chaptal. Élève à la faculté de médecine, il rejoint Breton à Nantes en 1915, y fait la connaissance de Jacques Vaché, puis retrouve Louis Aragon et Breton à l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, en 1917. Pierre Daix, La Vie quotidienne des surréalistes (1917-1932), éditions Hachette, Paris, 1993, p. 424.
↑78 × 94 cm. Centre Pompidou, Paris (œuvre acquise en 2009). Reproduction dans Le Surréalisme 1922-1942, catalogue de l'exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris, 1972, p. 59.