Culture LGBT

culture partagée par les minorités sexuelles et de genre
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La culture LGBT, aussi désignée comme culture gay ou culture queer, est la culture partagée par les minorités sexuelles et de genre, en particulier les personnes Lesbiennes, Gaies, Bisexuelles et Transgenres. Elle désigne à la fois les pratiques culturelles créées par les personnes LGBT dans une optique communautaire, telle que la ball culture ou la littérature lesbienne, mais aussi les productions artistiques qui ne sont pas conçues pour ce public mais y rencontrent une réception particulière. Cette particularité peut se manifester par une réceptivité très forte, par exemple concernant le disco ou le concours eurovision de la chanson, mais prend aussi la forme d'une réappropriation active de productions culturelles par le public LGBT afin d'en enrichir le sens. Toutes les personnes LGBT ne s'identifient toutefois pas à la culture LGBT ; cela peut être dû à la distance géographique, à l'ignorance de l'existence de la sous-culture, à la peur de la stigmatisation sociale ou à la préférence de ne pas s'identifier aux sous-cultures ou communautés basées sur la sexualité ou le genre.

Voguing au Drag on Ball 2018 de Berlin

Productions culturelles

Littérature

Redécouverte de littérature ancienne

Si la poétesse grecque Sappho était célèbre durant toute l'Antiquité grecque, sa notoriété s'étiole petit à petit au point que ses œuvres ne sont pas recopiées , et donc préservées, au cours du Moyen Âge et finissent perdues, si ce n'est quelques fragments parcellaires[1]. La réception moderne de Sappho, dont le talent poétique est reconnu, témoigne de l'acceptation ou du rejet du lesbianisme de l'époque : le XIXe siècle refuse qu'une grande autrice puisse être lesbienne, et ainsi, la présente comme chaste[2] ; le mouvement décadent, quant à lui, célèbre l'hypersexualité, ce qui l'amène à fétichiser la sexualité de Sappho[1] ; ce n'est qu'au début du XXe siècle qu'elle est célébrée comme pionnière de la littérature lesbienne[1].

Si le poète abasside Abû Nuwâs est globalement reconnu comme l'un des plus grands poètes de langue arabe, ce n'est qu'au début du XXIe siècle qu'il prend une importance pour la communauté LGBT du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord : une association LGBT algérienne porte son nom[3] et il est, pour la communauté LGBT de la région, la preuve que l'homosexualité n'est pas une invention occidentale mais quelque chose qui a toujours été présent au sein des sociétés arabes[4].

Musique

La musique LGBT regroupe diverses tendances. La plus évidente est la production musicale d'artistes LGBT parlant de sujets liés à la communauté : l'un des premiers exemples est le titre Glad to be gay de Tom Robinson. la seconde correspond à la création de titres de soutiens aux luttes LGBT par des artistes cis et hétérosexuels, tels que La Différence de Lara Fabian ou Mujer contra Mujer de Mecano. La troisième en la réappropriation de chansons aux paroles conçues à l'origine pour un public hétérosexuel par le public gay, dont le travail d'interprétation en enrichit le sens, comme pour Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight) d'Abba.

Danse

Le Chant du compagnon errant de Maurice Béjart est l'un des premiers ballets à représenter une histoire d'amour entre hommes ; parmi les autres précurceurs, on peut citer Alvin Ailey, Bill T. Jones, Dominique Bagouet ou Karine Saporta[5].

Lypsinc

Théâtre

William Powell Frith, scène de La Nuit des rois, peinture du XIXème siècle conservée à la Walker Art Gallery

Dès le XVème siècle apparaît dans le théâtre occidental, une culture d'acteurs et d'actrices se travestissant pour jouer des personnages de l'autre sexe ; cela, en particulier en Angleterre en raison de l'interdiction de la profession d'acteur aux femmes ou en Espagne où, à l'inverse, de nombreuses actrices se travestissent en hommes[6]. Plusieurs auteurs, tels que le bisexuel William Shakespeare, jouent de l'ambiguïté de ce travestissement, où le public peut voir un personnage féminin interagir avec un personnage masculin, ou deux hommes, dont l'un travesti, interagir entre eux[6].

En 1960 aux États-Unis apparaît le terme « théâtre homosexuel », pour désigner de manière péjorative le théâtre de Broadway et plus particulièrement les productions de Tennessee Williams et d'Edward Albee ; en effet, la presse n'accepte alors que la représentation de personnages homosexuels malheureux et stéréotypés[6]. En parallèle de cette critique naît le théâtre gay et lesbien pensé comme tel, avec en 1958 la création du Caffe Cino (en) entièrement dédié à ce genre et ensuite rejoint par le Théâtre Rhinoceros de San Francisco et le Women's Own World de New York[6]. Un développement parallèle a lieu en France, avec la première en 1949 de Haute Surveillance de Jean Genet[6].

Dans les années 1980 et 1990, Holly Hughes (en) met en scène des relations lesbiennes butch/fem où l'imagerie criminel sert à représenter la répression pesant sur les représentations LGBT[6]. D'autres artistes poursuivent cette expérience du théâtre total, tels que Ron Athey et Reza Abdoh (en), dont l'œuvre à tous les deux est marquée par la pandémie de SIDA[6].

Télévision

Il y a un essor de la visibilité lesbienne à la télévision depuis la sortie de la série Xena la guerrière dans les années 1990[7]. En mars 2020, Atresmedia dévoile une série largement inspirée de la vie de Cristina Ortiz Rodríguez intitulée Veneno et réalisée par Javier Calvo et Javier Ambrossi qui participe à la reconnaissance et l'acceptation de la communauté transgenre en Espagne[8].

Cinéma

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Salò ou les 120 Journées de Sodome, drame de 1975 réalisé et écrit par Pier Paolo Pasolini

Le cinéaste italien Pier Paolo Pasolini produit une œuvre dans laquelle se donne à voir ce que Frédéric Martel nomme « l'homosexualité noire » : la partie marginale, violente et à la dérive de l'homosexualité[9]. Il dénonce ainsi la marchandisation de la sexualité par la bourgeoisie et le capitalisme dans Salò ou les 120 Journées de Sodome (1976)[10], ou, au contraire, présente l'homosexualité comme déclencheur de la libération et de la révolution dans Théorème (1968)[11].

La multiplication des films traitant de l'homosexualité au tournant des années 1970 accompagne la libération sexuelle des pays occidentaux : Love et Music Lovers de Ken Russell, Les Damnés et Mort à Venise de Luchino Visconti, Le Droit du plus fort de Rainer Werner Fassbinder ou Sébastiane de Derek Jarman[9].

Photographie

Arts plastiques

Délimitations

Les Baigneurs en plein air, Paul Cézanne, 1890, musée de l'Ermitage ; cette peinture est un exemple de la réappropriation d’œuvres a priori hétérosexuelles par un public gay pour en enrichir la signification

Comme pour la musique, le concept d' « arts plastiques homosexuels » peut être interprété de plusieurs manières[12].

La plus immédiate est la production d'artistes homo ou bisexuels, tels que Michel-Ange ou Léonard de Vinci ; néanmoins, cette circonscription n'est pas forcément la plus intéressante, car les relations amoureuses et érotiques de ces peintres n'a pas forcément d'influence sur leurs œuvres[12].

La seconde consiste, en lien avec le camp, à la réinterprétation active d’œuvres pas forcément homoérotiques a priori pour leur donner cette nouvelle lecture, comme pour le Sommeil de Gustave Courbet ou Les Baigneurs de Cézanne[12]. Cette réappropriation peut aller jusqu'au travail dérivé, telle que l'art d'Hannah Höch, qui découpe des publicités pour produire une image avec un nouveau sens[12].

La troisième, enfin, consiste à en limiter le périmètre à la production d'artistes LGBT qui traite de manière implicite ou explicite d'homosexualité[12].

Représentation de l'intimité

Louise Catherine Breslau, Gamines.

La peintre Louise Catherine Breslau (1856-1927), représente sa compagne Madeleine Zillhardt (1863-1950) dans l'intimité[13], ou peint des tableaux de couples féminins, comme Gamines[14].

Un message codé à déchiffrer

Fresque de Keith Haring, Amsterdam

Les plasticiens Robert Rauschenberg et Jasper Johns, au moment où ils étaient ensemble, laissaient dans leurs œuvres des messages codés représentant l'homosexualité, déchiffrables uniquement par un public averti[12]. Cette pratique est illustrée dans le film Portrait de la jeune fille en feu, où Héloïse commande un portrait où elle utilise son doigt comme marque-page du livre qu'elle tient, représentation codée de sa liaison avec Camille.

Une autre forme de message codé, pour l'historienne de l'art lesbienne Élisabeth Lebovici, consiste en l'utilisation, par Jean Cocteau et Keith Haring, de la figuration à une époque où l'abstraction est le langage artistique dominant ; il s'agit selon elle d'une manière de représenter la marginalité accompagnant l'expérience homosexuelle[12].

De la correspondance privée à l'art

Autoportrait de Claude Cahun

L'artiste lesbienne Claude Cahun réalise une série d'autoportraits ; ne les diffusant pas de son vivant mais les réservant à l'échange avec sa compagne Suzanne Malherbe, ce n'est que vers les années 1990 que ses photographies rencontrent leur public, devenant ainsi support d'identification aux lesbiennes, en particulier non-binaires et butchs[12].

la réhabilitation d'arts décriés car populaires ou pornographiques

La seconde moitié du XXe siècle voit le passage d’œuvres pornographiques du statut honteux à la valorisation officielle et muséale : cela peut se faire sans volonté particulière de l'artiste, comme c'est le cas pour les dessins de Tom of Finland, ou par un travail conscient et revendiqué des artistes, comme l'esthétisation des pratiques sado-masochistes dans les photographies de Robert Mapplethorpe ou les sculptures de Jean-Michel Othoniel[12].

la réappropriation de canons anciens

Comme pour la littérature, les arts plastiques LGBT se réapproprient des esthétiques anciennes afin d'en enrichir le sens : ainsi, les photographes Pierre et Gilles utilisent les canons de la Grèce antique, les réappropriant dans une esthétique homosexuelle[12]. La peintre Romaine Brooks utilise une technique similaire, en reprenant les codes visuels du dandy pour proposer des portraits valorisant de lesbiennes et du lesbianisme[12].

Représentations directes de l'homosexualité

Dans ses peintures, Francis Bacon représente plusieurs aspects de l'homosexualité masculine : des amants ensemble, mais aussi une menace latente, l'angoisse et la solitude[9]. Dans un autre style, David Hockney représente lui une homosexualité heureuse et domestique[9].

Détournements culturels

Queer critics

Fanarts et fanfictions

La frustration face à la rareté des personnages LGBT à la télévision, au cinéma et dans la littérature populaire amène à la production de détournements de ces médias, par l'objet de dessins, bandes-dessinées (fanarts) et histoires écrites (fanfictions)[15]. Si la création des fanarts et des fanfictions n'est pas exclusive à la communauté LGBT, elle a deux fonctions spécifiques pour les artistes LGBT : d'une part, elle permet la représentation de personnages LGBT comme personnages principaux, plutôt que comme des éléments secondaires ou accessoires des histoires ; de l'autre, elle apporte une lecture différente des œuvres, soulignant que ce qui est présenté comme de l'amitié entre deux hommes ou deux femmes et lu ainsi par un public hétérosexuel, peut tout aussi bien être compris comme de la romance pour un public LGBT[15].

Icônes gays

Événements

Journée de visibilité

Marche des fiertés

Festivals

Concours de beauté

Pratiques culturelles

Bars

Vie nocturne

circuit party (en) dans un bar gay d'Atlanta, 2005

Drag

Bal des travestis, Russie, 1921.

Au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle se déroulent en Europe et en Amérique des bals des travestis (en) ; ce sont des évènements centraux de la vie gaie et lesbienne de l'époque, où les participants se travestissent.

D'abord clandestins, ils attirent de plus en plus de touristes, au point d'évoluer en véritables spectacles, les drag shows ou spectacles de drag, effectués par des artistes spécialisés, appelés drag king ou drag queen.

De nombreux spectacles de drag mettent en scène des artistes chantant ou doublant (lip synching) des chansons tout en effectuant une pantomime ou une danse préparée. Les interprètes portent souvent des costumes ou un maquillage élaboré, et s'habillent parfois de façon à imiter diverses personnalités de la chanson ou du show bizz de genre opposé. Certaines performances sont centrées autour de la thématique drag, comme Southern Decadence où la majorité des festivités sont dirigées par les Grand Marshals (grand maréchaux) qui sont traditionnellement des drag-queens[16].

Ball culture

La ball culture en français : « culture ball », le système des maisons et d'autres termes associés décrivent un phénomène de sous-culture LGBT présent principalement aux États-Unis dans lesquels des personnes « marchent » (c'est-à-dire entrent en compétition) pour un trophée et des prix lors d'événements désignés comme des « bals ». Les compétitions peuvent inclure de la danse, ou des catégories drag imitant d'autres genres et classes sociales. La plupart des personnes participant à la culture du bal appartiennent à des groupes structurés en « maisons » (house en anglais)[17],[18]. Ces balls, qui ont vu le jour à Harlem dans les années 1960, sont les héritiers des bals des travestis.

Sport

Violette Morris en 1928, devant son magasin d'accessoires automobile parisien

Violette Morris est l'une des premières sportives ouvertement lesbiennes, active dans les années 1910 à 1930 en athlétisme, natation, football, vélo et sport automobile. La fédération française sportive féminine refuse son inscription aux jeux olympiques d'été de 1928, alors qu'elle était alors favorite pour les épreuves féminines d'athlétisme, en raison de son lesbianisme et de ses vêtements masculins[19]. En 1930, elle effectue une mastectomie afin de ne plus être gênée par ses seins en conduisant[20]. Elle participe aux jeux olympiques d'été de 1936[19]. D'après Raymond Ruffin, elle y est approchée par les dignitaires du nazisme, mais d'autres réfutent cette thèse ; elle devient toutefois une espionne à leur service durant la seconde guerre mondiale[19].

À la fin des années 1970, le joueur de baseball américain Glenn Burke fait son coming-out ; la direction de son club, les Dodgers lui offre 75 000$ pour se marier, ce qu'il refuse[21]. Il met fin à sa carrière à 27 ans, ne supportant plus la pression homophobe[21].

Plusieurs coming-out lesbiens ont lieu dans le tennis féminin au début des années 1980. D'abord Billie Jean King, outée par une de ses ex : elle y perd près de 2 millions de dollar de revenus mais y gagne en notoriété[21]. Puis Martina Navratilova révèle son lesbianisme en interview ; elle devient une véritable icône lesbienne, les femmes homosexuelles d'Europe venant en masse assister à ses maths[21].

Jeux vidéo

Les normes sociales dans l'univers du jeu vidéo diffèrent grandement d'un jeu à l'autre ; si l'ambiance peut être globalement très conservatrice et homophobe, que ce soit entre joueurs ou envers des streameurs, il existe aussi des jeux, tels que Splatoon 3, où les joueurs et joueuses sont majoritairement queers[22]. Globalement, selon le streameur gay Newtiteuf, les jeux mignons et ne nécessitant pas de grosses interactions avec les autres joueurs, tels qu'Animal Crossing, vont être investis par le public LGBT, alors que les jeux populaires et compétitifs, tels que FIFA ou Call of Duty, encouragent la colère et l'irrespect, et donc les insultes, dont une bonne partie sont homophobes[22]. Cette ambiance amène les joueurs LGBT soit à quitter la partie, soit à ignorer les autres joueurs, en coupant le tchat ou l'audio du jeu[22]. Cette ambiance se retrouve aussi dans les forums de discussion autour des jeux vidéos[22]. En revanche, la modération de la plateforme de streaming Twitch est saluée pour sa capacité à lutter concrètement contre le harcèlement, ce qui a permis à l'association francophone Next Gaymer d'organiser un marathon de stream en faveur de l'association SOS Homophobie[22].

Dans l'histoire du jeu vidéo, les contenus LGBT ont fait l'objet de contrôles et de régulations, illustrant généralement l'hétérosexisme, selon lequel l'hétérosexualité est normalisée, alors que l'homosexualité est sujette à de nouvelles censures ou ridiculisée. Les compagnies Nintendo, Sega et Maxis ont régulé le contenu des jeux afin d'atténuer ou d'effacer le contenu de thème LGBT[23],[24],[25],[26]. Parfois, ce sont les personnages non joués qui sont homosexuels[27].

Parmi les jeux, ceux de simulation de vie proposent souvent la possibilité de créer des couples homosexuels aussi bien qu'hétérosexuels, et un personnage peut également être bissexuel ; un exemple de jeu de la sorte est Les Sims[27].

L'orientation et l'identité sexuelles ont eu un rôle important dans certains jeux vidéo, qui sont en voie d'accorder une meilleure visibilité aux identités LGBT[28],[29],[30]. Sur le blog d'Ubisoft, Lucien Scoulband, scénariste du jeu Far Cry 3: Blood Dragon et ouvertement homosexuel, a déclaré que les personnages ouvertement gays ou lesbiens n'apparaissaient dans les jeux vidéo que sous la forme de personnages optionnels, ou qui auraient été créés par choix du joueur, comme dans les jeux Mass Effect et Dragon Age[31] ; le jeu Dragon Age : Inquisition (2013) propose le personnage de Cremisius Aclassi, transexuel, traité avec dignité[32]. Une évolution se produit depuis plusieurs années et certains jeux offrent davantage de possibilités de représentations non dégradantes de personnages LGBTQI+ ; certains jeux indépendants sont notamment vecteurs de nouvelles représentations[33],[34].


Tourisme

Motifs

Le refuge secret

Phidias montrant la frise du Parthénon à ses amis, peinture de 1868 par Lawrence Alma-Tadema conservée à la Birmingham Museum and Art Gallery. Pour Frédéric Martel, cette peinture peut représenter un couple homosexuel

Pour Frédéric Martel, la culture homosexuelle a d'abord comme fonction de donner à voir et à exister l'histoire secrète de l'homosexualité, l'art permettant d'exprimer de montrer ce que la société rend invisible[9]. En effet, durant toute la première moitié du 20ème siècle, les cercles militants et de socialité homosexuelle sont aussi des cercles littéraires tels que le salon parisien de l'écrivaine lesbienne Natalie Clifford Barney ou le groupe de Magnus Hirschfeld[9].

La littérature permet de raconter l'homosexualité de manière codée, et l'activité de découverte de l'homosexualité des auteurs ainsi que de décodage de leurs écrits, telle que la compréhension que lorsqu'Henri de Montherlant parle de « cueilleuses de branches » dans ses romans, il désigne en réalité des jeunes hommes arabes, fait partie intégrante de la sociabilité homosexuelle des classes supérieures[9].

Le détournement

Style camp

Saint-Sébastien

Le Martyre de saint Sébastien, peinture de la seconde moitié du XVIIIème siècle réalisée par François-Guillaume Ménageot et conservée au Patrick and Beatrice Haggerty Museum of Art (en)

Le martyre de saint Sébastien est l'un des premiers motifs de la culture gaie occidentale : véritable icône homosexuelle, le saint incarne dans l'histoire de l'art l'association de la beauté, de la jeunesse et de la liberté avec le châtiment et la faute, cette association, avec l'opportunité de représenter un corps masculin dénudé, résonnant avec l'expérience homosexuelle[9].

L'esthétique virile

Dans les années 1980 se cristallise une esthétique gay dominante : un homme musclé âgé de 25 à 40 ans, portant un jean Levi's 501, une boucle d'oreille à droite, un tshirt moulant ou un marcel blanc et des rangers[9]. Cette esthétique découle en partie des représentations de Tom of Finland, mais surtout de Fire Island, des photographies de Pierre et Gilles ou Bruce Weber et des films pornographiques, en particulier les tenues de l'acteur Jeff Stryker ou des productions des studios Falcon[9].

Cette esthétique, critiquée dès son émergence, diffère de l'esthétique de l'artiste finnois dans le sens où elle ne coexiste plus avec d'autres représentations de l'homosexuel, mais les écrase et marginalise[9].

Sous-cultures

Culture Bear

Culture Cuir

Symboles LGBT+

Les symboles LGBT+ se répartissent en trois catégories.

Il y a tout d'abord la réappropriation militante des symboles utilisés comme les homosexuels par le système de marquage nazi des prisonniers, en particulier le triangle rose pour les hommes homosexuels et le triangle noir des « asociaux » qui pouvait marquer à la fois les gays et les lesbiennes.

La seconde catégorie correspond au drapeau LGBT ou drapeau arc-en-ciel, qui représente l'ensemble de la communauté LGBT+. Celui-ci évolue tout du long des XXe et XXIe siècles afin d'inclure plus explicitement les sous-communautés les plus marginalisées au sein des LGBT+.

Enfin, chaque communauté et/ou sous-culture développe ses propres symboles, qui peuvent être des drapeaux, mais aussi des fleurs, telles que les violettes pour les lesbiennes et bisexuelles, ou des représentations figuratives ou stylisées, tels que deux symboles de mars enlacés pour les gays ou la labrys pour les lesbiennes. Comme pour le drapeau arc-en-ciel, les drapeaux spécifiques peuvent évoluer avec le temps.

Ces symboles peuvent être utilisés dans des marches des fiertés, mais aussi en devanture de commerces ou intégrés à la tenue vestimentaire.

Références

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Bibliographie

Généraliste

Cinéma

Littérature

Voir aussi

Articles connexes

Bases de données

Documentaires