Bataille de Vachegare

La bataille de Vachegare se déroule le pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans, qui tendent une embuscade à une colonne républicaine dans la lande de Vachegare, près du bourg de Buléon.

Bataille de Vachegare

Informations générales
Date
Lieu Buléon
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
Pierre Guillemot
Forces en présence
300 à 400 hommes[1] 2 000 à 3 000 hommes[2]
Pertes
Inconnues Inconnues

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 47° 55′ 13″ nord, 2° 40′ 40″ ouest
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Bataille de Vachegare
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
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Bataille de Vachegare
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
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Bataille de Vachegare

Prélude

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En novembre 1799, plusieurs colonnes républicaines se mettent en mouvement dans le Morbihan, en réponse à la prise de Locminé par les chouans[1]. La colonne la plus importante, forte d'environ mille hommes, est formée à Pontivy par le général Schilt et l'adjudant-général La Bruyère[1]. Une autre, forte de 300 hommes, se porte de Belle-Île-en-Mer à Lorient[1]. Environ 400 hommes divisés en plusieurs détachements arrivent également en renfort depuis le Finistère, dont 130 prennent position au Faouët et 70 à Carhaix[1]. La colonne de Schilt doit alors traverser Baud, Pluvigner, Plumergat et Grand-Champ, puis revenir sur le pays de Bignan, centre de la légion royaliste de Pierre Guillemot[1]. La colonne de Lorient doit quant à elle parcourir Hennebont, Baud, Locminé et Josselin, puis faire sa jonction avec les troupes de Schilt[1].

Le 1er novembre, la colonne de Lorient se met en mouvement et arrive sans encombre à Baud, où elle est grossie par les rescapés de la bataille de Locminé[1]. Le lendemain, la colonne de Schilt sort de Pontivy[1],[3] et le bourg de Locminé est repris sans combat, soit par la colonne de Lorient[1], soit par une avant-garde de la colonne de Schilt[3].

De son côté, Pierre Guillemot, le commandant chouan de la 1er légion de l'Armée catholique et royale du Morbihan, se trouve au château de Kerguéhennec, près du bourg de Bignan, à l'est de Locminé[1],[4]. Informé des mouvements républicains, il envoie deux bataillons, menés par le lieutenant-colonel Gomez, se porter au sud, du côté de Colpo[1],[4]. Guillemot prend lui-même la tête de ses deux autres bataillons et prend position sur la route de Locminé à Josselin[1],[4]. Au cours de la nuit du 2 au 3 novembre, il apprend que c'est par cette route que les républicains doivent poursuivre leur marche[1]. Il rappelle alors Gomez et prend position sur la lande de Vachegare, près du village de Kerjéanno — aussi appelé Kerguigno ou Kerguiano — dans la commune de Buléon[1].

Forces en présence

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La colonne républicaine engagée au combat est forte de 300[3] à 400[1] hommes. Le nom de son commandant n'est pas connu avec certitude. Dans ses mémoires, Julien Guillemot, fils de Pierre Guillemot, écrit que le détachement est mené par le chef de brigade Michel Bonté[5], le chef d'état-major du général Harty et le commandant de la 81e demi-brigade[1]. L'information est reprise par Émile Sageret[1], mais est contredite par François Cadic et Jules Le Falher qui font valoir que Bonté est à Ploërmel le 4 novembre[4],[6]. Pour François Cadic, le commandant républicain à Vachegare est vraisemblablement Schilt ou La Bruyère[4]. Pour Jules Le Falher, la colonne est menée par l'aide-de-camp du général Schilt[3].

Du côté des chouans, les rapports républicains avaient estimé les effectifs de Pierre Guillemot à 2 000 ou 3 000 lors l'attaque de Locminé, quatre jours avant le combat de Vachegare[2].

Déroulement

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Le déroulement du combat est principalement connu par les mémoires de Julien Guillemot, fils de Pierre Guillemot[Note 1].

Le matin du 3 novembre, une colonne républicaine sort de Locminé et s'engage dans la lande de Vachegare[1], vaste d'une lieue[5] et couverte de pierres et d'ajoncs[4]. Les chouans, dissimulés derrière une ravine, laissent passer une partie de la colonne, avant de surgir subitement pour avancer sur les forces républicaines[1]. Surprises, celles-ci font halte et se rangent en bataille sans quitter la grand'route[1]. Les républicains font un feu de deux rangs, mais celui-ci ne fait pas fléchir la marche des chouans[1]. Un bataillon de Guillemot tourne également les républicains et leur coupe la route de Josselin[1],[4]. L'aile droite républicaine prend alors la fuite : les soldats se jettent dans la douve qui borde la route et se sauvent vers Josselin en se baissant pour rester dissimulés le long de levée de terres et des fossés[1],[4].

Voyant sa ligne coupée en deux, le commandant républicain ordonne la retraite et se replie sur Locminé, qu'il traverse sans s'arrêter, pour finalement se réfugier à Baud[1],[4]. Guillemot ne le poursuit pas et se porte sur Pleugriffet[1].

De son côté, le général Schilt arrive le 4 novembre à Josselin, où il proclame l'état de siège[3].

Notes et références

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  1. « La prise de Locminé, centre du Morbihan, étant considérée comme importante, le colonel Bonté, du 81e, sortit de Lorient avec un bataillon de grenadiers réunis, et autant de force qu'il put assembler, se rendit à Baud, où il prit les troupes qui s'y trouvaient; il marcha ensuite pour reprendre cette ville. Mon père était alors à Kerguennec, en Bignan, avec les quatre bataillons de sa légion; ne sachant pas quelle route les Républicains prendraient en quittant Locminé, il envoya deux bataillons vers Colpo, sous les ordres de Gomez, pour les attaquer, s'ils se rendaient à Vannes, et garda les deux autres bataillons, également pour les attaquer, s'ils se dirigeaient vers Josselin.

    Dans la nuit, mon père apprit que l'ennemi prendrait cette dernière direction. Il fit alors revenir Gomez, et prit ses dispositions en conséquence. Il se rendit sur le bord de la lande de Vachegare, en avant de Kerjéanno, et, dès qu'il vit les Bleus bien avancés dans cette plaine, qui a près d'une lieue de longueur, il marcha à eux. Ceux-ci firent halte, sans quitter la grande route, et se mirent en bataille.

    Bientôt ils commencèrent un feu de deux rangs; mais les Chouans, sans s'arrêter un instant, continuent la charge.

    Un bataillon, détaché en tirailleur, était sur le point de tourner les Bleus et de leur couper la route de Josselin, quand plusieurs compagnies de la droite de ces derniers se précipitent dans la douve qui borde la route, et, se baissant, ils prennent la fuite vers Josselin.

    Le colonel Bonté, voyant sa ligne de bataille coupée en deux, fit alors sa retraite et reprit la route de Locminé, qu'il ne fit que traverser. Il s'arrêta à Baud et, le lendemain, il rentra à Lorient, avec la certitude que les Chouans ne refusaient pas de se battre en plaine[5]. »

    — Mémoires de Julien Guillemot

Références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Sageret, t. I, 1911, p. 342.
  2. a et b Chassin, t. III, 1899, p. 412-413.
  3. a b c d et e Le Falher 1913, p. 609.
  4. a b c d e f g h et i Cadic, t. II, 2003, p. 247-249.
  5. a b et c Guillemot 1859, p. 151-152.
  6. Le Falher 1913, p. 612.

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, Terre de brume et Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Œuvres de François Cadic », , 598 p. (ISBN 978-2843622076). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Julien Guillemot, Lettres à mes neveux sur la Chouannerie, Imprimerie Félix Masseaux, , 299 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jules Le Falher, Le Royaume de Bignan, 1789-1805, Éditions Jeanne Laffite, , 842 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Émile Sageret, Le Morbihan et la Chouannerie morbihannaise sous le Consulat : Pièces justificatives. Notes complémentaires. Index, t. IV, Librairie Alphonse Picard & fils. Éditeur de la Société d'histoire contemporaine, , 492 p. (lire en ligne sur Gallica). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article