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La période pharaonique en Égypte antique s'étend sur environ 3 000 ans et se décompose en onze grandes périodes incluant trente-trois dynasties de souverains. Les sources nécessaires à l'établissement d'une chronologie sont multiples et comprennent les listes royales établies depuis l'Antiquité et les travaux et découvertes des égyptologues depuis le XIXe siècle.
Les listes modernes de pharaons sont basées sur des listes de rois de l'Égypte ancienne et des listes historiques ultérieures, comme l'Ægyptiaca de Manéthon de Sebennytos. Les égyptologues et historiens appellent à la prudence sur la crédibilité, l'exactitude et l'exhaustivité de ces sources, dont beaucoup ont été écrites longtemps après les règnes qu'elles rapportent[1]. Ces anciennes listes de rois sont également souvent endommagées, incohérentes entre elles ou sélectives.
Les plus anciennes listes de rois sont les suivantes[2] :
la pierre de Palerme, Ve dynastie : grand fragment en basalte noir d'un monument où figuraient les annales royales, comprenant la liste (désormais incomplète) des rois qui ont gouverné l'Égypte, des dynasties 0 à V, jusqu'au roi Néferirkarê Kakaï[4].
la liste des rois de Gizeh, VIe dynastie : écrite à l'encre rouge, verte et noire sur du bois de cèdre recouvert de gypse, elle a été trouvée en 1905 dans la sépulture du haut fonctionnaire Mesdjerou et de sa femme Hetep-neferet. Très endommagée, seuls six noms de rois peuvent encore y être lus[5].
le Canon royal de Turin, XIXe dynastie : papyrus écrit en hiératique découvert en 1822 à Thèbes, datant du début de l'époque ramesside. Le document mentionne une liste de dieux et les noms et années de règne de plus de trois cents pharaons, depuis le règne des dieux jusqu'aux débuts de la XVIIIe dynastie.
Ægyptiaca de Manéthon de Sebennytos, prêtre égyptien du IVe siècle av. J.-C. : cet ouvrage, rédigé en grec sous le règne de Ptolémée Ier, est le premier à regrouper les règnes des rois d'Égypte en dynasties. Il présente ainsi trente dynasties compilées grâce aux listes royales des bibliothèques des temples et aux fonds documentaire de la bibliothèque d'Alexandrie. Le texte original est désormais perdu, mais est repris environ trois siècles plus tard par Sextus Julius Africanus qui rédige le Chronographiai, ouvrage en cinq volumes rassemblant la chronologie égyptienne, la mythologie grecque et l'histoire juive. Eusèbe de Césarée a lui aussi constitué une liste inspirée de Manéthon dont deux versions nous sont parvenues, l'une par le moine Georges le Syncelle, dit Syncellus, à qui on doit également la liste d'Africanus, l'autre, dite version arménienne, directement du livre d'Eusebius.
La liste des pharaons, classés par ordre chronologique et regroupés par dynastie, provient de ces nombreuses sources et est sujette à discussion, surtout pour les temps les plus anciens et les périodes troubles. Le nom retenu pour chaque pharaon est celui le plus couramment rencontré dans l'égyptologie francophone. La titulature complète de chaque pharaon est donnée sur la page de chacun. Les dates et durées de règnes peuvent varier selon les sources et sont encore soumises à débat au fil de l'avancée des recherches. Les références modernes les plus fiables sont de :
Cette période, encore assez mal connue, recouvre les temps qui précédent l’unification du pays et l’établissement des premières institutions pharaoniques. Elle commence avec la sédentarisation de diverses peuplades au bord du Nil puis le développement de l’agriculture et de l’élevage à la fin du néolithique.
Durant cette période, apparaissent les premiers hiéroglyphes archaïques, notamment sous le règne de Scorpion Ier. Les premiers monarques égyptiens ont régné en Haute-Égypte et ont été découverts et étudiés par : Günter Dreyer (qui a découvert les rois Doigt Escargot, Poisson, Horus Pe, Cigogne, Chien, Taureau et Scorpion Ier et Jan Assmann (qui a découvert les rois Animal, Faucon, Lion et Tête de vache)[7].
Les souverains mentionnés dans cette liste ne sont pas classés par ordre chronologique de succession car certains d'entre-eux ont peut-être eu des règnes contemporains[8].
Pour cette période reculée, il est difficile d'établir une chronologie. La Ire dynastie s'établit environ entre les années 3085 et 2850 et la IIe dynastie entre les années 2850 et 2687. Ces dates sont approximatives et sont différentes suivant les chronologies établies par les différents chercheurs.
Nom égyptien : Khoufou. Fils de Snéfrou. Commanditaire de la Grande Pyramide à Gizeh. Diodore et Hérodote le décrivent comme un tyran cruel et hérétique.
Les VIIe et VIIIe dynasties sont parfois classées dans l'Ancien Empire. Les rois des IXe et Xe dynastiehéracléopolitaines sont très mal connues, ici ne sont présentés que les rois attestés sans ordre chronologique précis. Montouhotep II, roi thébain de la XIe dynastie, met fin à la Première Période intermédiaire en réunifiant le pays.
Attesté par un nom trouvé dans un mastaba près d'un monument (peut-être une pyramide) à Dara, qui lui est attribué par plusieurs égyptologues. Considéré par certains comme un simple nomarque s'étant proclamé roi.
Attesté par une palette de scribe (Assiout), cité dans la tombe d'un nomarque Khety (Assiout), dans l'Enseignement pour Mérikarê et sur 9 stèles portant sur sa pyramide nommée Wȝḏ-sw.t-mry-kȝ-rˁ (« Les places de Mérikarê sont prospères ») et son culte à Saqqarah.
Le Moyen Empire, qui s'intercale entre les deux périodes intermédiaires, commence vers -2033 sous le règne de Montouhotep II, lorsque celui-ci réunifie le royaume après la prise de Héracléopolis. Cette période se finit à la chute de la XIIIe dynastie vers -1650.
La XIe dynastie est marquée par les luttes contre les opposants mais également par différentes expéditions afin de ramener des matières premières précieuses. Montouhotep II entame une campagne de construction d'une grande ampleur qui est poursuivie par son fils. Cette dynastie s'éteint au décès de Montouhotep IV et Amenemhat Ier inaugure la XIIe dynastie qui se caractérise par une succession de règnes relativement longs. Les différents pharaons parviennent à imposer leur autorité sur l'ensemble du pays, en exerçant un contrôle plus strict des nomarques, en pacifiant les frontières et en sécurisant les routes commerciales grâce aux nombreuses campagnes militaires, ce qui favorise le retour de la prospérité et de l'équilibre, recherchés depuis l'Ancien Empire. Si la XIIIe dynastie semble instable politiquement du fait d'une succession rapide de régnes courts et de la prise du pouvoir par des roturiers à plusieurs reprises, l'Égypte semble toujours stable et prospère, avec une administration stable et bien organisée, parfaite héritière de la XIIe dynastie. À la chute de cette XIIIe dynastie, l'Égypte est divisée et la Deuxième Période intermédiaire débute.
Cette période est caractérisée par le royaume thébain des XVIe et XVIIe dynasties, contrôlant le sud de l'Égypte, et le royaume des Hyksôs de la XVe dynastie, basé à Avaris, d'origine sémitique et contrôlant au moins le delta oriental de l'Égypte. À la suite de la guerre entre ces deux royaumes à la fin de la XVIIe dynastie, les occupants sémitiques sont chassés et le pays est réunifié avec comme capitale Thèbes.
La XVIIIe dynastie est une des dynasties les mieux connues de l'Égypte ancienne. Elle marque l'apogée de l'Égypte pharaonique et va être dominée par une vraie lignée de sang : les Amenhotep et les Thoutmôsis. Le premier souverain, Ahmôsis Ier, puis son successeur Amenhotep Ier, parviennent à l'unification des Deux Terres, et contribuent ainsi à la prospérité du pays. Les premiers rois de la dynastie vont s'avérer de grands guerriers en partant à la conquête des royaumes adjacents et édifient un Empire qui s'étend jusqu'à l'Euphrate, où ils entrent en contact pour la première fois avec une autre grande puissance, le Mittani, qui après des affrontements jusque sous Amenhotep II, finit par conclure une paix sous Thoutmôsis IV. Cette paix favorise un essor culturel inégalé qui est amplifié par la reprise de l'importation d'or, d'argent et de pierres précieuses. L'arrivée au pouvoir de l'hérétique Akhenaton, qui impose le culte du dieu Aton et délaisse la politique extérieure, marque le commencement du déclin de cette dynastie qui laissera sa place à celle dite des Ramessides.
Malgré son nom, c'est Séthi Ier qui fonde véritablement la XIXe dynastie mais c'est toutefois son fils Ramsès II qui laisse l'empreinte la plus importante au cours de son règne long de soixante-six ans. Grand constructeur, il fait édifier de nombreux monuments, temples et statues colossales, en particulier à Louxor, Karnak et Abou Simbel et crée une nouvelle capitale dans le delta du Nil, Pi-Ramsès. Après le règne de son fils Mérenptah, qui repousse notamment les Peuples de la mer, débute une période d'anarchie due aux querelles de succession jusqu'à l'arrivée de Sethnakht, général en chef des armées. Il profite de l'anarchie régnant sous le règne de Taousert, épouse de Séthi II, et prend le pouvoir en éliminant les derniers prétendants au trône. Le règne de son fils Ramsès III marque l'apogée de la dynastie. Après le règne de Ramsès IV, une crise dynastique survient et une série de sécheresses, la famine, les troubles civils et une importante corruption, achèvent d'amplifier l'anarchie et le déclin de la dynastie. Les derniers souverains, assistent impuissants, d'abord aux pillages des tombes dans la vallée des Rois et la vallée des Reines, puis à l'ascension des Grands prêtres d'Amon à Thèbes qui marque le début de la Troisième Période intermédiaire.
Cette période est dominée par des dynasties issues de peuplades libyennes installées dans le delta du Nil, tandis que la Haute-Égypte glisse peu à peu de l'emprise des prêtres d'Amon à l'influence de plus en plus importantes du royaume de Napata.
La XXIe dynastie est dirigée depuis Tanis et le pouvoir de celle-ci se limite à la Basse-Égypte. Les bâtisseurs de cette dynastie vont procéder à un ingénieux recyclage des monuments de la XXe dynastie, avec un raffinement beaucoup plus systématique. Les temples, monuments et obélisques de Pi-Ramsès, l'ancienne capitale, sont ainsi démantelés et déménagés à Tanis afin d'orner la nouvelle cité des pharaons. Malgré des alliances entre la Haute et la Basse-Égypte, le royaume est toujours en proie aux conflits et les mercenaires libyens appelés en renfort prennent peu à peu le contrôle des principales fonctions militaires et religieuses. La fin de la XXIe dynastie est marquée par des luttes de successions, amplifiées par la crise économique et la corruption. Les Libyens, qui occupent les postes les plus importants de l'armée, voient leur influence grandir, et Sheshonq Ier profite de l'anarchie pour s'emparer du pouvoir à la mort de Psousennès II et fonde la dynastie dite de Bubastis, sa ville d'origine.
Elle débute par la dynastie des Nubiens, qui sont ensuite remplacés par les Saïtes et les Perses.
Malgré la réunification du pays par Piânkhy, la Basse époque est une période de forte instabilité caractérisée par des prises de pouvoir successives par des souverains étrangers, entrecoupée de courtes périodes d'indépendances. En effet, la dynastie nubienne fut balayée après un peu plus d'un siècle par les Assyriens qui envahirent et pillèrent Thèbes. Profitant de la déroute de Tanoutamon, le futur Psammétique Ier, alors gouverneur de Saïs, prend le contrôle de la région et réussit à expulser les Assyriens grâce à des mercenaires Lydiens et Grecs et ainsi rétablir l'unité du pays.
Les Perses prennent une première fois le pouvoir grâce à Cambyse II qui défait Psammétique III en -525, mais sont chassés après une révolte à la suite de laquelle Amyrtée, unique représentant de la XXVIIIe dynastie, règne sur une partie de l'Égypte. Il est lui-même renversé quelques années plus tard par Néphéritès Ier, dont les successeurs réussissent à résister aux attaques perses jusqu'aux révoltes sous le règne de Néphéritès II qui, incapable de maintenir l'unité du pays, est à son tour renversé par Nectanébo Ier, alors prince et général de Sebennytos, qui fonde la dernière dynastie de pharaons d'origine égyptienne.
Nectanébo Ier et ses deux successeurs réussissent à maintenir la prospérité du royaume malgré les crises de palais et l'envahisseur perse, et engagent un immense programme d’amélioration et d'embellissement des bâtiments (premier pylône du temple de Karnak, temple de Philæ). La XXXe dynastie est finalement vaincue par les Perses et Artaxerxès III inaugure la deuxième période perse achéménide qui fut une des plus noires de l'Égypte antique en raison des maltraitances et de l'oppression envers le peuple, du pillage des temples, des animaux saints et des taureaux Apis envoyés à la boucherie, etc.
Cette courte période ne permet pas aux Macédoniens de s'affirmer : Philippe III est frappé d'une incapacité mentale provoquée par l'ingestion d'un poison (ou due à l'épilepsie) et Alexandre IV est un enfant-roi qui ne règne concrètement jamais, le pouvoir étant disputé par les régents Polyperchon et Cassandre (roi). C'est alors un des généraux d'Alexandre le Grand qui s'empare du pouvoir.
La Période ptolémaïque s'étend de -323 à -30. Elle doit son nom à Ptolémée, fils de Lagos (d'où son autre appellation de « lagide »).
Durant cette dynastie, le pays connaît une réorganisation sociale et économique. Les plus importants postes administratifs, économiques et militaires sont occupés par les Grecs et les Macédoniens, les Égyptiens se contentant des postes subalternes.
La deuxième moitié de la dynastie est marquée par les nombreuses querelles intestines et les luttes politiques pour le pouvoir qui engendrent un déclin économique et l'affaiblissement du pays, provoquant la fin de l'Égypte pharaonique, mais aussi de la période hellénistique.
Claude Vandersleyen, , vol. II : De la fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », 1995.
Jean Vercoutter, L'Égypte et la vallée du Nil, des origines à la fin de l'ancien empire 12000-2000 Av. J.-C., Nouvelle Clio, PUF, Paris, 1992.
J. Kemp Barry, Ancient Egypt, Anatomy of a Civilization, Londres et New York, 2006.
Peter A. Clayton, Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L'histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l'Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Marianne Doresse et Jean Doresse, Le culte d'Aton sous la XVIIIe dynastie avant le schisme Amarnien, Imprimerie Nationale, Geuthner, Paris, 1945.