Jean-Michel Blanquer
Jean-Michel Blanquer, né le à Paris, est un juriste, haut fonctionnaire et homme politique français.
Jean-Michel Blanquer | |
Jean-Michel Blanquer en 2017. | |
Fonctions | |
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Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports[a] | |
En fonction depuis le (7 ans, 5 mois et 26 jours) |
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Président | Emmanuel Macron |
Premier ministre | Édouard Philippe Jean Castex |
Gouvernement | Philippe I et II Castex |
Prédécesseur | Najat Vallaud-Belkacem (Éducation nationale) Patrick Kanner (Jeunesse) Roxana Maracineanu (Sports) |
Directeur général de l'enseignement scolaire | |
– (2 ans, 10 mois et 29 jours) |
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Ministre | Luc Chatel |
Prédécesseur | Jean-Louis Nembrini |
Successeur | Jean-Paul Delahaye |
Recteur de l'académie de Créteil | |
– (2 ans, 9 mois et 2 jours) |
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Prédécesseur | Bernard Saint-Girons |
Successeur | William Marois |
Recteur de l'académie de la Guyane | |
– (2 ans, 2 mois et 26 jours) |
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Prédécesseur | Jean-François Bellegarde |
Successeur | Bernard-Marie Grossat |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | LREM (depuis 2017) |
Conjoint | Anna Cabana (depuis 2020) |
Diplômé de | Université Panthéon-Sorbonne IEP de Paris Université Panthéon-Assas |
Profession | Juriste Haut fonctionnaire |
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Jean-Michel Blanquer | |
Ministres français de l’Éducation nationale | |
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Après avoir été recteur d'académie et directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Gilles de Robien, il est directeur général de l'enseignement scolaire auprès du ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel sous la présidence de Nicolas Sarkozy, puis directeur de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC).
À partir de 2017, il est ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans les gouvernements d'Édouard Philippe. Il devient ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports au sein du gouvernement Jean Castex, en 2020.
Situation personnelle
Famille
Jean-Michel Blanquer naît le dans le 8e arrondissement de Paris, du mariage de Roland Blanquer, avocat[b], personnalité de la communauté pied-noir[2], et d'Anne-Marie Vendeuil, enseignante[3]. Il grandit à Paris, où sa famille habite boulevard Haussmann[4].
Il est père de quatre enfants[3]. Ses trois premiers enfants sont issus de son premier mariage en 1991 avec Sophie de Puybaudet[5],[6], dont il divorce en 2012[7],[6]. Après quatorze ans de relation[8], iI se marie en [9] en secondes noces avec son ancienne élève à l'Institut d'études politiques de Lille[8],[6] Aurélia Devos, vice-procureure et cheffe de section auprès du tribunal de grande instance de Paris[10] ; le couple se sépare en 2020[11]. À compter de [12], il partage sa vie avec Anna Cabana, journaliste et essayiste[13],[14], qu'il épouse en [15].
Études et diplômes
Il effectue toute sa scolarité au collège Stanislas[3], établissement privé catholique situé dans le 6e arrondissement de Paris[16]. En 1982, il y obtient un baccalauréat B[17]. Durant ces années, il se lie d'amitié avec François Baroin, protégé de Jacques Chirac et futur ministre sarkozyste, avec qui il fonde sa première aventure professionnelle : Try'Pomme, une petite boîte de DJ « montée pour animer les rallyes BCBG »[4].
En 1987, alors qu'il est étudiant à l'Institut d'études politiques de Paris, il rédige avec deux amis rencontrés au collège Stanislas, François Baroin et Richard Senghor (petit-neveu du président sénégalais Léopold Sédar Senghor), une « Déclaration du troisième millénaire », qui se veut une version actualisée de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789[18],[19]. Il reste ensuite proche de François Baroin, qu'il dira être son « presque frère »[16], tandis que Richard Senghor sera plus tard son conseiller spécial au ministère de l'Éducation nationale[20].
Il est un temps étudiant à l'université Harvard, grâce à la bourse d'excellence Lavoisier du ministère des Affaires étrangères[21].
Il est titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) de droit public, d'une maîtrise de philosophie, d'un second DEA en science politique (IEP Paris, 1989)[3],[22]. Il devient ensuite docteur en droit (université Panthéon-Assas, 1993)[23],[24] puis agrégé de droit public (1996)[3].
Comme son ami François Baroin, Jean-Michel Blanquer est proche de la franc-maçonnerie ; il participe régulièrement à des événements de cette communauté dont il semble apprécié, mais déclare ne jamais avoir pris le temps d'être initié[4].
Parcours professionnel
Attaché d'enseignement et de recherche
Entre 1989 et 1991, Jean-Michel Blanquer est chercheur coopérant à l’Institut français d'études andines à Bogota, en Colombie, où il part sans parler un mot d'espagnol[4]. Il est attaché temporaire d'enseignement et de recherche à l’université Panthéon-Assas de 1992 à 1994, puis maître de conférences en droit public à l’université de Tours. En 1996, il devient professeur agrégé de droit public à l’Institut d'études politiques de Lille[21], où il se lie d'amitié avec le futur directeur de l'institut, Pierre Mathiot[25]. De 1996 à 1998, il est également professeur à l'université Lille-II[21].
Directeur de l'IHEAL
En 1998, il est nommé directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (IHEAL) de l'université Paris III Sorbonne-Nouvelle, et y enseigne le droit constitutionnel, la théorie du droit et le droit communautaire. En 2004, il est nommé recteur de l'académie de la Guyane pour deux ans, en dépit du fait qu'il n'avait encore jamais travaillé dans l'Éducation nationale. Puis, en 2006, il rejoint le cabinet du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Gilles de Robien, comme directeur adjoint, poste qu'il quitte le pour devenir recteur de l’académie de Créteil, quand Xavier Darcos, dont il est proche, devient ministre. Sous sa direction, et avec l'appui du ministre, cette académie constitue un laboratoire[16] où sont poursuivies des expérimentations telles que les microlycées pour les décrocheurs[26], la « coloration » des classes de sixième dans les collèges de mauvaise réputation[27] et l'internat d'excellence de Sourdun qu'il qualifie lui-même d'« utopie éducative concrète »[28],[29] et qu'il est chargé de développer en France.
Directeur général de l'Enseignement scolaire
Le , il devient le directeur général de l'Enseignement scolaire (DGESCO) de Luc Chatel au ministère de l'Éducation nationale. Il est alors chargé d'élaborer et de mettre en œuvre la politique relative aux écoles, aux collèges ainsi qu'aux lycées généraux et professionnels. À l’automne 2011, le projet de repérage à la maternelle des élèves présentant des risques lors des apprentissages, dont il est l'inspirateur[30], provoque un tollé chez les syndicats. Il déclare cependant que « les professeurs sont en attente d'un outil comme ça », le projet s'inscrivant à ses yeux dans le plan de lutte contre l'illettrisme[31].
Il est alors, selon les mots de Saïd Benmouffok, « le fil conducteur de la politique éducative du sarkozysme. D’ailleurs, on le surnomme à l’époque le « ministre bis », puisqu’il est en contact avec l’Élysée et s’autorise à prendre les devants sur de nombreux sujets sans passer par son ministre de tutelle. Il est l’homme fort de la droite à l’éducation, bien plus que les ministres successifs. Blanquer est bien celui qui a conduit l’essentiel des réformes » du quinquennat Sarkozy, et organise notamment la suppression de 80 000 postes d’enseignants entre 2007 et 2012, ainsi que de l'année de stage qui permettait aux enseignants de découvrir le métier avec un temps de travail réduit la première année assorti d'un système de tutorat et de formation continue[32].
Jean-Michel Blanquer aura aussi été l'homme qui aura sacrifié le « fonds social lycéen » (une bourse pour aider les élèves les plus modestes à se payer la cantine ou des lunettes), diminuant sa dotation de 73 à 32 millions d'euros en dix ans, avec une première baisse sous Robien (dont Blanquer était directeur adjoint de cabinet), et une seconde en tant que directeur des programmes[4].
La parenthèse Hollande et l'ESSEC
Entre 2012 et 2017, le quinquennat Hollande éloigne Jean-Michel Blanquer des responsabilités, celui-ci étant étroitement associé au sarkozysme.
Après avoir quitté le ministère le , il tente une candidature infructueuse à la direction de l'IEP de Paris. Il fait partie des trois candidats, sur 32 prétendants, retenus par le comité de recherche[33]. Selon Patrick Fauconnier du Nouvel Obs, des universitaires membres des conseils de Sciences Po auraient subi des pressions pour voter Frédéric Mion. Jean-Michel Blanquer aurait aussi perdu des voix en ne proposant pas de projet d'« école d’affaires publiques ou de gouvernement » à Sciences Po contrairement à Frédéric Mion[34]. Selon Anne-Sophie Mercier du Canard enchaîné, Jean-Michel Blanquer était considéré « réac » et « trop à droite »[16].
En 2013, il est finalement nommé directeur de l'ESSEC (École supérieure des sciences économiques et commerciales), prestigieuse école de commerce privée de région parisienne[35] ; il y restera jusqu'en 2017.
L'ambition politique de Jean-Michel Blanquer n'est cependant pas terminée, et celui-ci propose ouvertement ses services aux candidats de droite de la présidentielle suivante, synthétisant son projet dans un livre, L'École de demain : Propositions pour une Éducation nationale rénovée[36]. Le futur ministre y dévoile sa pensée et son ambition : « le but de toute la démarche est la recherche de la performance. Pour y parvenir, il est nécessaire d’aller vers une plus grande responsabilisation des acteurs. Comment faire ? En passant par la contractualisation à tous les étages ». Le chef d’établissement a des pouvoirs accrus et devient « véritablement le patron de son établissement », « les résultats des élèves deviennent le critère majeur d’évaluation » des enseignants. Une agence extérieure mesure l’efficacité des équipes pédagogiques, les résultats sont « communiqués aux familles qui peuvent comparer les établissements mis en concurrence et choisir les plus performants. »[32]. Plusieurs lecteurs y voient l'alignement de l'éducation sur le système entrepreneurial néo-libéral[37].
Il est à cette époque aussi décrit comme proche d'Alain Juppé[38] et du think tank Institut Montaigne (« qui a toujours défendu un courant libéral de l’enseignement »[39]). En 2015, il est invité par Sens commun, organisation proche de La Manif pour tous, à une table ronde à Marseille sur le thème de la réformabilité de l’école, mais déclarant finalement ne pas pouvoir s'y rendre, il se prête à une interview filmée[40]. À la même période, il intervient régulièrement sur les sites réputés très à droite Causeur.fr et SOS Éducation, mais les articles seront supprimés des sites web à son retour au gouvernement[4].
Ministre de l'Éducation nationale
Il est nommé ministre de l'Éducation nationale dans le premier gouvernement Philippe le [30]. Le portefeuille de la Jeunesse est ajouté à ses attributions le [41],[42]. Il est le ministre de l'Éducation nationale resté le plus longtemps en poste sous la Ve République[43].
Son directeur de cabinet est Christophe Kerrero, ancien membre du cabinet de Luc Chatel au ministère de l'Éducation nationale et membre du lobby néo-libéral l'iFRAP[44]. Son directeur adjoint de cabinet est Raphaël Muller, normalien, son ancien directeur de la communication à l'ESSEC, et son chef de cabinet est Christophe Pacohil, qui occupait le même poste auprès de François Baroin au ministère de l'Économie[45]. Il est le seul membre du gouvernement à avoir pratiqué le système des dépouilles annoncé par Emmanuel Macron au cours de sa campagne (changement d'une grande partie des directeurs d’administration centrale après une élection présidentielle). En effet, au moment de son arrivée, le ministre aurait rencontré tous ses directeurs et laissé à chacun la possibilité de s’associer ou non à sa ligne politique[46]. Il procède notamment au remplacement du directeur général de l’enseignement scolaire (DGESco), un poste clé de son administration[47] ; L'Opinion indique : « S’il a pu le faire, c’est qu’il connaît « la maison ». Et qu’il avait sous la main les hommes de rechange. Par ailleurs, il a fait l’inverse de ses prédécesseurs, qui à leur arrivée « faisaient tourner » les recteurs d’académie, mais laissaient en place la plupart des directeurs »[48]. Pour Saïd Benmouffok, « il connait ses rouages par cœur et sait où sont les postes clés. C’est donc en stratège qu’il y a nommé des alliés, désamorçant tout contre-pouvoir en interne, toute autonomie des acteurs institutionnels »[37]. Il modifie également par décret les règles de nomination des recteurs : désormais 40 % d’entre eux ne sont plus obligés d’être des universitaires pour postuler, ce qui lui permet de nommer plusieurs de ses collaborateurs à ce poste stratégique, comme Charline Avenel à la tête de l'académie de Versailles, la plus importante de France[49],[50].
Il annonce être membre de La République en marche en [51].
Ses premières mesures au ministère (notamment, le dédoublement des classes de CP dans le réseau d'éducation prioritaire) sont reçues avec enthousiasme par une partie de l'opinion, mais beaucoup de personnes interrogées doutent encore de ses capacités à réformer efficacement l'Éducation nationale dans un contexte budgétaire étriqué[52]. Cette réforme, considérée comme un des piliers de l'action du ministre et coûtant plusieurs milliers de postes, fera finalement l'objet d'une évaluation défavorable dans deux notes de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), pointant que « les progrès sont maigres voir inexistants »[53].
La première action de Jean-Michel Blanquer est de revenir sur une partie de la réforme du collège de la ministre de l'Éducation nationale précédente, Najat Vallaud-Belkacem, en publiant un décret qui rétablit les classes bilangues, renforce les langues anciennes, rend facultatifs les enseignements pratiques interdisciplinaires et augmente l'autonomie des établissements[54].
Peu avant la rentrée des classes 2017, il affirme vouloir que les enseignants s’appuient sur la méthode syllabique pour l'apprentissage de la lecture, et non pas sur la méthode globale[55], ce qui entraîne de fortes contestations parmi les syndicats d'enseignants[56].
En , il annonce compter renforcer l'interdiction du téléphone portable dans les écoles et collèges dès la rentrée 2018, ce qui soulève les questions de sa difficulté d'application[57].
Toutes ces petites mesures font l'objet d'une importante couverture médiatique : sur l'année 2017, son nom a ainsi été cité dans 1 138 articles de presse, bien plus que n'importe quel autre ministre de son rang ; certains journalistes ont vu dans cette surmédiatisation très sarkozyenne une tactique consistant à « jouer l'opinion publique contre son administration »[4].
En 2018, il mène une vaste réforme du lycée général et professionnel, ce qui entraîne des tensions avec la communauté éducative[47] car vivement critiquée par le corps professoral[37] ainsi que les syndicats lycéens.
En , il annonce la suppression de 1 800 postes dans l'enseignement secondaire sur les postes administratifs, amorçant une tendance opposée à l'évolution de la démographie scolaire puisque le nombre d'élèves devrait croître de 170 000 élèves entre les rentrées 2017 et 2022[58].
À partir de la rentrée 2018, un mouvement de contestation intervient contre son action. La réforme du lycée et du baccalauréat, la loi pour « une école de la confiance » et l'absence de revalorisation salariale sont au centre de la contestation[59]. Le mouvement prend au début une tournure classique, s’organisant autour des syndicats enseignants et lycéens, mais, sur le modèle du mouvement des Gilets jaunes, des enseignants mènent ensuite des actions sous l'appellation des « Stylos rouges »[60]. Lors des épreuves du baccalauréat de 2019, pour la première fois depuis la création du baccalauréat, des enseignants convoqués pour assurer la surveillance des épreuves se mettent en grève[61]. Ne recevant pas de proposition de discussion, une partie des enseignants correcteurs du baccalauréat décident alors de ne pas saisir les notes dans le logiciel de remontée au niveau national[62]. La veille des résultats du baccalauréat, environ 80 000 copies manquent selon le secrétaire d'État auprès du ministre de l’Éducation nationale[59], entraînant des dysfonctionnements dans les jurys[63]. Afin que tous les élèves puissent avoir leurs résultats le , Jean-Michel Blanquer demande que les notes du contrôle continu issues du livret scolaire soient utilisées pour attribuer les notes manquantes[64].
D’ à , il est la deuxième personnalité politique la plus présente dans les matinales, avec 47 passages, derrière Yannick Jadot[65].
En , un sondage Odoxa fait état d'une forte baisse de sa popularité, indiquant que 46 % des Français ont une bonne opinion de lui, soit 16 points de moins que dix-huit mois plus tôt[66]. Le même sondage indique que ses réformes sont soutenues par l’opinion publique, excepté la réforme du lycée et du bac[66].
En , il prend position sur le port du voile dans la société française, alimentant une polémique[67],[68] jusqu'au sein de la majorité gouvernementale[69].
Il annonce dans le même temps une consultation des 850 000 enseignants du primaire et du secondaire. Cette consultation prend la forme d'un questionnaire en ligne réalisé par l'institut de sondage privé OpinionWay, dont les résultats doivent être transmis au Conseil scientifique de l'Éducation nationale[70],[71].
En un rapport d’audit fait état de gros problèmes à la DGESCO : « une pression constante, des consultations médicales qui explosent, les postes vacants se multiplient… » En , un groupe d’enseignants, de chercheurs, d’inspecteurs généraux, de directeurs académiques et de hauts cadres de l’administration centrale signe une tribune publique dans laquelle on peut lire : « Dans ce climat aux ordres, le cabinet ministériel manie contrôles, censures, dans un management autoritaire fondé sur la suspicion, la menace, le verrouillage de toute expression qui ne serait pas « dans la ligne ». Les recteurs et les directeurs d’académie sont convoqués pour une grand-messe qui nie leur marge d’autonomie et d’expertise. Ces procédés sont inédits, jamais vus à ce niveau dans l’école de la République »[32].
Son passage au gouvernement est également marqué par la fermeture des établissements scolaires dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Durant cette période, il est mis en place des outils de travail à distance, après une formation personnelle de chaque professeur sur son temps libre, tandis que les épreuves du baccalauréat et du diplôme national du brevet sont remplacées par un contrôle continu[72]. Cependant, lorsqu'il annonce le son plan de déconfinement pour les établissements d'enseignement, il prend de court le Premier ministre : « Blanquer a fait ses annonces alors que les arbitrages n’avaient pas été validés avec Matignon et qu’on lui avait demandé de ne pas communiquer sur ce sujet »[73],[74],[75].
En 2020, il remplace par décret le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), institution parlementaire indépendante, par le Conseil d’évaluation de l’école (CEE), qui dépend directement et intégralement du Ministère, permettant donc au ministre d'évaluer lui-même l'efficacité de sa politique[32].
Peu après, il fusionne l’IGEN (inspection pédagogique) avec l’IGAENR (versant administratif) et créée l’IGESR, un corps d'inspection désormais cantonné aux missions de contrôle et d’évaluation[32].
Il adopte dès le la position de non fermeture des écoles, collèges et lycées, même en cas de reconfinement.
En juillet 2020, alors que le sort du cabinet ministériel est incertain du fait de la gestion de la crise COVID, il fait nommer préventivement son directeur de cabinet Christophe Kerrero au prestigieux poste de « Recteur de la région académique d'Île-de-France, recteur de l'académie de Paris, chancelier des universités de Paris et d'Île-de-France »[76], alors que celui-ci n'est ni chercheur, ni professeur d'université, ni docteur, ni ne dispose d'aucun titre ou parcours justifiant un tel poste, et théoriquement indispensables pour y accéder[77].
Début 2021, « dans le halo du discours généralement laudatif qui, en dépit d’un net refroidissement de ses relations avec les enseignants, entoure le ministre de l’éducation »[78], paraissent trois ouvrages signés par des enseignants : Cas d'école - Histoires d'enseignants ordinaires[79] de Remedium, professeur des écoles en Seine-Saint-Denis, Jean-Michel Blanquer, l’Attila des écoles[80] de Pascal Bouchard, agrégé de lettres, et Le Fiasco Blanquer[37] de Saïd Benmouffok, agrégé de philosophie et conseiller éducation d’Anne Hidalgo[78], évoquant le mal-être enseignant et synthétisant les trois années du ministère Blanquer à l’Éducation Nationale, qualifiées d'« échec »et d'« entreprise de maltraitance généralisée »[78].
Il est pressenti début 2021 pour mener la liste LREM aux élections régionales d'Ile-de-France mais il préfère renoncer au profit de la candidature de Laurent Saint-Martin[81]. Il tente ensuite en vain début 2022 de se substituer à Béatrice Piron, députée de la 3e circonscription des Yvelines, mais celle-ci refuse de se désister[82].
En mars 2022, la commission de la Culture et de l’Éducation du Sénat publie un bilan du mandat Blanquer, extrêmement critique. Pour les sénateurs, « dans de nombreux cas la mise en œuvre de ses réformes donne l'impression d'une politique publique menée dans la précipitation, à la mise en œuvre mal accompagnée. [...] Au final, de nombreux objectifs n'ont pas été atteint, conduisant à un sentiment de "naviguer à vue", de "génération d'élèves cobayes" ou à une déception pour le monde enseignant ». Sont notamment pointés la réforme du lycée (« mise en œuvre de façon précipitée » et sans aucune préparation ni formation des enseignants), le dédoublement des classes primaires en ZEP (une bonne idée mais qui n'a pas pu être mise en place faute de recrutements correspondants) ou encore le fait qu'avec la réforme, seuls 59% des lycéens étudient désormais les mathématiques, contre 90% avant la réforme[83].
Controverses
La controverse du passé simple
Le , Jean-Michel Blanquer publie une tribune intitulée Le passé simple, une exigence de justice sociale. Il y exprime l'exigence que les élèves maîtrisent les temps de conjugaison, notamment le passé simple au niveau de la classe de sixième pour ne pas « [priver] ainsi certains enfants de pans entiers de notre littérature et même d'une vision complète de la richesse de notre langue. »[84]
Le , lors de son passage dans l'émission Au tableau ! sur la chaîne C8, il échoue à conjuguer le verbe « courir » au passé-simple : il propose « je couru » (au lieu de « je courus ») et « il/elle courra » (au lieu de « il/elle courut »). Il est corrigé en direct par les jeunes élèves qui participent à l'émission[85].
Cet incident devient un cas d'école en linguistique : il est analysé dans le manuel de linguistique Le Français est à nous comme « une belle illustration de la différence entre discours sur la langue et pratique de la langue, et même entre pratique personnelle de la langue et l'idée qu'on s'en fait. »[86]
Cas d'école
Cas d'école - Histoires d'enseignants ordinaires est une bande dessinée de Remedium parue le , dont plusieurs épisodes ont été prépubliés sur Mediapart. En , au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty et d'un discours sur la liberté d'expression, Jean-Michel Blanquer menace par le biais de ses avocats le site d'un procès s'il ne retire pas un épisode qui retrace son parcours personnel[87].
L'auteur accepte à la demande d'Edwy Plenel de caviarder l'une des cases de l'épisode paru sur le site afin d'éviter à Mediapart la charge d'un procès. Ce caviardage ne s'applique toutefois pas au livre, dont les dessins et le texte restent inchangés[88].
Agnès Tricoire, avocate à l'origine de l'Observatoire de la liberté de création de la Ligue française des droits de l'Homme, estime que la pression exercée par Jean-Michel Blanquer va à l'encontre du droit, notant que « la question principale ici est celle de l'intérêt général et du droit du public à être informé, droit essentiel dans une société démocratique. Or il a déjà été jugé que ce droit peut porter sur des aspects de la vie privée de personnalités politiques lorsqu'ils viennent éclairer son action politique[89] ». Elle ajoute que « la bande dessinée n'a pas seulement un but de divertissement, elle contribue à la variété de l'information disponible au public. ».
Le Fiasco Blanquer
Le Fiasco Blanquer est le titre d'un livre publié le par Saïd Benmouffok, professeur de philosophie dans l’Éducation nationale[37] ; il est le second de ce type après Jean-Michel Blanquer. L'Attila des écoles de Pascal Bouchard, paru de manière plus confidentielle[évasif] en 2020[78].
Revenant sur chacune des réformes impulsées par le ministre, il invite à y voir une succession d'échecs, et sa politique une machine orientée vers une prise de pouvoir autoritaire de la part du ministre, détruisant tous les contre-pouvoirs, contraignant les fonctionnaires au silence, et ne profitant finalement qu'à l'enseignement privé, qui s'est considérablement développé pendant ces trois ans[37]. Tout cela fait de Jean-Michel Blanquer, selon l'auteur, « le ministre le plus impopulaire de la rue de Grenelle depuis – au moins – Claude Allègre »[37].
Syndicat Avenir lycéen
En , Mediapart révèle que Jean-Michel Blanquer et son ministère ont attribué deux subventions de 65 000 euros en 2019 puis 30 000 euros en 2020 (le versement de cette dernière étant suspendu après les révélations de Mediapart[90]) au syndicat lycéen à la ligne pro-gouvernementale « Avenir lycéen », dont la plupart des membres sont également adhérents des Jeunes avec Macron, pour un congrès qui ne se tiendra pas, et de nombreuses dépenses (hôtels luxueux, restaurants étoilés, matériel électronique onéreux) paraissant injustifiées au regard des statuts et objectifs de l'association[91].
À la suite de ces révélations, le président du syndicat ainsi que sept dirigeants démissionnent, dont aucun ne fait cependant partie des personnes citées par Mediapart comme ayant bénéficié des fonds de l'association[92]. Le ministère, qui n'a pas tenu compte des avertissements écrits de certains des membres du syndicat, annonce à la suite de la publication de cet article qu'il diligente une enquête[90],[93]. Mediapart publie ensuite les écrits qui « prouvent que le ministère de l’éducation nationale a été informé des dérapages financiers au sein d’Avenir lycéen »[94]. Dans un autre article, le journal révèle, documents et témoignages à l'appui, que, contrairement à ce qu'assure le cabinet du ministre, « Jean-Michel Blanquer a […] personnellement échangé avec plusieurs dirigeants du syndicat […] sur des projets politiques en cours » et a donné personnellement son approbation pour la création de l'association[95].
Ces accusations sont confortées par une enquête de Libération qui révèle « comment la structure, officiellement apolitique, a été créée fin 2018 et pilotée depuis la Rue de Grenelle pour servir les intérêts du ministère et contrecarrer la mobilisation contre la réforme du bac »[96]. L'enquête révèle également qu'à plusieurs reprises en 2018, et dans plusieurs académies, notamment celle de Créteil et d'Orléans-Tours, les rectorats ont fait pression sur des élèves élus aux Conseils académiques de la vie lycéenne (CAVL) afin que ceux-ci relaient sur les réseaux sociaux des textes écrits par les services de communication du rectorat, et leur ont demandé de mentionner le syndicat Avenir lycéen, avant même la déclaration en préfecture de ce syndicat soutenu financièrement et techniquement par le ministère de l'Éducation nationale[96]. Après les dénégations du ministère, Libération publie les preuves de cette implication[97].
Ces révélations provoquent une vague d'indignation chez les organisations de jeunesse et les parlementaires de gauche, notamment LFI, PCF et socialistes, qui appellent à signer une proposition de résolution pour créer une commission d’enquête parlementaire sur l’activité du syndicat Avenir lycéen et ses liens avec l’exécutif[98],[99],[100],[94], tandis que des députés LREM apportent leur soutien au ministre dans une tribune[101].
Le parquet de Paris mène une enquête depuis sur des soupçons de « détournement de biens publics » dans cette affaire[102].
Circulaire contre l'écriture inclusive à l'école
Le , Jean-Michel Blanquer publie dans le Bulletin officiel de l’éducation nationale une circulaire « adressé[e] aux recteurs et rectrices d’académie ; aux directeurs et directrices de l’administration centrale »[103], qui proscrit l'utilisation à l'école de l’écriture inclusive, notamment le point médian. J.-M. Blanquer explique que cette graphie fait courir « un risque énorme quant à la transmission du français » [104],[105]. Le Monde note que sur ce sujet clivant, la décision « est surtout symbolique, car dans les faits l’écriture inclusive n’est pas enseignée en classe »[104]. Télérama interprète cette démarche comme une manœuvre de diversion[105]. L'historienne Éliane Viennot contredit le ministre en ce qui concerne le risque que ferait courir l'utilisation de l'écriture inclusive, en notant « qu’aucune étude n’atteste une seule de ses affirmations » [103]. Le texte serait attaquable selon elle, mais ce type de document est le plus souvent ignoré[103].
Chasse aux « islamo-gauchistes »
En , après l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie au collège, il affirme sur Europe 1 (le 22 octobre 2020) et au Sénat que « l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université », soutenant qu'il existe « des courants islamo-gauchistes très puissants dans les secteurs de l’enseignement supérieur qui commettent des dégâts sur les esprits ». La Conférence des présidents d'université (CPU) fait alors part de « l'émotion suscitée » par les propos du ministre[106]. Dans une tribune du Monde, une centaine d'universitaires dénoncent au contraire « les frilosités de nombre de leurs pairs sur l’islamisme » et les « idéologies indigénistes, racialistes et décoloniales » et soutiennent les propos du ministre de l'Éducation[107]. Ils sont à leur tour dénoncés, ainsi que Jean-Michel Blanquer, par deux tribunes parues dans les colonnes du même journal en novembre 2020 rassemblant à elles deux plus de deux mille signatures d'universitaires et de chercheurs[108],[109].
Devant l'utilisation politique faite de cette thématique, le 17 février 2021 le CNRS indique dans un communiqué que « « L’islamogauchisme », slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique. […] La polémique actuelle autour de l’ « islamogauchisme », et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science. » La veille, le 16 février 2021, la Conférence des Présidents d’Université a également fait un communiqué : « La CPU fait part de sa stupeur face à une nouvelle polémique stérile sur le sujet de l’« islamo-gauchisme » à l’université. « L’islamo-gauchisme » n’est pas un concept. C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de Cnews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé. » En opposition à ces déclarations franches d'entités scientifiques Jean-Michel Blanquer réitère ses propos le 20 février 2021 sur BFMTV en indiquant au sujet de l’islamogauchisme « je le vois comme un fait social indubitable ».
Jean-Michel Blanquer ouvre le 7 janvier 2022 un colloque sur « les dérives du déconstructionnisme », financé en partie par son ministère[110]. Selon L’Humanité, plusieurs intervenants à ces 2 journées se sont prononcés pour que seuls les prénoms « français » soient donnés en France [111].
Ouverture des écoles et protocole sanitaire durant la fin de l'année 2019-20
Lors de la crise sanitaire de la Covid-19, Jean-Michel Blanquer n'est pas favorable à l'option de fermeture des établissements scolaires. Ainsi, le , il affirme que même en cas de circulation épidémique active, les écoles ne fermeront pas, ce qui est infirmé par l'allocution présidentielle du [112]. Le ministre se montre en faveur d'un retour des élèves à l'école dès fin avril, ce qui pèse ensuite dans la décision présidentielle de déconfiner rapidement le [réf. nécessaire].
Ouverture des écoles et protocole sanitaire durant l'année 2020-21
La décision de maintenir les établissements scolaires ouverts en novembre 2020 malgré le deuxième confinement émane en grande partie de M. Blanquer et divise alors l'opinion[réf. nécessaire]. Une contestation des élèves apparaît alors sur les réseaux sociaux[réf. nécessaire] ainsi que lors de manifestations dénonçant l'inexistence de gestes barrières, notamment à la cantine, malgré la situation grave et le prétendu protocole sanitaire renforcé[113]. Les lycéens et professeurs obtiennent cependant du ministre l'autorisation d'un régime hybride en demi-groupes en lycée dès le .
En encore, alors que se profile un troisième confinement et que de nombreux pays européens ont fermé les écoles pour de courtes durées, Jean-Michel Blanquer reste dans une logique de non-fermeture [réf. nécessaire]. Les écoles, collèges et lycées proposeront finalement des cours à la maison au mois d', ce qui participa à la baisse de nombre de cas de la troisième vague observée début mai.
Ouverture des écoles et protocole sanitaire au début de l'année 2021-22
Le 28 juillet 2021 lors d’un interview sur la radio France Info, Jean-Michel Blanquer présente le protocole sanitaire pour la rentrée 2021. Il explique que ce protocole est basé sur « une logique très rationnelle en réalité […] : quand vous êtes vaccinés vous ne risquez pas de contaminer les autres alors que si vous n’êtes pas vacciné, vous faites courir ce risque. » Le jour même une dépêche AFP intitulée "Etre vacciné n'empêche pas de transmettre le virus du Covid-19" indiquait que "cette affirmation est fausse". La réalité a effectivement largement démontré par la suite qu'une personne vaccinée pouvait non seulement transmettre le virus, mais également être contaminée. Les fondements de ce protocole sanitaire scolaire étaient donc très fragiles.
Lors de la même interview le 28 juillet 2021 M. Blanquer indique que 80% des enseignants sont vaccinés. Le journaliste remet en doute ce chiffre car aucun moyen n’existe pour avoir cette information. M. Blanquer répond alors « on fait des enquêtes ministérielles [qui] ont le statut de ne pas être communicables. » Mais sur lesquelles M. Blanquer communique. L'origine de ce chiffre est toujours inconnue.
« Bien sûr que nous sommes prêts » pour la rentrée scolaire 2021, annonce M. Blanquer sur BFM TV le 19 aout. Le même jour 35 médecins et scientifiques écrivent une tribune dans Le Monde pour critiquer la non action du gouvernement concernant les écoles [114]. Le lendemain sur France Info Mahmoud Zureik (Pr. en épidémiologie et santé publique, co-signataire de la tribune) explique que M. Blanquer est dans un « déni de cette réalité », comme en mars 2021, et que le protocole proposé dans les écoles n’est pas adapté. Les médecins et scientifiques alarment sur plusieurs points de ce protocole : (1) la non reconnaissance que l’École est un vecteur important de contagion ; (2) la non installation de capteurs de CO2 ou de purificateurs d’air ; (3) la non prise de mesure concernant les cantines scolaires ; (4) la non définition objective et transparente des seuils d’application des 4 niveaux de protocole présentés pour la rentrée 2021 ; (5) la fermeture des classes au 1er cas contact uniquement dans le primaire (et jamais au collège ni au lycée, dans les 4 niveaux du protocole ; mesure qui sera supprimée au début de la 5ème vague le 29 novembre 2021) ; (6) « le sport en intérieur, activité à haut risque de transmission, reste autorisé jusqu’au niveau 3 – qui correspond vraisemblablement à une circulation virale importante. » ; (7) « la distanciation continue d’être promue « lorsqu‘elle est matériellement possible », pendant que des pays comme l’Italie et l’Espagne réduisent les effectifs de leurs classes. » et (8) « l’absence d’une véritable stratégie de dépistage telle que recommandée par les différentes instances sanitaires internationales. » Conclusion de cette tribune « En France, après dix-huit mois de pandémie, l’école ne doit pas rester le talon d’Achille de la stratégie sanitaire. »
Le 20 aout 2021 le conseil scientifique installé par le gouvernement publie une « Note d’alerte » qui souligne également l’absence totale de critères pour appliquer l’un des 4 niveaux du protocole. Le conseil scientifique « regrette » l’absence de dépistage par tests salivaires dans le protocole, alors que des études montrent sa faisabilité pratique et son efficacité pour lutter contre la propagation en permettant de maintenir les classes ouvertes. En soulignant la transmission par aérosols en lieu clos, il revient enfin sur l’absence d’utilisation de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air dans le protocole, ainsi que sur les risques associés aux cantines scolaires et au sport en intérieur, non pris en compte dans le protocole sanitaire de la rentrée 2021. Le 8 décembre 2021, devant la Commission des affaires sociales du Sénat, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid, a rappelé (conformément à la note du 20 aout 2021) « on demande depuis longtemps un dépistage systématique des enfants. [...] Pour l'instant l'éducation nationale souhaite rester à un dépistage sélectif ». Selon lui, cette préconisation du conseil scientifique n'a pas été appliquée « pour des raisons propres à l'éducation nationale ».
Ibizagate
Le , Médiapart révèle que le ministre se trouvait sur l’île d'Ibiza lorsqu’il a donné dans l'après-midi du une interview, mise en ligne à seulement 16 heures[115],[116], dans la partie payante du site web du quotidien Le Parisien[115],[117], puis rendue gratuite le lendemain, expliquant le nouveau protocole sanitaire la veille de la rentrée, avec une photo de lui dans son ministère. Guislaine David, numéro un du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, observe la « perte de légitimité et de crédibilité » d'un ministre « plus digne de sa fonction »[118]. Le retard sur d'autres pays[115] avait été dénoncé dans Le Monde dès le , ainsi que l'absence de masques FFP2[115]. Le ministre expliquera plus tard que les décisions du conseil de défense sanitaire du 27 décembre[115] n'avaient reçu l’aval du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) que le 31 décembre. Devenu « héros malgré lui »[118], Médiapart est aussi critiqué[119]. La presse parle d'un « Ibizagate »[120],[121],[122],[123]. Le lendemain, il dénonce au 20 heures de TF1 une « polémique stérile »[124]. Son épouse Anna Cabana assure elle-même la présentation sur i24News d'une émission consacrée à cette polémique, où les invités seraient « acquis » à la cause du ministre[117]. Le 4 janvier 2022 lors des questions au gouvernement, M. Blanquer affirme « contrairement à ce que vous avez dit, les informations communiquées en interne aux personnels sont arrivées un peu avant leur publication dans un média. [...] je sais que ce que l’on répète finit par devenir une sorte de réalité admise, mais la réalité est celle que je viens de vous exposer. » Ces affirmations sont contredites par une enquête de France Inter qui a interrogé des enseignants et personnels de direction, réfutant tous ces propos de M. Blanquer.
Ouverture des écoles et protocole sanitaire de janvier 2022
Deux nouvelles grèves sont annoncées pour les jeudi 20 et 27 janvier[120], après celle du 13 janvier, organisée à l'appel de tous les syndicats, suivie à 38,5 % dans les écoles, selon le ministère[125] et 75% selon le premier syndicat[125], pour protester contre le manque de masques FFP2 et capteurs de CO2, ainsi que « la surcharge de travail » causée par la gestion maladroite des cas contacts[125] prévue dans le protocole annoncé début janvier puis rapidement amendé. Après celle du 13 janvier, le ministre a annoncé la commande de « 5 millions de masques FFP2 pour les écoles »[126] alors qu'il y voyait la semaine précédente un « sujet polémique », et le recrutement de 3 300 contractuels pour remplacer les professeurs malades[126]. Dès la mi-janvier, Le Figaro avait dénoncé les « erreurs de communication » du ministre[126], et les professeurs des décisions « de personnes déconnectées du terrain »[126]. La communication du Ministère est également remise en cause par Gérard Larcher lors de la dernière séance des questions d’actualité au gouvernement du Sénat le 23 février 2022, avant les élections présidentielles. En effet Gérard Larcher profite de son discours de clôture pour s'adresser à M. Blanquer "M. le Ministre de l'Education Nationale vous ne m'en voudrez pas, mais vous n'avez répondu votre Ministère à aucune question [écrite] depuis le 22 juillet de l'année dernière".
Enseignants "absentéistes"
Jean-Michel Blanquer a qualifié à de nombreuses reprises « d’absentéistes » les enseignants qui n’avaient pas le droit de venir travailler car cas contacts ou positifs au Covid. Le 28 décembre 2021 par exemple sur France Inter, M. Blanquer s’inquiète qu’un « certain pourcentage d’absentéisme » des enseignants ne fasse souffrir « la continuité pédagogique ». Ou encore le 4 janvier 2022 à l’Assemblée Nationale M. Blanquer annonçait « entre 5 et 10% d’absentéisme des enseignants » [127]. Pour le Larousse l’absentéisme est le « fait d'être absent du lieu [...] où [...] la présence est obligatoire. ». Le Petit Robert indique « comportement d'une personne qui est souvent absente alors qu'elle devrait être présente. » L'utilisation des mots "absentéistes" et "absentéisme" ne semble donc pas, d'après ces deux définitions, s'appliquer aux enseignants qui n'ont pas le droit de venir travailler dans le cadre du protocole sanitaire mis en place par le gouvernement. Ces éléments de langages ont donc suscité de vives remarques de la communauté éducative comme l'atteste cette page du Médiateur de Radio France et cet article du Monde du 31/12/2021 [128] qui indique que les enseignants « auraient sans doute préféré que leur ministre de tutelle parle d’“absences” – ce “choix sémantique”, très commenté sur les réseaux sociaux, passe mal au sein de la profession. »
Travaux
Son mémoire de diplôme d'études approfondies[129] analyse les lois Savary sur l’éducation et leur conformité avec les grands principes constitutionnels. Son travail de thèse intitulé « les méthodes du juge constitutionnel » porte sur le Conseil constitutionnel français[130]. Il met en évidence une théorie de la hiérarchie des normes qui aboutit à une mise en cause de la notion de bloc de constitutionnalité pour lui préférer celle de système de références au travers d’une analyse de l’influence constitutionnelle et des processus de décision du juge. La constitution de la Cinquième République est analysée comme la résultante de l’histoire constitutionnelle française depuis 1789 en utilisant les critères de la théorie du régime mixte[131].
En parallèle, Jean-Michel Blanquer développe une réflexion sur un autre terrain avec Changer d’ère[132]. Il publie en 1999 avec Olivier Beaud un ouvrage collectif sur la responsabilité des gouvernants[133].
Il publie en 2015 avec Marc Milet un ouvrage sur deux grands juristes du début du XXe siècle, L’invention de l’État : Léon Duguit, Maurice Hauriou et la naissance du droit public moderne (Odile Jacob)[134].
Publications
- (es) Avec Dario Fajardo, La descentralización en Colombia, estudios y propuestas, Ediciones IFEA/UNC, Bogotá, 1991[135].
- Michel Baroin, les secrets d'une influence. Plon, Paris, 1992.
- Avec Jérôme Cordelier, Le Sérail, histoire d'une promotion de l'ENA. Librairie académique Perrin, Paris, 1995. Il s'agit pour l'ENA de la promotion 1957-1959 « Vauban » d'où furent notamment issus Jacques Chirac, Bernard Stasi et Jacques Friedmann.
- Changer d'ère : progrès, déclin, transformation. Descartes & Cie, Paris, 1996.
- Dir. avec Christian Gros, La Colombie à l'aube du troisième millénaire, IHEAL, Paris, 1996.
- Dir. avec Olivier Beaud, La Responsabilité des gouvernants, Descartes & Cie, Paris, 1999.
- Avec Hélgio Trinidade Helgio, Les Défis de l'éducation en Amérique latine, IHEAL, Paris, 2000.
- Les Études de la documentation française : Amérique latine, 2002.
- Avec Isidoro Cheresky, De la ilusión reformista al descontento ciudadano: las elecciones en Argentina, 1999-2001, Homo Sapiens ediciones, Rosario IHEAL, Paris, Instituto de Investigaciones Gino Germani (Universidad de Buenos Aires, Facultad de Ciencias Sociales), 2003.
- Avec Hélène Quanquin, René Rémond, Willibald Sonnleitner et Christine Zumello, Voter dans les Amériques, 2005, 360 p.
- Avec Fernando Carrillo Flórez et Willibald Sonnleitner, Explorando los territorios del voto: hacia un atlas electoral de Centroamérica. CAUDAL, Guatemala, CEMCA, Mexico, 2006.
- L'école de la vie. Pour que chacun puisse réussir, Paris, Odile Jacob, 2014, 310 p.
- Avec Marc Milet, L'invention de l'État : Léon Duguit, Maurice Hauriou et la naissance du droit public moderne, Paris, Odile Jacob, 2015
- L'École de demain : Propositions pour une Éducation nationale rénovée, Paris, Odile Jacob, 2016, 152 p.
- La Colombie, PUF, coll. « Que sais-je ? », no 4091 paru le .
- Construisons ensemble l'école de la confiance, Odile Jacob, 2018.
- Quelle école voulons-nous ? La passion du savoir, Jean-Michel Blanquer et Edgar Morin, Odile Jacob, 2020.
- École ouverte, Gallimard, 2021[136], vendu à 620 exemplaires entre le 6 septembre et le 26 octobre 2021, selon Le Canard Enchaîné[137].
Distinctions
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur (2011), en tant que directeur d'administration centrale[138]
- Chevalier de l'ordre national du Mérite (2008), en tant que recteur d'académie[139]
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques (2012), en tant que directeur général de l'enseignement scolaire au ministère de l'Éducation nationale[140],[141]
- Grand-croix de l'ordre de San Carlos (Colombie, 2019)[142]
Prix
- Prix de la Société de géographie (1992)[3]
Notes et références
Notes
- Le portefeuille de la Jeunesse est officiellement ajouté le 16 octobre 2018. Celui des Sports est ajouté le 6 juillet 2020.
- Roland Blanquer (1924-2010), avocat à la cour d'appel de Paris, membre en 2006 du Haut Conseil des rapatriés auprès du Premier ministre, est mort en 2010, il était alors président de l'Académie des sciences d'outre-mer[1].
Références
- Voir sur academieoutremer.fr.
- Comité de liaison des Associations nationales des rapatriés (d'Algérie), « Décès de Maïtre Roland Blanquer », sur clan-r.org, (consulté le ).
- Who's Who in France, édition 2015, p. 316.
- Sophie Lecluse, « Son CV arrangé, ses cravates jaunes, son copain Baroin... les 16 petits secrets de Jean-Michel Blanquer », sur capital.fr, (consulté le ).
- Who's Who in France, édition 2013, p. 308.
- Elvira Belicourt, « Jean-Michel Blanquer marié à Anna Cabana : qui sont ses ex-épouses Sophie de Puybaudet et Aurélia Devos ? », sur Voici.fr, (consulté le ) : « La première fois que le proche collaborateur d'Emmanuel Macron s'était laissé passer la bague au doigt, c'était en 1991 avec Sophie de Puybaudet […] Le couple avait finalement divorcé en 2012, après vingt-et-un ans de vie commune et trois enfants. Six ans plus tard, en 2018, Jean-Michel Blanquer épousait Aurélia Devos, de quinze ans sa cadette. Tous deux s'étaient rencontrés sur les bancs de l'Institut d'études politiques de Lille. Mais pas en tant que camarades de classe... En effet, la jeune femme n'était autre que l'élève du ministre [actuel] de l'Éducation nationale ! »
- Mentions marginales de l'extrait d'acte de naissance en mairie de Paris 8e, année 1964, acte no 899
- Laura Carreno-Muller, « Aurélia Devos, ex-compagne de Jean-Michel Blanquer : ses projets loin de la France - Gala », sur Gala.fr, (consulté le ) : « Le mercredi 24 juin [2020], nos confrères du Point révélaient que Aurélia Devos et Jean-Michel Blanquer s'étaient séparés après seize ans de relation dont deux de mariage, le deuxième pour l'homme politique. Les ex-tourtereaux s'étaient rencontrés à Sciences Po Lille avant de former un couple soudé mais discret »
- Jean-Christian Hay, « Qui est Aurélia Devos, la femme de Jean-Michel Blanquer ? », sur gala.fr, (consulté le ) : « sa femme, Aurélia Devos, qu’il a épousée en . Un mariage célébré par François Baroin, ami d’enfance de Jean-Michel Blanquer ».
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- Esther Buitekant, « Jean-Michel Blanquer séparé de sa femme Aurélia Devos », sur le site du magazine Gala, (consulté le ).
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- Covid-19 à l’école : Jean-Michel Blanquer justifie avoir dévoilé le nouveau protocole sanitaire tardivement « pour être au plus près de la réalité », dans Le Monde le 3 janvier 2022 [1]
- "Covid-19 à l’école : tests, capteurs CO2... le protocole sanitaire dévoilé par Jean-Michel Blanquer, dans Le Parisien du 2 janvier [2]
- "Blanquer à Ibiza : sur I24News, un vrai faux débat animé par son épouse Anna Cabana" par Louis Nadau le 19 janvier 2022 dans Marianne [3]
- Déclaration l'AFP, reprise dans le quotidien Nice Matin [4]
- Editorial de Patrice Romedenne sur France Info le 19 janvier 2022
- "Grève des enseignants : Dans quel état d’esprit sont les profs après « l’Ibiza-gate » de Blanquer ?" par Delphine Bancaud le 19 janvier 2022 sur Vingt Minutes [5]
- Corse-Matin [6]
- Libération [7]
- BFM et RMC [8]
- "Vacances à Ibiza : Jean-Michel Blanquer dénonce une « polémique stérile »" AFP sur le site du magazine Le Point. [9]
- "Coronavirus : « On ne fait pas la grève contre le virus, mais contre Blanquer », déclarent les manifestants" par Delphine Bancaud le 13/01/22 sur Vingt Minutes [10]
- "Grève des enseignants : Blanquer annonce « 5 millions de masques FFP2 » pour l'école" par Jeanne Sénéchal, Hugues Maillot et Steve Tenré, dans Le Figaro [11]
- Fériel Boudjelal, « JM Blanquer annonce « entre 5 et 10 % d’absentéisme » des enseignants à la rentrée du 3 janvier »
- Avec la vague Omicron, une vague d’« absentéisme » chez les enseignants ? Le Monde du 31 décembre 2021, Mattea Battaglia.
- Jean-Michel Blanquer, Les freins constitutionnels aux politiques publiques : les politiques publiques d’éducation, mémoire de DEA : Études politiques, dirigé par J.L. Quermonne, IEP de Paris, 1989.
- Jean-Michel Blanquer, Les méthodes du juge constitutionnel, thèse de doctorat en droit public, dirigée par Jacques Robert, Paris 2, 1993.
- Jean Michel Blanquer, « L’ordre constitutionnel d’un régime mixte, le sens donné à la Constitution par le Conseil constitutionnel », Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étranger, no 5-6,1998, PP. 1526-1540.
- Jean-Michel Blanquer, Changer d’ère : progrès, déclin, transformation. Descartes et compagnie, Paris, 1996. 116 p.
- Jean Michel Blanquer, Olivier Beaud, La responsabilité des gouvernants, Descartes et compagnie, Paris, 1999 p. 7-14.
- « Compte rendu de Blanquer et Millet, L'Invention de l'Etat par Jacques Chevallier », sur Droit et société, (consulté le ).
- La descentralización en Colombia: estudios y propuestas
- « Confinement, islamo-gauchisme, déclaration d'amour aux profs : ce que dit Jean-Michel Blanquer dans son livre », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
- C. B., « Ministres dans le bateau livres », Le Canard Enchaîné,
- Décret du 22 avril 2011 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
- Décret du 30 janvier 2008 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite.
- « Jean-Michel Blanquer - La biographie de Jean-Michel Blanquer », sur Voici.fr.
- Biographie de mai 2017
- (es) « “La Amistad de Francia y Colombia es profunda”: Jean-Michel Blanquer, Ministro de Educación Nacional y de la Juventud de Francia », sur La France en Colombie - Francia en Colombia (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Meunier-Berthelot (préf. François Billot de Lochner), Blanquer, « ce monstre froid » : remède de cheval contre la « Blanquer-mania », Versailles, Les Trianons, .
- Claude Meunier-Berthelot (préf. Didier Rochard), Blanquer n'est pas celui que vous croyez, Saint-Nicolas-de-Port, Le Verbe Haut, .
- Saïd Benmouffok, La Fiasco Blanquer, Les Petits Matins, .
Liens externes
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